15- Douceur Diffuse
La routine avait fait de sa vie un confort tantôt stable, tantôt ennuyant.
Ça le satisfaisait presque.
Presque car il avait toujours cette sensation que quelque chose manquait.
Pourtant Heather était d'une douceur rare, et elle excellait dans un tas de choses.
Elle lui rappelait un peu Katsuki, dans sa perfection inégalable, et son caractère brut et salé quelques fois.
-Papa ! On joue au cheval aujourd'hui ?!!
-Bien sûre Yuri... Mais avant, mange tes légumes.
Izuku tentait en vain de lui faire manger un brocoli, mais rien n'y faisait. Lorsque ce n'était pas Katsuki, elle refusait catégoriquement tout légume non identifié d'entrer dans sa bouche.
-Je ne sais pas si tu parviendras à la faire manger les brocolis... Heather observait la scène d'un œil tendre de l'autre côté du salon.
-Ah et pour quoi donc ? lui susurra t'il, curieux.
La jeune femme enfila une chemise en lin gracieux, puis s'équipa de son sac à main. On devinait qu'elle allait partir d'ici peu.
-Ça lui rappelle trop tes cheveux, honey.
Sa femme riaient joyeusement, un rire pure et éclatant. Il riait lui même de cette belle complicité.
Ça lui rappelait étrangement combien il était rare de voir Katsuki rire de cette façon.
-J'ai préparé quelque chose à réchauffer pour ce soir.
Doucement elle vint les rejoindre à la table. Il la savait perfectionniste alors comme prédit, elle débarrassa immédiatement les assiettes vides sous leurs yeux enjoués.
La formation aux États Unis d'Izuku avait durée quelques années au lieu d'une, chose qu'il n'avait pas planifié à l'évidence.
Pour sa défense, il parlait très bien Anglais maintenant.
L'agence de Hero New Yorkaise qui l'avait prise en charge était d'une renommée mondiale, peu étonnant puisque cette grande ville attirait en nombres des Vilains de tout gabarits.
Quitter sa ville natale l'avait peiné un moment, quitter son amour de jeunesse d'autant plus. Il se rassurait en pensant naïvement que leur retrouvaille serait un de ces plus beaux moment de sa vie.
Au final, la joie prit la place de la crainte, et au fur à mesure que les mois s'écoulaient loin de famille sa progression croissait, toujours dans l'optique de surpasser Kacchan un jour.
Du moins c'était la pensée qu'il avait avant de la rencontrer, elle, et de changer ses plans. Heather était une héroïne à peine plus âgé, native de cette ville chaotique. Ils se sont retrouvés une première fois dans la même unité héroïque, puis une deuxième.. pour au final ne plus pouvoir les compter sur les doigts de la main.
C'était difficile de ne pas la remarquer, elle arborait cette aura d'assurance hautaine contrastant à sa douceur diffuse, toujours souriante. Il parvenait à lire en elle comme s'il s'agissait de lui, et au bout de quelques discussions, il s'avérait qu'ils partageaient les même idéaux.
C'était simple de lui parler. C'était beau et simple.
Les rapprochements furent rapide, malgré lui les souvenirs de Yuei disparurent peu à peu de son esprit en même temps qu'il tombait amoureux d'elle, de cette ville et de son métier.
Parce qu'il était absurde de penser que son cœur s'était muté d'un amour éternel pour Katsuki. A cette époque encore il était jeune, beau et plein d'amour à revendre après tout.
Toute cette période de sa vie, les batailles avec Heather, les soirées films, les concerts, les sorties... Les premières embrassades....
Tout avait été si beau, que ça en devenait presque un rêve irréel. Il en avait oublié ses propres racines, et sa vie passée.
En fin de compte lorsque l'on ne retourne pas à nos origines, c'est elles qui se précipitent à nous.
Le Japon, les camarades du lycée, Katsuki.
Depuis mon retour, et notre installation dans ma ville natale je ressassais des souvenirs fâcheux, comme cet aventure en Montagne à la fin de la terminale qui avait fini par me sortir de la tête.
Je ne sais pas comment j'avais pu oublié ne serait-ce une seconde, le trajet main dans la main, la chasse au sanglier, la nuit à la belle étoile...Ma déclaration foireuse... Et notre première fois.
C'était comme si mon cerveau avait scellé ces sensations à double tour, toutes ces années, pour ne s'ouvrir de force qu'une fois les chaînes rouillées et fragiles.
Izuku expira bruyamment. Ça ne servait à rien de forcer, quand ça ne veut pas ça ne veut pas.
Il déposa le légume embroché dans l'assiette, et se leva doucement.
-Allez, vient là ma puce.
Il l'a souleva délicatement, embrassa niaisement sa petite joue potelée, et la disposa sur ses épaules.
-Vouiii ! En avant Monsieur Cheval !! Uh uhhh
Elle gigotait dans tout les sens en espérant que son équidé suive ses ordres et sa cadence. C'était à mourir de rire, et il jouait le jeu à moitié.
-Attention, une accélération !
Il prenait de la vitesse dans les escaliers, parfois Yuri prenait peur et se jetait en arrière d'elle même, -un mauvais réflexe-. Heather venait dans ce cas la rattraper dans l'immédiat, le tout dans une plainte inquiète pour les sermonner gentiment de faire attention.
-Vroum Vroum ! continuait t'elle de gazouiller, de nouveau sur mes épaules.
-Je n'étais pas un cheval ?
Elle semblait inépuisable, débordante d'une énergie virulente, heureux d'avoir un petit jour de repos pour l'avoir à lui tout seul.
-Tu es mon Robot Cheval ! Comme Ida !
Il étouffa un rire. Comment ça comme Ida ? Elle le considérait comme un robot ?
-Izuku Darling, je vais y aller.
Heather, discrète, vint s'enrouler à lui, embrassant leur fille au passage.
Ils restèrent ainsi un petit moment comme pour s'arracher l'odeur de l'autre et la garder pour la journée.
Heather travaillait dans l'agence de Beast Jeannist, et elle s'y rendait ce jour là.
-À ce soir ! Love u so much !
-Moi aussi Maman !!
La porte claqua, et le manque reprenait sa place dans son poitrail.
Il n'avait pas la passion ni l'envie de rester dans cette grande maison pour la journée. Il fallait qu'il s'aère l'esprit, pour ne pas ressasser la poussière.
Et, c'était effrayant de voir à quel point leurs esprits se répondaient en silence lorsque sur son téléphone un message de Katsuki l'invitait justement à sortir le temps de sa pause.
Ça n'avait pas toujours été aussi facile de se comprendre entre eux.
Ça lui rappelait leur piteuse retrouvaille.
De ce jour où il rentra au Japon parce qu'il le fallait bien, ça faisait longtemps, et il comprit un peu tard pourquoi une peur sombre lui tiraillait l'estomac tout le long du trajet.
Jusqu'à le revoir, parmi ses camarades lors ce cette soirée.
Se souvenir de sa voix suave, de sa peau claire, et de ses yeux profonds.
Ça l'avait chamboulé, si fort, qu'il n'avait rien eut à dire. Dans les pupilles ivre de son âme-sœur, la trahison le rendait fou, et sa tristesse singulière se transmettait dans cette main avec laquelle il agrippait fortement son col.
Je n'avais rien à dire. Pas un seul mots. Parce que je perdais pied en même temps que toi.
Tu devais sûrement te torturer, te demander ce que tu avais fais de mal, ce qu'elle avait de plus que tu n'avais pas.
C'est là où tu te trompais, et que moi je réalisais en subissant ta colère justifiée,
J'étais tombé amoureux de la partie de toi que je retrouvais en elle.
Puis au fil des jours, je ne sais pas trop comment, ni pourquoi, mais on ne parvenait pas à faire autrement que de se voir après tout, à l'agence pour laquelle on travaillait, entre chaque pause, au déjeuné...
Même si les souvenirs rendaient la situation plus compliquée, c'était sûrement plus fort que la raison.
En attendant de savoir lequel d'entre nous aller craquer le premier.
-Oi Deku.
Il reçu brutalement un paquet de gâteau qu'il rattrapa sans mal.
Je sais que tu les aimes bien, et ils étaient en solde.
C'était con, mais Izuku rougissait, et il haïssait ça.
Katsuki était assis, toujours dans des poses extrêmes et farfelus sur le banc du parc qui se trouvait en bas de sa maison, la pupille aguerris et scotchés sur Yuri qui se balançait harmonieusement en face d'eux.
Et Izuku, toujours un peu mal à l'aise, restait debout, droit comme un piquet, les doigts tout juste tremblant sans parvenir à ouvrir le paquet en question.
-Alors, hum Kacchan...Ça va le boulot ?
Il expira, sans pour autant lui accorder un regard.
-Je m'ennuie à crever. Pas de Vilains, rien que des mamies ingrates. J'en ai ras le bol, vivement que Shoto reviennent.
-A-ha... Shoto hein ?
C'est vrai que ces deux là s'entendait bien en fin de compte.
Izuku esquissa un petit sourire timide, un sourire triste. Il ne pouvait s'empêcher de songer à des choses folles.
Shoto lui avait confié il y a quelques années être Bisexuelle. Aux dernières nouvelles il sortait avec Momo, mais une partie de son esprit se faisait tout un tas de nouveaux scénarios, dans lequel Katsuki en faisait parti.
Peut être que ça serait bien.
Peut-être qu'ils serraient heureux ensemble non ?
Peut être qu'il pourrait oublier...
Peut être...
Inconsciemment il senti sa force se perdre, et le paquet se déchira d'un seul coup, faisant sombrer quelques gâteaux sur le sol poisseux.
-T'es encore parti trop loin pas vrai ? dit le cendré, le regard désormais posé sur les quelques cadavres sucrés dans le sable, perdu à jamais.
Oui, exactement. Parti trop loin dans des réflexions absurdes.
Et Maintenant que le rubis de ses yeux le regardait, il se maudissait d'avoir laissé échapper ses émotions hors de son contrôle.
-Tu fais quoi ce soir ?
Izuku sursauta entre deux croquements de son gâteau restant, il ne s'attendait pas à cette question, alors il mis quelques secondes à bidouiller une réponses concrète.
-Oh euh, rien de spécial. Je suis en repos et Heather n'est pas là. Je pensais aller faire un tour au parc d'attraction avec Yuri, enfin, un truc du genre.
Katsuki arqua un sourcil curieux, le connaissant ça n'indiquait rien de bon.
-Mmh. D'accord, c'est pas original mais va pour le parc d'attraction.
Izuku avala sa salive dans une expression inquiète.
-Q-Quoi ?
Il cru s'étouffer en ayant peur d'avoir compris. Est-ce qu'il venait de s'incruster dans sa journée dans le plus grand des calmes ?
-Rendez vous devant chez moi, disons vers 17h.
Izuku resta sans voix, les quelques morceaux de sablé coincé au travers dans de la gorge, et avant même qu'il ne lui rétorque que les choses ne s'organisaient pas de cette façon, il était déjà parti dans un grand nuage de fumée noire.
-Il est vraiment terrible ce gars, murmurai-je, mon cœur me criait tout autre chose, comme d'habitude, je veillais à le rendre muet la plupart du temps.
L'après midi s'écoula finalement, jusqu'à l'heure fatidique qu'il redoutait tant. Yuri était impatiente, et lui inversement cogitait.
Ils se retrouvaient devant cet appartement d'étudiant que Katsuki habitait.
Il répétait sans cesse que sa mère lui était invivable, et qu'il partirait le plus tôt possible.
Il n'avait pas menti.
On entendit distinctement plusieurs bruits impressionnants, et même sans le voir de ses propres yeux, Izuku savait que le premier était Kacchan se cognant contre sa table basse, le second son insulte favori, pour finalement se précipiter vers l'entrée surement en ayant constaté l'heure. Il était 17h 10, et son sourire se devoilait un peu.
Chaque pas plus proche encore, Izuku sentait son cœur s'emballer d'impatience, et il espérait que les vibrations ne se transmettent pas jusque dans la main de sa fille.
La porte s'ouvrit en grand fracas prévisible. Le cendré avait encore à la bouche ses gants de héros lui permettant seulement de geindre, des vêtements causals qui étaient froissés par endroits et ses cheveux fraichement nettoyés sur lesquelles perlaient quelques goutes d'eau claire.
Son sourire se fit d'autant plus grand,
-T'es lent, Kacchan.
***
La boucle est bouclé 😎
Mon histoire c'est un gros puzzle bordélique, pardon. 😅
Il y aura une suite à ce petit flash-back, vous en faites pas.
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