21.
Troy est resté tout l'après-midi avec moi, il avait amené les devoirs qu'il avait prit pour moi et m'a aussi apporté des nouvelles de Léna qui ne pouvait malheureusement pas venir. Bien qu'elle essayerait quand même de venir demain soir après les cours, j'étais déjà très heureuse que Troy soit venu. Il a essayé de me faire rire comme à son habitude et parfois il y arrivait et quand c'était le cas son sourire s'agrandissait de plus en plus, et le mien aussi par conséquent. On a aussi joué sur son portable et je ne cache pas que je l'ai éclaté à chaque fois, même si je soupçonne le fait qu'il est fait exprès de perdre pour me voir heureuse de mes victoires. Mais on n'a pas parlé de ce qu'il s'est passé, il a très bien compris en voyant ma cuisse.
– Je reviens demain soir après les cours pour t'apporter tes devoirs, sourit-il en se levant et en enfilant sa veste.
– Merci beaucoup Troy, dis-je en souriant à mon tour toujours assise sur mon lit d'hôpital.
– C'est normal.
Il s'approche à nouveau vers moi et se penche pour embrasser ma joue, mais il s'attarde. Je ferme les yeux en essayant de calmer les battements de mon cœur qui à ce moment rêve de se faire la malle. Ses lèvres restent sur ma joue avant de descendre lentement vers ma mâchoire qu'il se met à embrasser. Mon corps frissonne de partout, même à des zones que je n'aurais jamais imaginé, je me mords la lèvre pour ne rien dire et le repousser.
J'ai peur qu'il aille trop loin et de ne pas avoir la force de le stopper ensuite, pire encore, j'ai peur d'en vouloir plus. Je ne sais pas ce qui a changer depuis quelque temps, mais depuis le jour où je lui ai avoué mon secret il s'est passé quelque chose. Nous avons tous les deux changés. On a pris conscience que l'on pourrait se perdre mutuellement et c'est sûrement ça qui nous fait peur. Je ne suis pas amoureuse de lui, je suis juste attaché à lui.
Il est là quand j'en ai besoin, la preuve, il est avec moi en ce moment. J'ai encore plus peur quand ses lèvres arrivent et embrassent mon cou lentement. Son souffle sur ma peau tandis que des milliers de décharges électriques passent dans mon corps. Puis je sens ses mains autour de ma taille, ses cheveux qui viennent caresser mon cou et sa tête qui s'y enfouit. Son torse se colle à moi et je passe aussi mes bras autour de son corps. Puis je souffle longuement, comme si je retenais ma respiration depuis des dizaines de minutes. Ses mains viennent effleurer simplement mon dos avant de le caresser avec tendresse.
Je dois le repousser, je dois le repousser, je dois le repousser... Mais je n'y arrive pas. Mon dos est contre le dossier relever de mon lit et il est presque affalé sur moi, mais il n'y a rien de dérangeant, il est assis à côté de mon corps et son étreinte me réchauffe le coeur.
– Tori ? chuchote-t-il dans mon cou.
– Hm ? demandais-je incapable de former une phrase à ce moment-ci.
– Tiens...
Je fronce les sourcils et ouvre les yeux, Troy ne bouge pas il a simplement sorti de la poche arrière de son jean un téléphone portable avant que sa main ne me le tende, puis il se redresse, écartant nos deux corps l'un l'autre. Je respire enfin. Mais en voyant son air grave j'ai du mal à comprendre.
– Prends ce téléphone, dedans il y a le numéro de Léna, de la police et le mien, appelle-moi s'il y a un problème... promets-moi que tu le feras Tori...
– Troy... je... je n'ai pas le droit d'en avoir, si elle le remarque je suis foutue... gémis-je.
– Non, elle ne le remarquera pas, s'il te plaît. Je m'inquiète pour ta santé, insiste-t-il en me tendant à nouveau l'objet.
– Je ne peux pas, désolé, dis-je en posant ma main sur la sienne et la repoussant vers son corps.
Il me regarde longuement et se lève, il pose le téléphone sur ma table de chevet et vient se rasseoir à côté de moi. Sa main gauche vient caresser mes cheveux et de nouvelles décharges électriques traversent à nouveau mon corps. Il sourit doucement et se penche une dernière fois pour embrasser mon front alors que je ferme momentanément les yeux sous son baiser.
– Tu n'as pas le choix Tori ! Et garde-le près de toi, je te tiendrais compagnie ce soir, et Léna est au courant de ton nouveau cadeau, et elle compte bien en profiter, elle te passe le bonjour d'ailleurs, dit-il en se levant définitivement.
– Troy ?
– Hm ?
– Merci, souris-je.
Il me sourit lui aussi et hoche la tête avant de tourner les talons et de sortir après m'avoir lancé un dernier regard. Je soupire longuement et repose ma tête contre l'appuie-tête en souriant. Je ne sais pas trop ce qui se passe, mais j'aime bien. Je n'ai pas le droit de traîner avec des garçons, c'est comme illégal pour moi. Il n'y a pas de règlement écrit, mais je sais que toutes ces règles existent même si elles ne sont pas directement dites.
Deux heures plus tard, j'entends quelque chose vibrer alors que je révise mes cours toujours assise sur mon lit. Je fronce les sourcils en relevant la tête et mets quelques secondes à me rendre compte que c'est le portable que Troy m'a donné qui fait ce bruit. Je me penche pour essayer de l'attraper et gémis en sentant la douleur de ma cuisse me tirailler. Quand je finis par l'avoir, je comprends assez rapidement comment l'utilisé, j'ai déjà emprunté celui de Léna. Je remarque d'ailleurs que c'est lui qui vient de m'envoyer un message.
Alors comment est-ce tu trouves
ton nouveau cadeau ?
Tu n'aurais jamais dû ! Il à dû
te coûter super cher.
Ne t'inquiète pas pour ça, c'est
un ancien téléphone à moi, je ne
l'ai pas payé.
Indirectement si.
Ne t'en fais donc pas. Je suis
content, j'ai enfin ton numéro
de téléphone ! Youpi !!!
Je ris devant le message de cet imbécile avant de lui répondre un simple "merci" auquel il répond encore une fois que c'est normal. Je ne rajoute rien. Il est tellement gentil avec moi. Je décide d'arrêter mes révisions ici et de me coucher. Je me rallonge correctement quand quelqu'un vient frapper à la porte, je n'attends personne et fronce les sourcils, il est presque vingt et une heures. C'est une infirmière qui entre, elle est le cliché typique de la jeune infirmière qui sort tout juste de ses études : un chignon réalisé à la perfection, tenue impeccable, des joues rosies et un sourire doux.
– Bonsoir Victoria, je t'annonce juste que tu pars demain midi après un dernier checkpoint, le taxi va te ramener chez toi.
– Bonsoir, euh j'ai une question ...? demandais-je légèrement gênée.
– Oui ?
– Est-ce qu'il ne serait pas possible que le taxi m'amène directement au lycée ? J'ai déjà mes affaires de cours avec moi et des vêtements corrects...
– Oui, c'est tout à fait possible, je préviendrais tes parents.
– Oh, ne vous inquiétez pas, je vais le faire, souriais-je.
Elle sourit et vient voir comment va ma blessure. J'avoue que cela m'enlève un poids de ne pas être obligée de passé à la maison avant d'aller à l'école. Cela m'évitera peut-être les foudres de mon absence, elle a dû s'occuper toute seule du ménage, de la vaisselle, de la lessive ! Oh mon dieu, est-elle toujours en vie ? En réalité je suis bien contente d'avoir eu un peu de repos, je n'en pouvais plus.
Néanmoins, j'ai menti, je n'ai pas mon uniforme du lycée ! Je décide donc d'envoyer un message à Léna pour lui demander de me prêter un de ses uniformes de rechange. Elle accepte et je me couche apaiser et impatiente de revoir ma meilleure amie qui m'a manqué.
Le lendemain quand on me réveille, je me lève de bonne humeur, les antidouleurs fonctionnent plutôt bien, même si je sens la douleur elle ne me fait plus atrocement souffrir comme il y a quelques jours. Je mange le petit déjeuner que m'offre l'hôpital même s'il n'est pas super appétissant c'est déjà ça ! Et après avoir enfilé mes vêtements avec attention, c'est la première fois que je remets un pantalon depuis que j'ai cette brulure. Heureusement que notre uniforme est constitué d'une jupe et d'un polo parce qu'il me serait impossible de porter un pantalon toute une journée avec cette douleur de frottement sur ma brûlure.
Je prends ensuite toutes mes affaires et remercie l'infirmière qui m'a suivie durant cette petite semaine d'hôpital et alors qu'elle m'accompagne jusqu'au taxi elle me regarde et me lance un « courage ». Je fronce les sourcils en la regardant et je vois à son regard triste qu'elle a comprit que quelque chose n'était pas normal chez moi. Je hoche simplement la tête à son égard et ferme la porte du taxi de l'hôpital qui mettra plusieurs dizaines de minutes avant de me déposer devant mon lycée. Je le remercie et le laisse partir après avoir pris mes affaires.
– Tori ! hurle mon amie en courant vers moi,
– Léna ! dis-je en ouvrant mes bras.
Elle se réfugie contre moi et je la serre doucement en posant ma tête sur son épaule. Ça fait vraiment du bien de retrouver son amie. Une semaine sans pouvoir lui parler est assez dur, Léna est la seule à qui je parle réellement. Je ne suis pas du genre à raconter ma vie à chaque personne que je vois, alors c'est vrai qu'être séparé d'elle m'a vraiment attristé. Je n'ai pas beaucoup parlé avec elle par portable car j'étais assez fatiguée hier soir. Après de nombreuses secondes à nous étreindre nous nous reculons et nous sourions mutuellement.
– Tu m'as manqué, je pensais que tu rentrais demain ! sourit-elle. Je t'ai ramené mon uniforme, viens on va aux toilettes.
– Toi aussi Léna et non ils m'ont laissé sortir plus tôt, dis-je en souriant à mon tour. Merci beaucoup.
Mon amie attrape ma main et nous marchons toutes les deux vers les toilettes. Nous rentrons donc dans une cabine toutes les deux et elle me donne les vêtements qu'elle sort de son sac. Je la remercie et me déshabille sous ses yeux. J'avoue être légèrement gênée de lui montrer ma brûlure. La peau cramée est maintenant douce, rose et quand je passe ma main dessus je ne sens rien. Léna a les sourcils froncés se mord la lèvre.
– Tu es sûre de pouvoir aller faire sport Tori ...?
– Mais oui, ne t'inquiète pas ça tire juste un peu, je peux quand même jouer et puis c'est les demies-finale dans peu de temps ! dis-je en souriant et en enfilant la jupe de notre uniforme.
Je la remercie une nouvelle fois et l'étreint avant de sortir des toilettes ni vu ni connu. J'attache rapidement mes cheveux tandis que mon amie se remaquille légèrement. Elle n'est pas du genre superficielle, mais elle prend soin d'elle. Puis on se quitte parce que j'ai sport et elle théâtre. Arrivée au complexe sportif je suis surprise de voir que je suis une des premières. Élise est déjà là, néanmoins, alors nous allons toutes les deux nous changer. Dans les vestiaires elle me pose des questions sur mon absence et j'avais prévu ce genre de questionnaires.
– On s'est inquiétées ! J'ai voulu t'envoyer un message mais on m'a dit que tu n'avais pas de portable, dit-elle en faisant la moue.
– Ah, c'est adorable, merci Élise. Hm, non je n'en ai pas.
– C'est vraiment dommage, mais tu avais quoi ?
– Oh, eh bien j'ai voulu préparer un petit repas mais je me suis ébouillanté accidentellement. La casserole m'a échappé et elle a atterri sur ma cuisse.
Élise grimace en voyant ma brûlure et on passe à autre chose. Une fois nos horribles uniformes de volley enfilé nous sortons des vestiaires pour installer un terrain de volley pendant que les autres filles de notre équipe arrivent et partent se changer. Entre-temps, Élise et moi travaillons individuellement avec un ballon en faisant quelques manchettes et passes à dix doigts. Puis nous nous mettons en binômes et faisons des échanges en attendant que notre coach arrive. Une fois celui-ci présent il nous informe et dessine le programme au tableau blanc. Le prof m'interpelle avant que nous passions à des attaques près du filet.
– Victoria ?
– Oui Monsieur ? demandais-je en m'approchant en trottinant.
– J'ai remarqué ta cuisse, dis-moi, je remarque que tu es de plus en plus absente, et que tu es souvent blessé quelque part. Dis-moi ? Il se passe quelque chose chez toi ? demande-t-il en fronçant légèrement les sourcils et en me regardant droit dans les yeux d'un air sérieux.
Je manque de défaillir mais je reste impassible et essaye même de prendre un air faussement offusqué. Je dois jouer la comédie pour la couvrir. La couvrir, elle, ça me donne juste envie de vomir.
Souvent je me pose la question : pourquoi ? Pourquoi est-ce que je la défends à chaque fois...? Pourquoi je suis incapable de tout avouer à quelqu'un qui pourrait réellement m'aider, comme la police ou un truc dans ce genre ? Je crois que si mon amie était à ma place je n'aurais pas hésité une seconde avant de l'avouer à quelqu'un qui a du pouvoir sur sa famille. J'ai l'impression que je souffre tellement de ma situation de vie que je n'arrive même plus à réagir. Je me laisse aller, de façon incompréhensible. En réalité je ne suis qu'une incapable, incapable de tout avouer, j'ai trop peur d'être au milieu de tout. Je prends donc un air choqué devant mon coach.
– Jamais ! Je suis juste extrêmement maladroite, ris-je ensuite.
– Pas en volley en tout cas, ni dans tes notes scolaires, alors en quoi es-tu maladroite ?
– Je ... en pleins de choses ! Je suis tête en l'air et...
– Monsieur on passe aux tactiques de match ? demande Jeanne.
Mon Dieu ! Je bénis cette fille, même si je ne la portais pas réellement dans mon coeur, actuellement je l'adorais. Je retourne sur le terrain en courant et ma place en attaque et attends que le match ne commence. Nous jouons contre une autre équipe du lycée un peu moins forte que nous mais le jeu est tout de même serré et nous sommes trempées à la fin. Nous sourions et saluons l'équipe adverse.
Nous n'avons gagné que de deux points. Nous rangeons et retournons nous changer. Puis je reprends les cours normaux, mon retour à l'air d'intéresser plusieurs personnes, mais j'essaye encore de me faire toute petite.
J'aimerais pouvoir devenir invisible parfois...
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