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Chapitre 6


Un léger bruit provenait de la cuisine, mais Oikawa pensait pouvoir le surmonter sans trop de difficulté. Ushijima était de nouveau au téléphone, et il pouvait percevoir ses paroles, oui, je te tiens au courant, Hirugami-san, de même que les policiers qui essayaient de joindre les concierges sans succès. Il entendait la voix basse et grave de Romero qui parlait à Miwa, mais n'arrivait pas à identifier les syllabes.

-Comme tout à l'heure, dit Hayashi d'une voix douce. Arrêtez de penser, efforcez-vous de sentir.

Oikawa se sentait nerveux, mais n'appréhendait plus autant. Il ferma les yeux, les mains posées sur ses cuisses, paumes ouvertes. Il inspira puis expira lentement. Ses sentiments bouillonnaient, la culpabilité, le remord, le regret, la peur, un pincement de jalousie, aussi –mais il mit tout cela de côté et fit le vide. Il n'avait pas le temps de penser à lui-même, pas le temps d'être égoïste.

Il se concentra sur la sensation dans sa poitrine, tout au creux de lui, sur ces sentiments emmêlés qui n'attendaient que son attention. Il s'en approcha, se les appropria, acceptant enfin de les regarder en face –ce sont les sentiments de mon âme sœur, et ils font partie de moi. Il les laissa se révéler, se développer et grandir, prendre possession de lui.

Comme plus tôt, le mal de tête resurgit –la peur, la panique, la confusion. Oikawa les accepta. S'il voulait aller plus loin, il devait tout accepter... et Tobio devait l'accepter aussi. Il avait l'impression de le sentir, plus proche que jamais, presque palpable, une présence forte dans un lien fragile.

Tobio-chan.

Il s'abandonna davantage, prêt à recevoir autant que Kageyama voudrait donner. Un frisson remonta le long de son dos, une sensation de malaise physique et mental. Quelque chose touchait sa peau, quelque chose d'étranger, quelque chose de gênant. Des picotements gagnèrent ses joues, ses lèvres, ses tempes. Des fourmis couraient dans ses doigts, les veines de ses avant-bras palpitaient. Le cognement dans sa tête était toujours aussi fort, il se sentait nauséeux.

Je suis là.

Il avait du mal à respirer. Quelque chose de rugueux et sale entravait sa bouche. Il sentait la peau tendre de ses poignets piquer et démanger comme si elle était entamée, mais ne pouvait pas la toucher. Ses membres étaient engourdis. Il eut envie de pleurer.

Son cœur battait trop fort et trop vite. Il tambourinait contre sa cage thoracique comme s'il voulait en sortir, comme s'il voulait s'échapper de son corps, lui aussi, et rejoindre celui à qui il devait appartenir...

Je suis avec toi.

-Oikawa-san ! s'écria la voix d'Hayashi.

Oikawa ouvrit les yeux. Le visage trouble d'Hayashi l'accueillit, pâle et paniqué ; il sentit des doigts crispés sur ses épaules, et en tournant légèrement le visage, aperçut tous les yeux fixés sur lui.

Le silence qui régnait dans l'appartement le suffoqua.

-Je... commença-t-il d'une voix rauque.

Il sentit un goût salé sur ses lèvres, et se rendit soudain compte que ses joues étaient striées de larmes. Il se hâta de les essuyer du revers de la manche, toujours sans comprendre ce qui venait de se passer. Il tremblait de tout son corps, avec l'impression de sentir encore les entraves sur sa propre peau.

-Vous avez été loin, déclara Hayashi toujours sans le lâcher. Très loin.

Il ne sut que répondre, occupé à reprendre son souffle. La phase de transe l'avait encore davantage éprouvé que la première fois –il n'avait pas conscience que les choses pouvaient aller si loin, qu'il pouvait à se point se perdre dans les profondeurs de leur lien. Il avait l'impression de sentir la présence de Tobio partout autour de lui, greffée à sa peau, perchée dans son esprit.

-Qu'avez-vous senti ? demanda Hayashi en se rasseyant finalement face à lui. Vous avez vu quelque chose ? Vous avez investi ses sens ?

-J'ai... J'ai senti qu'il était bâillonné, murmura Oikawa. Je crois que ses poignets sont attachés. Je –Je ne suis pas certain, mais je pense qu'il a les yeux bandés.

Il essaya de retrouver une respiration régulière, sans succès ; quand il releva les yeux, tous les autres avaient investi le salon à leur tour, les deux policiers accroupis face à lui, Ushijima, Miwa et Romero debout dans un coin, essayant de ne pas le fixer.

-Il..., reprit-il d'une voix étouffée, il y avait des voix...

-Vous avez entendu ses ravisseurs dire quelque chose !? s'exclama un des policiers.

-Non... C'était ma voix.

Tobio-chan, je suis là, je suis avec toi. Il l'avait pensé, il l'avait exprimé de tout son être, mais il ne savait pas du tout comment ces mots lui étaient venus à l'esprit.

-Pour l'enquête, réclama immédiatement l'autre policier. Il est attaché. Les yeux, la bouche, les poignets. Vous avez senti autre chose ?

Il secoua négativement la tête, sentant sa gorge trop serrée pour laisser passer d'autres mots.

-C'est déjà une grande avancée, argua Hayashi. Laissons Oikawa-san respirer un peu, je vous prie. Je pense qu'un verre d'eau lui ferait du bien...

Ce fut Ushijima qui s'en chargea, et Oikawa accepta le verre sans le regarder. Il but lentement, toujours hanté par ce qu'il avait senti.

-Vous vous êtes entendu parler ? demanda calmement Hayashi.

-Oui. Je parlais à Tobio comme s'il pouvait m'entendre. Mais à aucun moment je n'ai voulu penser ça –je veux dire, je me focalisais sur ses sensations, et tout d'un coup ça a résonné dans ma tête –je... je suis schizo, c'est ça ?

-Non, rassurez-vous, sourit Hayashi. C'est quelque chose qui a déjà été observé dans des cas comme les vôtres.

Il n'ajouta rien pendant un moment, laissant le temps à Oikawa de se calmer. Il finit de boire et posa le verre vide sur la table basse, puis se leva et fit quelques pas pour se dégourdir les jambes, effleurant d'une main distraite ses meubles comme pour être sûr qu'il était bien revenu dans son corps, dans son appartement. Finalement, il ouvrit la fenêtre et s'y accouda, désireux d'avoir de l'air frais ; Hayashi l'y rejoignit.

-Est-ce que vous avez déjà entendu parler du mythe des âmes sœurs ? demanda-t-il.

-On vit dedans, non ?

-Je veux parler des origines. Le mythe platonicien.

Oikawa ne répondit pas, parcourant du regard la ville qui s'étalait devant lui, se demandant au fond si Kageyama se trouvait quelque part là, à attendre qu'on vienne le chercher.

-Platon dit qu'au début, les dieux nous ont créés avec quatre bras, quatre jambes et deux visages, raconta Hayashi. Nous ne faisions qu'un ainsi, nous formions un tout. C'est ce qu'on appelle l'androgyne originel, et tout était idéal jusqu'à ce que, par un geste divin, ils soient séparés en deux, formant les êtres que nous sommes aujourd'hui. Et depuis ce jour, chaque personne est vouée à connaître et retrouver sa moitié dans le monde qui l'entoure pour reformer cette harmonie perdue.

-C'est très beau, commenta Oikawa d'une voix ironique. Mais si vous me permettez, je doute un peu qu'on ait tous été un jour des boules à huit membres en train de rouler joyeusement dans les plaines du Péloponnèse.

-C'est un mythe, répondit Hayashi en riant. C'est l'explication qu'on trouvée les anciens pour expliquer que chacun d'entre nous ait une personne qui lui corresponde exactement. A vrai dire, même si l'humanité a su dégager des règles, de nombreuses zones d'ombres continuent à entourer cette réalité. Comme ce lien se crée-t-il ? Est-il présent dès la naissance ? Dès le moment de notre conception ? Y a-t-il des critères pour réunir deux personnes ?

Oikawa renifla. Il s'était souvent posé ces questions. Pourquoi Tobio et pas Hajime ? Pourquoi le destin n'avait-il pas voulu leur donner cette chance ? Pourquoi lui attribuer un rival, quelqu'un avec qui il avait des antécédents, plutôt que de lui faire apparaître par miracle une personne qui lui correspondrait, comme pour Iwaizumi ?

-Toujours est-il que ce lien existe bel et bien, et vous êtes en train de l'explorer, poursuivit le spécialiste. C'est la première fois qu'il est pleinement activé. Tout à l'heure, ce n'était qu'une tentative, qu'une expédition en surface –à présent, vous y êtes allé, n'est-ce pas ? Vous avez pu communier.

Un hochement de tête lui tint lieu de réponse.

-En plus des sensations violentes, vous avez pu investir ses sens. Un début, en tout cas. Le toucher est toujours la première étape, c'est ce qu'il y a de plus évident, de plus flagrant, surtout dans la situation de Kageyama-san. En persévérant, vous atteindrez des stades plus précis –la vue, l'ouïe, l'odorat et le goût. Vous pourrez sentir toutes les nuances de ses humeurs, les moindres altérations de son état.

-Et ça se paye systématiquement d'une crise d'angoisse ? demanda Oikawa en serrant et relâchant ses poings.

-Non, je vous rassure. Les prochaines tentatives devraient être plus... sereines, maintenant que le lien est rétabli dans toute sa puissance.

Tooru marmonna un vague super avant de replonger dans sa contemplation du paysage. Trop de choses se passaient trop vite. Cette journée était censée être tout à fait normale, semblable aux autres, et voilà qu'il se retrouvait mêlé à une enquête, à entrer en contact psychologique avec une âme sœur qu'il avait rejetée des années avant. Il avait voulu oublier Tobio, mais n'y était jamais parvenu, même avec les annihilateurs. Il avait voulu passer à autre chose, effacer petit à petit de sa mémoire ses souvenirs de lui, et voilà que surgissaient tous ses proches et qu'il apprenait des choses sur son ancien rival qu'il n'aurait jamais suspectées.

-Et la voix ? demanda-t-il. Vous ne m'avez pas répondu. Qui est-ce qui parlait ?

-C'était vous, bien sûr, déclara Hayashi en souriant. Mais ce n'était pas exactement vous non plus.

-Merci pour la clarté, répliqua Oikawa d'un ton acerbe.

-Ce que je veux dire, c'est qu'il y a plusieurs strates dans votre psyché. Il y a le vous social, tel que vous êtes en ce moment, avec vos souvenirs, vous expériences, votre caractère. Et il y a un vous plus profond, un inconscient, un subconscient même, qui n'est pas affecté par tout ce qui vous a construit, qui reflète au contraire ce qui est inné chez vous. L'instinct de survie, par exemple... et le lien des âmes sœurs. Quand le contact a été enfin établi, vous avez agi par un réflexe que vous ne connaissiez pas, car il n'a jamais pu se développer avant aujourd'hui.

-Ça a toujours été là ?

-Toujours. Les couples plus traditionnels, comme pour la perméabilité du lien, le font sans s'en rendre compte, puisque c'est aussi une part de leur relation amoureuse. L'expression de leur attirance subconsciente envers une âme sœur s'exprime de la même manière qu'une personne amoureuse à celle qu'elle désire.

Ça faisait encore beaucoup à encaisser, mais Oikawa s'efforça de tenir le choc. Il avala sa salive et savoura un moment la sensation de ses mèches agitées par la brise ; puis il demanda, doucement, d'une voix à peine audible :

-Et... ces mots que j'ai dit, que mon inconscient a dit... est-ce qu'il les a entendus ?

-Peut-être. Tout dépend de son propre rapport à votre lien. Mais s'il ne les a pas forcément déchiffrés... Il les a au moins sentis.

-Alors il sait que je le cherche ? demanda Oikawa, et sa voix trahit une pointe de désespoir.

Il se reprit aussitôt, s'en voulant d'apparaître aussi sensible ; mais c'était la vérité, la situation le bouleversait profondément. Il était le seul à pouvoir entrer en contact avec Tobio. Le seul à pouvoir le sauver –et que pouvait bien penser Kageyama, de son côté, en ressentant la présence d'Oikawa après tant d'années de silence ? Tooru enfouit ses mains dans les poches de son jean et se détourna de la fenêtre.

-Il doit en être conscient, oui. Psychologiquement, ce genre de lien est souvent bénéfique pour les victimes. Vous devez sentir que Kageyama-san est dans une situation extrêmement angoissante –isolé, coupé du monde, privé de ses moyens. Le lien qu'il entretient avec vous est la seule chose qui le raccroche à l'extérieur.

Cela rajouta un poids sur les épaules d'Oikawa, mais il ne le laissa pas paraître. Ses pensées dérivaient à la prochaine tentative, et la suivante encore ; quels nouveaux stades allait-il découvrir ? Si Tobio pouvait penser des mots comme il l'avait fait, pouvaient-ils communiquer de la sorte, à travers un lien quasi-télépathique ? Il n'en savait rien, ça lui paraissait fou, mais il allait de surprise en surprise et plus rien ne l'étonnait.

-Vous pouvez sentir sa détresse, dit Hayashi. Pensez que c'est réciproque. S'il s'accroche au lien comme vous le faites de votre côté, il peut puiser des forces dans votre bien-être.

Oikawa ne put s'empêcher de laisser échapper un rire sans joie. Son bien-être. Il était nerveusement à bout en dépit d'avoir tout juste commencé, complètement chamboulé par des révélations successives, torturé par le passé, anxieux pour le présent, complètement perdu sur tous les plans. Et c'était là-dedans que Kageyama était censé puiser du réconfort ?

Mon petit Tobio, songea-t-il, je crois qu'on est tous les deux foutus...

...Mais au moins, on est tous les deux.

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