✨ Chapitre 14 ✨
Un sourire instinctif s'affiche sur nos deux visages. Á ce moment-là, je suis heureuse. Je suis comblée et je n'ai qu'une envie : que cet instant dure une éternité. Malheureusement, je dois brutalement revenir à la dure réalité. C'est comme si je tombais d'un immeuble de quinze étages. Je prends conscience que nous devons partir et que lui aussi. Nous avons des vies différentes à présent, nous devons nous y habituer.
Nous nous enlaçons alors une dernière fois et Liam me souhaite une bonne continuation. Enfin, je suppose que c'est simplement une formule de politesse car on ne peut pas me souhaiter une « bonne continuation ». Je hoche la tête en lui disant au revoir à mon tour.
Je remarque qu'Arthur et le professeur sont à plus de dix mètres de nous, ainsi que Raphaël qui fait semblant d'admirer l'immensité de la forêt. Mais une question importante me vient à l'esprit et je m'empresse de la poser à Liam avant qu'il ne parte pour de bon :
- Comment va Liya ?
Pas que je ne m'inquiète pas pour Jennifer mais Liya reste une personne à qui je tiens beaucoup plus qu'à Jennifer.
Liam passe sa main dans son cou, nerveux. Ça sent mauvais, très mauvais !
- Elle n'est plus en couple avec Arthur et elle le vit très mal. Déjà qu'elle n'était pas bien depuis ta réapparition, si je puis dire, là, elle ne tient plus le coup et est dans une sorte de... dépression !
- Oh... Je...
J'aurais voulu lui poser pleins de questions sur les raisons de cette séparation mais je viens de comprendre que le problème est venu d'Arthur. C'est lui qui l'a quittée pour une raison que j'ignore. Malheureusement, je ne peux pas lui poser d'autres questions. Il m'embrasse une dernière fois et s'en va rejoindre le petit groupe.
- Liya...
Une larme roule le long de ma joue pendant que j'observe le groupe de trois entrer à l'orée de la forêt. Raphaël revient vers moi sans un mot, attrape ma main et m'emporte instantanément à Démonia, au Palais. Nous sommes dans sa chambre et il me demande :
- Tu veux m'accompagner voir Arittan ou tu veux que j'y aille seul ?
- Á la base, elle était pour moi la mission, je lui fais remarquer. Mais ça va très bien, hein ?! J'ai encore la force d'aller le voir. Bon aller on y va ?
Il acquiesce et nous nous engageons dans le dédale de couloirs. Le silence règne entre nous. Il n'est pas gênant, au contraire. J'ai besoin de réfléchir. Il faut absolument que je trouve une solution pour Liam et moi ainsi que pour Liya. Il est impératif que je la voie pendant la semaine de paix. Je ne sais pas comment se passent les semaines de paix sur Démonia, mais je compte bien retourner dans l'Eladaméa.
- Dis-moi, Raphaël, on a le droit de quitter le Palais ou encore Démonia pendant les périodes de paix ?
- Oui, en théorie, me répond-il. Enfin, oui, on a le droit mais... Je ne pense pas que ce sera possible pour toi, si c'est ce que tu veux me demander.
Je souffle d'énervement et il me prend la main, tenant le traité dans l'autre. Lorsque nous arrivons dans le couloir longeant la salle du Trône, je ressens un gros soulagement. Je suis soulagée de savoir que ma mère ne va pas souffrir et qu'elle sera heureuse. Comment j'ai pu oublié qu'elle était un ange ?
« Ça m'était complètement sorti de la tête ! », m'avoue-je.
Les gardes nous laissent entrer sans problème et Arittan se trouve bel et bien dans cette salle. Ulrick, bizarrement, n'est pas présent à ses côtés. Il doit sûrement être en mission.
- Ah, vous voilà enfin ! J'ai bien cru que vous ne reviendriez jamais.
- Et bien, comme vous pouvez le voir, nous sommes là ! je réponds sarcastiquement avec mon grand sourire habituel lorsque je suis en sa présence.
J'adore le faire bouillir intérieurement, c'est un excellent divertissement ! Raphaël n'est pas de cet avis et exerce une pression sur ma main pour que j'arrête. Mais je n'arrêterai pas.
Encore une fois, Arittan ignore mes remarques agaçantes et reprend la parole :
- Ont-ils signé le traité de paix ?
- Oui, Père, répond Raphaël avant que je ne le fasse, en lui tendant le papier en question.
Ses yeux noirs scrutent attentivement le traité de paix. Ses grandes mains passent dans sa barbe fraîchement taillée et son corps musclé ne bouge plus. Malgré cela, on voit très distinctement ses muscles se contracter sous ses vêtements léger. On aura beau tout lui reprocher, la beauté n'en fera jamais partie.
Il nous intime ensuite de quitter les lieux, car il a une réunion importante. Je me demande vraiment à quel moment il dort ? Il est toujours en train de faire des plans, de participer à des réunions. J'ai l'impression qu'il travaille toute la journée. En même temps, être Roi entraîne certaines responsabilités.
Raphaël tire sur mon poignet pour que nous partions mais j'ai quelque chose à demander à Arittan. Alors je retire ma main de celle de mon frère et m'avance vers le Roi avec ma voix la plus mielleuse :
- Père, j'ai une faveur à vous demander, si cela est possible ?
Il relève la tête de son papier, plantant ses yeux sombres dans les miens en me disant :
- Demande toujours...
- Et bien voilà... Demain, Luciana va être exécutée mais... J'aimerais la voir une dernière fois, ça ne me fera que du bien et je serai en meilleure forme pour la suite de la guerre.
J'essaie de tourner la situation de façon à ce qu'elle lui soit favorable. Il a l'air de réfléchir quelques instants avant de déclarer :
- D'accord, je t'accorde cette concession. Raphaël, tu l'accompagnes. Tu es le seul de disponible ici. Mais s'il se passe quelque chose de travers, je te promets de te le faire payer !
La fin de sa phrase fait froid dans le dos et Raph hoche sèchement la tête avant de partir de la salle, moi sur ses talons, à moitié entrain de trottiner tellement il marche rapidement.
- Raphaël, attends-moi !
Il s'arrête d'un seul coup. Peut-être vient-il de réaliser que je suis toujours là ?
- Tu devais être bien dans tes pensées pour en oublier ma présence..., je lui fais remarquer.
Son visage se durcit et je comprends tout de suite ce qui se passe :
- Il te l'a déjà « fait payer » ? je le questionne.
- Oui... je... Je n'ai pas envie d'en parler.
Il coupe court à la conversation et m'emmène dans les prisons. Je refais exactement le même parcours qu'avec Ulrick, quoique je venais de ma cellule et non de la salle du trône. Il y a toujours ces six Démons devant la porte codée. Cette fois, c'est un Démon qui nous ouvre la porte, sans oublier de nous cacher la vue. Raph ne doit pas en connaître le code, lui.
Avant de rentrer, je jette un regard inquiet à Raphaël. Et une petite idée me vient à l'esprit :
- Tu viens... ? Voir Maman une dernière fois, seul, ne devrait pas te faire de mal.
- Je ne lui ai pas parlé depuis des années ! Je ne sais pas non plus comment elle pourrait réagir en me voyant. Je préfère que tu y ailles seule.
- Si c'est ce que tu veux, je l'accepte. Mais j'irai quand même lui demander si elle veut te voir.
J'entre doucement dans la cellule, remarquant directement les quatre Démons à l'intérieur. Je vois que Clerco en fait partie et, bizarrement, je lui souris. Enfin une tête familière au milieu de tous ces inconnus !
- Maman ? je l'appelle.
Elle se retourne mais n'a aucun mouvement de recul par rapport à la dernière fois. Mais lorsqu'elle croise mon regard, elle se lève instantanément pour venir me prendre dans ses bras. Je l'enlace aussi à mon tour mais je remarque que son corps n'est plus qu'un tas d'os. Elle a beaucoup maigri pendant sa semaine ici. Déjà qu'elle était très mince, mais maintenant, j'appréhende de la serrer trop fort dans mes bras de peur de la casser. En même temps, je dis ça mais, je ne suis pas mieux.
- Je suis vraiment désolée, geint-elle en me serrant plus fort contre elle. Je suis désolée de t'avoir abandonnée, de t'avoir laissée. Pardonne-moi...
- Tu es toute pardonnée Maman. Je ne t'en veux plus, ne t'inquiète plus pour ça.
Elle me fait asseoir sur son petit lit et prend place à mes côtés.
- Pourquoi es-tu venue ? me demande-t-elle.
Elle n'est pas au courant pour son exécution, c'est moi qui vais devoir le lui apprendre.
- Tu vas être tuée demain, je dis dans un souffle.
Je sais que c'est beaucoup trop brusque comme nouvelle mais je n'ai pas trouvé d'autre solution pour le lui dire. Ça n'a pourtant pas l'air de l'ébranler plus que d'habitude. Au contraire, elle me regarde en souriant. Je comprends alors ce que m'a dit Raphaël : « Elle sera beaucoup plus heureuse là-bas ». Ça se voit dans son regard qu'elle n'attend plus que ça que de retourner au ciel, parmi les Anges.
- C'est Raphaël qui m'a rappelé que tu étais un Ange, je l'avais oublié... Il m'a aussi dit que tu serais heureuse là-haut.
- Et il a raison. J'ai aussi été heureuse ici, à Endora. J'ai donné naissance à des enfants, j'ai mené des guerres, des batailles. J'ai créé une école qui est devenue la meilleure d'Endora. Pour moi, j'ai tout gagné dans cette vie. Mais depuis que tu étais partie, je n'étais plus la même. J'étais quelque part déjà morte après ton départ.
Elle rigole nerveusement avant de poursuivre :
- Je donnais simplement des ordres aux combattants, j'avançais comme je pouvais. Je sais que je n'aurais jamais dû m'emporter ni même te parler comme je l'ai fait avec toi mais j'ai le pire caractère qui soit, ma chérie !
- Je vois d'où je tiens tout cela maintenant ! je lui dis en rigolant.
Ça faisait une éternité que je n'avais pas ri avec ma mère. Je lui ai tout pardonné et elle a fait de même avec moi. Nous ne sommes pas irréprochables et, dans la vie, il faut savoir pardonner les erreurs d'autrui, surtout celles de la famille. C'est le plus important.
Notre conversation continue et converge vers d'autres sujets divers. Elle me raconte quelques anecdotes de son enfance ainsi que quelques aventures de sa vie. Je souris, je pleure, je rigole. Je partage ce dernier moment avec ma mère comme si c'était le premier. Savoir qu'elle sera heureuse une fois morte me réconforte au plus haut point. Je n'ai plus à m'inquiéter. C'est fini.
Mais au moment où elle finit de me raconter la déchirure de sa robe de mariage en pleine cérémonie de mariage, j'enchaîne avec ce que je m'étais promis de lui demander :
- Est-ce que tu aimerais revoir Raphaël... ?
Ses yeux s'écarquillent de stupeur. Elle ne devait sûrement pas s'attendre à avoir l'occasion de revoir son fils cadet une dernière fois.
- Et... Il veut me voir, lui ? m'interroge-t-elle rapidement, de peur de manquer de temps.
- Il voulait bien, oui, mais ne sachant pas comment tu pourrais réagir, il a préféré rester dans le couloir.
Elle m'attrape les mains en me disant :
- Dis-lui qu'il peut venir, je t'en prie, dis-lui !
- Je reviens, dans ce cas.
Je sors à peine dix secondes, le temps d'expliquer la situation à Raphaël et ce dernier entre non sans avoir une pointe d'appréhension. Je lui prends la main, comme un petit enfant. Ça fait quand même une dizaine d'année qu'il ne lui a pas parlé et ça doit vraiment lui faire quelque chose de bizarre. Heureusement pour ma mère, il sait parler endorien. Nous entrons doucement dans la petite pièce et ma mère ne peut s'empêcher de plaquer une main sur sa bouche.
- Raphaël..., murmure-t-elle. Tu es tellement beau. Tu es devenu un véritable homme !
L'émotion est au rendez-vous et Raphaël ne peut se retenir de prendre fortement sa mère dans ses grands bras musclés. Elle a l'air petite à côté et c'est vraiment mignon à voir ! Lorsqu'il se détache, Raphaël laisse échapper une larme qu'il essuie aussi vite qu'elle est arrivée. Je le prends à mon tour dans mes bras.
- Je ne pouvais pas avoir une meilleure image avant ma mort ! s'exclame ma mère en nous enlaçant.
Un câlin à trois, quoi de mieux pour être heureux ? Je suis aux anges !
- Je n'ai jamais été la meilleure mère du monde mais je suis heureuse de ce que vous êtes devenus tous les deux... Je veux dire, de ce que vous êtes devenus comme personne. Caractériellement parlant. Vous êtes devenus des personnes biens, malgré le côté sombre dans lequel vous vivez.
Des personnes biens ? Oui, si on oublie le fait que j'ai tué des centaines de personnes, peut-être des milliers. Si on oublie ça,c'est sûr que je suis quelqu'un de bien ! Ma mère perd complètement les pédales, là. Mais je ne dis rien pour ne pas la contrarier. Je ne peux pas me le permettre. Alors je souris de toutes mes dents. Je n'ai jamais ressenti autant de joie depuis neuf ans.
- Je vois que vous êtes devenus proches tous les deux.
- Oui, on s'est retrouvé ! je commence. On se comporte vraiment comme de vrais frères et sœurs. Il m'a beaucoup aidé depuis que je suis ici et il m'aide toujours. Nous savons tous les deux que nous serons toujours là l'un pour l'autre. Et... comme avec toi, j'ai réussi à lui pardonner ses erreurs passées et nous en sommes sortis plus forts et plus soudés.
Elle nous sourit, d'un sourire vrai, franc. Ses yeux bleus, les mêmes que mon frère, basculent entre Raphaël et moi. Elle nous admire une dernière fois. Je me rends soudain compte qu'il est temps pour nous de partir. Raph le remarque aussi.
- Nous devons partir, Diana.
- Je sais...
Mais à ce moment-là, c'est plus fort que moi. Je fonds en larmes dans les bras de ma mère. J'ai eu beau tout voir positivement, je craque. Savoir qu'elle va mourir demain malgré qu'elle sera beaucoup plus heureuse en tant qu'Ange qu'en tant qu'humain, ça me déchire.
- Ne pleure pas, ma Chérie, je t'en prie... Je n'aime pas te voir pleurer.
Elle m'embrasse le haut du crâne ainsi que les deux joues en essuyant mes larmes. L'amour d'une mère est plus puissant que tout. Nous le savons tous.
Une fois que je me suis calmée, elle demande malgré tout à Raphaël :
- Ulrick ne viendra pas, je suppose... ?
- Non, dit-il en secouant lentement la tête. Et même s'il l'avait voulu, il est actuellement en voyage commercial...
- Ce n'est pas grave... Au revoir mes amours ! Raphaël, prends soin de ta sœur, je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose. Quant à toi, Diana, sache que je veillerai toujours sur toi, même de là-haut. C'est valable aussi pour toi, Raphaël. Allez, maintenant, filez... !
Elle nous embrasse une dernière fois avant que nous ne partions pour de bon. Mon grand frère a passé son bras autour de mes épaules et me chuchote des mots doux pour me calmer un peu. Il me raccompagne jusqu'à ma chambre, et une fois dans celle-ci, seule, je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps. Cette journée a été bien trop forte en émotion pour moi. Entre Liam, Liya, Arthur, Raphaël et ma mère, j'ai été pleinement servie.
Et c'est en pensant à ma mère que je sombre définitivement dans un sommeil profond après cette journée émotive comme je n'en avais jamais vécu avant...
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Sorryyyyy pour le retard ^^ j'ai eu un léger soucis hier et le temps m'a manqué pour publier ce chapitre plutôt fort en émotion (je trouve) !
Alors, alors, quelques points que je voudrais élucider avec vous :
- Liya et Arthur ne sont plus ensemble, vous en pensez quoi ? Pourquoi cette rupture à votre avis ?
- La dernière rencontre entre les enfants et la mère, émouvant nan ?
- Et pour finir, Luciana va-t-elle vraiment mourir ?
Voilààààà merci aux personnes qui répondront aux questions :)
Bisous mes rebelles ! ^^
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