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CHAPITRE 1 / 1.1 - Louis

Salut à tous !

Le tome 2 de Réseau Royal arrive le 13 janvier en librairies, et ces derniers mois, j'ai fait un gros retravail dessus pour vous offrir la meilleure version possible du roman au format papier 💙

En attendant la sortie, voici déjà un petit aperçu avec les deux premiers chapitres de la nouvelle version ! Évidemment, étant donné qu'il s'agit d'une suite directe du tome 1, il n'est pas possible de les lire de manière indépendante 😉

Bonne découverte !

***


Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

[Vous êtes maintenant en live !]

Le message s'affiche une fraction de seconde avant de disparaître, ne laissant plus aucune barrière entre Louis et le gros plan de son visage capturé en direct par la caméra de son smartphone. Il voudrait dégager un air de confiance et de sérénité ; à la place, il ne peut s'empêcher de se trouver fatigué. Il force son sourire à s'élargir avant d'entamer :

— Mes chers sujets...

Instinctivement, son regard est attiré par le compteur en haut à droite de son écran. Le nombre qui s'affiche ne fait que grimper, affolé. Deux cent mille, trois cent mille, cinq cent mille... Autant de Français qui l'observent en direct, rameutés par la notification qu'ils ont tous reçue, les conviant à se connecter immédiatement à Réseau Royal pour écouter ce que leur souverain a à leur dire. Louis a prononcé trois mots seulement, mais les réactions saturent déjà le tchat. Il défile trop vite pour que le roi puisse le lire – et il n'essaie même pas, d'ailleurs, tenant à rester concentré sur ce qu'il a à dire. En revanche, des émojis s'élèvent depuis le bas de l'écran, reflets des réactions que ses sujets ont choisi de sélectionner. Des cœurs, des couronnes, des flammes, des étincelles...

À les voir, on pourrait s'imaginer que la France me plébiscite... ou presque.

Car Louis n'est pas naïf. Ce live est censé donner l'illusion à tous qu'ils font face à un souverain proche de son peuple, décidé à communiquer avec eux un peu comme un ami, de manière informelle – d'où le choix de ce cadrage si centré sur son visage, dans sa propre chambre au château de Versailles. La réalité, c'est que son intervention se fait sous haute tension. Face à lui, hors champ, ce sont une dizaine de techniciens qui s'activent, contrôlant la lumière qui l'éclaire, le prompteur sur lequel le discours qu'il va prononcer doit s'afficher, le micro de taille impressionnante qui capte la moindre des variations de sa voix. Dans la pièce , c'est une autre équipe qui est réunie, chargée quant à elle de la modération des messages et des réactions en direct. Louis préfère ne pas penser à ce qu'ils doivent filtrer, tous ces émojis qu'il ne voit pas et qui racontent sans doute une tout autre histoire que ceux qui ne cessent d'éclater sous ses yeux comme un feu d'artifice continu à sa gloire. Les pouces baissés, les visages furieux ou dégoûtés...

L'expression numérique de ceux qui, hier seulement, vociféraient leur colère devant le château, attendant en vain que ses grilles s'ouvrent...

— DÉMOCRATIE ! DÉMOCRATIE ! hurlait le peuple.

Le complot de Marc Sallemont a échoué. Mais il a beau être sous les verrous, le vent de révolution qui s'est levé à cause de lui souffle toujours librement dans le pays.

Heureusement, les manifestants ont fini par se disperser, sans doute las de s'égosiller, et à la tombée de la nuit, le silence était revenu à Versailles.

Il n'était pas rassurant pour autant. Il me renvoyait en pleine face à quel point l'avenir de la France est incertain. À quel point mon avenir est incertain...

Louis était épuisé, mais pas question pour lui de se reposer. Il a retrouvé ses ministres, pour élaborer avec eux une stratégie de réponse à la contestation populaire. D'où son intervention préparée en urgence, pour tenter d'apporter à ses sujets des mots rassurants, des mots qui leur montreront qu'il n'est pas le mauvais roi que Marc a voulu leur dépeindre. Que leur bien-être compte à ses yeux, qu'il saura se révéler à la hauteur des défis de la Couronne et s'élever au-dessus de la situation pour que le pays en ressorte grandi.

Ce serait plus simple si j'en étais moi-même convaincu...

Il a une boule dans la gorge, qui l'empêche de poursuivre son discours. Les phrases sont là, sur le prompteur, mais il a la langue sèche. Le technicien le plus proche lui fait un signe impatient, sans doute agacé par ce silence du plus mauvais effet.

Louis s'en détourne. C'est un autre visage qu'il cherche. Catarina... Le long du mur du fond, près de ses ministres, elle l'observe avec intensité. Leurs regards s'accrochent ; dans les prunelles de l'infante, il lit tous ses encouragements muets, sa confiance en lui aussi, plus profonde que celle qu'il s'accorde à lui-même. Il y trouve la force de faire taire les doutes dans son esprit.

Je suis le souverain légitime de la France. Je dois rester droit pour servir de rempart entre le pouvoir et les ambitieux qui cherchent à le conquérir.

— Hier, vous avez exprimé votre mécontentement d'une manière inédite. Ne croyez pas que je sous-estime le mal-être que vous avez exprimé : au contraire, il est de mon devoir de vous écouter. Vous ne vous sentez pas suffisamment reconnus, et pourtant, je vous l'affirme : je pense à vous, à chacun d'entre vous qui appartenez à la grande famille que représente notre nation. J'ai vos intérêts à cœur, tous autant que vous êtes.

De nouvelles salves d'émojis accompagnent chacun de ses mots. Louis essaie de ne pas se laisser distraire, mais il lui semble qu'il y a de plus en plus d'orange : le symbole des flammes paraît prendre peu à peu le pas sur les autres parmi les réactions. Un effet grégaire comme il y en a souvent sur Réseau Royal.

— Je suis déterminé à ce que nous avancions ensemble vers la prospérité, et je refuserai toujours absolument les discours de haine visant à nous diviser. Au cours des derniers jours, il m'a été fait état d'événements absolument déplorables s'étant produits sur notre territoire. Des agressions, des dégradations, des rassemblements mus par une hostilité excessive... Ceux-ci ne sont pas acceptables. En tant que souverain, je suis garant de votre sécurité. Je m'opposerai fermement à ce que ce pays bascule dans le chaos. Ouvrons le dialogue, oui ; mais croyez en moi, chers sujets, comme moi, je crois en vous pour faire un usage éclairé de votre jugement et de votre raison. Je me tiens disponible pour répondre à certaines de vos questions dès maintenant.

Encore des flammes, toujours plus de flammes pour saluer cette proposition inédite. C'est Catarina qui a suggéré cette idée la veille, au Conseil : prouver la volonté de Louis de se rapprocher de son peuple en poussant jusqu'au bout la logique du live. Bien sûr, comme tout le reste de ce direct, ce n'est qu'un jeu d'apparences : les questions auxquelles le jeune roi s'apprête à répondre vont bien émaner de ses sujets, mais n'auront absolument pas été sélectionnées au hasard. L'équipe de modération de la pièce d'à côté est sur les rangs pour les trier sur le volet, et n'envoyer sur son écran que celles pour lesquelles il a une réponse préparée. Le format l'angoisse malgré tout : il aurait préféré limiter autant que possible la part d'inconnu dans son intervention.

Mais je suis le roi. Je n'ai pas le droit d'être lâche.

Un premier rectangle blanc s'affiche au bas de son écran ; une question d'une certaine Éva Jacques :

[Quelles mesures concrètes comptez-vous prendre concernant le pouvoir d'achat ?]

Il réactive son sourire, s'emploie à affirmer qu'il s'agit de l'une de ses priorités et qu'une revalorisation du salaire minimal est à l'étude, tout comme une augmentation des aides de rentrée scolaire et une prime pour tous les employés de la fonction publique. La question suivante porte sur les audiences publiques qu'il accorde mensuellement à Versailles : il déclare qu'il y est plus attaché que jamais, et qu'il ne compte pas se couper du contact avec son peuple, surtout dans un moment comme celui-là.

Ses réponses s'enchaînent : sur l'éducation, le positionnement de la France au sein de la Ligue des royaumes d'Europe, la gestion des administrations locales... Il s'efforce de se montrer toujours optimiste, serein, s'engage à rencontrer personnellement des représentants de divers groupes d'opinion dans les plus brefs délais. Il n'annonce rien de vraiment inédit – en vingt-quatre heures, ses ministres n'ont pas eu le temps de réellement définir une politique pour la suite –, mais il espère que cela suffira à apporter un peu d'apaisement aux esprits échauffés de ses sujets...

Finalement, il ne s'en sort pas si mal. Il se détend de question en question. Son sourire se fait même sincère lorsque, de la part d'une femme au statut Argent, Pétronille Lalande, sa modération fait passer une interrogation pleine de sollicitude, qui le touche :

[Comment allez-vous, Votre Majesté ? N'êtes-vous pas trop ébranlé par les derniers événements ?]

Il hoche la tête avant de répondre :

— Tout d'abord, merci de vous en préoccuper, Pétronille. Je vais bien, vous pouvez le constater. Un peu de fatigue ne m'abattra pas ! Ma détermination à donner le meilleur de moi-même pour gouverner la France comme elle le mérite reste intacte.

Il espère que son clin d'œil de connivence lui attirera des sympathies ; en tout cas, les émojis s'élèvent en nouvelles gerbes au bas de son écran. Il est presque au bout de la durée prévue pour son live : quelques minutes encore. Peut-être une ou deux questions auxquelles répondre, pas plus. Il inspire en attendant la suivante.

[Où est Marc Sallemont ?]

Son souffle se bloque. Il blêmit ; rien qu'une seconde, mais la caméra de son smartphone est impitoyable : l'instant a été capturé, diffusé en direct sur tous les téléphones du pays.

Qu'est-ce que c'est que cette question ?

Elle n'aurait pas dû être posée, elle faisait partie de la liste de celles que son Conseil avait sciemment décidé de laisser de côté. Comment a-t-elle pu passer les filtres de modération ? Erreur d'inattention d'un membre de l'équipe ? Ou bien malveillance active ? Les techniciens sont censés avoir été triés sur le volet, mais un traître à la Couronne peut s'être glissé parmi eux, indétectable.

D'un coup, cela dissipe brutalement les illusions auxquelles Louis s'était pris malgré lui à croire. Non, les Pétronille ne sont pas majoritaires dans le pays ; ce n'est pas la bienveillance qu'il inspire, mais la haine. S'imaginer le contraire, c'est se voiler la face...

Il n'a aucune réponse préparée concernant le sort de Marc, mais il est inconcevable qu'il ne s'exprime pas : ce serait pire que mieux. Du coin de l'œil, il distingue ses ministres en train de s'activer, paniqués. Pierre de Chantilly a l'air de griffonner quelque chose sur un carnet, probablement pour tenter de lui faire lire quelque chose en urgence afin de l'orienter, mais Louis est lucide : il n'a pas le temps d'attendre ses indications. Alors il décide d'improviser, à partir du discours officiel que son Conseil avait envisagé de diffuser un peu plus tard, quand la tension dans le pays serait un peu retombée :

— Malheureusement... nous sommes sans nouvelles de Marc Sallemont depuis vingt-quatre heures, ainsi que de sa femme Cécile et de sa fille Marie. Je ne vous cache pas que j'en suis très inquiet, et je crains qu'ils n'aient pu être molestés dans les troubles d'hier. Soyez assurés que tous les moyens sont mis en œuvre pour découvrir ce qui leur est arrivé. En attendant, mon équipe ministérielle est donc réduite à cinq conseillers : Pierre de Chantilly, Valérie de Noailles, Anne de Mortemart, mon oncle Jean de Berry et monseigneur le cardinal d'Avignon. Quant à la présidence de Réseau Royal, Julie Morleux, la nièce de Marc Sallemont, la reprendra par intérim.

Louis se fend d'un rictus crispé. Dans le fond de la pièce, ses ministres n'ont pas l'air trop catastrophés par sa performance : c'est déjà ça. Et Catarina hoche la tête doucement, ce qui l'aide à retrouver son calme.

En revanche, le bas de son écran est devenu un brasier. Les émojis flamme ont noyé tout le reste, se déversant depuis le tchat en un flux continu qui, paradoxalement, fait courir un frisson glacé le long de son échine.

Car d'un coup, il n'y perçoit plus la marque de soutien que son équipe de modération y voit sans doute. Mais un message bien plus acide, seule expression de contestation à laquelle son peuple en est réduit puisque toutes les autres lui sont étouffées. Non le feu de l'enthousiasme, mais une promesse, menaçante.

Celle d'un incendie qui viendra bientôt brûler ma couronne... et moi avec.

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