4.1 Renouveau
- Tu es sûre de ton choix ?
Je replace les bretelles de mon sac à dos sur mes épaules d'un geste déterminé.
- Oui, c'est le mieux pour tout le monde.
Connor hoche la tête. Il fait à peine jour et nous nous trouvons aux frontières de notre territoire.
- Très bien.
Il reprend après une pause :
- Soit prudente. Donne nous des nouvelles, même si je suppose que Adès nous fera venir dans sa meute pour qu'on y soit en sécurité. On te rejoindra certainement rapidement.
Je souris légèrement avant d'avancer pour offrir à Connor une accodale, en espérant que ce n'en soit pas une d'adieux. Ses larges bras m'entourent et m'offrent le réconfort et le courage qu'il me faut pour partir.
Je m'écarte et m'éloigne sans un regard en arrière, sans une larme. C'est peut être un aller sans retour que je m'apprête à faire. J'ai fait mes adieux à Connor, et à Hadriel hier soir d'une certaine façon.
~
Après le repas, un potage de légume froid, nous nous sommes éclipsés avec Hadriel et avons rejoint notre chambre. Connor n'a pas encore remarqué notre absence, alors nous profitons de cet instant d'intimité tout les deux allongés sur le lit.
La main du Béta effleure mon échine, la courbe de mes reins tandis que j'écoute le bruit apaisant de ses respirations, confortablement installée sur son torse.
- Je connaissais Harri depuis si peu de temps et pourtant sa présence me manque tellement, je murmure les yeux clos.
Ses doigts plongent dans mes cheveux.
- N'y pense pas. Pas maintenant, oublie juste un instant.
Je relève la tête pour le voir.
- Mais comment faire ? La douleur est si forte, je ne sais comment l'apaiser...
Hadriel me prend de cours en plaquant ses lèvres sur les miennes. Ce n'est pas comme notre premier baiser, ici c'est plus intense, plus bestial. Ma louve se manifeste et gémis de plaisir.
Seule la passion m'envahit. La dominance du loup Béta m'excite, ou bien est ce ma louve qui est excitée. Quoi qu'il en soit l'ardeur envahit nos deux corps tandis que nous nous explorons des mains. Les miennes glissent sur ses muscles tendus, les siennes s'aventurent sur mon ventre.
Il nous fait basculer pour se retrouver au dessus de moi. Son corps se presse sur le mien, et durant l'instant où nous lèvres se séparent, je lis dans son regard toute l'intensité des émotions qu'il éprouve. C'est comme s'il s'était contenu pendant des années et que toute cette envie se manifestait d'un coup à cet instant.
Un sentiment nouveau se crée en moi et noue mon ventre. Je me sens dans une sorte de plénitude pas suffisamment assouvie et le seul moyen de me rassasier est d'en obtenir toujours plus de la part d'Hadriel.
Je l'attire à moi et ses doigts reprennent leur exploration. Hadriel remonte ses mains en grognant de façon animale, comme si son loup avait pris le contrôle de son être. Sa bouche descend le long de ma mâchoire puis dans mon cou, mais rapidement ce qui étaient de délicates effleurures de dents se transforment en véritables morsures faites aux crocs.
Le loup d'Hadriel est en train de prendre le dessus et si je ne l'arrête pas il ne saura plus se contrôler.
- Stop, je demande bien que mon corps cambré envoie des signaux contraires.
Hadriel, les mains toujours fermement agrippées à mes hanches, se redresse. Il semble en transe, les pupilles dilatées par le désir. Ce tableau m'effraie autant qu'il m'attire.
- Ressaisie toi Hadriel, calme toi.
Nos respirations sont saccadées, mais je pose ma main sur la poitrine d'Hadriel pour l'insiter à reprendre son souffle.
Au bout de quelques instants, la main du Béta saisit la mienne dans un geste tendre.
- Excuse moi, je me suis un peu trop emporté.
Je lui souris. Ses cheveux sont désordonnés et ses lèvres rouges et gonflées, appelant à la luxure.
Elles se rapprochent dangereusement de moi et se pose à nouveau sur les miennes mais cette fois si avec délicatesse.
- J'en avais tellement rêvé, confesse-t-il. Ne rougis pas.
Il replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Nous nous rallongeons sur le lit.
Hadriel m'attire contre lui et dépose une série de petits baisers le long de ma chevelure.
Après ce qu'il vient de se passer, tout me pousse à rester auprès d'Hadriel, de voir se forger ce genre de sentiments nouveaux et si beaux. Mais s'il lui arrive quelque chose durant la guerre je ne pourrais pas m'en remettre. Je dois protéger Hadriel coûte que coûte. Et si pour cela je dois m'éloigner de lui, alors je le ferais.
La respiration d'Hadriel est calme, il dort profondément. Je reste immobile pendant des heures à fixer le plafond. Puis, je me décide à me lever, saisit le sac que le Béta n'a même pas remarqué appuyé contre l'armoire.
Je prend le temps d'observer le visage détendu voire juvénile d'Hadriel lorsqu'il dort. Il semble si paisible, il est si beau. Son corps invite à tout pêché. Je n'ai qu'une envie, celle de me lover contre lui mais c'est impossible.
J'enfile des vêtements plus chauds et sors de la pièce sans faire de bruit. Je toque au bureau de Connor et sans surprise il s'y trouve.
Surpris, l'Alpha relève la tête.
- Accepte la proposition d'Adès, je pars ce matin, je déclare.
~
Cela fait bientôt quatre heures que je marche. Cette fois ci j'ai une montre ainsi qu'une carte et une boussole pour me repérer. Les lieux ne me disent rien, et pour cause la dernière fois que j'ai emprunté ce trajet il faisait nuit.
Ma louve se plaint de ne pas pouvoir se transformer et gambader à travers la forêt. En plus le trajet serait plus rapide. Mais j'ai mon sac à transporter et ma carte à tenir à la main, c'est pourquoi la forme humaine me semble plus judicieuse.
Je continue à avancer malgré ses jérémiades et finit par apercevoir les barrières qui forment la limite du territoire de la meute du Sinnel. Je commence à avoir les muscles endoloris et mon estomac crie famine. Je suis heureuse d'être arrivée.
Cette fois ci je n'hésite pas et cogne fortement contre la porte en bois massif. Rapidement, cette dernière s'ouvre sur les deux mêmes gardes, Taylor et Rudy. Ils ne me font plus peur, et d'une certaine façon la présence de personnes pas totalement étrangères me rassure.
Ils m'invitent à entrer comme si ma présence était attendue. Peut-être qu'Adès m'attendait patiemment, sachant pertinemment que je finirais par revenir.
Quelques personnes sont dehors au petit jour, en train de s'entraîner dans un coin au combat.
Rapidement, la Béta Chanelle sort en trombe d'une grande bâtisse sur ma gauche et me fixe d'un air meurtrier.
- Que fait-elle ici ? Hurle-t-elle.
Je ne pensais pas qu'il était possible d'attiser une telle haine envers quelqu'un.
Ses cheveux d'un noir profond se secouent au rythme de ses pas. Bientôt elle arrive à ma hauteur.
- Tu t'es encore perdue ? Ironise Chanelle.
Je garde un ton calme et déclare :
- Je suis venue voir Adès.
Elle me toise de la tête au pied comme si je n'étais qu'un vulgaire objet et je fais preuve de sang froid pour ne pas lui cracher au visage. Ma louve n'aime pas cette attitude.
- Et bien l'Alpha est occupé. C'est donc à moi que tu dois te confier. Je peux également te renvoyer d'où tu viens sur le champ alors fais attention à ce que tu dis, Gamma.
Ce dernier mot sonne dans sa bouche comme une insulte. Je hausse un sourcil. Croit-elle sérieusement que son petit numéro m'impressionne ? Certes elle m'a battu la dernière fois et je me trouve dans son territoire, mais je suis trop précieuse pour Adès et jamais il ne me laisserait arriver quoique ce soit. Du moins je l'espère.
- Alors ? Je n'ai pas tout mon temps.
Les bras croisés, elle tapote ses doigts sur son avant bras de façon machinale.
- Ce sont des choses confidentielles qui doivent rester entre l'Alpha et moi.
La brune grogne et perd son sang froid.
- Dis le moi ! Crie-t-elle.
Elle cède face à mon calme et mon impossibilité, et ma louve s'en sort satisfaite.
- Doucement Chanelle, s'exclame une voix.
Il ne s'agit pas d'Adès. La Béta et moi-même nous tournons vers l'origine de la voix et découvrons un charmant jeune homme aux cheveux bruns. Sa carrure athlétique renforce son charme et son charisme. Sa beauté est stupéfiante. Peu à peu, je commence à reconnaître ces traits, ce sont ceux de l'homme que j'ai guéri lors de mon premier passage dans la meute du Sinnel.
Ce que je n'avais pas remarqué alors, c'étaient ses deux grands yeux d'un bleu nuit intense et envoûtant. De longs cils bruns foncés encadrent son regard divinement magnifique. Ses yeux d'ailleurs oscillent entre Chanelle et moi.
Celle ci me fusille du regard, certainement pour regarder d'un oeil peut être trop désireux le corps de l'Apollon qui se trouve face à moi.
- Laisse la tranquille, Adès va bientôt arriver.
Chanelle se tourne vers le jeune homme et, avec un geste on ne peut plus possessif, l'attire à elle avant de plaquer ses lèvres sur les siennes.
Le garçon ne la repousse pas, mais ils s'écartent tout de même rapidement.
Les yeux du bruns viennent à nouveau chercher les miens et me fixent intensément. Je détourne le regard.
- Léonie !
La voix grave d'Adès tonne et les quelques personnes dehors se retourne sur son passage. Il approche de nous à mon plus grand soulagement.
Il avance et se place en avant par rapport à Chanelle et le mystérieux jeune homme. Adès a l'air satisfait. Quelques ridules marquent sa peau de part et d'autre de son visage accentuant son regard pétillant de malice. Sa stratégie a certainement dû payer : je suis ici.
Sa main vient se poser sur mon épaule puis d'une simple pression il m'incite à avancer.
- Allons à l'intérieur.
Le visage de Chanelle se décompose.
- Quoi ? Pourquoi elle reste celle-la ?
Adès se stoppe brusquement. Sans même un regard pour la Béta, il lance de façon à la fois désinvolte et autoritaire :
- JE décide ici peu importe ton avis. Alors laisse MOI gérer la meute et occupe toi de tes affaires.
Je ne peux m'empêcher de lancer un regard narquois à la brune avant de repartir.
Nous ne nous arrêtons pas dans le même bâtiment que la première fois, qui se trouve être l'infirmerie. Nous poursuivons pendant quelques minutes le long d'un chemin de graviers. De nombreuses bâtisses sont réparties de part et d'autre de la voie. Je suis impressionnée par le nombre exorbitant d'habitation qui peut accueillir bien plus d'une centaine de loups.
Adès nous conduit dans une maison qui se distingue des autres par sa taille. A l'intérieur, l'ambiance est spacieuse et épurée. L'Alpha m'invite vers le fond de la salle où se trouve un immense bureau.
Il s'assoit en face de moi et prend aussitôt la parole.
- Est ce l'initiative de Connor ?
- Non, je réponds, c'est mon choix.
Adès semble apprécier le fait que je sois venue spontanément. Il doit me penser docile. Et après tout je ne suis qu'une simple Gamma.
- Est-il au courant au moins ?
Je hoche la tête en guise de réponse.
- Bien. Qu'est ce qui t'as fait changé d'avis ?
Je m'apprête à répondre lorsque des pas se font entendre dans mon dos.
- Adès, Neoxi et Brick te demandent.
Je me tourne et découvre un grand homme maigre accompagné du loup de l'infirmerie.
- Pas maintenant Luis, grogne l'Alpha.
- C'est à propos des Randors.
Adès qui s'était relevé semble maintenant réfléchir. Il jauge le dénommé Luis avec une telle intensité que je me recroqueville sur ma chaise.
- Bien, concède l'Alpha. Luis, vient avec moi. Ambroise, veille sur elle.
Puis il sort me laissant seul avec Ambroise, le mystérieux homme à qui j'ai sauvé la vie.
Il s'approche de moi et s'assied sur le rebord du bureau. Son visage est dépouillé de toute expression joviale. Il reste neutre mais sa façon de me détailler me déroute. Autant Adès m'intimide, mais sachant qu'il a besoin de moi, je me sens plus en confiance. Lui en revanche, n'a pas une once de bienveillance dans son regard. Je suppose qu'étant le petit amie de Chanelle, il ne m'apprécie pas spécialement.
- Tu étais avec moi à l'infirmerie, constate-il les sourcils toujours froncés.
Ses grands yeux bleus me scrutent. Ils sont incroyablement magnifiques.
Prise de court, je ne sais pas quoi répondre. Comment sait-il alors qu'il était évanoui ?
- Agrippine m'a informé, explique-t-il.
Bien que je comprenne mieux, je ne vois pas où il veut en venir.
- Je sais pourquoi Adès a tant besoin de toi. Je sui bien placé pour le savoir.
Adès lui aurait avoué ? Je commence à m'inquiéter et surtout sa façon mystérieuse de me parler ne me rassure pas.
- Je devrais te remercier de m'avoir sauvé la vie.
Je plaque ma main sur ma bouche. La nouvelle se répand, trop de monde commencent à être au courant. A ce rythme je vais bientôt finir par être traquée malgré toutes ces années passées à camoufler ma vraie nature.
Ambroise doit sentir ma détresse car sa main se pose sur ma cuisse. Ce geste affectueux me fait sursauter.
- Alors c'est à mon tour de te protéger.
- Comment ça ? J'ose demander.
- Adès veut que tu commences à t'entrainer dès maintenant. Je t'apprendrai tout ce que tu as à savoir pour survivre.
Alors l'Alpha avait tout prévu. Il avait déjà planifié un programme pour moi alors que Connor avait refusé sa proposition.
Dans un sens, cela m'énerve. Cela me donne l'impression d'être prévisible et surtout, je déteste que l'on ait déjà programmé toutes mes journées sans m'avoir demandé mon avis.
Toutefois je reconnais que j'ai besoin d'entraînement.
- Je ne fais pas seulement ça parce que tu es une guérisseuse alors tu es précieuse à la meute, poursuit-il. Tu m'as sauvé presque au péril de ta vie sans savoir qui j'étais. Je te revaudrai ça.
J'esquisse un sourire. Ça fait du bien de découvrir des alliés dans ce tournant périlleux que prend ma vie. Je ne suis pas sûre de pourvoir lui faire entièrement confiance mais je suis sincèrement émue qu'il tienne à me protéger.
Ambroise se relève et diminue la distance qui nous sépare. J'ai une vue imprenable sur ses abdominaux moulés par son pull. Cet homme est vraiment la perfection incarnée ! Ma louve toujours présente dans mon esprit semble apprécier le spectacle et ne rêve que d'une chose : rencontrer son loup à lui.
Il se penche en avant et pose sa main sur mon ventre. Surprise j'ai un mouvement de recul.
- Est ce que je peux ?
Je ne comprends pas vraiment mais je n'ai pas d'autres choix que de le laisser soulever légèrement le tissu de mon haut.
Je baisse les yeux et trouve en même temps que lui la cicatrice sur mon flanc qui témoigne de sa blessure à lui. Il pose alors ses doigts sur la balafre en grimaçant.
Je frissonne au contact de sa peau et il doit le ressentir car il s'écarte.
- Merci, murmure-t-il doucement.
🌵
Hello ! Ça va ?
Partie un peu plus longue que d'habitude, ça vous plait ?
Merci ! ❤
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro