Bonjour !

J'espère que vous allez bien ^^

On continue avec les violons cette semaine, mais c'est pour le mieux. Toute cette première partie est vraiment consacrée aux réflexions d'Harry vis à vis de lui-même, de son passé, de son rapport aux autres.

A partir du chapitre 7, il entrera dans une nouvelle phase avec la construction de nouveaux liens et le début d'une nouvelle vie :)

Bonne lecture

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— Chapitre 4 —

20 septembre 2019.

J'ai enfin eu la réponse de la sécu concernant la prise en charge partielle de ma mammec. C'est positif. Franchement, j'y croyais pas vraiment. Pour être remboursé par la sécu, il fallait que je prouve que j'étais suivi par un psychiatre et par un endocrinologue. L'endocrino, c'était bon. Le mien est à Paris, mais j'ai juste eu à lui envoyer le papier pour qu'il me le signe et me le renvoie par la poste. Le psychiatre, c'était plus compliqué. J'ai dû retourner voir celle qui m'avait fait mon attestation pour les hormones. Elle était sympa, elle a bien voulu faire un nouveau papier pour me dire qu'elle me suivait, même si c'était moyennement le cas.

Il faut que je refasse mes calculs. Entre la sécu et ma mutuelle qui est plutôt pas mal, la facture va être beaucoup moins salée que prévu. Je suis content.

Je regarde mon calendrier, accroché au-dessus de mon bureau. C'est un calendrier super moche avec des fleurs que ma mère a récupéré à la médiathèque. Il fait l'affaire. La date de ma mammectomie est entourée en rouge. 12 novembre. J'ai hâte d'y être.

Une autre date ressort : 8 octobre. L'audience pour mon changement d'état civil. Je croise les doigts pour que le verdict soit positif. En tout cas, j'ai mis toutes les chances de mon côté. J'ai rassemblé toutes les preuves possibles et imaginables, j'ai demandé à tous mes proches de me faire des attestations. J'en ai même une de Galahad. J'arrive pas à croire qu'il me l'ait faite. Je l'ai reçue dans ma boîte aux lettres, début juillet, juste avant que je déménage et que le dossier soit déposé. Il a fallu que je la relise plusieurs fois avant de comprendre que ce n'était pas une plaisanterie. Et si elle n'avait pas été accompagnée d'une photocopie de sa carte d'identité, j'aurais presque pu croire à un fake.

Il a fait ça bien en plus. Il a écrit que lorsque Min-Jae lui avait annoncé que j'étais « devenu Harry », ça ne l'avait pas surpris. Il y a une de ses phrases qui me restent en tête « La plupart du temps, j'oublie complètement qu'il a été une fille dans le passé. À mes yeux, il est simplement le meilleur ami de la personne qui partage ma vie, et par conséquent, un homme. ». Je ne peux pas m'empêcher de me demander si c'est vrai ou si c'est un mensonge. Les témoignages de mes proches sont plein de demi-mensonges. Tout le monde a fait en sorte de bien forcer le trait, pour dire que j'étais garçon manqué depuis la petite enfance, que je jouais aux petites voitures et que je n'ai jamais mis de jupe de ma vie. Peut-être que Galahad a fait pareil.

Ça fait trois mois que je réfléchis à lui répondre. Au moins pour le remercier. Mais je ne sais pas comment m'y prendre. Et considérant que je ne parle plus à Min-Jae, c'est bizarre. Mais j'ai conscience qu'il faudra bien un jour ou l'autre qu'on ait une conversation tous les deux. Comme il a essayé de le faire en juin...

Repenser à cette soirée horrible me donne mal au ventre. J'ai été con. En même temps, il m'a pris par surprise. Sans compter qu'à ce moment-là, j'étais déjà sur les nerfs à cause de l'autre connard transphobe. Plus ma conversation avec David dix minutes avant. Toutes les conditions étaient réunies pour que ça se passe mal.

Je m'en veux tellement. Si je pouvais remonter le temps, évidemment que je changerai tout. Je sais que j'ai merdé. Et que mes erreurs ont eu des conséquences dramatiques. Pour Galahad, comme pour Min-Jae. Je ne comprends pas comment Galahad peut avoir envie de me pardonner. Je me dégoûte. J'ai envie de vomir. Je me rends compte à quel point j'ai été con. Il a vraiment changé. Je crois. Sinon il ne m'aurait pas envoyé cette attestation. À moins que ça soit une manœuvre sadique pour me faire me sentir encore plus coupable ? Non, je dois me faire des films. Disons que ça m'arrangerait de ne pas être le seul enfoiré de l'histoire.

Quand j'y pense, j'ai passé presque une séance complète avec ma psy juste sur le sujet « Galahad ». D'ailleurs elle m'a demandé de l'appeler par son prénom. Parce qu'apparemment, on est un peu plus que des anciens camarades de classe, qu'on le veuille ou non. Selon elle, je continue de l'appeler par son nom de famille pour créer une distance et éviter de m'impliquer dans cette relation qui existe, que ce soit en positif ou non. Mouais. Admettons.

Galahad. Son prénom est tellement ridicule. Je me rappelle encore de l'appel en prépa. J'étais assis à côté d'Artemis qui lui aussi, avait un prénom sacrément gratiné. Je m'étais bien foutu de sa gueule d'ailleurs. Et là, « Ravel de La Rocherousse, Galahad ». Il a tué le game rien qu'avec son nom de famille, alors ne parlons pas du prénom. Ça plus les remarques dégueulasses. On ne peut pas me reprocher de l'avoir pris en grippe.

Est-ce que les gens peuvent vraiment changer ? Je veux bien croire qu'il était « jeune ». On était tous des gamins à l'époque, même si on se prenait pour des adultes. Je veux bien croire qu'il ait répété beaucoup de choses qu'il avait entendues à la maison. Je veux bien croire qu'il suivait son groupe par lâcheté. Mais est-ce que ça excuse vraiment ? On fait tous des erreurs, je sais, mais disons que le droit à l'erreur n'est pas quelque chose d'universel. On pardonne toujours plus facilement aux puissants. Alors que certains verront leurs erreurs les suivre à vie, sans jamais avoir le droit à l'oubli.

Et en même temps, moi aussi j'ai fait de la merde. À commencer par participer à son outing, même si c'était un peu par accident. Trahissant de fait la confiance de celui qui était mon meilleur ami. Est-ce que j'ai changé ? Je sais qu'aujourd'hui, je ne referai jamais un truc pareil. Quand j'y réfléchis, j'ai même du mal à comprendre comment j'ai pu penser que c'était une bonne idée. Je suis un connard, moi aussi. Et je continue de l'être. Je suis resté le même. Je me déteste.

Ma psy dit que je me dévalorise trop. Elle dit que je dois apprendre à être indulgent avec moi-même. Parce que dans la vie, on fait tous de la merde à un moment ou un autre. On fait juste de notre mieux. Et on essaye de s'améliorer pour ne pas répéter les mêmes erreurs.

J'écris un SMS sans vraiment réfléchir. Je ne pense pas que ça soit le bon moment, mais en même temps je ne pense pas qu'il puisse y avoir un « bon moment » pour ce genre de choses. Ça me fait bizarre. La dernière fois que j'ai utilisé ce numéro de téléphone, c'est lorsque Min-Jae a été agressé.

Salut,

Je sais que j'aurais dû écrire avant, mais je voulais te remercier pour la déclaration que tu m'as envoyée. J'ai pu la mettre dans mon dossier. L'audience est dans 3 semaines, j'attends de voir ce que ça donne.

J'espère que ça se passe bien à Séoul et que tu vas bien.

Je ne sais pas comment terminer. Je remplace le « que tu vas bien » par un « que vous allez bien » peut-être moins personnel. Ça me paraît pathétique comme message. Ça fait vraiment le mec qui essaye de lancer la conversation, mais qui veut pas trop se mouiller. Tant pis. J'envoie.

Je gémis, cache ma tête dans mes bras. Je ne peux plus reculer. C'est fait. Contre toute attente, la réponse arrive très vite. Il devait avoir son portable sous la main. Et il veut bien me montrer que lui ne met pas trois mois à répondre aux messages. Son texto est très bref.

Merci pour ton message, nous allons très bien.

Content de savoir que tu l'as bien reçue, j'avais peur qu'elle n'arrive pas avant ton déménagement.

Bonne chance pour l'audience. J'espère que toi et ton frère vous portez bien.

C'est un début j'imagine. Sans doute le contact le plus cordial que nous ayons eu depuis la poignée de main au nouvel an. J'ai l'impression d'avoir un poids en moins. Je relis son message, sans surprise il se cache derrière une politesse exagérée. Je ne peux pas m'empêcher d'y voir une forme de mépris. Et en même temps, j'ai fait pareil.

Je me demande s'il en parlera à Min-Jae. J'ai envie que ce soit le cas, mais en même temps j'ai peur des conséquences. Il m'a demandé de rester en dehors de sa vie. Est-ce qu'il apprécierait vraiment de savoir que j'ai écrit à son mec ? En même temps, c'est Galahad qui a fait le premier pas en m'envoyant sa contribution pour mon CEC. Est-ce que Min-Jae est au courant de ça ?

Je réalise que je veux que Min-Jae me pardonne, alors que moi-même je m'entête à continuer détester Galahad. Je veux que Min-Jae comprenne que j'ai changé et que je suis désolé, mais je suis incapable d'accepter qu'il ait fait la même chose pour Galahad. Je pense qu'encore une fois, il y a de la jalousie là-dedans. Ça ne s'arrêtera donc jamais ?

En tout cas, ça me fait de nouvelles choses à raconter à ma psy. Comme si je n'avais pas déjà suffisamment de problèmes à régler.

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J'espère que vous avez apprécié ce chapitre !

Pour des raisons de chronologie, j'ai choisi de faire en sorte que Harry tombe sur un tribunal "rapide". Je connais des gens qui ont mis plus de 6 mois à avoir leur audience, d'autres en 1 mois ils avaient la convocation. C'est très variable. Harry c'est donc un peu plus de 3 mois.

La semaine prochaine, ça sera un chapitre consacré à sa mammec et on reverra... certains personnages que vous appréciez ;)