✨ Chapitre 34 ✨
J'ouvre à fond le robinet de la douche et laisse l'eau chaude couler sur mon corps. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris une douche sereinement, sans Démon à ma porte, sans douche collective, sans être pressée par la guerre. Juste une douche simple qui fait du bien.
Je me suis réveillée aux alentours de dix-sept heures et cette bonne sieste de sept heures m'a fait énormément de bien, je suis revigorée. J'essaie vraiment de faire abstraction de tout ce qui a pu se passer dans ma vie ces derniers temps, notamment le décès de mon grand frère. Il a laissé une douleur immense en moi, un morceau de mon cœur est parti avec lui. Mais j'essaie de faire avec malgré la douleur ; après tout, je suis revenue sur Terre pour me changer les idées et essayer d'oublier. Oui, essayer.
- Mélina, tu peux m'apporter un t-shirt s'il te plaît ! je hurle de la salle de bain pour qu'elle m'entende.
Vingt secondes plus tard, elle m'apporte un haut et un short. Même si ce matin était plutôt frisquet, cette fin d'après-midi est chaude et ensoleillée. Une fois habillée et coiffée, je descends au rez-de-chaussée dans l'espoir de grignoter un petit quelque chose. Mais, à ma grande surprise, je vois Mélina en train de jouer à un jeu de cartes avec Julien.
- Tu n'es toujours pas parti ? je m'étonne en allant chercher un cookie.
- Je ne voulais pas partir sans avoir eu l'occasion de discuter avec toi. J'ai peur que tu ne repartes soudainement. Je veux avoir la chance de tout réparer. Si tu me la donnes.
Sa dernière phrase est comme suppliante. Mais ne voulant plus faire de mal à personne, je décide de m'asseoir autour de la table avec eux et de donner une dernière chance à Julien. Au moins j'aurai la conscience tranquille.
- Je voulais déjà m'excuser pour tout le mal que j'ai pu te faire Selena, commence-t-il en joignant ses mains devant lui. Vraiment. Je n'ai été qu'un égoïste qui ne pensait qu'à sa petite personne. J'en suis extrêmement désolé.
Je l'écoute attentivement mais ne répond pas encore. Je pense qu'il a encore des choses sur le cœur. Pendant ce temps, Mélina s'éclipse dans sa chambre pour nous laisser seul.
- Selena, tu as été mon premier amour. Et on n'oublie jamais son premier amour. Jamais. Et jamais jamais je ne pourrai t'oublier. Tu es une personne unique et je ne suis qu'un débile de t'avoir laissé filer. J'aimerais que tu me donnes une seconde chance. J'aimerais rattraper le temps perdu.
J'apprécie ses compliments mais trop de temps est passé depuis qu'on ne se parle plus.
- Je ne pense pas que tu pourras rattraper ce temps perdu. Vraiment. Il s'est passé beaucoup, beaucoup trop de choses pour ça. Des choses dont je ne parlerai pas.
- Je ne te demande pas de tout me raconter. On peut même repartir de zéro, Selena. J'ai passé quatorze mois de ma vie à t'attendre, quatorze mois de ma vie à t'aimer encore plus fort qu'avant. J'ai toujours eu l'espoir qu'on se reverrait. Redonne nous une chance, s'il te plaît...
Il attrape une de mes mains posées sur la table et la serre fort. Ce qu'il me dit me touche énormément mais je lui dois la vérité. Je retire alors ma main de la sienne brutalement et plante mes yeux dans les siens.
- Julien, écoute, il n'y a plus de nous. Je te pardonne tes erreurs car j'ai mes torts aussi et on se doit d'avancer. Mais le nous n'existe plus. Nous ne serons plus jamais en couple.
- Tu as quelqu'un dans ta vie ? m'interroge-t-il doucement.
- Oui, il s'appelle Liam et il me rend extrêmement heureuse.
- Il... Il est comme toi ?
- Un être magique tu veux dire ? je demande avec un petit sourire triste.
- Oui.
Je souris bêtement en repensant à mon copain.
- Oui, c'est un être magique comme moi. Et il a le même pouvoir que moi : le feu.
- Et comment sais-tu qu'il t'aime vraiment ? Qu'il ne te lâchera pas ?
Je suis quelque peu décontenancée par sa question mais y répond quand même. Bon, mon but était d'oublier Endora, c'est peine perdue.
- Julien, écoute, le temps ne passe pas à la même vitesse ici et sur Endora, « le pays magique », comme tu dis. Ici, quand il s'est passé une année, là-bas, il s'est passé neuf ans. Neuf ans, Julien ! Et, je t'épargnerai les détails, mais pendant ces neuf ans où j'étais disparue, j'étais en réalité en prison, on va dire. Je n'ai vu personne pendant neuf ans. Et même après tout ce temps, Liam m'aime encore, m'aide encore et est toujours à mes côtés. Alors oui, il ne me lâchera pas j'en suis certaine. J'ai trouvé l'Amour de ma vie, avec un grand A.
- Si c'est l'Amour de ta vie, alors pourquoi tu n'es pas avec lui en ce moment même ?
Je ne vois aucune once de méchanceté dans sa voix. Juste une simple réflexion. Mais je me rends compte qu'il a raison. Je fronce les sourcils.
- Je viens de penser à un truc..., je murmure plus pour moi même.
- Oui ?
- Je me rends compte que ma vraie vie n'est pas ici. J'ai ma famille, certes, mais je n'ai plus personne autour de ça, à part toi. Enfin, ce que je veux dire, c'est que je ne me vois pas reprendre les études, même si j'étais persuadée du contraire, trouver du travail, vivre « normalement ». J'ai passé tellement d'année dans la peau de mon autre moi que je ne me sens pas capable d'assumer une vie de simple terrienne.
Les larmes me montent aux yeux tant je parle ouvertement de tout ce que j'ai sur le cœur.
- La magie fait parti intégrante de ma vie et même si j'ai vécu des choses atroces, ça reste mon vrai moi. À la base, c'est vrai, je n'ai jamais été terrienne, j'étais endorienne à ma naissance et rien n'y changera. Puis, plus j'y pense, plus je me rends compte que je n'ai plus personne ici, à part vous. Mais tout le monde a continué sa petite vie. Je ne veux pas être maternée ici, à attendre l'affection des gens, parce que, évidemment vous avez tous vos propres vies, alors que j'ai tout l'amour et toute l'attention de mes proches dans l'autre monde.
Pouvoir parler de tout ça à quelqu'un me fait un bien fou. Je vois Julien m'écouter attentivement, je ne vois que de la sincérité et de la compréhension dans ses yeux.
- C'est là, maintenant que je t'en parle et que je réfléchis depuis ce matin, que je me rends vraiment compte que, malgré tout ce qui a pu se passer, j'aime ma vie magique
- Pourquoi tu n'y retournes pas, alors ? Déjà plusieurs semaines ont dû s'écouler depuis ce matin que tu es revenue, non ?
Il réfléchit vite, j'aime bien.
- J'avais déjà besoin de me ressourcer et de me retrouver, c'est pour ça que je suis venue. Mais je pensais que ça prendrait beaucoup plus de temps pour que je me rende compte que ma vie endorienne me manque. Mais vos vies ont continué et c'est normal. Mais la mienne n'est pas ici.
- Retourne là-bas dans ce cas.
- Je ne peux pas, je déclare sèchement.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est la guerre là-bas, si j'y retourne, je vais devoir tuer. Encore. Et il n'y a qu'une seule personne que je veux tuer pour le restant de mes jours.
- Et cette personne se trouve dans cette guerre ? me demande-t-il, m'étonnant.
- Oui, c'est celui qui dirige le camp adverse.
- Alors pourquoi est-ce que tu n'y retournes pas, tu le tues et, ensuite, tu vis ta vie comme tu l'entends. Tu peux faire des allers-retours entre ici et là-bas et tu vivras la vie que tu veux.
Je souris face à sa solution qui paraît si facile.
- Julien, ce n'est pas si simple. Je ne suis même pas sûr de pouvoir tuer cette personne sans mourir aussi. Il est très puissant. Et ça ne me garantit pas qu'il n'y aura pas de dommage collatéraux.
- Si tu n'essaies pas, tu ne le sauras jamais.
Il n'a pas tort.
- Et après cela, si tu es toujours en vie, ce que je souhaite plus que tout au monde, tu pourras vivre une belle vie. Tu pourras voir ta famille ici et vivre ta vie sur... Endora, c'est ça ?
Je hoche la tête pour lui confirmer.
- Voilà, alors Selena, tu te dois d'au moins essayer. De te dire que tu as essayé de prendre ta vie en main et que tu arrêtes de subir ce qu'on t'impose.
Il a raison. Je peux retourner sur Endora, m'excuser auprès des Sages, leur expliquer que je ne tuerai qu'Arittan et, si je m'en sors après tout ça, vivre enfin ma vie.
- Je prendrai une décision ce soir, pour le moment mes frères vont rentrer, je vais enfin pouvoir les revoir après tout ce temps et passer un moment avec eux. J'aviserai en fonction. Mais je pense que tu as raison. Je dois arrêter de subir ma vie, je dois la vivre pleinement.
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