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Chapitre 3

Bonjour !

J'espère que vous allez bien, merci de lire cette nouvelle histoire ^^

Aujourd'hui on retrouve Harry chez la psy.

*****

— Chapitre 3 —

29 août 2019.

C'est ma troisième séance de psy. Il se trouve qu'on m'en a conseillé une pas trop nulle pas loin de là où je bosse. Par pas trop nulle, j'entends : pas trop transphobe, pas trop homophobe, pas trop acephobe, pas trop psychophobe. Un peu féministe. Ça devrait être le minimum. Sauf que non. J'ai demandé des conseils sur un groupe Facebook et il y a une meuf trans de Clermont qui m'a dit la consulter elle. Donc j'ai tenté le coup.

Pour le moment ça va. Mais j'ai pas parlé de tout. Y a des trucs, j'ose pas encore. Par exemple, je lui ai pas dit que j'étais asexuel. D'une part parce que ce n'est pas venu dans la conversation et d'autre part parce que j'ai trop peur qu'elle dise de la merde. Qu'elle voit mon asexualité que comme une conséquence de mon passé sexuel. Je sais ce qu'il en est. Je sais que je devrais sans doute en parler un jour ou l'autre. Mais ce n'est pas ma priorité pour le moment.

— Très bien, la dernière fois nous avions terminé la séance sur la question de la colère. Est-ce que vous voulez qu'on poursuive sur ce sujet ou vous avez envie d'aborder autre chose ?

— Non bah on peut continuer là-dessus.

Je déteste les débuts de séance. Quand il faut commencer à parler. Ce n'est pas la première fois que je vois une psy. J'en avais vu un juste après la prépa, via le BAPU. J'avais pas pu choisir le psy, mais c'était gratuit alors j'avais pas trop fait la fine bouche. Ça a duré quelques mois. Ça n'avait pas vraiment été concluant. C'était un mec de l'ancienne école, qui ne décrochait pas un mot et faisait « hum hum » à intervalles réguliers. J'ai des souvenirs traumatisants de séances où je ne parviens pas à décrocher un mot.

Après il y a eu la psychiatre pour obtenir l'attestation qui m'a permis de voir un endocrinologue. J'en avais trouvé une qui acceptait de faire l'attestation après seulement trois rendez-vous. C'était vraiment une grosse blague ce « suivi ». Techniquement, c'est pas obligatoire, mais la plupart des endocrino refusent de prescrire des hormones sans un papier signé d'un psychiatre qui atteste qu'on est bien trans. J'étais retourné la voir quelques fois, sans grande conviction. Ça fait longtemps que je sais que j'ai besoin d'un suivi psy. Mais ça ne collait pas. C'est dur de trouver la bonne personne.

Aujourd'hui c'est différent. Je pense que j'en suis arrivé à un point où je sais que je n'ai plus le choix. J'ai besoin d'avancer. J'ai besoin de me défaire de toute cette colère qui me bouffe.

— Vous aviez commencé à me parler de votre engagement contre la Loi Travail, me rappelle la psy.

C'est une femme assez petite, plus petite que moi. Elle a les cheveux très courts et des yeux marron doré. Elle a l'air assez jeune, je ne lui donne pas plus de trente ans. Vingt-sept, disons. Elle doit être au début de sa carrière, je suppose.

— Ouais bah... C'est à partir de ce moment-là où j'ai commencé à sécher les cours. En prépa, je veux dire. J'allais aux manifs, à Nuit Debout place de la rep. J'étais le seul à faire ça, dans la classe tout le monde s'en foutait. Ou presque. Disons qu'ils avaient d'autres priorités. Une fois j'ai des amis qui sont venus avec moi à Nuit Debout, un samedi. Je pensais que ça les motiverait, mais... ouais bah j'étais vraiment tout seul. Je crois que c'est la première fois où j'ai été autant en colère, mais en même temps c'était pas comme maintenant. J'étais motivé. Limite ça me rendait heureux. J'ai trop des bons souvenirs en vrai, des gens que j'ai rencontrés. J'avais l'impression de participer à la construction de quelque chose de nouveau, un truc vraiment utile. C'était ouf. On se doutait pas une minute qu'on allait perdre. Y avait tellement de mobilisation, on pensait pas qu'ils pourraient passer la loi. Ils nous l'ont quand même mis bien profond.

C'est très étrange de repenser à cette époque. On s'est tellement battus. On a tout donné. Tout ça pour quoi ? Pour rien. La loi est passée. Le gouvernement nous a craché à la gueule. Et en plus, c'était Hollande à l'époque. Ils étaient censés être un peu moins de droite.

— Pourquoi vous séchiez les cours ?

Elle sait appuyer là où ça fait mal. Je grimace, détourne le regard.

— Pendant longtemps, j'ai prétendu que c'était parce que je considérai que la mobilisation sociale était plus importante, et puis de toute manière j'avais aucune envie de faire partie des élites, de devenir ingénieur et de participer à ce système de merde. Mais en vrai... c'est juste que je voyais mes notes dégringoler, j'arrivais pas à travailler et je savais que j'étais en train de me planter, que j'allais pas y arriver, que j'aurais jamais mon année. C'était plus simple de me dire que j'arrêtais volontairement la prépa pour des raisons politiques plutôt que d'accepter que j'étais pas à la hauteur.

— Vous avez l'impression d'avoir échoué ?

— Bah c'est un fait, je réponds en haussant les épaules.

— Et pourquoi ça serait négatif ? Est-ce que c'est grave d'échouer ? Ça fait forcément de vous quelqu'un de moins bien ?

— Je vois ce que vous voulez dire et sur le principe, franchement je suis d'accord. On devrait pas corréler la réussite scolaire ou professionnelle sur la valeur des gens, mais...

— Mais votre valeur à vous, vous pensez qu'elle est liée à votre réussite scolaire.

— Je le fais pas exprès hein. Mais putain... j'ai été dans l'une des plus prestigieuses prépa de France. Mon meilleur ami fait Centrale Paris. Mon ex est à Polytechnique. Je me fous de leur gueule en disant qu'ils sont devenus de droite, mais... ouais bah je suis jaloux. Je suis méga jaloux. Parce que moi je me suis planté comme une merde.

Putain, j'ai les larmes qui me piquent les yeux et une vieille boule dans la gorge. C'est la première fois que je formule ça à voix haute. Ça fait mal. Parce que j'aimerais m'en foutre. J'aimerais avoir vraiment choisi de ne pas faire une grande école. Sauf que c'est faux. C'est seulement que j'ai pas réussi à y entrer. Je me suis rarement senti aussi pathétique. Quoi que, ça devient une habitude ces temps-ci. Je suis vraiment ridicule. Je me déteste.

En tout cas, j'ai mis le doigt sur un sentiment qui était caché sous ma colère. La jalousie. Ça me frappe tout d'un coup. Je suis jaloux. Tellement jaloux. De Min-Jae. De son couple, de son mec, de leur chat et de leurs projets. Même de leur vie sexuelle. De Jade qui vit sa meilleure vie en ce moment. De Gwen qui va être élue présidente d'HoMag. De Romane qui pécho toutes les meufs qu'elle veut. De Priam dont le coming-out a été si bien accueilli quand le mien a été si douloureux. De David, de Léo, de leur couple mielleux. De mon frère qui a la chance d'être cis. Je crève de jalousie.

Je me mets à pleurer. J'arrive plus à me contrôler. Il faut que ça sorte. La psy me tend sa boite de mouchoirs. C'est tellement risible. J'arrive pas à croire que j'en suis arrivé là.

— Vous avez le droit d'être jaloux. Comme vous avez le droit d'être en colère. Et triste. Et même heureux. Votre problème, j'ai le sentiment que c'est surtout que vous cherchez tellement à contrôler toutes vos émotions, qu'au bout du compte, vous explosez et vous êtes submergé.

— Ouais, c'est tout moi ça.

— J'ai envoie de vous poser une question. Qu'est-ce que vous pensez de vous-même ?

J'ai un rire nerveux. Je suis une merde et je me déteste, je pense que ça résume bien la situation.

— Je pense que vous devez apprendre à vous aimer, Harry.

— C'est pas gagné... déjà si je pouvais réussir à me supporter, ça serait déjà pas mal.

— Pourquoi ? Pourtant vous êtes un jeune homme talentueux. Peut-être que vous n'avez pas fait de grande école d'ingénieur, mais vous avez quand même validé votre licence. Vous êtes engagé, vous avez de convictions, vous vous démenez pour faire bouger les choses. Ce n'est pas rien.

— Ouais... sans doute, je lui accorde.

Disons que si je me rencontrais dans la vie, sans doute que je me ferai bonne impression. Mais les apparences sont parfois trompeuses.

— Je dis pas que je fais jamais des trucs bien mais... j'ai bousillé la vie de tous les gens autour de moi. Franchement, j'arrive même plus à me regarder dans le miroir, je lui confie en baissant les yeux.

— C'est peut-être vous accorder un peu trop de crédit, non ? Je doute fortement que vous ayez réellement bousillé la vie de vos proches.

Je sais pas. Je hausse les épaules. J'ai foutu en l'air mon couple et j'ai participé au outing du mec de mon meilleur ami, faisant du meilleur ami en question une cible parfaite pour le harcèlement des connards de notre classe. Alors que j'étais supposé être la personne en qui il pouvait avoir confiance. Si ça c'est pas bousiller la vie de quelqu'un...

— Parlez-moi de ce qui vous fait penser que vous ne méritez pas de vous aimer ni d'être heureux.

Je soupire. Et je commence à raconter. C'est long. Et je ne suis qu'au commencement de ce travail sur moi. Je sais que ça ne va pas être facile. J'ai conscience que tout ne va pas s'arranger en quinze jours. Ça va prendre des mois. Mais j'ai envie de changer. J'ai envie d'aller mieux. Je n'en peux plus d'être aussi mal. Cependant j'ai besoin d'aide. Je ne m'en sortirai pas tout seul.

Alors je parle. Je parle encore et encore. Pour mieux me comprendre, pour enfin tout déballer, en espérant que ça m'aide à retrouver un certain équilibre. Et peut-être, apprendre à un peu m'aimer.

*****

Ce sera tout pour aujourd'hui !

N'hésitez pas à me donner votre avis. J'avoue m'appuyer énormément sur mon vécu personnel pour écrire Harry, mais je me demande si ça vous paraît cohérent à vous. Bref votre avis m'intéresse !

A dimanche prochain

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