4.2 Renouveau
Adès revient peu de temps après. Il nous regarde à tour de rôle moi et Ambroise, avant de contourner son bureau et se rassoir à sa place.
- Tu peux nous laisser Ambroise.
Ce dernier hoche la tête avant de reculer pour se retirer.
- Léonie te rejoindra pour débuter son entraînement. Tu es toujours d’accord ?
- Oui, Alpha, répond le jeune Gamma.
Puis il disparait complètement à travers l’embrasure de la porte. Je me tourne pour faire face à Adès.
- Je suis désolé de ce contretemps. J’espère ne pas t’avoir fait attendre trop longtemps.
Mes lèvres forment un petit sourire discret en guise de réponse.
- Bien. Nous nous passerons d’une discussion trop formelle. Je règlerai quelques détails avec Connor lorsqu’il viendra. Je compte l’inviter quelques jours pour prévoir l’organisation de la guerre.
J’espère secrètement qu’Hadriel viendra. Il commence déjà à me manquer et je culpabilise d’avoir profité de son sommeil pour partir sans même l’avertir.
- Cependant nous devons parler de ce qui t’attend pour ses prochains jours. J’aimerais avoir ton accord bien sûr, mais j’ai déjà arrangé une bonne partie de ton programme.
Ca je m’en étais rendue compte. C’est très étrange pour moi d’avoir en quelques sortes un emploi du temps. Moi qui avait des journées plutôt calmes, dans lesquelles je m’entraînais certes, mais où je passais la plupart de mon temps à rester auprès d’Hadriel ou même seule à profiter de ma vie, enfin délivrée d’un passé trop lourd à affronter.
- Ambroise t’en a certainement parlé, mais il va falloir que tu suives un entraînement régulier et intensif. Le mieux serait le matin, puisque Ambroise est occupé tout l’après-midi. Il faudra également que tu assistes aux réunions de stratégie, mais surtout que tu sois formée par notre infirmière Agrippine.
- Vous êtes conscient que je n’ai à aucun moment accepté votre proposition ? j’ose dire.
La bouche de l’Alpha s’étire pour former un sourire en coin.
- Mais tu es là, et je doute que ce soit pour te faire laminer à nouveau par ma Béta simplement pour le plaisir. Tu apprendras vite qu’il faut éviter les provocations avec moi, jeune louve. Ici, je commande et tu exécutes. Si tu as quelque chose à dire, alors réfléchis bien à tes propos.
Mes joues s’enflamment et je hoche la tête. Je suppose que même si je voulais repartir, Adès aurait une grande simplicité à me retenir. L’autorité qui se dégage de son aura est d’une intensité monstre. La louve qui sommeille en moi se fait toute discrète et docile face à cet Alpha puissant.
- Dans les prochains jours, je te ferais visiter la meute. Notre territoire est très vaste. Tu es autorisée à te rendre où bon te semble, mais ne t’avises surtout pas de sortir. J’ai assigné des loups à ta surveillance. Ils veilleront sur toi jour et nuit, mais ne t’en fait pas ils savent se montrer discret, tu ne remarqueras même pas leur présence.
Je ne m’emballe pas à cette idée. En effet je n’ai pas spécialement envie d’être suivie, premièrement car j’aurais l’impression d’être traquée et deuxièmement parce que j’ai besoin d’un minimum d’intimité.
- Est-ce qu’ils seront là même lorsque je dormirais ? Les gardes, je veux dire.
Je suppose qu’Adès a compris ma gène. Toutefois il ne semble pas vouloir me prêter une concession.
- Ils seront tout proche mais, comme je te l'ai dit, ils seront discrets. Tu te sentiras en sécurité.
Je m'affale sur ma chaise, contrite.
- Ce soir, nous organisons un festin pour accueillir notre nouvelle recrue, enchaîne-t-il naturellement.
Si cette idée devait m'enchanter, ce n'est pas le cas. Ce genre de soirée d'intégration, ce n'est pas pour moi. Surtout qu'en temps de guerre, les meutes n'ont pas intérêt à recruter des membres inconnus qui pourraient être des infiltrés de meutes ennemies. Les loups vont donc se demander qu'elle est donc ma particularité pour que Adès m'ait accueilli de la sorte. D'autre part, j'imagine que Chanelle va tout faire en sorte pour gâcher cette soirée et donner une mauvaise image de moi. Je m'en réjouis d'avance.
- Au fait, qu'est ce qui t'as poussé à nous rejoindre alors que tu avais refusé dans un premier temps ?
- Nous avons été attaqués, j'avoue. La meute de Randors est parvenue jusqu'à nos frontières alors que nous étions dans un moment de fête et... l'un d'entre nous n'a pas survécu. Je veux sauver les autres, les protéger, je veux qu'ils vivent.
Adès reste impassible tandis que l'émotion m'empare. Je n'ai plus de larme pour pleurer ma mort de Harri, mais la sensation de manque et de deuil est toujours bel et bien présente.
Après un long silence, Adès reprends :
- Tu peux sortir maintenant, Ambroise t'attends.
- Attendez, je demande prudemment . Je veux bien me passer de certaines formalités, mais j'aimerais quand même connaître quelques informations. Déjà où je suis censé dormir, que comptez vous faire avec mes dons de guérison, jusqu'à quand je dois rester...
D'un geste de la main il m'interrompt.
- Ambroise te montrera ta chambre. En ce qui concerne la raison de ta venue, tu découvriras vite ce que j'attends de toi. Mais ne t'inquiètes pas, rien de mal ne t'arriveras tant que tu es sous ma protection. Je verrais avec Connor pour tout ce qui est de l'ordre de la guerre. Malheureusement, je ne peux pas encore te dire jusqu'à quand tu resteras parmi les notres.
Je n'ai pas vraiment obtenu de réponse concrète mais je suppose que je dois me contenter de cela. Vivre dans le flou me rappelle trop ma jeunesse, des périodes sombres que j'aimerais de tout coeur oublier.
Je me relève. Je ne sais toujours pas si je devrais avoir peur d'Adès ou pas. Il est mon allié et mon protecteur, mais son autorité et sa supériorité ont de quoi faire frémir les morts.
Après quelques politesses, je m'éclipse. Dehors, le soleil arrive bientôt à son zénith. Je descends les marches du perron en observant autour de moi.
Adossé à la maison voisine, Ambroise se tient nonchalamment, un grand sac posé à ses pieds. Je vais le rejoindre comme m'a intimé l'Alpha.
- Ce sont tes affaires ? Demande l'oméga en relevant les yeux et en désignant mon sac à dos.
Je ne m'habituerai jamais à l'intensité de son regard.
Je hoche la tête.
- Je te montre où les déposer et on va s'entraîner. Je t'ai apporté des vêtements de combats.
Il attrape le sac qui se trouve à ses pieds, puis se met en marche d'un pas rapide. Il m'emmène jusqu'à une petite maison donnant sur la place centrale, sans jeter un coup d'oeil en arrière dans ma direction. C'est comme s'il n'en avait rien à faire de moi. C'est étrange pour quelqu'un qui m'a avoué quelques instants plus tôt vouloir protéger ma vie coûte que coûte.
Ambroise ouvre la porte et entre dans le petit salon de la bâtisse.
- Nick, Joce ?
Deux garçons plutôt maigrichons sont assis dans le canapé à regarder la télévision. Encore une fois, il s'agit d'un bien précieux et cher car il nécessite de l'électricité. Cela montre bien la richesse de la meute du Sinnel. Les deux se tournent vers nous en entendant Ambroise.
L'un des deux, ayant des cheveux blonds pratiquement blancs, fronce les sourcils et demande :
- C'est qui ?
Je devance Ambroise et répond :
- Je m'appelle Léonie, je commence.
- Elle va habiter la chambre du bas, enchaîne Ambroise. Adès la fait venir, elle vient d'arriver ce matin.
Avec les deux hommes ? Je m'interroge intérieurement. Je n'ai partagé mes nuits qu'avec Hadriel et il m'a fallu du temps avant d'accepter sa présence à mes côtés.
Le deuxième, plus petit que l'autre à la chevelure brune tirant sur le roux, s'enthousiasme.
- Trop bien une coloc' ! Moi c'est Nick. Pourquoi tu es ici ? Ta meute a été attaquée par les Randors et tu es la seule survivante ?
- Nick ! Gronde Ambroise.
Bien qu'il ne soit qu'un Gamma, sa taille, sa corpulence et son caractère froid montrent sa supériorité. Les deux jeunes garçons se redressent.
- Désolé, je ne voulais pas être indiscret, reprend le rouquin.
- Vous ferez connaissance plus tard, on va sur la Plaine.
Ambroise pose son sac sur le sol et je l'imite.
- Vous feriez mieux de vous entraîner aussi ou de vous rendre utile au lieu de lambiner, reprend Ambroise.
Les deux garçons soupirent et éteignent la télévision.
Ambroise et moi sortons. Je profite qu'il soit à ma hauteur pour l'interroger :
- Qu'est ce que la Plaine ?
Il jette un coup d'œil dans ma direction avant de reprendre sa marche active. Je cours presque pour garder son rythme.
- Un espace large au milieu de la forêt, dépourvu d'arbres. C'est là où l'on s'entraîne pour débuter. C'est à une dizaine de minutes de la place.
- Pourquoi aller si loin ? J'ai vu des gens s'entraîner près de l'entrée.
- C'est pour se transformer. L'endroit est très grand.
Ma louve se manifeste et se réjouit d'avance de pouvoir apparaître. En plus, elle pourra voir le beau loup qui va lui servir d'entraîneur.
En parlant d'entraînement, je suppose que Ambroise va rapidement perdre patience en découvrant mon niveau à peu près équivalent à celui d'un louveteau. Mais apparement c'est lui qui a voulu être mon coach alors il n'a pas à se plaindre.
Nous commençons à nous engager dans les bois. La meute du Sinnel semble incroyablement vaste.
- Pourquoi es-tu venue Léonie ?
Je suis surprise de sa question. Surprise qu'il me parle aussi tout simplement.
- Je ne veux pas voir les miens mourir, dis je en pensant à Hadriel. Si le seul moyen de les sauver est de partir dans une meute inconnue, subir des entraînement et partager mon don de guérisons en obéissant aux ordres d'un Alpha possédant un grand pouvoir, alors qu'il en soit ainsi.
- C'est comme ça que tu perçois ta venue ici ? Un solution de replis, de l'appréhension ? Tu n'as rien à craindre de nous
- En quelques sortes, oui je suppose. Je ne vous connais pas, et votre Alpha planifie déjà ma vie sans même me tenir au courant de ce qu'il compte faire de moi. Et puis trop de monde est au courant pour... tu sais quoi, c'est dangereux pour moi.
Ça fait du bien de se confier, mais je dois tout de même prendre garde à ne pas trop parler.
N'ai confiance qu'en toi et toi seule, me répétait ma mère. J'ai une fois oublié de respecter cette parole et j'en ai payé les frais. Aujourd'hui j'ai compris la leçon.
Bientôt la forêt se dédensifie et un immense pré rempli d'hautes herbes s'entend à ma vue. Les rayons de soleil éclairent cet espace, encadré par la forêt tout autour. La vue dégagée me permet de voir les grandes montagnes qui surplombent la vallée.
- Nous sommes dans la limite ouest de notre territoire, m'informe Ambroise.
J'ai un très mauvais sens de l'orientation, alors je doute que cette information puisse m'être utile à nouveau un jour.
- Bon, commençons maintenant.
🌵
Hey !
Désolé pour le post à cette heure tardive et pour les éventuelles fautes. J'avais oublié de sauvegarder sur mon ordi et j'ai dû tout réécrire ce soir.
J'espère que ça vous plait quand même 😊
Merci ! ❤
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