✨ Chapitre 8 ✨
Il hoche lentement la tête en me dit :
- Il était tant que tu le trouves ton plan, je te rappelle que c'est demain...
- Oui mais...
- Laisse-moi deux minutes, me coupe-t-il. Je me change et tu m'expliques tout pendant le repas.
Je hausse les épaules pendant qu'il entre à toute allure dans sa tente. Pour une fois que je vais prendre mon repas plus tôt, c'est une première ! Mais l'urgence est tellement grande que même manger juste en rentrant de la guerre ne me dérange pas.
Aucune once d'émotion ne s'est encore faite ressentir. Je ne montre rien mais au fond de moi, c'est la panique générale. Ne rien ressentir commence à me faire peur et je me demande sans cesse combien de temps il me reste avant que mon Dragon prenne la totalité de mon esprit. Raphaël me sort instantanément de mes pensées quand il pose sa grande main sur mon épaule :
- Tu viens ? me propose-t-il gentiment.
Je le suis dans dire un mot, mettant en ordre toutes les idées de mon plan. Arrivés au réfectoire, j'ai enfin toutes mes idées en place.nOn s'assoit à nos places habituelles, c'est-à-dire au fond de la cantine, à l'écart des regards indiscrets. Deux Démons viennent nous servir deux repas différents. Pour Raphaël, c'est de la viande cru ainsi que des légumes du même régime alors que, pour moi, la viande est un peu cuite accompagnée de purée. Heureusement, j'ai toujours été habituée à la manger saignante sur Terre.
En vérité, je n'ai pas tellement faim, mais je sais autant que Raphaël que c'est l'endroit le plus discret du campement.
- Alors Diana, ce plan ?
Je repose ma cuillère dans mon assiette et relève la tête pour planter mes yeux noirs dans les siens.
- J'ai besoin de toi pour mon plan, Raphaël. C'est pour ça que je tiens à te le dire...
- Tu ne m'en aurais pas parlé s'il en avait été autrement ? me demande-t-il.
Je baisse misérablement la tête devant son regard plus qu'insistant.
- J'ai toujours ta trahison en travers de la gorge. C'est pas que je ne te fais pas confiance c'est juste que... Je doute. C'est normal, non ?
Il souffle légèrement en reposant sa viande.
- Je t'ai déjà dit tout ce que j'avais à te dire Diana, je ne peux rien faire de plus. Je me suis excusé des centaines de fois. Je m'en veux et tu sais au plus profond de toi que c'est vrai...
- Il me faut juste du temps, Raphaël...
Je prends une petite cuillerée de purée avec peu d'enthousiasme.
- Tu voulais me parler du plan, m'incite-il.
- Oui, c'est vrai... Bon, en fait, c'est un plan simple, très simple, mais je n'aurai pas beaucoup de temps pour le mettre à exécution.
- Raconte-moi ton plan et en quoi je suis utile dedans ?
Il me regarde, son petit sourire en coin rassurant.
- Tu ne me coupes pas ? Sinon je vais tout oublier, je le préviens.
- Non, ne t'inquiète pas, tu peux y aller.
- Alors, en fait, dans ma ceinture d'armes, dans l'une des deux petites bourses en cuir, il y a des fleurs d'Hamamélis. Elles font parties de la catégorie des plantes somnifères. Ce sont les seules que j'ai pu me procurer quand j'étais sur Démonia...
Je prends un bout de viande et continue, après avoir avalé :
- Il faut les préparer en tisane pour que les Démons ne remarquent rien en les buvant. Quand ils les boiront, ils mettront cinq minutes, selon Domios à s'endormir. Ensuite j'aurai exactement vingt minutes avant qu'ils ne se réveillent. Pendant ce temps, je me rendrai à See&Luce, là où ils lèvent leur campement pour les prévenir du danger qu'ils courent. Alors ?
Il me donne l'impression de sortir de sa torpeur :
- Á vrai dire, il y a plusieurs choses que j'aimerais savoir...
- Vas y, je t'écoute, je lui réponds en souriant, fière de mon plan.
- Alors, déjà, ton plan n'est pas trop mal et pourrait fonctionner si tu as des réponses à mes questions.
Je hoche doucement la tête en buvant une gorgée d'eau.
- Á qui vas-tu dévoiler le plan d'Arittan ? Parce que, jusqu'à preuve du contraire, ils te haïssent d'après ce que tu m'as dit. Pourquoi te croiraient-ils ?
- Je... Je vais seulement le dire à mes amis. Ce sera ensuite à eux de le dire à tout le monde, je leur laisserai cette mission.
- Es-tu vraiment sûre qu'ils sont toujours tes amis, comme tu le dis ? Qu'est-ce qui te dit qu'ils ne vont pas te rejeter et ne pas t'écouter ?
- Ils vont le faire, je le sais. Ils m'ont connue assez longtemps pour savoir quand je mens et quand je dis la vérité. Certes, ça a dû leur faire un choc de me revoir mais ils ont quand même la tête sur les épaules et, j'en suis sûre, ils m'écouteront.
Il finit sa viande en me disant, entre deux bouchées :
- Pas mal... Ensuite, comment comptes-tu réveiller les Démons une fois revenue ?
- Je les laisserai se réveiller tranquillement et puis on va bien trouver quelque chose à leur dire à leur réveil, non ? Ils sont tellement stupides !
Il rigole légèrement en prenant une gorgée d'eau.
- Toi et l'improvisation alors... Et, comment comptes-tu préparer une tisane avec trois Démons dans ta tente ? Tu vas te faire attraper à coup sûr...
Mon visage s'illumine.
- C'est là que tu interviens.
- Comment ça ? me demande-t-il troublé.
- Tu sais faire des infusions ou pas ? Tu sais comme le thé sur Terre ? Avec l'eau chaude et...
- Oui, oui, je sais mais... Tu veux que je fasse du thé ? Tu te fiches de moi ? Je pensais que j'allais avoir un rôle d'action ! Mais non, je vais faire des tisanes...
Il mime une tête outrée qui me fait échapper un petit rire malgré toute ma volonté pour ne pas l'en sortir.
- S'il te plaît Raph, tu es ma seule chance de réussite ! Si tu échoues dans ta mission, c'est tout mon plan qui tombe à l'eau.
Il lève les bras au ciel, faisant retourner quelques têtes sur son passage.
- Quelle responsabilité ! rigole-t-il.
Il me remonte le moral, c'est pas croyable.
- Bon... On y va, je vais devoir te donner ce que tu sais, je dis en voyant quelques Démons tendre l'oreille.
Il prend ma main et nous quittons le réfectoire. Une boule se forme dans mon ventre quand je me rends compte que je n'ai toujours pas pleuré. Pas une seule fois depuis hier soir.
« Mais que se passe-t-il... ? », je me demande avec de plus en plus d'inquiétude.
Nous arrivons rapidement à ma tente et je donne trois des six fleurs que je possède à mon frère. Domios m'a dit que quatre suffiraient pour cinq Démons. Comme il n'y en a que trois, je me dis que, peut-être, je ferais mieux d'en économiser.
- Tu me rapportes les quatre tisanes à la tombée de la nuit.
Je me rapproche encore plus de lui pour lui murmurer dans l'oreille.
- N'oublie pas de me dire dans quelle tasse tu n'en as pas mis, je lui souris.
Il sort d'un pas pressé de la tente en saluant les gardes à l'entrée.
« Bon, maintenant il faut que j'amadoue les Démons », je pense en me levant.
- Merci, je dis au Démon se tenant dans un coin de la tente.
Il semble désorienté. Sûrement ne doit-il pas avoir l'habitude d'être traité ainsi.
- Et pourquoi un tel remerciement ? me questionne-t-il.
- Pour ce que vous avez fait pour moi, je continue. Lorsque que je vous ai demandé de vous retourner pour me changer, par exemple, vous l'avez fait sans rechigner, malgré les ordres d'Arittan.
Il est complètement décontenancé.
- Merci aussi de veiller sur moi, car au final, c'est ce que vous faites. Merci...
Je me retourne pour boire un peu d'eau. Je souris devant mon jeu d'actrice.
- Mais de rien, Mademoiselle Diana, me dit-il, je ne fais que mon devoir.
Je me tourne en me croyant dans un de ces films que je regardais.
- Non... Vous avez fait bien plus que votre devoir !
J'explose littéralement de rire au fond de moi. C'est tellement drôle la manière dont il est tombé dans mon piège improvisé.
Je lui fais ensuite un petit geste de la main et sors de ma tente. Il faut à présent que je m'occupe de Monstro et de Clerco, mes deux gardes-tente. Je m'en vais les trouver, juste devant mon dortoir et leur intime de bien vouloir s'assoir.
- Pourquoi cela Diana ? m'interroge Monstro.
- Je voulais vous parler, mais vous êtes beaucoup trop hauts pour moi, je leur dis en souriant.
Ils sourient aussi tous les deux, l'air niais. Que cette espèce est stupide !
- Tu voulais nous dire quoi ? demande rapidement Clerco en regardant autour de lui.
- Qu'est-ce qui se passe Clerco ? Pourquoi tu regardes autour de toi ? je demande en fronçant les sourcils.
« Et hop ! Changement de sujet improvisé. Tant mieux, je ne savais plus quoi leur raconter ! », je pense, me rassurant un peu.
- Si Arittan nous voit en train de discuter avec toi, affalés sur le sol, il va piquer une de ces crises !
Monstro acquiesce stupidement mais je balaie la situation d'un revers de la main.
- Ne vous inquiétez pas. Votre rôle est bien de me protéger, non ?
Ils répondent positivement tous les deux.
- Alors, je suis bien avec vous en ce moment. Arittan ne va pas vous en vouloir de rester avec moi, si ?
Cette fois, ils secouent la tête. J'allais enchaîner, l'inspiration arrivant, mais je vois Raphaël arriver au loin. Il est temps de mettre mon plan à exécution.
- Tenez ! Vous ne voudriez pas rentrer dans ma tente ? J'ai mes armes à nettoyer et j'ai un horrible mal de dos depuis la bataille d'aujourd'hui.
Ils se regardent, douteux et Monstro me dit :
- Et Lino ? Il ne peut pas s'en charger ?
Je suppose que Lino est le Démon à l'intérieur. Je ne connaissais même pas son nom.
« Vite ! Vite ! Trouve quelque chose à dire ! », je m'affole.
- Lino est chargé de rester dans ma tente. Il n'a pas ordre de bouger. Il doit simplement me surveiller à l'intérieur de la tente...
« Faites qu'ils y croient, faites qu'ils y croient », je prie intérieurement.
- C'est d'accord ! disent-ils en chœur en se levant.
Je lance un clin d'œil à Raphaël avant de m'engouffrer dans ma tente.Le ciel est maintenant noir et parsemé d'étoiles de toutes tailles. C'est magnifique !
Raph a dû attendre quelques instants dehors pour ne pas lever de soupçons car il ne rentre que quelques minutes plus tard.
- J'ai apporté des tisanes ! crie-t-il en entrant, faisant ainsi arrêter l'activité des Démons qui tournent tous leur tête vers lui.
- Sire ?
Il secoue la tête en posant le plateau de quatre bols sur ma table.
- Appelez-moi simplement Raphaël quand nous sommes entre nous, quand il n'y a pas Arittan.
Les trois créatures hochent la tête et Raphaël enchaîne :
- Je venais ici pour encourager Diana pour la dure journée de demain ! Tous nos espoirs reposent sur elle... !
Je sens dans sa voix qu'il n'en pense pas un mot mais c'est parce que je le connais. Monstro, Clerco et Lino n'ont pas l'air de s'en rendre compte car ils sont comme captivés par la voix de mon frère.
- ... Je suis venue pour qu'on boive un petit verre en son honneur !
Il distribue trois des tasses chaudes aux Démons et m'en donne une, prétextant que lui, n'aime pas l'eau chaude. Ils ont l'air perdu et j'ai envie de rigoler. Mais Monstro se prête au jeu en levant son verre et en s'exclamant :
- Á Diana, et à la victoire des Démons !
Clerco ainsi que Lino, mais aussi Raphaël, répètent cette phrase et nous buvons dans nos verres respectifs. Raph, lui, regarde la scène avec un regard amusé. Nous savons tous les deux pour quelle raison !
- Alors, cette tisane ? demande mon frère quand nous avons tous fini nos verres.
- Pas mal du tout ! disent en chœur Monstro et Clerco.
Nous nous regardons et explosons de rire. Ils pensent que ce sont des rires de joie et rigolent aussi. Raphaël ramasse les verres et les reposent sur le plateau. Les trois Démons ont repris leur activité set nous attendons quelques instants. Ils arrêtent tous les trois leur activité en même temps et tombent dans un sommeil profond. Raphaël s'approche d'eux et soulève l'œil de Lino.
- C'est bon, Diana, t'as vingt minutes à partir de maintenant !
- Et toi, Raphaël, tu vas faire quoi ?
- Je vais rester ici, il faudra bien que je trouve une couverture pour toi en cas de besoin...
Il sourit et je lui claque un bisou sur sa joue.
- Merci. Merci pour tout, Raph !
Et je disparais dans la nuit noire, direction See&Luce...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro