Corentin
Je n'en croyais pas mes yeux. Etait-ce vraiment la Mort qui se trouvait devant moi ? Comment un homme... tel que lui pouvait avoir un lien avec la mort ?
-Comme je te le disais, ici, tu vas pouvoir te venger de tous ceux qui t'ont fait du mal.
La Mort sortit un flacon de sa poche contenant un liquide vert.
Il versa le liquide sur la table. Le fluide s'anima, entra en ébullition, produit des étincelles et se matérialisa en un ordinateur.
-Allume le. Me demanda-t-il d'un ton sec.
J'appuya sur le bouton « on ». Sur l'écran apparut d'abord un texte, « n'oublie pas que nous sommes là ». Puis les réseaux sociaux apparurent. Tous y étaient.
-Tu as les contacts de tes amis, de tes ennemis, de ta famille.
Je regardais l'ordinateur avec des yeux ébahis, puis, je les tournai vers la Mort, toujours souriant.
-Je te laisse profiter. Dit-il pour finir avant de se lever et de sortir de la cellule.
Mes mains se décollèrent enfin des accoudoirs.
Je suis resté longtemps assis, sans rien faire, sur cette chaise. Puis je me suis levé et je me suis rapproché de la porte. Verrouillé. Impossible de sortir. Je suis retourné vers l'ordinateur. J'ouvris Messenger. A qui devais-je envoyer mon premier message ? Mes parents. J'ai créé un groupe réunissant d'abord mes parents, puis toute ma famille, si je pouvais prévenir le plus de personne possible. Je me suis mis à écrire :
« Bonjour,
Vous ne me croirez surement pas, vous penserez surement que c'est un canular, mais je vous prie de croire en l'authenticité de ce message. Je suis Corentin, je vous parle depuis l'Au-Delà. Je suis enfermé dans une prison où l'on me demande de me venger de tout ceux qui m'ont fait du mal. Qu'en pensez-vous ? »
Sans m'en rendre compte, je m'étais mis à pleurer en écrivant ce message. La derniére fois que j'avais pleuré, c'était juste avant de me pendre. Ensuite, je me suis calmé, et tout est allé très vite. A peine eut-je le temps de découvrir mon nouvel univers, que je me suis retrouvé dans cette prison, j'ai rencontré la Mort et on me demande de régler des comptes. Je n'avais pas encore saisi l'ampleur de ce que je vivais maintenant. J'ai longtemps pleuré. J'avais besoin d'extérioriser tout ce qui venait de se passer ses derniers temps. Je ne m'étais pas rendu compte de tout ce qu'il venait de se passer. Je me sentais horriblement seul. Jamais la solitude ne m'avait fait aussi mal. J'étais partagé entre les regrets et l'incompréhension.
Enfin, lorsque les larmes cessèrent de couler, je me repris, et je me reconcentrais sur ce message qui attendait d'être envoyé. Cela me faisait toujours du bien de pleurer, les larmes me permettait de réfléchir et d'y voir plus clair dans ma douleur.
J'appuya sur le bouton envoyé, mais il refusa de partir, je ne découvris qu'un avertissement : « Désolé, nous refusons d'envoyer ce message ». Je retentai, encore, et encore, mais toujours le même message. C'est alors que je compris. Ils voulaient que je me venge, et non pas que je rassure. Il fallait que je trouve un autre moyen de pouvoir communiquer. Je fis défiler la liste des contacts. Il fallait que je trouve quelqu'un avec qui communiqué. Anna. Qui était Anna déjà ? La blonde qui me fixait toujours à la cantine. Elle faisait partie des personnes qui ne se moquait pas de moi, mais qui ne m'aidait pas non plus. Un moment, j'ai cru qu'elle voulait sortir avec moi. Mais non. Il ne fallait pas se faire d'illusions. Qui pouvait bien avoir envie de sortir avec un boulet comme moi ? Etre de mon côté, c'était accepté d'être moqué, ridiculisé, prendre sous son aile une cause perdu. Et aucun lycéen n'accepterait de se retrouver dans les mêmes conditions que moi, question de principe, histoire d'égo, affaire de réputation... La liste était longue, toute raison était bonne pour ne pas croiser mon regard, ne pas me parler et ne pas avoir à fréquenter les « mauvaises personnes ».
Anna, c'était différent, je ne sais pas pourquoi, mais en y repensant, je me disais que son regard n'était pas le même que les autres. C'est avec elle que je communiquerais. Avec un peu de chance, elle me répondrait. Maintenant, il faut que je fasse attention à ce que j'écrive. Après un moment de réflexion, j'étais enfin décidé. Voilà ce que j'allais écrire :
« J'Ai Besoin De ne pas oublier ce que vous m'avez fait,
tu ne peux pas échapper,
Ton espoir mourra rapidement,
aucune Aide ne te servira. »
Je respirais fort, et je cliquai sur envoyer. Le message fut envoyé. Je fus rapidement soulagé, puis de nouvelles larmes coulèrent sur mes joues. Je pleurais encore une fois. Je ne les retins pas. J'avais encore besoin de me rassurer. Envoyer un message ne signifiait pas forcément que je recevrais une réponse.
Alors j'attendis. Longtemps. Je n'avais aucune notion du temps. Combien de temps allais-je rester là ?
Apparemment non. Un homme, du même style que ceux qui m'avaient amené ici ouvrit ma porte et me fit signe de le suivre.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro