✨ Chapitre 25 ✨
PDV Liam :
Voilà bien une heure que je fais les cent pas dans le petit salon. Une rumeur circule comme quoi Diana aurait eu une crise de je-ne-sais-quoi et je n'ai pas d'autres informations en plus. Ça me met hors de moi. Personne ne daigne me donner des réponses à mes questions. Du coup, j'ai appelé Léandre, qui semble être au courant de la situation mais celui-ci m'a avoué qu'il était en plein entretient avec les Sages et qu'il me parlerait plus tard. Quelle chance, tient !
« J'en ai marre ! », je hurle intérieurement de rage.
Je donne un rageur coup de pied dans le fauteuil et m'en vais, les poings serrés, à l'extérieur de la petite maison. Lorsque je sors, tout m'a l'air normal. Et pourtant, je sais que ma copine est quelque part et qu'elle ne va pas bien. Mais, après notre dispute, je me suis rendue compte que beaucoup de choses me séparaient d'elle. Elle avait peut-être raison, finalement. Je ne sais rien de ce qu'elle a pu vivre d'atroce sur Démonia. Je n'ai pas le droit de la juger, moi, son petit-ami. Elle est même peut-être passée à deux doigts de la mort, je n'en sais strictement rien. Elle n'en parlera sûrement jamais... Et ça me rend complètement dingue, vraiment. C'est égoïste, je sais, mais je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir pour ça. Je me déteste d'être comme ça ! Je ne veux pas la perdre à nouveau. Je veux juste qu'elle reste avec moi, le plus longtemps possible. Je l'aime tellement cette fille... !
PDV Diana :
Après ce que je viens de lui dire, Liya a relâché mes mains. J'ai senti les mauvaises ondes arriver avant qu'elles ne surviennent.
- Tu ne peux pas faire ça, Diana... Pas maintenant que nous venons de te retrouver.
Elle se lève et place deux de ses doigts sur l'arête de son nez.
- Raphaël a tout fait pour te libérer, jusqu'à mettre sa propre vie en danger. Il savait qu'en te sauvant, c'est lui qui paierait le prix cher. Il le savait ! Et pourtant, il a malgré tout décidé de te sortir des griffes de ce monstre qu'est Arittan.
Elle respire profondément avant de continuer. Moi, je la regarde, ahurie :
- Nous ne t'avons pas sauvé pour que tu t'enfuies à nouveau Diana. Ici, tu es en sécurité. Lorsque tu ne seras plus ici, tu seras à la merci des millions de Démons qui ne veulent qu'une seule chose : te ramener sur Démonia. Ne crois pas qu'Arittan t'a gentiment oublié. Il attend juste le bon moment. Et ce moment, il le trouvera lorsque tu ne seras plus ici...
Elle n'a pas l'air de comprendre. J'ai la capacité de réduire une marrée de Démons en cendres. Ce qui m'en a empêcher c'est l'attraction qu'avait Arittan sur moi. J'étais comme un pantin qu'il pouvait manipuler à sa guise. J'étais impuissante. Mais aujourd'hui, je suis enfin comme j'étais avant, voir plus endurante. Personne ne se donne la peine de comprendre. Pas même Liya.
- Je ne veux juste pas participer à la guerre. Mettez vous ça, toi et Liam, dans la tête.
J'essaie tant bien que mal de ne pas croiser son regard et m'en vais, les larmes roulant sur mes joues. Ma meilleure amie ne dit rien de plus, et c'est mieux comme ça, je suppose. Je me retrouve dehors, complètement perdue. Je ne sais même plus ce que je fais ici, ni le sens de mon existence en ce moment. J'ai l'impression de ne plus servir à rien. Je suis en train de tout perdre...
J'avance dans le village sans me préoccuper des yeux fixés sur moi. Je ne veux voir personne. Enfin... J'aurai simplement voulu que quelqu'un me comprenne, ne serait-ce qu'une fois. J'aurai tout simplement voulu que mon frère soit encore là. Ou ma mère terrestre... Ils me manquent tellement.
Mais pendant que mes pensées s'entremêlent, je ne vois pas la personne arriver en face de moi en courant et me cogne brutalement à elle. Nous tombons toutes les deux et lorsque je relève ma tête douloureuse, je me rends soudain compte que cette personne est Arthur.
- Excuse-moi, Diana, je ne t'ai pas vu arriver.
Bizarre. Depuis quand Arthur me parle ? Depuis quand est-il aimable avec moi ? Parce qu'aux dernières nouvelles je n'étais qu'une manipulatrice, une lâcheuse et une menteuse.
- Ça va ? me demande-t-il inquiet, alors que je suis toujours au sol et lui debout, à présent.
- Euh... On se parle maintenant ? je lance sarcastiquement. Non, parce qu'il faut me prévenir, hein, quand on change son fusil d'épaule.
Je me lève à mon tour en retirant l'herbe de ma combinaison.
- J'allais justement venir te parler.
- Oh ! Et qu'est-ce qui t'a soudainement donné envie de venir me rendre une petite visite ?
Il tripote nerveusement son épée avant de planter ses yeux dans les miens.
- J'ai appris que tu n'allais pas bien.
- Les nouvelles vont vite à ce que je vois !
- Et je me suis rappelé d'une chose, s'empresse-t-il de me dire en s'avançant d'un pas.
Je recule légèrement, surprise. Maintenant, c'est à mon tour de toucher mon épée.
- Je t'écoute, je l'encourage, essayant de refouler la haine qui est en train de remonter à la surface.
- Je... Je me suis rappelé que... Avant, à la « belle époque », comme je l'appelle, c'était souvent à moi que tu te confiais. Parfois même avant Liya. Je me rappelle, tu avais toujours besoin d'un avis masculin et tu ne pouvais pas tout dire à Liam...
Je souris doucement en fermant les yeux, visualisant cette « belle époque ». C'est vrai. Arthur était quelqu'un d'important pour moi. Avant. Lorsque je rouvre les yeux, je remarque qu'il me regarde toujours.
- Mais c'était avant, Arthur. Tout ce qui a pu se passer à la « belle époque », c'est du passé. Rien que des bons souvenirs. Il s'est passé tant de choses depuis que...
Je me pince à mon tour l'arête du nez, à la manière de Liya.
- Je ne sais pas si je te pardonnerai ton comportement Arthur. Tu ne pouvais pas me faire ça, à moi. Tu ne pouvais tout simplement pas.
Lorsque je relève la tête pour observer son attitude, je vois des larmes perler dans les noisettes de ses yeux.
- Je le regrette tellement, Diana... Mais... Il n'y a pas qu'à toi que j'ai fait du mal. C'est ma façon de me protéger. Je retourne les gens contre moi pour ne pas me sentir coupable de leur perte.
- Quoi ? Comment ça ? Je ne comprends rien..., je lui dis en fronçant les sourcils.
Il s'avance à quelques centimètres de moi, attrape doucement ma main, observant si je vais la lâcher ou non, et, voyant que je ne fais rien, nous téléporte à l'orée de la forêt, face à un champs.
- Nous serons mieux pour parler ici, déclare-t-il, un peu plus sûr de lui.
Sur le coup, j'ai un peu peur d'un piège et puis, mes soupçons s'amenuisent, m'encourageant à écouter mon ex meilleur-ami.
- Je t'écoute, dis-je distraitement en arrachant un peu d'herbe et en regardant au loin.
Je ne le regarde pas mais écoute attentivement ce qu'il me raconte.
- J'ai été odieux avec toi, simplement pour me protéger. C'est égoïste, je le sais, mais c'est ma façon à moi d'éviter de sombrer.
Je tourne légèrement la tête pour observer son attitude et me rendre compte qu'il ne ment pas. En effet, ses yeux sont brillants, il tremble légèrement et regarde dans le lointain. Je le connais un minimum et il ne peut pas être plus sincère que maintenant.
- J'ai fait ce coup à toi, Liya et Liam, continue-t-il. C'est horrible, méchant et mesquin. Je fais du mal aux gens pour me protéger de leur perte futur.
- Perte futur ?
- Oui. C'est lorsque la guerre a commencé que j'ai commencé à faire du mal à Liya, pour commencer. J'avais une peur monstre de la perdre lors des batailles alors j'ai préféré me séparer d'elle pour moins souffrir si elle venait à mourir. Mais ça m'a fait plus de mal qu'autre chose. Parce que je l'aime cette fille et qu'elle, elle m'a détesté par la suite. Je la comprends... Mais je ne pouvais pas lui dire. Il fallait que je m'éloigne, que je l'oublie.
- Ce qui n'est jamais arrivé... ?
- Ce qui n'est jamais arrivé, répète-il, la voix brisée.
Je me tourne alors vers lui, en tailleur, pendant que son regard, toujours à l'horizon, ne cesse de me faire de la peine.
- Mais..., je commence. Pourquoi as-tu besoin de te protéger ? Je ne comprends pas.
Il soupire de soulagement. Arthur a peu être garder le poids de ce secret trop longtemps. Il se libère enfin...
- J'ai perdu mon père lorsque j'avais cinq ans. C'est jeune... Ça a été la première personne que j'ai vu mourir dans ma vie. Je l'ai vu mourir sous mes yeux, complètement impuissant. Ça traumatisent ses choses-là. Je n'ai jamais vraiment réussi à m'en remettre. J'ai simplement appris à vivre avec la douleur. Alors, j'ai tellement souffert, que je me suis promis que ça ne recommencerait plus... Mais je ne m'en suis pas vraiment préoccupé pendant la « belle époque ». Á ce moment-là, j'étais heureux et épanoui. J'avais un excellent niveau de magie, j'avais une petite-amie et des amis sur qui compter. Tout allait bien.
- Jusqu'au décès de ta maman, n'est-ce pas ?
- Ça a été le coup de grâce.
Je l'observe attentivement et vois les larmes couler mais aucun son sortir.
- Tu peux pleurer, tu sais..., je lui recommande. C'est ce qui fait le plus grand bien dans ces situations là.
Sur mes mots, il se lâche complètement et je revois le garçon que j'ai connu. Doux et sensible. J'hésite alors à le prendre dans mes bras ou à le laisser, voire même à partir et puis, lorsque je décide de prendre la dernière option, il me prend la main et m'intime de rester avec lui. Ce que je fais donc.
- Après la mort de ma mère et le début de la guerre, c'était une évidence : je devais m'éloigner de ceux que j'aimais. Tu n'étais déjà plus là, j'ai trouvé ça plus facile. Je me suis alors mis dans la tête l'idée que c'était toi qui nous avait abandonné, pour éviter de souffrir. Et je me suis séparé de Liya par la suite. Vous étiez sorties de ma vie et je pensais ne pas souffrir face à votre perte si ça arrivait.
- Tu as dit des choses horribles sur moi, Arthur...
- Je le sais... Je le regrette. Je t'avais oublié et te voir du côté ennemis ne faisait qu'accentuer la rancœur que j'avais envers toi. Mais, lorsque j'ai vu ton frère, il m'a tout de suite rappelé ta personne. Tous les souvenirs sont revenus et il fallait que je les enlève. J'ai alors dit des choses qui n'auraient jamais dû sortir de ma bouche. Et c'est là que je me suis violemment engueulé avec Liam.
Il me lance un dernier regard en murmurant :
- J'en suis tellement désolé...
Il fond en larmes et je le regarde, impuissante. Alors, je fais ce qu'une amie devrait faire, je le prends dans mes bras, en lui chuchotant des mots doux. Au final, on se ressemble un peu, d'un côté. On essaie de se protéger du mieux qu'on peut, de la manière qu'on juge la plus facile, contre les morts des proches. Moi, je refoule tout. Noyant mon chagrin dans ma haine. Lui, il s'éloigne de ceux qu'il aime.
Je me détache un peu de lui, pour le regarder dans les yeux, mais il se presse de nouveau contre moi :
- Reste-là. Je ne veux plus te revoir partir. Je veux que tu me pardonnes, Diana. S'il te plaît...
Pour toute réponse, je me place à côté de lui, mais dans son sens opposé et lui prend délicatement la tête pour la poser sur mon épaule. De là où je suis, je peux voir le sommet de la butte. Je ne réagis pas tout de suite mais, plus les secondes passent, plus je me rends compte que quelqu'un se tient au sommet de cette butte. J'arrête un instant de parler à Arthur pour me concentrer sur la silhouette qui nous observe. Au début, j'ai du mal à le reconnaître et puis, mes soupçons se confirment : c'est bien Liam qui est en train de nous observer depuis un temps indéfini.
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