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6 - Correspondance onirique


Trois jours, c'est le temps qu'il aura fallu pour que ma vie parte à vau l'eau. Je peux toujours me tromper mais ça y est, je pense avoir touché le fond. Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Pourquoi je veux tellement croire Cassandre ? J'ai pourtant pas l'ombre d'une preuve, que des doutes. Elle finira par avoir ma peau. Après ma santé mentale, elle aura ma peau. Ça fait pas un pli. Je quitte plus de ma piaule, même pas pour voir comment va Akseli, et je m'abrutis de cachetons pour être sûr de pioncer en journée. Je me reconnais plus. Je suis devenu une vraie loque. C'est tout juste si j'arrive à grailler quand j'émerge et ça c'est si j'ai assez de jus pour me préparer un repas. Même le chat commence à se faire du mouron pour moi... enfin je crois. Tant que j'oublie pas sa gamelle, il se plaint pas trop.

La nuit je freine sur les médocs et je reprends un peu vie. Le rituel est maintenant bien rodé : dès que j'ai les idées suffisamment claires, je m'enferme dans la salle de bain et je reste devant ma glace à causer à mon reflet en attendant une réponse. Jusque là nada, mais je persévère. Si ça c'est pas le signe que je suis bon pour la camisole, je ne sais pas ce qu'y me faut.

— Bordel...

Je soupire.

— J'pense même pas qu't'existe vraiment donc... si tu veux m'faire changer d'avis, c'est l'moment Cassandre. Parce que si j'rêve pas d'toi dans les prochaines heures, c'te fois je lâche l'affaire ! Pour de bon ! Tu captes ?

Je reprends conscience, un goût de sang dans la bouche. Je suis à nouveau seule. Mes tortionnaires ont dû quitter la pièce après que je me sois évanouie.

— Connor ?

Je me souviens avoir rêvé de lui. Est-il revenu ? Est-il réellement là ? Je pensais...

Je me redresse en gémissant et essuie du revers de la manche ma lèvre inférieure sanguinolente. Mon œil droit, tuméfié, ne s'ouvre plus qu'à demi mais c'est à peine si j'ai encore conscience de la souffrance endurée par mon corps. Me serais-je habituée à elle ? Le traitement dont je fais l'objet m'ampute chaque fois un peu plus de celle que j'étais avant. Je me souviens de l'ancienne Cassandre comme d'une autre qui m'est désormais étrangère. Une étrangère que je méprise. Pourquoi ne pouvait-elle pas être heureuse ? Elle avait tout. Pourquoi fallait-il qu'elle soit perpétuellement insatisfaite ? Etais-je à ce point capricieuse ? Ai-je réellement, un jour, été aussi superficielle ?

Je ferme les yeux de lassitude. Je me sens comme une coquille vide. Engourdie, anesthésiée. Combien de temps encore aurais-je à supporter les coups qu'ils m'infligent ? Seule leur avidité, je l'ai bien compris, me garde en vie et je ne leur ai pas encore donné ce qu'ils veulent. Je les pressens à bout de patience mais si mes jours sont comptés quoique je fasse, pourquoi leur permettrais-je d'obtenir l'argent qu'ils convoitent ? Combien de temps encore s'acharneront-ils avant de m'asséner le coup de trop, celui qui me sera fatal ?

Ah ! Pourquoi êtes-vous revenu Connor ? Pourquoi revenir hanter mes rêves ? Vous ne croyez même pas en moi, vous pensez être fou alors pourquoi ? Pour vous assurer que je ne viendrai plus jamais occuper vos nuits ? Ou auriez-vous finalement des remords ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant, quand j'ai finalement cessé d'avoir peur ? Quand j'ai enfin accepté mon sort ? Pourquoi me torturer, vous aussi ? Vous attisez un espoir qui n'est pas bon pour moi. Laissez-moi Connor. Vous m'avez déjà tourné le dos et abandonnée une fois, il ne vous sera guère difficile de recommencer. Laissez-moi donc mourir en paix.

J'ouvre les yeux en sursaut.

— Ah non !

Putain mais c'est pas vrai ! Elle me tue là ! Elle veut que je l'aide ou pas ? Faudrait savoir ! Je saute hors de mon plumard et me précipite dans la salle de bain, fumasse. Elle me gonfle ! Elle me fait chier ! Je l'aime mais elle me les cisèle ! Merde ! Je l'ai enfin retrouvée, c'est quand même pas pour la lâcher encore ! C'est pas compliqué à piger !

— T'abuses Cassandre ! J'sais pas si j'dois t'croire et c'est forcément d'ma faute ? Hé ! Si t'es réelle alors j'étais pas l'seul à rêver, on est d'accord sur c'point ? Moi j'savais pas qu'ces rêves allaient en double sens, mais toi ?

Cette gonzesse, elle occupe toutes mes pensées. Matin, midi et soir. A part elle, personne peut se vanter de prendre autant de place dans ma vie. Je peux même en parler pendant des heures avec Akseli ! Je repense à la séance d'astiquage qui a suivi le rêve de la baignoire, et aux autres réveils de cet acabit qui l'ont précédé.

— Toi... oh oh oh ! Toi tu t'en es forcément rendue compte ! Impossible qu'tu sois passée à côté ! Et tu savais très bien que tu m'rendais cinglé ! Des années ! Y a des années que t'aurais dû m'parler ! Mais nooon ! Au lieu d'ça mamzelle de Tallec attend l'dernier moment, quand elle se retrouve dans une merde monstre, pour s'décider !

Mon poing atterrit dans le miroir qui se brise. Aïe ! Quel crétin ! Je retire les éclats qui sont restés plantés dans mes phalanges en grimaçant.

— Et qu'est-ce qui t'as pris ?! Hein ? Tu t'es dis qu'pour tes vacances, t'allais te pointer comme fleur sur la planète qui concentre le plus de connards au mètre carré ? Pourquoi t'es pas allée voir Alice comme prévu ?

Inspire... et expire mon vieux Connor ! Calme-toi.

— Ecoute-moi bien Cassandre. T'as intérêt à te reprendre fissa et à t'accrocher, compris ? J't'interdis de clamser. Parce que j'tiens pas à vivre ta mort en direct figure-toi ! Alors tu te démerdes comme tu veux mais tu tiens le coup aussi longtemps qu'tu l'pourras. Tu fais tout c'qu'il faut pour, pigé ?

Je suis étendue sur le béton du sol. L'extrémité pointue et acérée de ce que je pense être un clou de construction m'est rentrée dans le flanc lorsque je me suis effondrée. Fichée dans ma chair, j'ai la sensation qu'elle s'y enfonce un peu plus à chaque respiration ; mais je me contrains à demeurer inerte. Je ne dois surtout pas bouger. Je dois rester immobile et silencieuse ou ils sauront. Ils sauront que j'ai feint de m'évanouir.

Je n'ai vu que cette échappatoire pour qu'il arrête et m'octroie un sursis. Je n'ai pas eu à me forcer beaucoup pour cette mascarade. Je crois qu'il m'a brisé tous les doigts de la main. J'entrouvre à peine les yeux, juste ce qu'il faut pour discerner entre mes cils le ballet exécuté par les pieds de mes ravisseurs tandis qu'ils échangent, croyant que je ne les entends pas.

— Un coup facile, hein ? C'est bien c'que t'y avais dit, hein ?!

Cette voix rageuse est celle de Coup-de-poing. Déjà hargneux en temps normal, il devient de plus en plus mauvais. Il s'impatiente et sa nervosité s'accroit en conséquence. Je crains sa réaction s'il réalise ma supercherie. Je ne dois pas faire de bruit, ne pas faire le moindre geste susceptible d'attirer son attention.

— Elle finira par craquer. Tout l'monde y finit par craquer. T'aurais quand même pu y aller moins fort, crois-ti pas ? Là c'est sûr qu'elle peut plus l'ouvrir.

Je reconnais le pragmatisme glacé de Serpent, toujours égal à lui-même.

— R'descends un peu sur terre Calvin ! entends-je Coup-de-poing exploser de fureur.

— Tsss !

— Oh ! Fous-moi la paix ! Elle est dans les vapes ! Et même si elle connaît ton blaze, qu'est-ce ça peut y faire ? A qui tu veux qu'elle le répète ? Personne y vient ici ! Personne depuis l'explosion !

— Tu l'as dit. Et c'est pour ça qu'y pas d'urgence. Alors arrête de gamberger.

— T'y comprends vraiment rien... Elle nous filoute j'te dis !

J'entends un cliquetis et une main – celle de Coup-de poing je présume – me saisit par le col et me redresse avec rudesse. Surtout ne pas bouger ; demeurer aussi amorphe qu'une poupée de chiffon. Je sens mes viscères se liquéfier lorsqu'un objet froid et tranchant vient exercer une pression contre ma gorge. Un couteau ? Un couteau ! Oh non ! Oh non ! Je ne peux pas rester là ! Je dois le repousser et m'éloigner de lui ! Non, non, non ! Ne bouge pas ou il saura ! Et tu sais ce qu'ils te feront s'ils découvrent la vérité... mais je ne peux pourtant pas rester là ! Il va me tuer ! Que faire ? Connor ! Connor que dois-je faire ?!

— Moi j'dis qu'on y crève cette salope et qu'on s'déniche un autre plan.

— Range-mi ça tout d'suite !

C'est la première fois qu'il perd son sang-froid. La voix de Serpent-Calvin résonne avec sécheresse, semblable au claquement d'un fouet, et même si j'ai parfaitement conscience que son intervention n'est pas le signe d'une quelconque forme de bienveillance à mon égard, je suis pour une fois soulagée de sa présence. Il est celui qui me gardera en vie jusqu'à mon sauvetage. Mais viendrez-vous seulement, Connor ?

— Cette salope comme tu dis, c'est la poule aux œufs d'or. Crois-ti vraiment qu'demain une autre poule débarquera de Prioxus ? Cogites-y un peu. Veux-ti te tailler d'ici ou pas ? Veux-ti tes millions ou pas ?

Coup-de-poing finit par me relâcher avec un grognement contrarié et je retombe sur le sol. La rencontre brutale de ma tête avec la chape de béton m'étourdit. J'entends le bruit de leurs pas s'éloigner. Enfin !

— Demain c'est moi qui m'occuperai d'elle et tu verras qu'elle parlera, entends-je Serpent-Calvin avant que la porte ne se referme.

Que peut-il exister de pire que ce que j'ai déjà subi ? Par quels moyens compte-t-il me briser ? J'en frémis d'horreur et sens quelques larmes perler au coin de mes paupières.

Viendrez-vous Connor ? Même si je ne le mérite pas, viendrez-vous tout de même ?

Je suis désolée, tellement désolée ! Je sais que je me suis montrée égoïste et vaniteuse... s'il vous plait, pardonnez-moi Connor ! Je crois qu'au fond j'aimais l'effet que je produisais sur vous ; de me savoir désirée et aimée par vous comme jamais aucun autre ne le ferait.

Je savais qu'un jour j'aurais à épouser un Charles. J'étouffais et notre lien... c'était comme ouvrir une fenêtre sur la liberté Connor ! Un jardin secret... mon jardin secret ! Je pensais au début que je saurai m'en contenter mais je me mentais à moi-même. Je regrette. Je regrette que ma lâcheté vous ait blessé. Cela n'a jamais été mon intention !

Oh comme vous ignorez le nombre de fois où j'ai été tentée de vous parler ! Mais plus le temps passait, plus la perspective me devenait difficile. Je redoutais la colère que vous éprouvez aujourd'hui. Je redoutais votre rejet. Je craignais... je craignais que cette fenêtre ne se referme si... s'il vous plait Connor ! Ne m'en voulez pas !

Vous avez raison. J'ai agi sur un coup de tête et me suis montrée imprudente. Je n'aurais pas dû venir mais je ne supportais plus les rêves. Je voulais enfin devenir réelle. Pour vous. Réelle à vos yeux. Je sais que je ne suis pas sans défauts ; je suis même bien loin d'être parfaite mais...

— Je t'aime aussi.

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