21.
Il est neuf heures du matin et je n'ai qu'une seule envie : aller à l'hôpital. Mais, je ne peux pas. J'ai promis à mes parents de passer la journée avec eux. Seulement, je compte bien négocier au moins une demi-heure pour aller voir Bastian. Comme prévu, je n'ai pas dormi de la nuit. A chaque fois que je fermais les yeux, j'avais des sortes de flash absolument atroces.
D'ailleurs, voilà que j'entends la sonnette. Sans entrain, je vais ouvrir la porte. Ma mère me saute dans les bras. Elle a toujours été comme ça : très tactile. Mon père quant à lui reste en retrait bien qu'il me semble très inquiet.
- Qu'est-ce que tu t'es fait? s'horrifie ma mère en faisant référence à mon arcade sourcilière. Tu m'avais dit que tu n'avais rien! me réprimande-t-elle.
- Je n'ai rien de grave, maman.
- Rien de grave? Daniel, dis quelque chose!
- Jocelyne, calme-toi. Elle est vivante que je sache.
Ma mère ne m'a toujours pas lâchée depuis tout à l'heure et je la repousse doucement. Mon père peut enfin entrer dans l'appartement. Ma mère ne s'éloigne pas de plus d'un mètre de moi.
- Et si nous prenions un café? je propose.
J'accompagne mes paroles d'une sorte de sourire. Enfin, si l'on peut appeler cela ainsi.
* * *
Mon père et ma mère m'ont accompagnée au commissariat. J'ai voulu y aller maintenant, au moins, ce sera une préoccupation en moins.
Répondre à leurs questions a été très rude. Décrire ce qu'il s'est passé. Comment agissait ces hommes avec nous, etc. La femme qui m'a interrogée a été patiente et compréhensive. Elle notait tout ce que je disais sur son ordinateur puis m'a remerciée et m'a souhaité beaucoup de courage. Je crois que j'en aurais besoin.
J'ai ainsi pu récupéré mon sac et mon téléphone. J'y ai découvert de nombreux appels de mes parents, de mes collègues, des messages d'amis également. Et, étrangement, passée l'heure où j'ai vu Rita à l'hôpital, elle n'a pas tenté une seule fois de me joindre.
Nous rejoignons la voiture et il est temps pour moi de poser la question qui fâche.
- Papa, tu voudrais bien me déposer à l'hôpital? J'aimerais aller voir mon ami.
- Bastian, c'est bien ainsi que tu l'as appelé hier?
J'acquiesce, espérant fortement qu'ils acceptent. Il est déjà plus de 18 heures et les visites se terminent à 19 heures.
- Pourquoi ne veux-tu pas rester avec nous? questionne ma mère, assise à l'arrière.
- Ce n'est pas ça, maman. J'ai besoin de le voir, tu comprends?
- Je t'y emmène, déclare doucement mon père.
- Merci, dis-je dans un souffle.
J'ai passé la journée avec mes parents. Je comprends tout à fait qu'ils soient inquiets pour moi. Mais, ma mère peut se montrer très étouffante parfois. Je n'ai pas osé lui dire pour ne pas la blesser. Mais, en plus d'avoir très envie de voir Bastian, cela me permettrait d'avoir quelques dizaines de minutes au calme.
- Tu devrais en profiter pour vérifier ta blessure.
- Maman, ce n'est pas mon plus gros problème pour l'instant, j'irais plus tard.
- Alia! Ta santé est importante! s'exclame-t-elle.
Mon père s'arrête sur le bas-côté avant de se mettre à parler :
- Jocelyne, laisse-la respirer. Elle n'a pas besoin que tu en rajoutes une couche. Quant à toi Alia, je suis d'accord avec ta mère, tu devrais voir un médecin.
- Très bien, je soupire.
Ma mère s'enfonce dans son fauteuil et ne dit plus rien jusqu'à ce que nous arrivions à l'hôpital. Mon père se gare et ma mère s'apprête à sortir mais je l'en empêche avant.
- Maman, je peux y aller seule. Il ne m'arrivera rien. Les visites se terminent dans une demi-heure. Ensuite, je verrais si je peux voir un médecin, sinon, je prendrais rendez-vous pour plus tard.
- D'accord, fais-ce que tu as à faire, cède-t-elle d'une voix étranglée.
Je me tourne vers elle et lui promets de revenir rapidement. Par la suite, j'entre rapidement dans l'hôpital. Je me souviens du chemin donc je me dirige vers sa chambre sans vraiment réfléchir. Je ne sais pas s'il s'est réveillé depuis hier. C'est pour cette raison que je me fige devant la porte, la main sur la poignée. J'ai l'air d'une idiote, j'en ai tout à fait conscience. Mais, même s'il était réveillé, que vais-je lui dire? Comment dois-je agir? A quoi s'attend-il?
- Puis-je vous être utile? demande une voix féminine derrière moi.
Je sursaute et me retourne vivement. Une jeune infirmière avec un visage doux et un sourire rassurant me fait face.
- Je suis venue pour voir quelqu'un, je l'informe en butant sur les mots.
Elle se décale légèrement pour voir dans quelle chambre je souhaite entrer.
- Ce patient s'est réveillé dans l'après-midi.
- Et comment va-t-il?
- Autant ne pas vous le cacher, il est très faible. Il va lui falloir plusieurs semaines avant d'être à nouveau sur pied. Mais, il va s'en sortir. Vous pouvez rentrer, me sourit-elle. Justement, je dois y aller également pour vérifier si tout va bien.
J'acquiesce et abaisse lentement la poignée avant d'entrouvrir la porte. Manifestement, le volet a été ouvert puisque c'est la lumière du jour qui illumine la pièce. Derrière moi, l'infirmière ouvre la porte en grand et s'avance vers le lit. Elle s'approche des différentes machines et semble regarder si tout est correct. Et moi, je reste à nouveau plantée en plein milieu.
Doucement, je vois la tête de Bastian se tourner vers moi. Ses lèvres bougent comme s'il disait quelque chose. Mais, je n'entends rien d'ici.
- Je pense qu'il vous appelle, déclare l'infirmière, tout en notant je ne sais quoi sur un dossier.
Je m'avance presque timidement vers lui. Il est pâle. Certes, mais ses yeux verts me fixent avec une telle intensité que j'en tremble presque. Je m'arrête juste devant le lit.
- Salut, je murmure.
S'il y a bien une chose rassurante que je remarque, c'est qu'aucun tuyau ne l'aide à respirer. Il respire par lui-même.
- Monsieur Copellini, évitez de trop parler pour l'instant, intervient l'infirmière.
Il ne réagit pas. Il continue de me fixer. Je commence à me sentir mal à l'aise, ne sachant pas quoi faire.
- Vous êtes la première personne qui vient le voir. Je vais vous laisser. Mais, je pense que je ferais mieux de regarder cette blessure avant de partir.
- Vous n'êtes pas obligée. Et puis, je ne suis pas venue pour cela.
- Cela ne me prendra pas longtemps. Asseyez-vous ici.
Elle me désigne un fauteuil. Je sens que Bastian panique alors, je conserve le contact visuel avec lui. Cela semble le calmer. L'infirmière retire mon bandage. Par la suite, elle semble désinfecter la plaie, ce qui, fatalement, me fait grimacer. Mais, elle ne tarde pas à remettre un autre bandage et à m'annoncer que c'est terminé.
- Je suppose que vous reviendrez pour le voir. Profitez-en pour demander à ce qu'on vérifie. Ce n'est rien de grave mais, on ne sait jamais.
- D'accord.
Elle nous salue tous les deux d'un sourire puis quitte la pièce. Maintenant, seuls les bruits des machines occupent la pièce. Mais, je ne peux pas rester sur ce fauteuil alors que Bastian est seul ici depuis des heures. Alors, je prends sur moi et je me lève pour aller jusqu'à lui.
- ...pensais...pas venir, murmure-t-il difficilement.
- Je suis désolée si je ne viens que maintenant. Mes parents m'ont accaparée toute la journée, je murmure.
Voyant qu'il tente de parler alors qu'il le faudrait pas, je lui fais signe de se taire.
- Bon, écoute, tu ne peux pas vraiment parler alors, serre ma main si la réponse est oui et ne fais rien si c'est non, ok?
Je prends doucement sa main dans la mienne, ayant peur de le blesser encore plus. Et il serre ma main.
- Parfait. Est-ce que tu te sens bien?
Il serre ma main.
- Ne me mens pas Bastian. Tu t'es pris une balle je te rappelle! je m'exclame, nerveuse.
Je reprends mes esprits en me rendant compte que je venais de m'emporter contre lui.
- Excuse-moi, je soupire. C'était une question stupide en plus.
Je rapproche le fauteuil du lit pour m'y asseoir sans lâcher sa main.
- Il faut que nous mettions une chose au clair. Ce qu'il s'est passé il y a cinq ans, on oublie jusqu'à ce que tu te sentes mieux. Mais vraiment mieux, pas simplement capable de parler. On est d'accord?
Sa main presse la mienne et un soupçon de reconnaissance passe dans son regard.
- Parce que j'ai eu la peur de ma vie Bastian. J'ai vraiment cru que tu allais mourir sans que je ne puisse rien y faire. Tu te vidais de ton sang et je ne savais pas quoi faire.
Je continue de parler encore et encore.Lui expliquant tout ce que j'ai ressenti durant ce moment horrible. Mon flot de paroles ne semble pas le déranger puisqu'il m'écoute avec la plus grande attention, jusqu'à ce que je me taise, à bout de souffle et au bord des larmes. Son pouce frôle le dos de ma main, comme s'il cherchait à me réconforter. Alors que c'est lui qui est dans un sale état. Je ne pleure pas. Non, je tente au maximum de rester forte pour lui. Je reprends fébrilement ma respiration et lui donne un faible sourire.
- Est-ce qu'il faut que je prévienne quelqu'un?
Réponse négative.
- Pas même un ami? Ou ta famille?
Toujours aucune réaction.
- Quelqu'un s'en est déjà chargé peut être?
Cette fois-ci, il presse ma main.
- Ok, je murmure.
Arrive le moment où je ne sais plus quoi dire. Ses yeux dérivent sur le plafond mais, il garde sa main dans la mienne. Sa présence me fait du bien et je me rends compte que, depuis que je suis sortie de cette banque, c'est la première fois que je me sens aussi bien.
Nous restons ainsi dans un silence confortable de longues minutes. Jusqu'à ce que l'infirmière entre à nouveau dans la chambre et m'annonce que je dois partir. Je me lève mais Bastian serre ma main, un regard inquiet posé sur moi. Je sais d'où vient cette inquiétude. Il a peur que ce soit la dernière fois qu'il me voit.
- Je reviendrais demain, je te le promets.
Il finit par lâcher ma main. Je lui lance un dernier regard puis sors. Mais, je m'arrête sur le pas de la porte et fais demi-tour. Parce que, quelque part, moi aussi j'ai peur que ce soit la dernière fois que je le vois. Je passe une main dans ses cheveux et dépose un baiser sur son front. Après quoi, je m'enfuis presque de la pièce, sans lui lancer un seul regard. Et, c'est dans le couloir que mes barrières lâchent. Seules quelques larmes sortent.
Je suis complètement perdue. Je ne sais plus où je vais. Ni avec qui.
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Bonsoir tout le monde!
Oui, le braquage est fini mais vous pensez bien que ce n'est facile ni pour Bastian ni pour Alia ^^ J'ai terminé d'écrire tous les chapitres, je vous préviendrais lorsqu'il n'en restera qu'un ;)
J'espère que celui-ci vous a plu!
Oh, et, je commence à écrire une prochaine histoire :P
TrueWordOfLove
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