Chapitre 3
Quelques années passèrent et les deux garçons avaient passé leur dernière année de primaire.
Après l'accident du plus petit, les deux s'étaient bien rapprochés et veillaient l'un sur l'autre.
Ils avaient toujours été dans la même classe, ils restaient souvent seuls tous les deux, chose qui leur était souvent reprochée.
Cela faisait désormais une semaine qu'ils étaient rentrés au collège. A partir de ce moment les deux garçons ne pouvaient plus se voir autant, ils n'étaient plus dans la même classe et leurs horaires étaient biens différents.
Même pendant les pauses, espérer se voir était compliqué, ils avaient rarement cours dans le même bâtiment au même moment. Malgré tout ils tentaient de se voir au minimum une fois par mois, bien que cela fût compliqué au regard de leurs devoirs respectifs. Pourtant, bien qu'ils ne puissent se voir souvent, leur amitié reste et dure toujours.
Comme tous les matins depuis désormais un mois, Maxime partait en cours sans la moindre once de motivation. N'ayant pas le choix, il y arrivait lentement la tête baissée.
Ce matin là, à peine arrivé devant le bâtiment, deux garçons vinrent le voir ; l'un d'eux posa une main sensée être amicale sur son épaule, pour toutes personnes les voyant, mais en réalité ce qu'il lui avait mis pouvait plutôt être décrit comme un coup violent.
— Maxime ! Pourquoi tu ne nous as pas dit que tu commençais à la même heure voyons ! S'exclama le garçon lui ayant mit un coup.
Maxime soupira ne voulant pas répondre à cette question à laquelle la réponse était sans aucun doute plus qu'évidente, pour eux du moins.
— Viens avec nous ! Rentrons à l'intérieur plutôt que de rester ainsi dans le froid. Dit le second en lui tirant le bras pour l'entraîner à sa suite.
Maxime n'eût d'autre choix que de les suivre, les deux garçons l'entrainaient dans un lieu qu'il connaissait très bien, trop bien, à cause d'eux. Cette pièce qu'il redoutait plus que tout désormais.
Dès lors qu'il eut mis les pieds à l'intérieur, il fut projeté au sol et la porte claqua. L'un des deux garçons verrouilla la porte du petit cagibi à double tour.
Le petit brun rampa en arrière jusqu'à ce que son dos heurte le mur et qu'il y soit acculé et ne puisse plus fuir. Les deux garçons qui l'avaient entrainé ici s'approchèrent de lui, ce qui provoqua de nombreux tremblements et l'arrivée de petites perles aux coins des yeux du plus petit.
— On te fait peur ? Mais pourtant on est tes amis, Maxime. Dit l'un des deux en appuyant sur le terme d'amis tout en continuant d'avancer.
Le brun se repliait sur lui même en resserrant ses genoux contre son visage penché pour que ses "amis", comme ils le disaient, ne voient pas ses larmes. Mais les gouttelettes cognant au sol ne les trompaient pas, ils savaient que le petit pleurait et ils s'en moquaient sans même s'en cacher.
— Je répète ma question Maxime : Est ce que nous te faisons peur ? Repris le plus grand en le soulevant par ses cheveux.
Maxime laissa échapper un cri de douleur, aussitôt le garçon l'ayant soulevé plaça sa main violemment sur la bouche du plus jeune tout en le faisant cogner au mur.
Ses larmes continuaient de couler de plus en plus rapidement ce qui agaça fortement son assaillant qui le lâcha. Maxime tomba au sol et n'eût pas le temps de se relever qu'il reçu un violent coup de pied dans le ventre. Il se replia automatiquement sur lui même, essayant de ne plus penser à la douleur.
Les deux garçons sortirent de la petite pièce en claquant la porte laissant le pauvre Maxime, seul, en larme, et souffrant.
Chaque jour il subissait la même chose, parfois ce fût plus violent que d'autres, mais jamais il ne voulait en parler.
Depuis maintenant deux ans qu'il subissait quotidiennement ce harcèlement, il continuait de tout cacher à son meilleur ami, ne voulant l'inquiéter.
Maxime rentra dans sa maison vide, à peine eût-il refermé la porte qu'il se laissa glisser contre celle-ci. Les larmes coulaient sur ses joues.
Il se releva machinalement comme le ferait un robot, sécha brièvement ses larmes avant de jeter son sac contre un mur et de monter l'escalier en courant, pour finalement exploser en sanglots une fois enfermé dans sa chambre.
Il se recroquevilla dans un coin de sa chambre, calé entre le mur et son lit personne, ne pouvait l'y voir en entrant dans la pièce.
Le brun glissa son bras sous son lit et en ressortit une petite boîte recouverte d'un motif à cœurs rouges.
Difficilement il l'ouvrit toujours d'une main avant de la lâcher et de la poser au sol pour observer son contenu. Il retira vivement son sweat qu'il déposa sur son lit. Il attrapa la lame qui traînait dans la boîte. Son regard bougeait, allant des cicatrices sur ses bras à la petite lame dans sa main.
Il hésita, ne voyant que peu à travers son rideau de larmes, il resserra son emprise sur la petit arme et traça un trait, puis un second.
Le sang coulait devant ses yeux et les gouttes d'eau salées arrêtèrent peu à peu de couler.
À la vue de ce joli liquide d'une teinte vive il esquissa un sourire triste mais continua tout de même de faire des traits sur ses avants bras.
Agrandissant les entailles déjà créées pour en faire couler plus de sang encore. Les gouttelettes ruisselaient sur son bras avant de s'écraser au sol.
Soudain il lâcha sa lame qui vint rebondir au sol, fixant ses bras ensanglantés. La panique gagna son regard, il déposa une main sur son front, essayant en même temps de retenir les quelques larmes qui perlaient aux coins de ses yeux.
— Non ! S'exclama-t-il. Demain je vais voir Léo, comment lui cacher mes bras...
Maxime rangea brièvement la petite boite qu'il fit glisser sous son lit. Il se leva en vitesse et couru dans la salle de bain pour bander rapidement son bras. Il cherchait en même temps une idée pour masquer ce fait à son meilleur ami. Il avait beau chercher et chercher il ne trouvait pas de solution, en journée il pouvait porter des pulls malgré le fait que l'été était chaud ; mais dormir avec un pull, alors qu'il n'avait jamais dormi avec plus d'un t-shirt et que la chaleur était insoutenable.
Une fois ses bras recouverts de bandes blanches il retourna dans sa chambre, retira son bas et se glissa dans son lit. Il s'endormit sans trop de soucis mais fût réveillé quelques heures plus tard par un claquement de porte. Il ne prit pas la peine de rouvrir ses yeux, sachant que ce bruit provenait de son père qui rentrait de son travail.
Quelques instants plus tard la porte de sa chambre s'ouvrit et son père entra, il vint vers le lit et tenta de réveiller son fils, chose qui ne fut pas compliqué étant donné qu'il l'était déjà. Maxime s'assit en tailleur sur son lit regardant son père.
— Maxime, tu viens manger ? Proposa son père.
Le petit brun cligna des yeux tout en fixant son père, il s'enroula dans son drap en faisant mine d'avoir froid afin de cacher ses bras.
— Je n'ai pas faim...
— D'accord, ce n'est pas grave, tu va chez ton copain demain c'est ça ?
Maxime mit un temps avant de répondre, peut être que du temps de son père on appelait des amis "copains" mais maintenant ce termes désignait plutôt une relation amoureuse, quoi qu'il en soit il commençait à acquiescer en réponse à la question de son père.
— Vers qu'elle heure tu penses y aller ?
— Je partirai dans la matinée, je ferai en sorte de ne pas te réveiller. Il conclut sa phrase par un bâillement.
Le père de Maxime se releva et commença à partir vers la porte.
— Bonne nuit mon grand. Dit-il en commençant à ouvrir ladite porte.
— Bonne nuit papa. Souffla le jeune garçon en se recouchant.
Il se rendormit tout aussi facilement que la première fois, ainsi le lendemain dès lors que son réveil sonna il se leva et se prépara.
Il descendit manger un morceau rapidement, une fois assis sur l'une des chaises de la cuisine il releva son regard vers la grande horloge qui dominait la pièce.
— Déjà neuf heures. S''étonna-t-il.
Maxime avala la tartine qu'il s'était préparée et repartit vers sa chambre pour prendre son sac.
Une fois tout cela fait il sortit silencieusement de chez lui et commença à marcher dans la rue étonnamment vide. Il arriva bien vite devant la maison de son meilleur ami, il toqua à la porte et la mère de ce dernier lui ouvrit.
— Maxime ! Comment vas-tu depuis le temps qu'on ne t'a pas vu ? Mais rentre, rentre. Insista-t-elle en souriant et se décalant pour le laisser rentrer, ce qu'il s'empressa de faire.
Dès qu'il eut mis les pieds à l'intérieur de la maison son meilleur ami débarqua et lui sauta dessus avant de le serrer dans ses bras ce qui eut pour effet de couper la respiration du plus petit. Pour se libérer de l'étreinte du blond il n'eut d'autre solution que de lui pincer les côtes, ce qui provoqua une crise de rire de la part du plus grand.
— Bon les garçons je vous laisse. Rit la petite femme enrobée en partant dans son bureau.
Les deux garçons ne firent qu'un simple signe de main pour signifier un "à plus tard" bien trop occupés à rire de leur situation commune. Au bout d'un certain temps leur euphorie cessa et ils se regardèrent avant de monter tous les deux dans la chambre du blond.
Ils passèrent leur journée à rire et discuter de tous ce qu'il se passait durant leur cours, enfin tout, tout ce qui était joyeux, jamais Maxime ne pensait parler de son harcèlement ou de ses scarifications à son meilleur ami.
Le soir arriva, le moment que le petit brun redoutait le plus, il partit dans la salle de bain réticent et se changea. Une fois cela fait il regarda ses bras, comment allait-il faire pour les cacher à son ami d'enfance. Il y passa tellement de temps que cela commença à inquiéter ledit ami.
— Maxime ça va ? Demanda-t-il timidement tout en toquant à la porte de la salle d'eau.
— Ce n'est rien Léo, t'inquiète pas j'arrive !
— D'accord Max, je vais t'attendre dans la chambre.
Maxime entendait Léo repartir et poussa un soupir de soulagement. Il replia alors ses vêtements qu'il déposa sur un petit meuble fait pour cela. Il poussa un dernier soupir avant de déverrouiller la porte et de se diriger vers la chambre tout en resserrant ses bras contre son torse voulant au mieux cacher ses cicatrices.
A peine eut-il mit un pied dans la chambre, après avoir refermé la porte derrière lui, que son ami se jeta sur ses bras pour les prendre et les observer.
— Max... Qu'est ce que c'est..? Pourquoi..?
Maxime éclata en sanglot tout en prenant Léo dans ses bras. Ce dernier caressa son dos pour essayer de le calmer.
— Qu'est ce qui t'a poussé à ça...?
— Je... Léo... Désolé... C'est au collège... Je me fais harceler...
— Maxime ! Pourquoi tu ne m'en as pas parlé..?
— Je ne voulais pas t'inquiéter...
Léo resserra son étreinte tout en chuchotant des mots réconfortants à l'oreille de son ami.
— Max... Je vois bien que t'es pas disposé à en parler maintenant, mais demain on en reparlera d'accord ? Je ne sais pas qui ni pourquoi mais je ne veux pas que tu ailles mal.
— Merci....
Les deux garçons partirent alors s'allonger dans le lit l'un contre l'autre dans une grosse étreinte.
Le lendemain matin ils en parlèrent tout deux et finirent même par contacter l'administration du collège.
Les deux harceleurs se firent renvoyer de l'établissement et durent déménager de la ville.
Lors de leur dernière année dans cet établissement Maxime put enfin avoir une scolarité normale et sans encombre, il s'était d'ailleurs débarrassé de sa lame.
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