11.
À tout juste 16h00, la sonnerie se fait entendre et je sors de mon cours de français pour me rendre à mon entraînement d'athlétisme. Je me dirige directement dans les vestiaires, je mets mon short, un tee-shirt et un sweat. Le reste du groupe ne tarde pas et arriver. Je suis avec les trois autres filles, on commence à parler, enfin elles parlent et j'écoute, mains dans les poches de mon short les yeux rivés sur mes chaussures. Ce n'est pas une bonne journée aujourd'hui. Pourtant elle ne m'est pas encore passé dessus.
Sans que je ne fasse attention, Troy s'approche de moi et me demande de le suivre un peu a l'écart. Je laisse mes mains dans les poches de mon short montrant un air encore plus désintéressée que jamais et le suis quelques pas plus loin. Je ne suis clairement pas d'humeur et je le fais savoir par mon regard froid.
– Je voulais m'excuser pour tout à l'heure, je n'avais pas du tout l'intention de te blesser, je veux t'aid...
– Je n'ai pas besoin de ton aide, Troy, c'est ça que tu ne comprends pas.
Depuis quand il s'est mit cette idée en tête, de vouloir m'aider ? Depuis quand les gens essayent de m'aider ? Bien sûr Léna essaye.
– Alors pourquoi tu es comme ça ? continue-t-il.
– Comment ? tentais-je.
– Pourquoi tu es toujours... commence-t-il.
– Troy, Victoria, vous écoutez ? questionne le professeur de sport.
– Oui, excusez-nous, répond le brun.
Tous les élèves tournent leurs têtes vers nous pendant que je tente de me faire discrète. Je tourne la tête vers Troy et fronce les sourcils avant de fixer une nouvelle fois le professeur. Je l'écoute jusqu'au bout, puis nous devons faire deux groupes, les garçons d'un côté, les filles de l'autre pour une course de dix minutes. Je m'exécute en vitesse avec les autres filles du groupe de sport. Le prof nous à expliqué que nous avons dix minutes pour faire le plus de tour de terrain possible. Nous nous mettons donc sur la ligne de commencement, en attendant le top départ.
– Trois, deux, un... dit-il avant de siffler.
Quand j'entends le sifflement, je me mets aussitôt à courir suivit des autres filles. Je suis plus rapide qu'elles même avec mes blessures. Je cache les grimaces qui pourraient potentiellement se dessiner sur mon visage, personne ne doit se douter de quoi que ce soit, je vais bien, je n'ai pas besoin d'aide et j'arrive à courir. C'est tout ce qui compte pour le moment.
Au bout de six minutes je fatigue, je n'ai fait que quatre tours, en temps normal et j'en aurais fait un de plus. Quoique en temps normal, j'ai des courbatures, des bleus et je ne sais quels autres problèmes. Lorsque les dix minutes se terminent, je n'ai fait que six tours et demi.
Mes poumons sont en feu. Mains sur les genoux, dos légèrement courbé, je cherche de l'air. Je n'y arrive pas, je me redresse et marche tournant le dos à tout le monde, inspire, expire, inspire, expire. Je tousse encore et encore, l'air me manque de plus en plus. Respire Tori, respire, me dis-je en essayant encore de me calmer.
Je suis en train de paniquer et ça ne m'aide pas du tout. J'ai subi hier, mes côtes ne m'aident pas dans ma quête d'air. Je grimace. Je cherche à respirer. Petit à petit, je me calme et l'air entre tout seul dans mes poumons. Quand je vais mieux, je retourne vers le groupe. J'attrape une bouteille et la descend presque dans son entièreté, ça m'aide à calmer les brûlures de ma gorge.
Les garçons sont prêt à partir, je croise rapidement le regard inquiet de Troy. Je fronce les sourcils et le regarde mais il est déjà parti courir. Inquiet ? Non, j'ai dû mal voir.
La course des garçons se termine après dix minutes, Troy s'en est tiré avec brio, il a fait neuf tours semble-t-il dire au professeur qui le questionne. J'évite de le regarder, je ne veux rien lui expliquer. Je ne dis rien pendant la suite du cours et quand celui-ci se termine, je pars me doucher rapidement.
J'en profite pour faire mon shampoing, je n'aurais peut-être pas le temps ce soir, en rentrent à la maison. Je regarde l'heure en sortant des vestiaires sur l'horloge qui est accroché sur un mur. 18h07, si je suis à la maison pour 19h00, ce serait l'idéal, j'ai donc quelques vingtaine de minutes avant que le bus de la demie ne passe. Timing à tenir, je trottine rapidement vers la bibliothèque et monte à l'étage. J'y retrouve Gabriel et le groupe, presque tous présent. Je suis épuisée et mes côtes me font mal à chaque pas; mais je dois contrer tout ça.
– Je suis content que tu aies pu venir Tori, sourit Astier.
– Pas de problème, mais j'ai un bus dans moins de quinze minutes.
– Alors, exceptionnellement comme c'est bientôt les examens finaux, que les compétitions sportives vont bientôt disputiez les épreuves finales, on doit faire un point sur qui va couvrir quel événement. Faisons ça rapidement voulez-vous ?
J'opine du chef comme tous les autres. Nous commençons à débattre sur qui serait le plus a même à travailler sur tel ou tel sujet. Pour ma part, mon choix se tourne bien évidemment sur le sport. Seulement, comme je fais parti de l'équipe de volley, je ne peux pas écrire un article objectif sur nous et notre jeu. Astier s'en porte volontaire, visiblement. C'est pourquoi je rédigerais quelques lignes pour notre équipe de hockey.
L'entretiens du Journal s'achève et je regarde rapidement l'horloge : 18h24. J'aurais dû regarder l'heure ! Quelle idiote je fais, je vais rater mon bus et être en retard a la maison. Je sens déjà les coups pleuvoir à distance. Sachant que la bibliothèque est à l'opposé du portail et donc de l'arrêt de bus, je ne pars vainqueur de ma course. J'attrape mon sac et grimace en regardant Gabriel.
– Je suis franchement désolée, mais je dois y aller sinon je vais rater mon bus !
– Pas de soucis Victoria, passe une bonne soirée.
Je cri un merci et me précipite le plus rapidement possible vers la cour du lycée. Je n'y serais jamais à l'heure. Le cours d'athlétisme, les coups qu'elle m'a offerts de bon cœur et la journée fatigante, n'arrange en rien mon état. Puis j'entends mon prénom, je tourne la tête en m'arrêtant et vois que c'est Astier, je lui souris furtivement.
– Désolé Astier mais je vais louper mon bus, on se voit demain ?
– Tu ne veux pas que je te ramène ? J'ai ma voiture, dit-il doucement en souriant.
– J-ne t'inquiète pas, il y a un bus dans...
Je tourne la tête et vois le bus passer devant la grille. J'ai définitivement loupé l'autobus. Je regarde Astier et hausse les épaules. En réalité je n'ai pas envie qu'il sache où j'habite. Personne ne le sait vraiment à part Léna — maintenant — et ça doit rester ainsi. Je lance un petit regard à Astier en souriant doucement, cela part d'un bon sentiment car je ne veux pas être trop sèche alors qu'il insiste.
– Ce n'est pas grave, un autre bus arrive dans trente-sept minutes, je vais attendre, dis-je en souriant pour ne pas montrer ma gêne.
– Allez, je te ramène en plus il fait presque nuit je vais pas te laisser seule ici quand même, sourit-il lui aussi mais beaucoup plus sincèrement.
Je semble hésiter. Je ne connais pas Astier, avant la soirée j'ignorais complètement son existence et maintenant il veux me ramener. Je sais que c'est un gars profondément gentil, ça se voit à sa manière d'agir. Mais, je ne le connais pas en réalité.
– Je te déposerais au bout de la rue, si c'est ça qui te dérange.
Lit-il dans mes pensées ?
– Ok.
Il nous dirige vers sa voiture, une anglaise simple mais agréable. J'ouvre la porte lentement. Il est encore temps de trouver une solution. Renoncer serait la meilleure solution. J'obéis néanmoins et monte calmement mais je lui donne une fausse adresse à quelques rues de ma maison. J'étais en train de m'imaginer tous les scénarios possibles quand une voix me ramène rapidement à la réalité. Il commence à mettre l'adresse dans le GPS et me demande la tête tournée vers moi.
– Tu m'as dis où ? Pardon, j'ai une mémoire de 3 secondes.
– Tu vois l'arrêt de bus près du Tesco ? Vers le lotissement Huntstreet ? demandais-je en évitant de le regarder.
– Oui, je vois, ce n'est pas très loin de chez moi, je t'y dépose ?
– Chez toi ? je demande les sourcils froncés.
– Non, je voulais dire à Huntstreet. Mais si tu veux venir chez moi, tu as le droit, dit-il d'un ton sérieux.
– Oh non, non ! m'empressais-je de dire un peu trop rapidement, d'ailleurs. Enfin, je veux dire par là, que je n'ai pas le temps, j'ai beaucoup de devoir ce soir... et d'autres choses à faire, dis-j gênée de sa proposition.
– Comme tu veux, un autre jour si tu le souhaites, dit-il en roulant.
Pendant le trajet on a eu du mal à parler, du moins, j'ai eu du mal à parler. Il me posait beaucoup de questions : que faisait ma mère, mon père, si j'avais des frères, des demies-sœurs ou je ne sais plus trop quoi. C'était assez étrange, je répondais à celles que je voulais. Souvent sans répondre à toute la question, je restais approximative. Du genre, que fait ta mère ?
– Elle est morte.
Il s'excuse et sa voiture s'immobilise et il me regarde. Un petit sourire aux lèvres.
– Et voilà mademoiselle, vous êtes arrivée à destination, rit-il de bon cœur.
– Merci mon bon monsieur, je dis en souriant.
Quand je le salue et que je ferme la porte de sa voiture je commence à flipper. Je marche d'un pas pressé dans la première rue que je vois. J'entends son moteur recommencer à vrombir et s'éloigner.
Je sors de cette rue et marche vers la mienne. Ou plutôt la sienne, la leurs. Pas la mienne. Elle n'a jamais et ne sera jamais à moi, je ne ferais jamais partie du cercle très sélecte de la « famille ».
Mon sac sur le dos, je ne suis qu'à huit maisons de celle que je redoute. Rien que de penser à cette ambiance, mes poings se contractent. Ma réaction n'est plus nouvelle, cela me fait cet effet à chaque fois. Mais à chaque fois, j'en suis surprise. Surprise du fait que je sois plus faible qu'elle. Je ne suis que son jouet, elle fait tout simplement ce qu'elle veut de moi et je ne peux en rien la contredire.
Je suis faible. Plus que quatre maisons, mon pouls s'accélère. Calme toi Tori ...
Trois maisons.
Deux maisons.
Je suis devant.
– Victoria ! dit une voix sèche derrière moi.
Pas besoin de me retourner, je sais à qui j'ai à faire. Je tremble à l'idée de la voir. Elle passe devant moi les dents serrées, son visage est rond, ses yeux sont d'un noir foudroyant et agressif.
Elle me fait peur. Mais je ne lui ai jamais dit, jamais montré. À cet instant je redresse mon buste et ma tête pour la regarder. Elle n'a pas le droit de gagner contre moi.
– C'était à qui cette caisse ? Tu viens d'y descendre ! C'est qui ? Un garçon ?! grogne-t-elle tellement froidement que j'en ai une sueur glacée dans le dos.
– Je... commençais-je avant que sa poigne de fer ne s'abat et attrape mon avant-bras et qu'elle ne m'emmène à l'intérieur.
C'est partit. Tout ce que j'espère c'est que ce ne sera pas trop long.
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