6.
Ethan passe la porte puis un policier le récupère et le père nous rejoint, la tête baissée. Cette scène était probablement la plus touchante dont j'ai été témoin. Les adieux d'un père à son fils, c'est déchirant. Je n'ai pas pleuré mais, je me suis sentie tellement abattue. Il est possible qu'Ethan ne voie plus jamais son père. Peut être que cet homme mourra aujourd'hui et ne verra jamais son fils grandir. Il ne pourra plus jamais embrasser sa femme. Il ne fêtera pas les diplômes d'Ethan. Il ne lui souhaitera jamais ses 18 ans. Il n'assistera pas au mariage de son fils. Il ne verra jamais ses petits-enfants.
Mais, peut être qu'il va s'en sortir. Peut être allons tous nous en sortir. Simple supposition mais, je m'y accroche de toutes mes forces.
Tous les parents sont retournés à leurs places. Il n'y a donc plus aucun enfant. Et, évidemment, Bastian se trouve à côté de moi. Pourquoi me suit-il comme ça? La salle n'est pas assez grande?
FLASHBACK
- Tu as définitivement trop bu.
- Ne dis pas n'importe quoi Alia.
Je plisse le nez en recevant son souffle alcoolisé en pleine figure. Nous avons organisé une petite fête entre animateurs ce soir et Bastian a un peu trop abusé sur la boisson, bien qu'il ne veuille pas l'avouer.
- Sors avec moi Alia, me supplie-t-il pour la énième fois de la soirée.
Je soupire longuement. Depuis le début de la soirée, il n'a pas lâchée d'une semelle.
- Bastian, arrête.
Lasse, je le repousse doucement avant de rejoindre les autres. Je m'assois sur une chaise en plastique. Il ne m'a pas suivie. Il est resté plus loin, son verre à la main et une expression triste sur le visage. Cela va faire deux semaines que nous sommes ici. Et cela fait presque autant de temps qu'il me demande de devenir sa petite amie. Ce soir, mon refus l'a blessé, je m'en rends bien compte. Ce n'était pas mon but, loin de là et je culpabilise.
- Pourquoi refuses-tu? me demande doucement Chloé, une des animatrices.
- Parce que cela ne mènerait à rien. Dans moins de deux mois, nous partirons chacun de notre côté.
- Et alors? Qu'as-tu à perdre? Tu sais, il me parle fréquemment de toi lorsque nous travaillons ensemble. Il ne cherche pas à jouer avec toi. Il veut simplement essayer de construire quelque chose, même si ce n'est que pour quelques semaines.
- Et après?
- Et après quoi? Tu le regretteras peut être. Peut être dépasserez-vous ces quelques semaines. Peut être non. Personne ne peut le savoir et tu ne le sauras jamais si tu n'essaye pas.
Je baisse les yeux sur mon verre, analysant ce qu'elle vient de me dire. Je lui fais du mal malgré moi à chaque fois que je le repousse. Mais, comme me le dit Chloé, qu'ai-je à perdre au final?
Je cherche Bastian du regard et remarque qu'il n'est plus là. Je pose mon verre sur la table et quitte la terrasse. Je contourne le chalet en le cherchant du regard. Je le trouve, appuyé contre un arbre, le regard dans le vide. Je m'approche doucement de lui et m'assois à ses côtés. Je reste silencieuse quelques instants avant de briser le silence.
- Je suis désolée si je t'ai blessé Bastian, ce n'était pas mon but.
- Ça va Alia, j'ai compris.
Sa voix n'était pas dure, il ne me réprimande pas. Il n'empêche que je me sens coupable. Il prends une gorgée de sa bière, tremblant légèrement. Timidement, je prends sa main dans la mienne mais il me repousse.
- Ne joue pas avec moi Alia.
- Ce n'est pas ce que je veux faire Bastian, je murmure.
- Alors qu'est-ce que tu veux faire?
Je tourne la tête pour rencontrer la lune qui se reflète dans ses yeux verts.
- Que dirais-tu d'en discuter demain? Tu n'es pas des plus sobres ce soir.
- Et de quoi veux-tu discuter? Du fait que tu ne veuilles pas de moi? s'emporte-t-il.
- Non, Bastian. Mais, je t'assure que nous ferions mieux d'en discuter demain.
Il me jauge longuement du regard avant de finalement acquiescer et de reporter son regarde face à lui après avoir pris une gorgée de bière.
PRESENT
Ma tête pivote de manière à pouvoir voir Bastian. Sentant probablement mon regard sur lui, il tourne lui aussi sa tête. Je ne détourne pas le regard cette fois-ci. Je plonge mon regard chocolat dans le sien, émeraude.
Il a changé. Quelque chose a changé dans ses yeux, c'est flagrant maintenant que je prends le temps de bien l'observer. La couleur de ses yeux est la chose dont je me souviens le plus. Même cinq ans après, dès que je vois quelque chose dont la couleur avoisine celle-ci, malgré moi, je pense à lui.
Parce que oui, bien que je lui en veux beaucoup, je pense à lui parfois. Comme Rita n'a cessé de me le dire, je devrais passer outre cette histoire. Après tout, ce n'était qu'un amour de vacances, rien de plus. J'avais fini par me convaincre de ça. Mais, maintenant que je me retrouve ici avec lui, j'ai l'impression que ces cinq ans se sont envolés. J'ai l'impression de le revoir maintenant comme je l'aurais revu après être arrivée à Bordeaux.
J'ai toujours cette colère et cette incompréhension en moi. Cependant je ne me rabaisserais ni à lui demander le pourquoi du comment, ni à écouter sa réponse.
Il se rapproche de moi, jetant tout de même des coups d'œil aux trois hommes.
- Tais-toi, dis-je en prévision de ses paroles.
Il tente de protester mais un homme l'en empêche.
- Jeune homme, depuis le début vous cherchez à communiquer avec cette jeune fille qui, clairement, ne veux rien entendre. Alors, ne tentez plus rien au risque de nous attirer des ennuis.
Sa voix est sans appel, si bien que Bastian se rembrunit et ne dit plus rien. Je souffle un merci à cet homme qui ne me répond que par un hochement de tête.
Les trois hommes qui nous retiennent ici contre notre gré comptent leur butin. Comme s'ils allaient pouvoir sortir avec sans se faire arrêter. Je réprime un rire. Certes, il vaut mieux être optimiste mais à ce niveau là, c'est être complètement stupide.
- D'accord. Tu ne veux pas m'écouter. Mais, dis-moi au moins si tu as quelqu'un dans ta vie.
- Pourquoi devrais-je te répondre? je rétorque sèchement. Il me semble que tu as rencart, non? dis-je en me remémorant sa réaction lorsqu'un des hommes lui avaient posé la question.
Du coin de l'œil, je le vois tourner la tête vers moi, les sourcils froncés.
Depuis cet été-là, j'ai eu quelques relations. La plus longue a duré un an mais, ce n'est jamais allé au-delà. J'ai eu des sentiments pour ces hommes - ces trois hommes - mais, jamais je n'ai ressenti ce que j'ai ressenti avec Bastian. Et, bien souvent, c'est cette raison qui faisait que je ne me donnais pas à fond dans ces relations. C'est complètement idiot parce que cela aurait très bien pu fonctionner mais, ils remarquaient à chaque fois que je me lassais si je puis dire. Je ne pensais pas forcément à Bastian. J'étais ailleurs, et pas avec cet homme. En ce moment, je n'ai personne. Depuis quelques mois je dois l'avouer. Rita me force à sortir mais, rien n'y fait.
- Tu n'as donc pas compris, souffle-t-il.
- Pas compris quoi Bastian? Tu m'abandonnes sans aucune explication et tu réapparais du jour au lendemain en me reprochant de ne pas comprendre. Alors, excuse-moi du peu mais non, je ne comprends pas. Et puis, qui te dit que j'ai envie de comprendre?
- Tout chez toi le montre.
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Salut!
Hier j'étais en train de finir le chapitre 11 et je me suis dit qu'il me tardait de voir votre avis. Puis je me suis rappelé que vous, vous n'étiez qu'au 6 donc il faudra attendre x)
Bref! J'espère que ce chapitre vous aura plu! Devinerez-vous comment va se terminer la discussion Alia/Bastian dans le flashback?
Oh et, comme me l'a demandé quelqu'un, vous auriez une idée de nom pour Alia et Bastian? :)
A bientôt pour la suite ;)
TrueWordOfLove
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