15.
Il y a une chance plutôt élevée que vous mourriez aujourd'hui.
La phrase de cette homme tourne dans ma tête, encore et encore. Est-ce que je préfère mourir seule ou bien aux côtés de Bastian? Je ne sais pas pourquoi mais - même si je ne sais pas tout - je le sens sincère. Cela ne veut pas dire que je lui pardonne mais, je pense le croire.
- Il ajoute ceci : rappelez-vous cette fois où Rita vous a appelée, chuchote mon voisin.
Le regard de Bastian est toujours posé sur moi. Il ne me faut que quelques instants pour savoir à quoi il fait allusion.
FLASHBACK
Il est aux alentours d'une heure du matin et tous les animateurs se trouvent dans le petit salon du chalet qui nous sert de logement. Il nous reste une semaine, jour pour jour. Je suis assise sur les genoux de Bastian, ses bras refermés sur moi.
- Alors Alia, tu pars où l'année prochaine? me demande Sam.
- Je n'en sais rien. Je le saurais en rentrant à Bordeaux.
- Ça ne te stresse pas? De ne pas savoir, je veux dire.
J'hausse les épaules.
- Pas vraiment non. J'étais plutôt bien classée l'an passé alors, j'espère être prise où je l'ai demandé. A Paris, ce serait l'idéal. Mais, seulement pour faire mes études, je ne me vois pas y vivre.
Il s'apprête à me répondre mais j'entends la sonnerie de mon téléphone. Je m'excuse auprès d'eux et me reclus dans ma chambre en voyant que l'appel émane de Rita. Je décroche rapidement, pour entendre sa voix. Je m'étonne de son appel si tardif mais elle m'explique qu'elle revient d'un repas de famille - de ceux qui semblent interminables -. Après avoir pris des nouvelles, je me dis que je devrais lui dire. Après tout, je ne vais pas tarder à rentrer à Bordeaux et je ne lui ai toujours pas parlé de Bastian.
- Rita, il faut que je te dise quelque chose.
- Je t'écoute.
- J'ai rencontré quelqu'un ici, j'avoue avec un sourire sur les lèvres.
Assise dans mon lit, je recule jusqu'à m'adosser au mur. Je me mords la lèvre inférieure, attendant sa réaction. Et c'est au bout de longues minutes de silence que je l'entends.
- Vraiment?
- Oui. Il s'appelle Bastian et il va peut être, je dis bien peut être, revenir avec moi.
- Alia, je ne te pensais pas comme ça.
- Quoi?
Je l'entends longuement soupirer à l'autre bout du fil.
- Alia, tu es une personne brillante. Ton avenir est bien tracé. Ce n'est pas le moment de te perdre dans une relation qui n'a ni queue ni tête.
- Excuse-moi mais tu es censée être contente pour moi, non?
- Je l'aurais été si tu avais rencontré quelqu'un ici. Et maintenant? S'il rentre, comment allez-vous faire? Tu ne vas pas rester concentrée. C'est dénué de toute responsabilité. Et, s'il te suit, cela signifie qu'il ne fait pas d'études, pas vrai? Tu n'as pas l'impression qu'il se sert de toi plus qu'autre chose?
- Ecoute Rita, si ta soirée a été ennuyante au possible, ce n'est pas mon problème. Mais, les amis n'ont pas à porter de jugement sur ses amis. Sache que je n'apprécie vraiment pas ton comportement, je m'emporte. Et, ce n'est pas parce qu'il ne fait pas d'études qu'il se sert de moi.
- Je ne fais que m'inquiéter pour toi!
- Ah oui? En ne faisant que critiquer mes choix? Tu ne le connais pas. Je te l'ai dit parce que je penserais que tu serais contente pour moi. Mais, manifestement, je me suis voilée la face.
Suite à ces mots, je raccroche. Je suis énervée. Pourquoi a-t-elle réagi ainsi? Mon écran s'éclaire, signe qu'elle me rappelle. Par conséquent, j'éteins mon téléphone et m'allonge dans le lit, ramenant mes genoux contre moi. Je ne crois pas un seul mot de ce qu'elle m'a dit. Bastian ne se sert pas de moi. Il est sincère et j'en suis certaine. Je cherche simplement à comprendre. Elle est ma meilleure amie. Peut être a-t-elle simplement eu une mauvaise journée et a-t-elle relâché ses nerfs sur moi? Tout simplement.
J'entends la porte s'ouvrir derrière moi puis quelqu'un s'allonger derrière moi avant de me prendre dans ses bras.
- Tout va bien mio tesoro?
Je souris malgré moi. C'est le surnom qu'il me donne constamment depuis quelques temps. Il écarte une mèche de cheveux de mon visage, lui permettant de mieux me voir. Et le sourire qui flottait sur mes lèvres s'efface en repensant à la discussion que je viens d'avoir.
- C'était Rita, ma meilleure amie, je murmure.
- Y a-t-il un problème? s'inquiète-t-il.
- Non, rien de grave.
Je pose ma main sur la sienne, qui est elle-même posée sur ma taille.
- Alors, qu'est-ce qu'il se passe?
- Nous nous sommes disputées. Je ne comprends même pas pourquoi. Je lui ai simplement parlé de toi - pour la première fois - et elle s'est emportée en me disant qu'elle ne me pensait pas comme ça, qu'elle ne comprenait pas mon comportement, que c'était irresponsable de ma part. Mais, pourquoi m'a-t-elle dit ça? Elle aurait dû être contente pour moi? Non? Et puis, elle aurait dû agir en tant qu'amie! Elle ne te connait même pas. Elle n'aurait pas dû te juger, ni me juger moi. Pas une seule fois elle n'a montré de l'enthousiasme. Non, seulement de l'agacement et de la déception. Je ne comprends pas.
Le silence s'abat sur nous, pendant lequel je me rends compte que ce que je viens de dire n'était pas très logique et pas forcément compréhensible.
- Excuse-moi. C'était un peu confus.
- Ça va. Peut être était-ce simplement qu'elle a eu une journée longue ou bien qu'elle a reçu une mauvaise nouvelle? me propose-t-il.
- C'est ce que je pensais. Je ne sais pas.
- L'as-tu rappelée?
- Elle a essayé mais j'ai éteins mon téléphone.
- D'accord. Ecoute, ne dit-on pas que la nuit porte conseil? Tu verras cette discussion autrement demain matin.
- Tu crois?
- Bien sûr. Et, même si ce n'est pas le cas, tu seras toujours à même de l'appeler demain, me dit sa voix douce.
Je me tourne pour me nicher contre son torse. Sa main caresse mes cheveux avec tendresse. Cheveux qu'il embrasse. Il pose le drap sur nos corps blottis puis éteint la lumière.
- Merci.
- Je n'ai qu'une seule chose à répondre à ça.
- Et, qu'est-ce que c'est?
- Je t'aime, murmure-t-il dans mon oreille.
PRESENT
Je n'ai jamais reparlé de cette discussion houleuse avec Rita. Pourquoi? Eh bien, parce que lorsque je suis rentrée à Bordeaux, cela m'était complètement sorti de la tête. Nous nous étions rappelées dans les jours qui ont suivis cet échange téléphonique et elle m'avait dit qu'elle voulait m'expliquer en face à face et non pas par l'intermédiaire d'un téléphone. Donc, je n'ai jamais su pourquoi elle avait réagi ainsi.
Après mon retour et après m'avoir vue anéantie, elle n'a fait que me répéter que Bastian n'était qu'un crétin (pour ne pas répéter ses mots qui dépassent la vulgarité). Après une soirée arrosée, elle m'a affirmé que je l'avais cherché. J'avais mis ça sur le compte de l'alcool. A bien y réfléchir, peut être qu'elle le pensait vraiment. Et, si l'on associe cela aux aveux de Bastian, cela serait cohérent. Mais, il me manque des éléments, bien trop d'éléments.
Pourquoi aurait-elle agi ainsi?
C'est la question.
Pourquoi a-t-il fallu que je me retrouve ici en compagnie de Bastian qui a décidé de se confesser aujourd'hui? Certes, je voulais la vérité. Mais, certainement pas dans ces conditions.
Je pivote légèrement la tête pour remarquer que Bastian a toujours le regard posé sur moi, comme s'il cherchait à lire en moi.
En y repensant bien, du temps où nous étions ensemble, il ne m'a jamais menti. Il ne m'a jamais manqué de respect. Aucun signe qui me montrerait qu'il puisse me vouloir du mal en me mentant. Je l'ai attendu si longtemps. Et, maintenant qu'il est ici, je me retrouve à l'autre bout de la pièce, loin de lui. Il m'a terriblement blessé mais, apprendre que ce n'est pas entièrement de sa faute enlève un peu de la haine que je lui porte. Si je le crois? Probablement. Si j'ai envie d'être à côté de lui? Certainement.
- Excusez-moi? je demande à mon voisin.
- Oui?
- Comment pourrais-je faire pour aller là-bas sans me faire repérer?
Il me sourit, comme s'il était content de voir que j'ai finalement accepté.
- Attendez. Je vais déjà lui faire passer le message.
Il se penche vers la personne assise à côté de lui et lui chuchote quelque chose. Ces mots, ils sont transmis de personne en personne jusqu'à atteindre Bastian. Son visage s'éclaire soudainement même s'il comprend manifestement que tout n'est pas gagné pour autant.
Le même processus que précédemment se met en place et je reçois rapidement sa réponse de par mon voisin.
- Il vous remercie et propose de profiter de l'inattention des hommes pour que vous deux, vous vous rejoignez au centre de notre petit groupe d'otages. Et très honnêtement, je pense que ce n'est pas idiot. Au milieu de notre groupe de personnes, vous passerez plus inaperçus que si vous deviez vous lever et traverser la salle.
J'acquiesce, en accord avec lui. A nouveau, il fait passer le message à Bastian mais, je ne reçois pas de réponse. Du moins, si. Un hochement de tête accompagné d'un timide sourire. Je jette un œil à Stephen et Cédric qui, en effet, semblent bien occupés. Stephen est encore au téléphone, probablement avec la police après le crime - non, le meurtre - qu'il a commis. Et pour cela, il mérite toutes les peines du monde. Je pourrais repartir dans des pensées sombres qui me tireront vers l'obscurité absolue. Mais, j'ai autre chose à faire en cet instant. Je risque gros. Si jamais un de nous deux se faisaient voir, ce sera la fin. Je sais que Stephen n'hésiterait pas à appuyer sur la détente une seconde fois.
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Me revoilà pour le chapitre donc!
Je viens de remarquer quelque chose. Regardez : LisA, MAtt, LucAs, CAllie, LAure, RitA, AliA, BAstiAn, SAm... C'est moi où la majorité de mes personnages ont un A dans leurs prénoms? Bon, le prochain, il n'en aura pas! C'est peut être juste moi qui cherche des signes partout xD
Sinon, j'espère que vous aurez apprécié le chapitre!
A très vite!
TrueWordOfLove
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