9.
Il s'est passé une vingtaine de minutes depuis cet orage. Dan, Stephen et Cédric semblent s'être mis d'accord sur la manière d'agir. Cédric répertorie les armes reçues tout à l'heure. L'horloge face à moi m'apprend que cela fait plus de trois heures que nous sommes coincés ici. Tout le monde commence à perdre patience, autant les braqueurs que les otages. Je m'étire en tendant les bras devant moi.
- Bien. Donc, comme prévu, Dan, tu te rends. Nous nous chargeons du reste.
- Suivez le plan à la lettre.
- Comme nous l'avons prévu oui.
Dan hoche la tête puis s'avance vers le combiné. Avant de se rendre compte qu'il n'y a plus d'électricité. Il récupère la boîte où se trouve tous les téléphones portables réquisitionnés au moment du braquage et en sort un au hasard.
- A qui est-il?
Il tourne la coque vers nous. Rose et à strass. Une femme d'une vingtaine d'années lève timidement la main.
- Viens ici et déverrouille-le moi.
En silence, elle se lève et le rejoint puis tape son code, lui laissant libre accès à son mobile.
- Va te rasseoir.
Toujours silencieuse, elle retourne à sa place. Dan tape un numéro puis, la discussion qui suit fait plus que me surprendre.
- Je voudrais me rendre, déclare calmement Dan.
Un petit silence passe pendant lequel ses complices le regardent avec attention.
- La seule raison que je vous donnerais est que j'aimerais croupir le moins possible en taule. Alors oui, je lâche mes coéquipiers. Aussi étonnant que cela puisse vous paraître.
Nouveau silence.
- Plus vite vous me laisserez sortir, mieux ce sera pour moi. Dois-je vous rappeler qu'il y a des armes ici?
Que cherche-t-il à faire? Pourquoi ment-il à la police? Puisque, très clairement, cela fait partie de leur plan. Cependant, je ne comprends pas leur cheminement. A quoi cela leur servent-ils? Perdre une personne sur les trois joue plus en leur défaveur qu'autre chose. J'avoue ne rien y comprendre.
Dan hoche plusieurs fois la tête, répondant par plusieurs mots positifs puis il raccroche.
- Alors? s'enquiert Stephen.
- Tout fonctionne. Lorsqu'ils me rappellent, je sors.
- Parfait.
A voix basse, ils ont l'air de peaufiner leur plan. C'est à n'y rien comprendre. Je tente de déchiffrer leurs comportements, en vain. Le téléphone sonne à nouveau. Bien sûr, c'est Dan qui répond. Après quelques brefs échanges, il raccroche.
- J'y vais. Si vous voulez vous en sortir, agissez comme nous l'avons dit.
Sur ces mots, il s'avance vers la porte et sort. Je vois deux policiers l'escorter, armés. Il les suit sans tenter de se débattre.
Nous voilà en compagnie de Stephen et Cédric. Pourquoi est-ce Dan qui est parti? La réponse me vient d'elle-même. Il tente de sauver sa peau. A moins que je ne me trompe sur toute la ligne. Mais voilà, nous nous retrouvons avec ces deux-là. Cédric est plutôt passif. Celui qui m'effraie le plus, c'est Stephen. En même temps, il a été à deux doigts de me tuer. Si Dan et Bastian n'avait pas été là, je ne sais même pas si je serais encore ici en ce moment.
En parlant de Bastian, je tourne la tête vers lui. Les sourcils froncés, la tête légèrement penchée, il semble réfléchir. Probablement comme moi au pourquoi du comment.
Je ne sais pas pour quelle raison précise mais, cette soirée me revient en tête. J'avais mal agi, j'en suis consciente mais il m'avait prise de court et je n'avais pas su comment réagir.
FLASHBACK
Tom joue de la guitare tandis que Bastian ajoute du bois dans le feu. La nuit est tombée sur le lac il y a une petite heure et ce soir, c'est soirée feu de camp. Un saladier rempli de marshmallow est posé sur une petite table. Tout le monde a sa pique pour les faire légèrement caraméliser au coin du feu. Nous sommes à seulement une dizaine de mètres du lac, sur une espèce de petite plage suffisamment plate et grande pour tous nous contenir. Nous sommes bien une soixantaine si ce n'est plus. Tout le camp s'est réuni ce soir pour fêter le premier mois. Il en reste encore un et, je n'ai pas envie que cela se termine. Je me sens tellement bien ici.
Je ne sais pas encore dans quelle ville je vais faire mon année prochaine. Cela dépendra d'où je suis prise. Mais, j'étais tellement contente de pouvoir travailler ici que mes parents ont accepté de s'occuper de me chercher un logement. A condition que je n'apprenne le nom de la ville qu'à mon retour. Un mal pour un bien comme ils disent.
- Les gars! Opération petit bois! s'exclame Sam.
- Ah oui? Et pourquoi ce ne serait pas les filles?
- Nous sommes chargées de garder les marshmallows, explique Leah. Imagine si quelqu'un nous volait notre stock?
- Il n'y a personne mise à part nous ici, objecte-t-il.
- Et les écureuils?
- D'accord, c'est bon, j'y vais, cède-t-il avec un soupire dramatique.
- Ne dit-on pas que pour séduire un homme il faut passer par son estomac? sourit Leah, fière.
Sa remarque provoque un rire chez la gent féminine et un regard noir chez la gent masculine. Mais, ils finissent par partir chercher ce fameux bois. Ils reviennent rapidement, les bras chargés. Ils entreposent toutes les branches dans un coin avant de se ruer sur les marshmallows. Je m'éloigne un peu en souriant.
- Pardon, j'entends derrière moi.
Je me retourne et remarque que ce n'est que Bastian qui a bousculé quelqu'un, de par sa maladresse que je trouve touchante.
- Elle est juste là ta copine, calme-toi, se moque-t-il.
Bastian ne relève pas et vient me rejoindre.
- Qu'est-ce que tu fais ici toute seule?
- Rien, je regarde le lac.
- Aller, viens.
Son bras autour de ma taille, il m'entraîne au milieu des autres.
Cela fait presque deux semaines que nous sommes ensemble. Le bruit de notre relation a vite fait le tour du camp et seulement trois jours après, tout le monde était au courant. Mais, au final, ce n'est pas plus mal.
- Tu veux un marshmallow?
Je souris devant son air innocent avant de gentiment décliner son offre.
- Tant pis pour toi.
Il en prend trois gros et les plante sur son bâton. Il s'accroupit et les place dans le feu.
- J'en ai fait trois parce que j'en veux deux et que je suis certain que tu prendras le troisième.
- Comment peux-tu en être si sûr?
- Tu vas baver devant et ne pas oser m'en demander un. Alors, j'ai pris les devants.
Il se relève et mange rapidement le premier. Et il s'avère qu'il avait raison puisque je m'empresse de prendre le deuxième.
- Qu'est-ce que je disais! rit-il.
Seulement, je vois très bien que quelque chose cloche. Tout comme ces derniers jours.
- Tout va bien? je m'inquiète.
Il perd son sourire avant de me prendre par la main et de m'éloigner du groupe. Nous nous retrouvons seuls à marcher le long du lac, en silence. Seuls les bruits du lac et de la fête nous parviennent, brisant le petit silence entre nous.
- Qu'est-ce qu'il se passe?
- J'ai un problème. Enfin, je crois. Non, théoriquement ce n'en est pas un. Mais, si en fait, bafouille-t-il.
Je m'arrête, le forçant à faire de même. Ses yeux me fuient et je ne comprends pas sa réaction. Le bruit de la fête un peu plus loin nous parvient encore. Nous nous sommes pas mal éloignés pourtant. Je ne discerne que vaguement la lumière du feu.
- Bastian?
Je penche la tête, cherchant quand même à trouver son regard. Il lâche ma main pour la passer dans ses cheveux bruns.
- Je...
- Tu?
Il lâche un long soupir avant d'enfin me regarder.
- Je ne sais pas comment tu vas réagir alors je ne sais pas comment te le dire.
J'avance légèrement et lève la tête vers lui. Il prend ma main dans la sienne et la serre, comme s'il cherchait du réconfort.
- Dis-moi.
- Bon, je sais qu'avant que nous ne nous mettions ensemble, je t'avais dit que tu n'avais rien à perdre. Et, c'est peut être toujours vrai, pour toi.
- Comment ça, pour moi? je questionne, confuse.
Un sourire triste étire ses lèvres.
- Pour la simple et unique raison que je suis tombé amoureux de toi.
Je recule sous le poids de ses paroles. Il m'aime? Mais...
- Voilà pourquoi je ne voulais pas te le dire. Je ne voulais pas que ton regard ou que notre relation change.
Son visage s'est clairement assombri et il s'éloigne, rejoignant probablement les autres et me laissant seule ici. Je laisse retomber mon bras le long de mon corps, impuissante.
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Je coupe ce chapitre ici, juste parce que je suis sadique xD Et j'en suis fière!
Bref, j'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous aura plu! Plus tard, vous me détesterez encore plus... *sourire sadique*
Je posterais la suite en milieu de semaine, je ne sais pas encore quel jour précisément ^^
TrueWordOLove
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