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Chapitre 4

Dans la voiture, mon père essaie de capter mon regard pour me faire comprendre de parler à Jen. Mais moi, c'est la dernière chose dont j'ai envie, donc je feins l'aveugle et je me concentre sur les messages que je viens de recevoir. Sans surprise, il y en a un de Julia, disant : « Tu n'aurais jamais dû essayer d'en parler à tes vieux, ma grosse. Crois-moi, tu vas regretter ce que tu m'as fait. Si tu crois que j'ai oublié, tu te trompes. Au fait, bonne baignade, baleine. Juju <3. »

Ce que je lui ai fait ? C'est quoi ce message codé, sérieux ? Je me tourne vers Jen : elle dort. Elle n'est sûrement pas au courant du nouveau message.

Je prends mon courage à deux mains et décide de répondre à Julia, en essayant de rester neutre : « Salut, Julia. Je ne comprends pas ce que j'ai pu te faire pour mériter tous ces messages, peux-tu me rafraîchir la mémoire ? ».

Je n'ai même pas le temps de ranger mon téléphone que je le sens vibrer (Julia ne fait rien de sa vie) : « C'est ça, fais la maligne. Toi et moi savons parfaitement comment ça se finira, mais crois-moi, tu devrais avoir peur, tu ne sais pas jusqu'où je suis prête à aller pour me venger. »

Les larmes me montent aux yeux. Je n'y avais pas pensé, qu'elle pouvait se venger d'un acte que j'aurais fait durant notre enfance. Mais pourquoi je n'arrive pas à me souvenir de ce qu'il s'est passé ? Je pourrais en parler à Jen, je suis sure qu'elle doit s'en rappeler. Mais je ne pense pas qu'elle serait d'accord pour répondre à toutes mes questions.

C'est à ce moment-là que je me souviens de Noémie, une fille avec qui je traînais quand j'étais en primaire, une fille qui était assez proche de Julia et Jen, une fille qui doit se rappeler de ce qu'il s'est passé.

Mon père se gare devant la plage, je dois réveiller Jen mais mes parents me regardent, je fais donc l'hypocrite en la poussant gentiment. Nous sortons de la voiture mais je n'arrive pas à me sortir de la tête Noémie, il faut que je trouve de quoi la contacter, ça m'étonnerait qu'elle ait toujours le même numéro.

On arrive devant le restaurant, la façade est magnifique. Mon père va voir le serveur, et j'arrive à voir que Jen me regarde bizarrement : je me tourne vers elle et je lis dans ses yeux de la malice, et de l'inquiétude. Une émotion qui ne lui correspond absolument pas. Je suis sure qu'elle prépare un mauvais coup, j'essaie de déchiffrer tout cela mais mon père revient, et elle détourne le regard.

Le serveur nous amène à une table, près de la mer. L'odeur est tellement agréable, cela prouve que nous sommes en vacances ! J'avoue être un peu déçue de ne pas me baigner, mais je ne veux pas qu'ils voient mes cicatrices. J'ai donc fait exprès d'oublier mon maillot à la maison, même si mon père risque de me crier dessus, et ma sœur me dira sûrement à quel point je suis débile. Mais je m'y attends, alors je suis préparée mentalement.

Je parcoure des yeux la carte, je me décide à prendre une salade. Même si ça ne me donne pas vraiment envie, je ne peux pas me permettre de prendre des frites, ou quoi que ce soit de gras, sinon Jen se moquera de moi. Même mes parents m'ont déjà fait comprendre qu'ils étaient déçus de moi à cause de mon corps. Car oui, même si je les adore, je dois avouer qu'ils accordent beaucoup trop d'importance à l'apparence, nous devons toujours être bien habillés, il ne faudrait surtout pas que les gens nous dévisagent...Alors oui, avec mes quelques kilos en trop, je fais tâche, entre mon père qui a un corps parfaitement sculpté, ma mère qui est sublime, avec de grandes jambes minces, et ma sœur jumelle, qui pourrait faire la couverture de magazines.

Le serveur nous ramène nos plats. Je regarde avec envie l'énorme burger que Jen a pris, malheureusement je dois me contenter de ma petite salade.

Après mangé, on se dirige vers la plage. Je ne sais pas du tout comment dire à mes parents que je n'ai pas mon maillot, ils vont forcément se douter que j'ai fait exprès de ne pas le prendre. Lorsqu'ils commencent à enlever leurs habits, et que Jen fait de même, mon père me regarde bizarrement :

-Mon père : Romy ? Qu'attends-tu pour te mettre en maillot ?
-Moi : Je ne l'ai pas mis sur moi, je ne voulais pas qu'il me gêne au restaurant.

Jen rigole, mon père lève les yeux au ciel, et je fais semblant de chercher dans mon sac. Je respire un grand coup et m'étonne :

-Moi : Mon maillot n'est pas là !
-Mon père : Tu te fiches de nous, Romy ?
-Moi : Je ne comprends pas, je l'avais mis dans mon sac tout à l'heure !
-Ma mère (se moquant de moi) : Tu vas encore dire que c'est ta sœur, cette sorcière, qui l'a volontairement enlevé ?
-Moi (en me retenant de m'énerver) : Non, je n'y avais même pas pensé. Peut-être juste que je l'ai oublié, ou que je l'ai mis dans le mauvais sac. Je suis désolée. Mais allez-y sans moi, ça ne changera pas de d'habitude...
-Mon père : Ecoute Romy, je ne sais pas ce que tu as en ce moment, mais avec ta mère nous en avons plus que marre. Tu nous mens, tu fais du mal à ta sœur, et ensuite tu nous accuses de te mettre à l'écart ? Il serait temps que tu te remettes en question, ma pauvre fille. Il est hors de question que tu gâches, une fois de plus, une sortie en famille. Tu ne bougeras donc pas d'ici, tu surveilles nos affaires. Tu me déçois, Romy.

Mes yeux se remplissent de larmes, c'est donc comme ça que mes parents me considèrent ? Comme la personne qui gâche tout, qui les empêche de vivre leur vie tranquillement ?

C'est alors que Jen s'approche de moi, vu sa posture je me dis qu'elle va me prendre dans ses bras. Et c'est ce qu'elle fait. Mais ma surprise ne dure pas longtemps : elle s'approche de mon oreille, décale mes cheveux et me chuchote :

« Je te l'avais dit non ? Personne ne veut de toi ici, tu n'as pas ta place. Crève, petite sœur, ce sera mieux pour tout le monde, y compris toi. ».

Je sens ma respiration se saccader pendant qu'elle défait son étreinte, et qu'elle rejoint nos parents. Je m'assois pour essayer de reprendre mon souffle. En vain. Je suis en train de faire une crise de panique, et personne n'est là pour m'aider.

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