Les jours tristes et heureux
Je restai muette. Tout ce qui concernait mon père m'intéressait, alors, souhaitant ne rien répondre pour ne pas troubler son récit, je la laissais poursuivre en cessant mes caresses dans son dos.
Elle mit un moment avant de se calmer. Essuyant grossièrement ses larmes, elle commença à articuler :
- On était partis chasser, il avait voulu m'emmener, parce que j'avais peur, et que je ne me sentais pas prête à passer ma cérémonie. Pour me changer les idées, et me montrer à quel point j'avais grandi, il a demandé la permission à mes parents pour que j'aille chasser en sa compagnie. Je ne me souviens plus vraiment de tout, ça s'est passé tellement vite, je n'ai rien compris...
Sa voix s'était brisée à nouveau et elle plongea sa tête dans ses genoux. Je ne bougeai pas, imperturbable. Les causes de la mort de mon père avaient toujours été très floues, alors j'étais à cet instant avide d'en savoir plus, mais je ne voulais rien faire qui stopperait Linn dans sa lancée.
- On s'est arrêtés brusquement, poursuivit-elle en reniflant, il avait entendu un bruit je crois. Mais moi j'étais distraite, totalement obsédée par cette nouvelle partie de la forêt blanche qui s'offrait à moi. Les arbres étaient encore plus grands, plus vieux et plus fragiles. La poussière sur le sol nous arrivait presque aux chevilles, et il y avait un nombre incalculable d'animaux. Des mille pattes volants, des rongeurs bleus ou des écureuils palmés. J'étais tellement fascinée, que je n'ai pas pu laisser filer une occasion pareille. J'ai sorti discrètement la feuille et le bout de bois que je gardais toujours dans ma poche, et j'ai commencé à dessiner, sans m'apercevoir que ton père était déjà reparti. Il a dû m'appeler pour me dire de le suivre, mais je n'ai pas entendu. Une bourrasque m'a fait tanguer, la deuxième a fait voleter mes cheveux. Ce n'est que quand mon morceau de papier s'est envolé que j'ai compris l'ampleur du danger. Nous étions partis vers l'Est, voilà pourquoi la nature était si différente. Le nuage se rapprochait, et je me demandais si ton père était rentré sans moi. Un énorme souffle de vent m'a obligé à me reculer, et j'ai commencé à avoir mal à la poitrine. J'ai toussé, et je suis partie en courant, sans ne plus penser à rien. A cet instant, je m'inquiétais plus pour ma propre vie, que pour celle de ton père. J'avais tort. Un seul relent du nuage de la mort comme celui auquel j'avais été confronté aurait pu suffire à le tuer. Mais je n'ai pas réfléchit à cela, et j'ai rejoint la tribu pour me cacher avec les autres, et je me suis aperçue que ton père manquait à l'appel. Il...il était sûrement mort à cet instant, pourtant, je ne pouvais pas me résoudre à cette hypothèse. On a...on a retrouvé son...son corps quelques jours plus tard. Un jour où il n'y avait pas le moindre souffle d'air. J'étais parmi les chercheurs, j'avais insisté pour venir. Il était allongé sur le sol, à moitié recouvert de terre, sans aucune trace de blessure sur le corps, il était mort..asphyxié... Je me suis tout de suite rendue chez vous, pour m'expliquer, je ne voulais pas attendre, je voulais dire à ta mère..désormais veuve..que si j'avais été avec lui...ça ne serait peut être pas arrivé... Je suis désolée Lavande...
- Tu es bête ou quoi ? m'exclamais-je soudainement.
Je m'étais levée d'un bond, toisant Linn durement. J'étais en colère, une rage immense pouvait se lire dans mon regard. L'adolescente prit peur, mais je n'étais pas en colère contre elle.
- Si tu étais restée avec lui, tu serais morte aussi ! Mais tu es en vie, c'est une excellente nouvelle non ?
Linn paraissait désorientée, mais son chagrin n'avait pas disparu :
- Mais j'aurais peut être pu le sauver...
- Comment aurais-tu pu ? Il se serait écroulé sans que tu ne remarques aucun changement dans l'air. Papa avait la santé fragile, je le sais, il aurait succombé sans même qu'il y ait eu une bourrasque assez violente pour t'alerter. Alors qu'aurais-tu fait ? Tu l'aurais traîné derrière toi, ne pouvant te résoudre à l'abandonner. Le nuage t'aurait rattrapée, et tu serais morte aussi, et on aurait peut être jamais pu retrouver vos corps !
La jeune fille se décomposa et me serra à nouveau dans ses bras en criant, plutôt qu'en sanglotant :
- Oh Lavande, je pensais que tu m'en voudrais atrocement. Tu es tellement mature et réfléchie pour ton âge. Je te remercie vraiment pour tout, toi et ta mère vous êtes vraiment formidables.
Je ne pus m'empêcher de ressentir une immense satisfaction en entendant les paroles de Linn. Pour cette adolescente belle et populaire, j'étais mature et réfléchie. Quel bonheur que d'entendre ça, moi qui me prenais pour une gamine désobéissante. Nous restâmes un moment ainsi jusqu'à ce que Linn reprenne son rôle de jeune adulte, et me raccompagne jusqu'au campement en me tenant affectueusement la main.
Je me sentais fière, car l'adolescente paraissait plus sereine, plus légère, et c'était en partie grâce à moi.
Depuis ce jour, je me rendis de nombreuses fois sur la colline pour regarder Linn dessiner. Si elle voulait changer d'endroit, elle me prévenait à l'avance pour que je puisse la rejoindre.
Le rapprochement entre elle et Thibault sautait aux yeux de tout le monde à présent et ils paraissaient heureux. Les jours et les mois passèrent, et moi aussi je me sentis attirée par une autre personne...
Sam était devenu l'un de mes meilleurs amis. Voilà deux ans et demi déjà que nous ne nous quittions plus. Deux ans et demi... Il était âgé de seulement quelques semaines de plus que moi. Sa cérémonie allait bientôt avoir lieue. Ce n'était plus qu'une question de jours.
Nous nous retrouvions souvent sur la petite colline à quelques mètres du campement, nos jeux de gamins n'avaient pas cessé. Il m'avait battu quelques fois à la course, mais j'étais de loin, toujours la plus rapide. Quand ses petits yeux marron clairs se posaient sur moi, je me sentais bien. Son sourire était charmant et son air mesquin le rendait presque attachant.
Ce matin, il m'attendait encore sur la colline. Il paraissait plus timide, coincé même. Ce qui n'était pas vraiment dans son habitude. Nous échangeâmes quelques mots mais sans grand intérêt. Je lançais alors :
- Qu'est ce que tu as aujourd'hui ? C'est ta cérémonie qui approche qui te met dans cet état là ?
- Non non, enfin si, mais non...marmonna-t-il en évitant de me regarder.
Il était contrarié à coup sûr. J'haussai les épaules et devins muette à mon tour pour ne pas plus le déranger. Au bout d'un moment il balbutia :
- Quoi qu'il arrive Lavande, on restera toujours bons amis ?
- Mais oui bien sûr ! m'exclamais-je, heureuse de pouvoir enfin lui parler. Quoi qu'il arrive je ne veux pas que l'on se perde de vue. Nous resterons toujours ensemble c'est promis. Mais qu'est ce qui ne va pas ? Tu ne veux pas te confier à moi ?
J'étais presque inquiète. Mais on ne savait jamais à quoi s'attendre avec Sam. Alors je ne lui fis pas tout de suite part de mon inquiétude.
- Si bien sûr, à toi je sais que je peux tout dire. Tu es ma meilleure amie et...
Il ne poursuivit pas. Je l'encourageai alors :
- Et...?
- Et j'aimerais passer toute ma vie avec toi, sans te quitter une seule seconde, dit-il d'un seul coup comme si tous ces mots étaient bloqués dans sa gorge et qu'il était soulagé d'enfin pouvoir s'en débarrasser.
Je ne savais pas quoi répondre. Je déglutis. Je n'arrivais pas à aligner deux pensées cohérentes. Il fallait que je souris, j'avais envie de sourire, mais je n'y parvenais pas. On aurait dit qu'il avait reprit son assurance habituelle, et approcha son visage du mien en s'exclamant :
- Arrête de réfléchir pour une fois et laisse toi aller.
Et tout d'un coup, sans que j'ai pu esquisser le moindre geste, il m'embrassa. Ses lèvres étaient douces et chaudes. Je tremblais malgré moi. Jamais je n'avais embrassé un garçon. Je ne savais même pas comment faire. Il avait fermé les yeux. Peut être cela me permettrait-il de me détendre un peu ? Oubliant tout ce qui se trouvait autour de moi, je fermai les yeux à mon tour. Mon cœur devint plus léger, comme si ces lèvres sucrées à elles toutes seule, avaient chassé tous les soucis qui me pesaient jusqu'à présent. Sam me libéra enfin. Nos regards ne se quittaient pas et je souris. Il semblait contrarié d'avoir agis aussi précipitamment, alors je l'attirai à mon tour vers moi et posai à nouveau mes lèvres sur les siennes comme pour lui confirmer que les sentiments étaient réciproques.
J'étais allongée sur les genoux de Sam, il me caressait les cheveux, comme ma mère. Je me sentais bien. En sécurité. Il mit son autre main sur mon ventre et je ne pu m'empêcher de frissonner. Ce contact direct me mettait mal à l'aise. Je l'aimais bien sûr, mais jamais un garçon autre que mes cousins n'avait osé me toucher de la sorte. Mais sa main chaude me réconfortait et je me laissai gagner par le sommeil, blottie au creux de ses genoux.
J'ouvris les yeux à cause du tumulte qui régnait autour de moi. J'avais froid et en même temps le soleil brûlant qui venait me lécher la peau était agréable. En fait, j'étais nue. Enfin, pas complètement. Deux bandes de tissu cachaient ce qu'il y avait à cacher mais je n'étais pas plus gênée que cela , parce que tous les gens autour de moi avaient le même accoutrement.
Devant moi il y avait un large étendue d'eau dans laquelle des dizaines de personnes se prélassaient ou s'aspergeaient. Il y avait toutes sortes d'âge. Des vieillard, des enfants, des adolescents... Un groupe de jeunes de mon âge environ s'approcha d'ailleurs de moi et je me sentis rougir. Deux filles très jolies avaient la même tenue que moi mais en plus décolleté, plus vulgaire. Les trois autres garçons étaient torse nu. J'avais déjà vu mes cousins sans leur haut mais des inconnus...
- Salut t'es toute seule ? me demanda une fille en se penchant vers moi puisqu'elle était plus grande.
Sa position dévoilait encore plus sa poitrine mal cachée et je détournai les yeux. Elle avait de beaux cheveux blonds qui lui retombaient en bas du dos. Ils étaient raides, car elle venait de les mouiller, et la deuxième fille peut être un peu plus timide, avait des cheveux noirs très courts, comme un garçon. L'un d'eux s'approcha aussi de moi et je balbutiai :
- Oui, oui je suis seule.
- Bah viens te baigner avec nous ! me proposa le beau brun.
- Euh...
Je me sentais plutôt mal à l'aise en compagnie de ce groupe de jeunes, mais l'adolescent me prit par le poignet et m'entraîna dans l'eau. Celle-ci était étonnamment chaude. Je me dégageai de son emprise tandis qu'il plongeait sa tête dans le liquide tiède.
- Elle est bonne hein ?
J'hochai la tête en évitant de croiser son regard. Il était tellement beau et séduisant. Mais il n'était pas réel. Ce garçon, avait-il néanmoins déjà existé ? Ou était il actuellement en train de se baigner avec une autre personne que moi dans un autre monde ? Aurais-je pénétré l'esprit de cette personne à cet instant, sans qu'il le remarque ? Ces questions sur le bout de mes lèvres brûlaient d'envie de sortir de ma bouche, mais je ne pouvais pas me permettre de dire ce genre de phrases trop directes même si ce garçon n'avait été que le fruit de mon imagination.
- Je m'appelle...Lavande...et toi ?
- Robin, ou Robby comme tu veux, dit-il d'un air rieur, c'est original Lavande.
- Merci...Robby.
Il sourit et s'amusa à faire différentes figures étranges dans l'eau claire. Mon imagination était vraiment très développée. Je me souvenais parfaitement de tous mes rêves, et je créais des univers et des personnages vraiment uniques. Mais peut être était-ce grâce aux histoires de grand père que mon esprit créait ces images ?
- Tu pourrais me montrer...ton... monde ? osais-je demander en espérant qu'il ne me prenne pas pour une folle.
- Mon monde ? On vit dans le même monde je te rappelle ! répondit-il en s'esclaffant. Tu viens d'où toi ?
- Euh...de loin.
- Ça se voit ! répondit-il toujours avec ce délicieux sourire aux lèvres, je peux te présenter ma ville si tu veux, puisque tu n'as pas l'air de la connaître.
J'hochais la tête avec peu d'assurance, ne sachant pas ce qu'était une « ville ». Il me dévisagea, amusé et nous restâmes un moment à nous fixer mutuellement sans bouger. Si j'avais vécu au même moment que Robin, s'il était réel bien sûr, je serais sans doute tombée amoureuse de lui. Cette pensée me gêna car une image de Sam venait de s'infiltrer furtivement dans mon esprit.
- T'es un peu spéciale toi ! Mais tu as l'air gentille alors je veux bien t'emmener.
Après nous être séchés, il s'habilla, mais je me rendis compte que je n'avais pas de vêtements.
- J'ai oublié mes vêtements chez moi, balbutiais-je en regardant mon corps mouillée et dénudé.
- Tiens je te le prête, répondit-il en me jetant un de ses hauts à manches courtes sur l'épaule, on ne va pas faire du tourisme très longtemps parce qu'il est tard et que j'ai promis à mon père de rentrer tôt. On va prendre un taxi. T'inquiète ça me dérange pas de payer, ça me fait plaisir.
Je ne répondis pas, car je n'avais pas compris entièrement sa phrase. Quand nous entrâmes dans cet engin je m'exclamais, fière de moi :
- Ah ! C'est une voiture.
- T'es vraiment bizarre, mais tu es mignonne alors ça te rend attachante.
Je rougis si fort que mes oreilles auraient pu s'enflammer si je n'avais pas pensé au fait que ses compliments n'étaient soit pas réels, soit destinés à une autre personne dont j'avais pris provisoirement la place.
Les chaises étaient vraiment très confortables. Un homme était devant et c'était lui qui semblait contrôler cette boîte ambulante. Il discuta un peu avec Robin, jusqu'à ce que celui-ci m'invite à redescendre de la voiture.
- Je n'ai pas assez d'argent, pesta-t-il, tant pis, on va prendre mon scooter, je n'ai pas pris de casques, ça ne te dérange pas ?
Comme à mon habitude, je n'avais pas compris un seul mot de sa phrase à part le « ça ne te dérange pas ? », je secouais la tête en signe de négation et il me dirigea vers un engin encore plus étrange qu'une voiture. Nous nous assîmes à califourchon dessus, lui devant, moi derrière.
- Tu devrais t'accrocher à moi, lança t'il en mettant en marche la machine.
Je mis délicatement mes mains autour de son ventre et je vis alors ses amis arriver en trombe.
- Eh Robby tu vas où ?
- J'emmène Lavande faire un tour en ville.
Le garçon qui avait posé la question sourit niaisement et dit malicieusement avec un clin d'œil :
- Profitez bien...
Je ne fis pas attention à cette remarque et l'engin se mit alors à avancer tout seul après que Robin ait dit au revoir à ses amis. Je sentis à nouveau une montée d'adrénaline que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Mes cheveux me fouettaient parfois le visage et volaient en arrière tandis que l'air frais s'infiltrait partout dans mon corps. J'avais un peu peur, alors je serrais plus fort le ventre de Robin qui ne semblait pas dérangé. Le trajet fut plutôt long, alors je décidai de me renseigner :
- Dis Robin, tu es heureux ici ? criais-je presque pour qu'il m'entende à cause du vent qui sifflait dans mes oreilles.
- Comment ça ici ?
- Dans ce monde ?
- Sur Terre ?
- Oui.
- Eh bien oui la vie est formidable
sauf si tu prends en compte tous les problèmes qui peuvent survenir comme la guerre, la pollution, et puis il y a la maladie, la pauvreté et tout ça... Je me rends bien compte qu'un de ces trucs là va finir par nous détruire parce qu'on fait pas grand chose pour y remédier. Mais il faut profiter de la beauté des choses.
- Oui, tu as raison.
J'aurais aimé poursuivre la conversation, mais une faiblesse me rattrapa. Le manque d'air. Je commençai à tousser, et Robin ne le remarqua même pas. Je m'étouffais, alors je le lâchais pour poser les mains autour de ma gorge. Il ne s'inquiétait toujours de rien. A bout de forces, je tombais en arrière et la dernière chose que je vis fut l'engin qui emportait Robin loin de moi, et je perdis connaissance.
- Je suis prête.
Je me tenais face à mon père qui ne chercha pas à me contredire cette fois :
- Oui, tu es prête.
Il s'assit calmement en tailleur face à moi, dans l'herbe humide et se lança dans un long discours :
- Dans peu de temps aura lieu ta cérémonie de passage à l'âge adulte, alors je voulais absolument que tu saches que quoi qu'il arrive, tes choix t'appartiennent, tes décisions et ta visions des choses te sont propres. Ne te laisse pas influencer. Des gens ne seront peut être pas d'accord avec toi, mais tu peux soit écouter leurs alibis, soit les ignorer. Quoi que tu fasses ensuite, tu peux être sûre que moi et même ta mère et ta tante respecteront tes choix. Il sera temps pour toi de tracer ta propre voie. Mais avant, j'ai besoin de savoir quelque chose. Lavande, fais tu des rêves étranges depuis un certain temps ?
Sa question me laissa sans voix. Il n'y avait peut être pas que moi et Thibault. Papa aussi faisait ces rêves qu'on croirait réels ? J'hochai gravement la tête et il poursuivit :
- Tu peux choisir de les rejeter de ton esprit, ou bien essayer d'en savoir un peu plus...
- Je veux en savoir plus !
- ...Tout dépendra de ta décision après ta cérémonie.
- Et toi, quelle a été ta décision ? demandais-je, impatiente d'en apprendre d'avantage.
- Ta mère te le dira après ta cérémonie si tu tiens tant à le savoir, mais pas avant.
- Et pourquoi ne me le dirais-tu pas toi ?
- Parce que à présent je dois partir. Tu n'acceptes pas ma mort Lavande, donc je suis coincé ici. Il faut que tu me laisses partir.
Je n'avais jamais pensé qu'un jour j'arrêterais de faire ces rêves ou je pouvais parler librement avec mon père, comme s'il n'était jamais parti. Je ne pouvais pas le perdre une nouvelle fois.
- Non ne t'en vas pas !
Je m'étais jetée sur lui en le serrant contre moi de toutes mes forces. Je ne le laisserai pas s'en aller.
- Lavande je t'en prie fais-toi une raison. Je suis prisonnier ici. Libère moi.
Je desserrais un peu mon étreinte et me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps. Il fallait que je le fasse. Mais je n'en avais pas la force. Le corps de mon père entre mes bras se rétrécissait, j'avais peur qu'il fonde à nouveau devant mes yeux, mais il était juste devenu plus petit. Il était redevenu un enfant. Il me souriait de toutes ses dents et ses petits yeux bleus rieurs étaient plongés dans les miens.
- Tu peux partir, soufflais-je sans oser le regarder encore dans les yeux.
Il ne répondit rien et se mit a courir en direction de la forêt en riant. Il ne s'arrêtait pas et bientôt, il disparu, caché par les arbres blancs. Son rire me faisait sourire. Papa avait été un enfant très heureux. Il avait vécu une vie pleine de joie et de bonheur. Moi aussi je devais rentrer. La clairière et la forêt s'effacèrent. Tout était devenu noir.
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