Chapitre 8
Bonjour !
J'espère que vous allez bien ^^
Aujourd'hui, chapitre difficile.
CW : idées suicidaires, pensées très négatives, dépréciation et masturbation (pas détaillée mais présente)
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— Chapitre 8 —
16 décembre 2019.
C'est toujours plus dur la nuit. Plus je vais mieux, et plus j'oublie ce que c'est qu'être mal. Vraiment mal. Mal à vouloir en crever. Mais il y a des nuits où ça revient. Les angoisses, la peur, la colère, la honte, le désespoir. Mon esprit est en roue libre.
Peut-être que ça serait mieux pour tout le monde. Si je n'étais plus là. À qui je manquerai vraiment ? À mes parents sans doute. Damien aussi. Mais les autres... Je ne suis pas sûr que je leur manquerai. Ils m'ont déjà oublié pour la plupart, rayé de leur vie. Non, c'est moi qui suis parti. Parce que je pensais que ça m'aiderait. Je pensais que ça me ferait du bien. Parce qu'ils me faisaient du mal. Tous. Surtout Léo. Et David. Sauf qu'en fait non. J'ai toujours mal. Et je chiale dans le noir.
Il me manque. Je crois. Est-ce que je l'aime encore ? Je sais pas. Je sais plus. Est-ce que je lui manque ? Sûrement pas. Il est heureux maintenant. Plus heureux qu'il ne l'était avec moi. Il est mieux avec David qu'avec moi. De toute manière, il l'a toujours aimé plus que moi. Je le savais, je l'ai toujours su. Comment j'ai pu penser qu'on puisse vouloir de moi ? Qu'on puisse tomber amoureux de moi ? Parce que j'y ai cru. Pour de vrai. Quel con.
Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ? J'ai rien. Pas de projet, pas d'avenir. À quoi ça sert de continuer ? De se battre ? Je suis épuisé. J'ai plus la force. La colère, c'était mon énergie. Ce qui me motivait. Je me sentais invincible. J'avais l'impression d'être utile. Écrire des articles, descendre dans la rue, manifester, hurler, toujours hurler. Sauf que ça a servi à rien. On a perdu. C'est trop tard. Y a plus rien à faire. Le monde part en couille et je peux rien faire pour l'arrêter. J'ai pas la force. Je suis personne, je peux pas changer le monde. Et même si j'arrive à faire un truc bien de ma vie, ça ne sera qu'une goutte d'eau dans l'océan. Alors à quoi bon ?
J'ai pas le courage de me relever, de continuer. J'en peux plus. J'ai juste envie de m'allonger et de pleurer, encore et encore. Je sers à rien. J'ai jamais servi à rien. À part à faire du mal. Mes espoirs, mes aspirations, mes rêves. Il n'en reste rien. Tout a été réduit en miettes. Je ne veux plus rien. Je veux juste que ça s'arrête.
Je repousse ma couette et me redresse dans mon lit. J'essuie mes larmes sur la manche de mon pyjama. Il faut que je reprenne mes esprits. Rompre la spirale infernale des idées noires. C'est pas la première fois. Ça sera pas la dernière. Je me lève, sors de ma chambre sur la pointe des pieds. La maison est silencieuse, tout le monde dort.
Je m'enferme dans la salle de bain. J'ouvre le robinet pour me passer de l'eau sur le visage. Ça fait du bien. Efface les dernières traces de larmes. Je bois un peu directement au robinet avant de couper l'eau. Dans le miroir, mon reflet me nargue. Je ne me reconnais pas. J'ai l'impression de regarder un étranger. Je ne comprends pas.
Ce mec dans le miroir a tout pour être heureux. Une famille aimante, un frère jumeau extraordinaire. Pas de problème de fric, un job qui même s'il n'est pas passionnant, reste un job et tout le monde n'en a pas. Je peux prendre des hormones, j'ai pu avoir ma mammec, j'ai même pu faire changer mes papiers d'identité. Je peux me payer le luxe de consulter une psy. Dans quelques mois, je pars avec Damien pour un voyage de six mois. Je suis un putain de privilégié. J'ai une chance monstrueuse. De quel droit je me plains ?
Et putain, qu'est-ce que je suis moche. Je me trouvais dégueulasse avant de transitionner, bah ça n'est pas mieux maintenant. En plus je me rase pour le boulot, histoire de pas avoir l'air trop négligé, mais ça me donne l'impression d'avoir l'air d'une meuf. J'ai moins d'acné qu'avant, j'imagine que je dois être reconnaissant pour ça. Mes cheveux ressemblent à rien, j'ai pas été chez le coiffeur depuis des mois. C'est trop long sur le devant et les côtés qui étaient rasés ont maintenant une longueur un peu bizarre. On dirait que je me suis coupé les cheveux avec des ciseaux de cuisine. D'ailleurs ma responsable me l'a fait remarquer la semaine dernière. Ça fait pas très professionnel.
Le reste de mon corps est pas mieux. Mal proportionné. Et j'ai toujours des hanches trop larges. J'ai pris du bide. Je me déteste. Y a rien qui va. Je suis juste affreux. Tu m'étonnes que personne veuille de moi. Les mecs avec des caractères de merde comme David et Galahad compensent avec leur physique de dieu grec, moi j'ai rien pour moi. Je me déteste.
Ma psy dit qu'il faut que j'apprenne à m'aimer. Pire, qu'il faut que je tombe amoureux de moi-même. Elle a vraiment fumé sur ce coup-là. Les jours où j'arrive à me supporter, je trouve que c'est déjà pas mal. Mon objectif, ça serait plutôt d'être neutre avec moi-même. Pas m'aimer, ni me détester. Juste être ok.
Je continue à me dévisager dans le miroir. Ce que je vois me dégoûte. Faut que j'arrête de me regarder, je me fais du mal pour rien. Je décide donc de quitter la salle de bain. Je fais gaffe à éteindre la lumière et je retourne dans ma chambre. Au moins, j'ai plus envie de me flinguer. Être moche, ça n'a jamais tué personne.
La couette est chaude et moelleuse. Je m'enroule dedans. J'ai pas vraiment sommeil. Je me tourne et me retourne dans mon lit. Faut pas que je pense à l'avenir. Ni au boulot. Ni à ma vie amoureuse. Ni à ma gueule. Ni à la balance. Putain, c'est pas simple. J'essaye de penser plutôt à la fanfiction Stucky que j'ai terminée aujourd'hui. C'était vachement bien. À la fin, j'avais la gorge serrée parce que j'étais trop ému. Et y avait une super scène de cul en plus.
Je sais pas pourquoi mais le cul à l'écrit, ça passe. Ça me dégoûte pas, je pourrais même dire que ça m'excite un peu. D'ailleurs y repenser, ça me donne envie de me branler. En plus, en général, ça m'aide à dormir. C'est mécanique, c'est les endorphines. Je regarde l'heure sur mon portable. Il est 3h du matin. Franchement, tout le monde dort.
J'ouvre le tiroir de ma table de nuit, sors mon vibro. C'est un genre de galet à la con, mais ça vibre bien. Je le fous entre mes jambes, par-dessus mon bas de pyjama. Ça prend même pas deux minutes. Je me connais, j'utilise toujours le même mode. Le plaisir monte très vite. Je me détends au milieu de mes oreillers. Je repense vaguement à la scène que j'ai lue plus tôt dans la journée. Je finis par jouir avec un soupir.
J'abandonne mon galet au milieu de mes draps et reprend une position fœtale, mon oreiller dans les bras. Je me sens mieux. Comme quoi. Ça aurait eu le mérite de me vider la tête. Je suis crevé. Mes yeux se ferment tout seuls.
*****
Voilà !
Ça contraste par rapport au chapitre de la semaine dernière mais j'avais envie de montrer qu'il y avait aussi des down.
A la semaine prochaine !
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