Chapitre 20
L'Eaunicien attrapa son sac à dos rempli de repas et d'aliments volés. Alors qu'il y enfonçait encore un paquet de riz, des policiers débarquèrent sur le marché d'Eaunicée. Ils étaient une petite dizaine contre le pauvre Résistant qui passait outre les restrictions alimentaires. Sans hésiter, il se faufila dans la foule des habitants qui étaient sortis pour avoir la part de leur alimentation quotidienne. Il courut aussi vite que lui permettaient les rues encombrées, en essayant de se fondre dans le décors splendide de la ville qui tentait de ramener la joie passée par des festivités feintes, des sourires faux et des habits colorés. Mais malgré toutes ces ambitions, Eaunicée était devenue un lieu plus sombre où planait sans cesse une atmosphère de douleur et de crainte, un lieu désolé où les couleurs ne brillaient plus de leurs mêmes éclats.
Toujours avec des policiers à ses trousses, le jeune homme aux cheveux méchés de bleu fit une embardée à gauche et s'enfonça dans les rues sinueuses de la ville. Il n'eut pas le temps d'apprécier l'architecture toute en courbes, paraboles et arabesques des immeubles. Les portes étaient encadrées d'ornements structuraux, sculptés dans la pierre polie. Deux vagues semblaient sortir du mur, se penchant vers le visiteur pour l'envelopper de sa douceur, de son harmonie, de son calme, pour protéger l'accueil. Toutes ondulées, courbées, ourlées, elles paraissaient animées d'un mouvement continuel comme si c'était le vent qui, à force de travail, de volonté et de force, avait laissé sa trace dans la dure pierre. Des colonnes entortillées ne cessaient de rappeler la courbe de l'eau.
Cependant, il ne pouvait se permettre de s'arrêter devant ces maisons bleu pâle. Il courait aussi vite que possible semblant connaître les chemins et les détours d'Eaunicée. Il écarta les passants et usa de sa magie pour inonder les rues avant de glacer le sol. Ses poursuivants glissaient mais les Feuriciens déchaînés brûlaient ce qui les entourait. Le jeune homme vira à nouveau à gauche, puis deux fois à droite, tentant de semer les soldats dans ce labyrinthe de rue. D'un jet d'eau, il fit tomber une pile de cageots remplis de pommes qui roulèrent sur les chemins poussiéreux. Quelques-unes devinrent des pommes au four, calcinées par les Feuriciens, d'autres servirent comme balles d'attaque. L'Eaunicien évita de justesse les fruits qui se retournaient contre lui et qu'on lui envoyait sur le crâne. Il prit de l'avance. Il déboucha dans une rue plus isolée avant de sortir enfin de la ville par l'arrière, du côté de la forêt. Les passants bousculés ne manquaient pas de pester voire de l'injurier tout haut et le jeune homme avait grande peur que ce chemin de bruit ne consistasse en une semence qui permettrait aux policiers de ne pas le perdre.
Il parvint à s'éclipser dans la forêt jouxtant Eaunicée. Il savait où il allait mais il devait faire des détours pour ne pas qu'ils repèrent sa cachette. Brusquement, trois Elémentiens apparurent devant lui, sortant de derrière un arbre. Ils se sourirent d'un air complice puis les trois nouveaux retournèrent sur les pas du jeune homme essoufflé pour couvrir ses arrières. L'Eaunicien continua sa course, soulagé que ses amis l'aient attendu comme prévu. Il rejoignit la plaine verdoyante et déserte où se dessinaient à l'horizon de magnifiques cascades dont les flots coulaient avec violence dans le fleuve qui courait à travers l'herbe. Il s'approcha rapidement des eaux, ne cessant de se retourner avec inquiétude pour s'assurer que personne ne le suivait. Mais il n'avait rien à craindre; le lieu était sauvage et complètement abandonné. Peu d'Elémentiens se rendaient encore dans ce lieu, beaucoup restaient enfermés dans leur maison. Le vent se levait annonçant une pluie prochaine. Ce n'était que lorsque l'on s'approchait des cascades que, outre le son inhabituellement calme des violentes chutes qui auraient dû masquer les bruits alentours, l'on s'apercevait de leur originalité; l'eau, en effet, défiait les lois de la gravité et remontait vers le sommet des chutes. L'eau cristalline s'affranchissait des règles et, prenant source dans le fleuve, courait contre la roche pour s'élever jusqu'au sommet. Si c'était magnifique et impressionnant à contempler, l'Eaunicien, habitué à ce spectacle, ne s'arrêta pas même une seconde, si ce n'était pour s'assurer une dernière fois qu'il n'était plus suivi. Il contourna le cours d'eau et, par un passage invisible aux inconnus, il se faufila le long de la paroi rocheuse, derrière les chutes. Le chemin entre l'eau et le mur était si fin et étroit que s'il ne voulait pas se mouiller, il s'arrachait le dos. Finalement, juste dans l'alignement de la cascade, derrière celle-ci, une grotte s'ouvrait dans la pierre, il y entra. Il ne manqua pas de montrer son bras gravé mais on le reconnut aisément. Sa mission était réussie.
Quelques minutes plus tard, deux de ses trois camarades revinrent au logement.
* * *
Gabrielle, assise dans son lit, regarda le vampire suspicieuse. Elle voulait des réponses de ce dernier, c'est pourquoi elle l'avait défendu et se retrouvait désormais seule avec lui dans le grenier de l'hôpital.
- Pourquoi m'as-tu aidée ? Et désobéi à Isabelle ? interrogea-t-elle d'emblée.
Damien croisa ses bras et sourit, dévoilant ses canines, amusé par son tempérament.
- D'abord je ne suis pas possédé donc je fais ce que je veux. Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'elle et rien ne m'attache à elle. Ensuite je t'ai aidée parce que tu es une Soleil.
Si on devait reprocher à Damien l'un de ses attributs, ce ne serait certainement pas de ne pas se confronter aux problèmes ; oser plonger directement dans le plat était une caractéristique qu'on ne pouvait lui enlever. Il n'avait pas fallu longtemps avant qu'il n'entre dans le sujet qui l'intéressait particulièrement. Qu'était-elle ? Et qu'est-ce que Damien pouvait bien lui trouver pour retourner sa veste aussi rapidement, pour une inconnue qui plus est, une jeune fille qu'il torturait encore quelques heures plus tôt.
- Justement... qu'est-ce que ça signifie être une Soleil ? s'enquit-elle très intéressée.
- Ce ne sont pas exactement tes caractéristiques qui m'importent mais la particularité de tes globules rouges, lança-t-il sournoisement.
- Quoi ?
Gabrielle tombait des nues, elle ne s'attendait vraiment pas à cette réponse. Mais bien sûr, elle oubliait trop facilement les bas instincts animal de l'être surnaturel qui lui faisait face. Qu'avait-elle imaginé, qu'un vampire arrogant lui donnerait toutes les réponses qu'elle recherchait ?
- C'est un sang S, très rare, expliqua Damien en souriant face à la mine inquiète de la jeune fille. Seuls les Soleils l'on, d'où le nom particulier de ce groupe sanguin qui a d'ailleurs un goût exquis. Et en plus de cette qualité gustative, les Soleils en recréent très vite. Regarde quand je t'ai mordue, tu aurais dû être faible pendant plusieurs heures au moins, parce que je dois dire que je n'ai pas réussi à m'arrêter, et pourtant tu t'es vite remise.
- Si tu entends que s'évanouir pendant deux jours c'est se remettre vite, alors oui.
- Tu t'es évanouie à cause de tout ce que tu venais de subir, je n'ai fait que rajouter un petit détail. Et puis ça en valait la peine. C'était sucré, légèrement acide...
- Tais-toi ! lâcha Gabrielle parcourue d'un frisson par ces propos.
Damien se leva et s'approcha de la jeune fille.
- Sache que je ne suis pas gentil, je fais ce que je veux, quand je veux. Et tout ce que je fais est dans mon intérêt. Je suis exécrable alors ne pense pas que je vais me priver juste parce que tu me supplies. Je ne suis pas le héros de vos films terrestres. Un vampire se nourrit de sang, point, à la ligne. Il n'y a pas de gentillesse dans cet acte, seulement un besoin primaire comme toi tu as besoin de manger et de boire. Alors que tu sois une Elémentienne avec des atouts extraordinaires, que tu puisses utiliser la magie ancestrale et invoquer n'importe quoi à partir du rien, mais qui en échange a une destinée souvent sombre et épineuse, tout cela m'importe peu. Et je dois bien dire que ce n'est pas un vampire qui se nourrit de ton sang qui pourra affaiblir tes capacités, ni, certes, te rendre la vie plus douce. Ce n'est qu'une épine de plus que tu devras surmonter en échange de ton don ; tant d'épines que tu vas rencontrer, des personnes qui voudront t'utiliser, t'amadouer, abuser de toi. Qui seront tes amis... ? Les vrais, je veux dire. Un destin obscur, difficile, périlleux... loin de ton ancienne vie absurde et idyllique qui n'aurait jamais pu exister pour un Soleil. Peut-être même as-tu un lien avec Solathan... Oui j'en connais personnellement beaucoup sur les Soleils, ce sont des êtres extraordinaires sur Lunos. Une légende en quelque sorte, et nombreux sont ceux qui voudraient en croiser un dans leur vie. Pauvre Princesse, tu portes des pouvoirs spécifiques et tu devras bien faire face aux problèmes qu'ils induisent ; un vampire est un moindre mal dans ta vie, crois-moi bien.
Il sourit, presque attristé pour elle, comme jouant la compatissance.
- D'autre part, je mériterais bien un peu de sang, après tout, je t'ai sauvée. Du sang ou une vie à croupir dans un cachot insalubre, alternant entre torture et désespoir ?
Il s'était assis à côté de Gabrielle, qui avala difficilement sa salive. Leur regard s'affrontaient avec une intensité déconcertante. Ce n'était pas la première fois qu'ils ressentaient quelque chose en posant le regard l'un sur l'autre. Une impression, un pressentiment ou peut-être même un sentiment ? Ils ne connaissent pas, ils ne savaient pas ce qui se passait en eux ; comme si les regards et les corps se parlaient au delà des mots, de leur sens, de leur violence, de leur répulsion, de leur aversion.
- Tu dis ça pour me faire peur... reprit Gabrielle. Tu ne veux pas t'attacher à quelqu'un, c'est une carapace pour faire fuir tous ceux qui t'approchent. Tu ne m'aurais pas aidée sinon; tu serais resté avec Isabelle et tu l'aurais aidée à me ramener.
- Tu as peur... sourit-il en caressant les doux cheveux roux de Gabrielle et pour détourner la question indirecte de la jeune fille.
- Damien... tu m'as aidée, même si tu ne veux pas l'avouer... dit-elle.
Le vampire sourit dévoilant ces canines.
- Tu es si bête, si innocente. Je suis méchant, diabolique. Rien à voir avec ton monde et tes idéaux. Ce n'est pas une carapace, c'est la réalité de la vie d'un vampire qui tente de survivre et de trouver des mets délicats.
- C'est ce que tu veux montrer de toi.
Il attrapa une mèche de cheveux de Gabrielle et l'huma profondément avant de la reposer délicatement comme si ce fut été un objet d'une grande valeur.
- Pourquoi tu fais ça ? demanda la jeune fille qui ne cherchait pas à se défendre mais plutôt à comprendre. Pourquoi m'avoir aidée ?
- Je crois que tu n'as pas compris. Être une Soleil est incroyable et rare. Tes facultés sont hors du commun, puissantes et ta voie a un sens aujourd'hui dans monde. Tu es une descendante de Solathan, presque la messagère du Dieu. T'avoir représente un grand avantage. Je n'allais donc pas te laisser à Isabelle même si elle ne le sait pas.
- Alors comment as-tu su ?
- Les vampires ont l'odorat plus prononcé et j'ai tout de suite remarqué que tu n'étais pas comme les autres.
Gabrielle fut parcourue d'un frisson. Elle n'aimait pas la tournure des événements : qu'est-ce que faisaient Palmire et Arthur ?
- Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te tuer.
Il s'approcha plus près de la jeune fille. Gabrielle ne bougea pas, elle savait de quoi il était capable et de toute façon elle voyait aux yeux du vampire qu'il avait soif et qu'il ne s'en priverait pas. Alors à quoi ça servirait de se retrouver coincée sous sa force alors qu'elle pouvait tranquillement rester assise ? Et malgré tout ce qu'il pouvait dire, il l'avait aidée à s'enfuir. Elle ne doutait pas qu'il y avait plus que de la stratégie dans l'esprit de Damien. Elle ne doutait pas qu'elle ne le connaissait pas encore ; mais faisait confiance à son instinct. Elle ne doutait pas qu'il cachait tant de raisons, aussi irrationnelles soient-elles.
- Ce n'est pas drôle quand tu ne résistes pas, râla Damien.
- Ferme-la !
Damien se pencha vers Gabrielle et attrapa ses cheveux pour les déplacer du côté gauche, de façon à dégager son épaule et le côté droit de son cou. Le cœur de la jeune fille s'accéléra. Sentir à nouveau les dents du vampire dans sa peau, lacérant sa chair en profondeur, et aspirant sa source vitale, ne l'attirait guère beaucoup. Mais comment en était-elle arrivée là ? Sur quel monde, digne de celui des rêves, avait-elle véritablement et absurdement atterri ? Les vampires, les elfes, les sorciers, la magie ça n'existait que dans les livres ! Alors comment imaginer qu'un jour elle se retrouverait sur un monde peuplé d'êtres extraordinaires, qu'elle serait une Airicienne et qui plus est une Soleil, dotée de pouvoirs extraordinaires qu'elle ne pouvait contrôler. Qu'elle serait une princesse qu'une femme tyrannique, s'étant emparée du pouvoir, désirait plus qu'autre chose. Qu'elle serait liée à une poupée avec laquelle cette femme pouvait la torturer à volonté. Qu'elle rencontrerait des hybrides et une guérisseuse qui seraient apparemment dévoués pour rester avec elle, contre sa volonté, même si elle avait bien besoin d'être entourée. Que l'hybride elfe pouvait à tout moment perdre le contrôle de lui, un fantôme s'étant emparé de son corps. Que l'hybride vampire désirait son sang comme une drogue. Ah oui et que ses parents adoptifs étaient restés sur Terre ou s'étaient perdus sur Lunos, partant, presque vainement, à sa recherche.
Le vampire caressa, du revers de la main, la gorge fine de Gabrielle qui n'osa pas bouger. Elle évitait soigneusement le regard de Damien, espérant que Palmire reviendrait. Mais elle savait pertinemment qu'elle n'arriverait pas de sitôt. Damien prit le menton de la jeune fille dans ses mains pour la forcer à le regarder. Son visage, assez pâle, était parsemé de quelques tâches de rousseur. Une mèche de cheveux roux lui tombait sur le front et dans ses yeux améthystes et rouges perçaient une lueur de crainte. Il faut dire que sa première morsure n'avait pas été des plus agréables. Le visage du vampire était aussi d'une certaine beauté, mais une beauté sombre, presque de porcelaine. Pâle, des mèches de cheveux noirs ébènes encadraient son visage lisse et parfait. Ses yeux noirs, avec de plus en plus d'éclaircies rouges sang, la fixaient avec envie.
- Tu sais que tu es belle, sourit Damien.
Gabrielle ne répondit rien, elle avait envie d'en finir. Damien comprenant sa pensée lui dit :
- Ne sois pas si pressée... J'aime faire durer le suspense. Et puis on ne gâche pas une si bonne chose...
Gabrielle détourna son regard. Elle allait craquer : ne rien faire n'était pas dans son habitude, il fallait qu'elle se défende. Damien rattrapa le regard de Gabrielle et se rapprocha de son visage. Doucement il s'approcha de ses lèvres. La jeune fille ne tint plus, elle envoya son poing dans le visage du vampire et ses jambes le firent tomber à terre. D'un bond elle fut debout ; abuser de sa bonté à ne pas réagir et à se laisser faire, pour jouer avec elle et son corps n'était pas tolérable. Certes, elle pouvait accepter qu'il lui prenne du sang, d'autant plus qu'il aurait été capable d'user de la force, mais elle ne pouvait concevoir de s'abandonner entièrement entre ses mains aventureuses et ses lèvres qui menaçaient de jouer avec ce qu'elle ressentait. Cyniquement, elle pensait qu'on ne devait pas jouer avec la nourriture. Le vampire se releva aussi et fit face à Gabrielle.
- Hé bien voilà ! s'exclama-t-il. Quand tu veux, tu peux ! Il fallait juste te chercher un peu.
- Tais-toi ! Ne m'approche plus comme ça !
Soudain les yeux du vampire virèrent totalement au rouge. Et il demanda d'une voix brusquement sérieuse et froide, loin de la voix chaleureuse et charmeuse qu'il adoptait quelques secondes auparavant :
- Tu es blessée ?
Gabrielle fronça d'abord les sourcils face à cette question mais sentit ensuite une douleur lancinante au dos. Elle comprit et son cœur s'emballa sous l'effet de l'inquiétude d'être à nouveau gravement blessée.
- Je pensais que ton sang soignait ! s'exclama-t-elle.
- Je t'avais précisé que ce n'était pas du tout toujours le cas. C'est même très rare. Je suis un hybride.
Damien se rapprocha d'elle sans s'en rendre compte, contrôlé soudain par son côté animal, instinctif. Elle frissonna.
- Arrête ! râla Gabrielle. Pourquoi tu ne sais pas te contrôler quand je saigne ?
- Ton sang est encore plus proche et étant S, il sent plus fort. Les vampires apprennent à se contrôler mais ils ne peuvent s'exercer que sur des sangs normaux. Le dernier Soleil était il y a 500 ans, je n'ai que 124 ans. J'arrive à me retenir mais tu ne sais pas combien je résiste là ! Un autre t'aurait déjà sauté à la gorge.
- Va chercher Palmire, fit Gabrielle allant s'asseoir sur le lit. Ça te fera penser à autre chose.
Son dos lui faisait mal mais elle était absorbée par le vampire. Damien recula mais ses yeux la fixait.
- Va-t-en ! ordonna Damien.
- Quoi ?
- Il faut que tu t'éloignes.
- Tu as vu que tu me protèges... sourit la jeune fille. Pourquoi n'en profites-tu pas là ?
Damien laissa échapper un grognement et Gabrielle comprit qu'elle devait éviter de le chercher et de jouer avec le feu. Elle se leva et se dirigea, méfiante, vers la sortie. Damien ne la quitta pas des yeux. Alors qu'elle rejoignait l'escalier menant à la porte, le vampire se matérialisa devant elle. Elle retint un cri. Damien avançait en même temps qu'elle reculait. Puis dans un mouvement vif, il l'entraîna sur le lit et l'allongea brutalement. Gabrielle poussa un cri sous la violence du choc sur son dos abîmé. Damien attrapa ses deux bras pour la maintenir et se positionna sur ses jambes, la bloquant totalement.
- Tu ne pensais pas vraiment que j'allais réussir à te laisser partir ? lança-t-il. La dernière fois dans la forêt si je me laissais aller je t'aurais tuée, mais là tu as complètement récupéré. Et puis, je considère qu'on a assez joué. Je sais résister, c'est même amusant de jouer sans se délecter de sang, pour seulement montrer son pouvoir à sa proie, seulement profiter de sa force sur cette pauvre proie ; mais là, j'ai véritablement soif de toi.
Il se pencha vers le cou de Gabrielle et l'embrassa légèrement. Puis il suivit du bout de la langue le tracé d'une veinule. La jeune fille fut parcourue de frissons.
- Arrête... s'il te plaît, gémit-elle.
Elle essaya de dégager ses jambes, en vain. Puis ses mains, mais rien à y faire. La force du vampire venait soudain d'être centuplée. Elle reçut alors subitement comme une décharge ; Damien s'était enfin décidé. Alors que la douleur se propageait dans tout son corps, elle poussa un hurlement, vite interrompu par la main puissante de Damien. Sa main gauche ainsi libérée essaya de retirer le vampire, mais il ne bougea pas d'un pouce : comment faire pour enlever un corps d'un tel hybride, ayant une force incroyable, avec qu'une seule main, qui plus est la faible ? La sensation de sa vulnérabilité l'énervait. A nouveau, elle sentait son sang être aspiré contre sa volonté. A nouveau, elle sentait cette douleur des deux canines plantées dans sa chair. Alors que sa vue s'assombrissait, un grand fracas se fit entendre : Arthur rentra dans la pièce et, à la vue du vampire, partit de sa vitesse elfique vers lui. Il l'arracha de son étreinte et, alors que Damien poussait un grognement, le ligota au sol, avec des lianes. Gabrielle posa instinctivement une main sur son cou. Mais bien sûr ! Pourquoi diable n'avait-elle pas pensé à utiliser sa magie : maintenant ça existait ! En même temps qu'elle pensait cela, rapide et sans hésiter, Arthur brisa la nuque du vampire. Damien ne résista plus et se retrouva raide mort. La jeune fille laissa échapper un cri, paniquée, et ouvrit de grands yeux.
- Tu... tu l'as... tué ? demanda-t-elle abasourdie.
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