Chapitre 11
- Alors, ma belle, à nous deux, dit-il charmeur en s'avançant doucement vers elle.
A l'entente de cette voix Arthur retourna à la grille. Il ne connaissait que trop bien Damien et savait l'intention qu'il avait à ce moment là, son expression ne fit que confirmer son hypothèse.
- S'il-te-plaît ne fais pas ça, demanda-t-il presque suppliant.
- Sinon quoi ? Tu vas t'interposer peut-être ?
Une lueur de mépris illumina ses yeux.
- Pitoyable petit elfe... souffla-t-il. Je fais ce que je veux et ne t'inquiète pour ta princesse, je ne vais pas la tuer !
Ce fut à ce moment-là que les neurones de Gabrielle décidèrent de s'organiser et de renouer contact avec la réalité et ce qui se présentait face à elle. Des ponts, des liens, des entrelacs se créèrent. Elle récupérait encore son souffle et son énergie, mais en même temps une vérité impossible semblait naître. Son cœur repartit à une vitesse fulgurante et des frissons nerveux parcoururent son corps. Damien se retourna vers elle et toucha de sa langue ses canines qui commençaient à s'allonger. Elle recula instinctivement.
- Ce... ce n'est pas possible, souffla Gabrielle.
- Pourquoi donc ? s'enquit Damien d'une voix faussement étonné.
- Un vampire ? Tu es un vampire ? demanda-t-elle plus pour elle-même.
- Tout est possible ici, s'enthousiasma-t-il d'une voix sombre. Mais plutôt un demi-vampire pour être précis; j'ai également de la magie. Et, malheureusement pour toi, le sang reste mon repas favori et toi, ma douce humaine, tu m'as l'air d'un goût exquis.
Damien sourit malicieusement en dévoilant ses canines. Gabrielle déglutit péniblement tant sa gorge était serrée et tenta de reprendre son souffle. Elle ne parvenait littéralement plus à respirer, son cœur battait comme si elle venait de courir un marathon et elle ne parvenait plus à réfléchir. Et il était là, devant elle, un regard presque provocateur, la défiant de se défendre. Gabrielle ne parvenait pas à calmer les frissons qui la parcouraient et Arthur voyant son malaise, tenta d'intervenir :
- Damien, arrête, tu peux te contrôler.
- Oh ! Comme c'est touchant, tu la défends mais que veux-tu faire derrière tes barreaux ? Tu ne pourras pas m'arrêter. Regarde-toi, tu es dépouillé, tu ferais mieux de nous rejoindre.
- Jamais, affirma Arthur.
Damien haussa ses épaules avec désinvolture.
- Comme tu voudras. En attendant, cette petite nouvelle est vraiment attirante; et, je dirais même, provocante d'être devant moi avec un sang pareil. Mais j'imagine que tu ne peux pas comprendre.
Puis il s'approcha rapidement de Gabrielle. Celle-ci eut un mouvement de recul sous l'effet de l'angoisse qui lui nouait l'estomac et face à cette vitesse imprévue mais n'empêcha pas Damien de regarder son collier. Seule une plume en aigue-marine y était accrochée.
- Effectivement, je suis le seul à savoir, reprit le demi-vampire avec un sourire.
- Savoir quoi ? interrogea Arthur et Gabrielle en même temps.
- Vous le saurez bien assez tôt.
Damien avait sa mâchoire qui le lancinait de plus en plus, le sang de la jeune fille était si proche... Et il avait soif, soif d'un sang comme le sien.
Avec la rapidité de l'éclair, il plaqua violemment Gabrielle contre le mur. Doucement et ne quittant pas son sourire moqueur du coin des lèvres, il pencha la tête, observant d'un regard intéressé le cou blanc de la jeune fille tétanisée. Du bout de ses doigts fins et froids, il caressa l'objet de son désir. Une sueur glaciale la traversa. Damien s'approcha encore, fléchissant le coude, et se pencha vers son oreille.
- Cette peau immaculée semble si délicieuse et c'est moi qui vais voler ta première fois, lui chuchota-t-il d'une voix suave.
Il faisait durer son plaisir personnel rendant le moment insupportable pour Gabrielle. Elle ne savait pas quoi faire, ni comment réagir. Elle tenta de le repousser avec violence mais il lui attrapa les poignets pour les maintenir de part et d'autre de sa tête. Elle ne parvenait plus à réfléchir et cette sensation qui naissait dans le bas de son ventre ne lui plaisait guère. Elle ne comprenait pas ce qu'elle ressentait mais avoir un jeune homme à quelques centimètres de son visage la mettait mal à l'aise. Damien continuait cette douce torture, semblant y prendre un plaisir malsain. Lentement, il caressa sa joue. Elle essaya de ne pas frissonner mais elle avait beau faire appel à toute sa volonté, elle avait du mal à cacher à quel point elle était troublée. Du regard, Damien suivit le mouvement de sa main qui se déplaça de sa joue à son cou. Tandis qu'il plongeait son regard dans celui de Gabrielle, elle y découvrit des yeux rouge vermeil qui la regardaient avec un désir violent et incontestable. Il huma alors profondément cette odeur de plaisir en suivant une grosse veine des yeux et, s'approchant davantage, posa sa bouche contre elle. Gabrielle fut traversée d'un frisson glacial qui stimula ses membres pétrifiés. Son énergie revint et elle repoussa violemment le vampire qui ne s'attendait plus à une résistance. Il se réceptionna aisément et planta son regard haineux vers la jeune fille; un regard froid, intense et furieux.
- Ne t'approche pas... de moi ! lui cria Gabrielle d'une voix hésitante.
Damien, s'il avait pu être déstabilisé, n'en montra rien. Il s'avança vers elle doucement, la mâchoire serrée en la scrutant de haut en bas avec supériorité.
- Perds ton arrogance humaine ! Je ne tolère aucune résistance.
Il la coinça contre le mur brutalement, la maintenant immobile de son corps puissant. Il l'empêcha de faire le moindre geste et alors qu'elle sentait sa détermination fléchir, Damien la mordit violemment. Gabrielle ne put retenir le cri qui s'échappa du plus profond de son être, un cri qui fit frémir Arthur. Elle se débattit, résistant à la douleur et à la morsure. Elle tentait de le repousser, en vain. La force la quitta lentement et elle finit par se résigner. Elle avait chaud d'avoir un homme la serrant dans ses bras, son cœur s'accélérait sous l'adrénaline sans qu'elle n'y puisse rien, l'air lui manquait; mais un froid se propageait dans son corps, un froid mortel.
- Ton sang est chaud comme s'il allait me brûler, chuchota Damien d'une voix mielleuse. Il est délectable.
Gabrielle ne contrôlait plus son corps. Elle suait mais tremblait de froid.
- Ça fait mal. Lâche-moi... dit-elle d'une voix presque suppliante.
La sensation d'être mordue par cet être surnaturel, était plus que désagréable. La douleur était forte, et l'élançait dans tout son corps. C'était comme deux échardes qu'on enfonçait en même temps, deux grosses échardes, non moins pointues. Elle ne parvenait pas à assimiler l'existence de cette créature légendaire. Elle sentait son sang être aspiré à grande vitesse, elle sentait le plaisir du vampire, elle sentait le sang couler dans la gorge de Damien. Et elle n'entendit pas la voix d'Arthur lui crier :
- Gabrielle, ne résiste pas; tu ne fais qu'amplifier la douleur !
Les secondes passèrent et Gabrielle avait la tête qui lui tournait et sa vision devenait floue. C'était maintenant Damien qui la retenait et l'empêchait de tomber, pour continuer de s'abreuver.
- S'il-te-plaît, arrête, implora Gabrielle alors qu'elle sentait son esprit la quitter.
Elle ne criait plus, elle n'en avait pas même la force.
- Comme si je pouvais... l'entendit-elle grogner contre son oreille.
- Damien, arrête ! Tu vas finir par la tuer ! s'alarma alors Arthur.
Ce dernier mot ramena le jeune vampire sur Lunos : qu'allait dire Isabelle s'il tuait cette fille ? Il serait sans aucun doute tué lui aussi. Il s'arracha de Gabrielle à regret et, reculant doucement, s'essuya la bouche d'un revers de main. Gabrielle lâcha un dernier cri mêlé de douleur mais principalement de soulagement. Oubliant la présence de Damien, elle se laissa tomber à terre dans un bruit sourd.
- T'es complètement malade, lâcha Arthur. Tu l'as mordue dans une jugulaire ! Je ne sais même pas comment elle a fait pour tenir si longtemps !
- Ne perds pas ta salive pour ne rien dire; elle n'est pas morte, râla Damien complètement ivre de sang.
- Mais elle aurait pu l'être ! Sacrebleu, ça t'arrive de réfléchir ?
- Par les crocs de Dracula ! Ça ne serait pas arrivé, gronda le jeune vampire. J'aurais perdu ma sympathie avec Isabelle !
- Tu préfères faire du mal à une jeune fille innocente ? Tu es vraiment répugnant !
Damien s'approcha plus près d'Arthur et le fixa droit dans les yeux.
- Comment sais-tu qu'elle est innocente ? Pauvre demi-elfe ! Tu es trop bête pour comprendre quoi que ce soit sinon cela ferait longtemps que tu aurais cessé de résister et nous aurais rejoints.
- Refuser de m'allier à ceux qui détruisent la vie, tu crois que c'est mal ? Franchement tu es tombé bien bas ! lança Arthur.
Damien tendit brusquement la main à travers les barreaux et attrapa l'elfe à la gorge.
- Ne me parle pas sur ce ton ! Tu n'es pas en position de force et tu ne le seras jamais : je peux te faire ce que je veux !
Alors que Damien serrait plus fort, Gabrielle, légèrement remise, décida d'intervenir. Elle se leva chancelante et, levant la jambe, frappa brusquement Damien à la tête, alors que celui-ci était accroupi. Le demi-vampire lâcha sa prise et fut projeté légèrement sur le côté; la violence du choc ne fut pas celle escomptée par Gabrielle. Elle avait encore sous-estimé sa force, de plus il venait de se régénérer. Damien se releva et observa attentivement la jeune fille.
- Acharnée... sourit-il. Ça me plait.
Un rictus séducteur en coin, il s'amusait visiblement de la situation.
- Tais-toi, répliqua Gabrielle, réprimant un frisson.
- Et pourquoi ? Tu vas m'en empêcher, jeune humaine ?
Gabrielle ne sut que répondre et le sourire de Damien s'élargit.
- C'est bien ce que je pensais. Alors maintenant tu vas gentiment la fermer et ne pas m'irriter davantage. Provoquer le courroux d'un vampire est la dernière chose que tu peux espérer connaître dans ta vie, fit-il en crescendo. C'est la première et dernière fois que je ne répondrai pas à ton coup.
Puis après un temps d'hésitation, il ajouta :
- Tu es trop faible pour me proposer une résistance qui pourrait susciter mon divertissement.
Gabrielle manqua de souffle tant le malaise gagna son être.
- Bien, reprit Damien sans quitter la jeune fille du regard. Sur ces bonnes paroles, je vous laisse à vos occupations.
Gabrielle ne pouvait plus le voir.
- Trop aimable de ta part, parvint-elle à articuler.
Damien lui décocha un sourire en coin avant de tourner les talons et de jeter un regard noir à Arthur. Il sortit et referma à clef la grille. Dès qu'il fut parti, Gabrielle s'écroula. Elle s'était montrée agressive, mais intérieurement elle n'en menait pas large.
- Gabrielle, Gabrielle ! Tu m'entends ? Ça va ?
La jeune fille se redressa, ses cheveux roux lui courant dans le dos et son haut taché de sang.
- Ou... oui ça va, merci, murmura-t-elle. Je vais me reposer et après, ça devrait aller mieux.
Arthur n'osa pas lui dire que si elle était là, ce n'était certainement pas pour se reposer, mais pour l'obliger à accepter de se faire posséder. D'ailleurs ni l'un, ni l'autre ne comprenait pourquoi.
Gabrielle rejoignit son lit, chancelante. Elle s'y allongea et, malgré le mauvais confort, plongea très vite dans un sommeil agité. Ses pensées divaguèrent lui montrant ce qu'elle venait de vivre ces deux derniers jours. La peur prenait la plus grande place dans son esprit. Des questions sans réponses ne cessaient de la tourmenter. Des solutions pour sortir de cet endroit essayaient de germer dans son esprit; mais toutes plus absurdes que les autres, aucune n'était réalisable. Puis, au milieu de ses tourments, une silhouette apparut progressivement. Elle dégageait une chaleur et une lumière inouïes et Gabrielle dut se cacher les yeux. Bientôt les contours se délimitèrent et la jeune fille, toujours endormie, distingua un homme malgré la forte lumière.
- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle méfiante et éblouie.
- Tu n'as pas à avoir peur Gabrielle, je suis avec toi, répondit l'homme d'une voix grave mais douce.
- Comment connaissez-vous mon nom ? Et que me voulez-vous ?
- Ecoute-moi, je ne te veux aucun mal au contraire. Alors calme-toi, détends-toi et tout va bien se passer.
La lumière diminua légèrement mais suffisamment pour que Gabrielle n'ait plus à se cacher les yeux. Elle détailla l'homme de lumière. Habillé d'une longue tunique d'or, il brillait de mille feux. Ses longs cheveux blonds répandus autour de lui comme une auréole étaient ceints d'un cercle d'or. La jeune fille distinguait mal ses traits mais sentait qu'ils étaient doux et remplis de bienveillance. Il souriait. Ce n'était pas possible de dégager une telle aura de douceur, de sérénité; le seul sentiment qu'elle pouvait avoir était la confiance. Elle ne le connaissait pas, mais elle savait, oui elle savait indéniablement, comme si c'était ancré en elle qu'elle pouvait - non, devait - lui faire confiance. Elle se détendit.
- Je veux t'aider mais je ne le pourrais pas indéfiniment.
- Que voulez-vous dire ?
- Que je peux te conseiller, te guider mais pas à chaque fois. Que je ne peux pas rester très longtemps alors écoute-moi bien.
- D'accord. Mais qui êtes-vous ?
- Tu le sauras plus tard.
- Mais...
L'homme la coupa pour enchaîner :
- Force inouïe cachée,
Importante est la pensée,
Puise en toi et tu trouveras,
Les apparences ne comptent pas.
Eau, Terre, Feu, Air et...
Oui ou non qualifiés
Tous s'uniront pour retrouver,
En combattant, une paix cachée
L'ennemi a surgi
Tu es un espoir
Il faut que tu agisses
Avec tes pouvoirs.
Les souverains retrouveront leur place
Les cinq pouvoirs trouveront le renouveau
Et c'est avec Grâce
Qu'ils feront ce qu'il faut.
- Qu'est-ce que vous racontez ? Ça ne veut rien dire ! s'exclama Gabrielle.
- Je ne peux rien te dire de plus, conclut-il avant de commencer à disparaître.
- Attendez ! hurla la jeune fille. Je voudrais savoir pourquoi Isabelle est comme ça avec moi. Qu'est-ce que j'ai fait ?
Mais seul le silence lui répondit : l'homme de lumière avait disparu.
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