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1.5 - Julie

Au dernier étage de l'immeuble occupé par le siège de Réseau Royal, Julie est assise derrière le bureau qui était il y a une semaine encore celui de Marc Sallemont, et qui est désormais le sien. Le fauteuil en cuir rembourré est d'un confort exceptionnel ; la table aux lignes parfaitement épurées semble avoir été choisie par un architecte d'intérieur spécialement pour sublimer la pièce. Quant aux larges baies vitrées, elles permettent d'envahir les lieux d'un flot de lumière, en plus d'offrir une vue imprenable sur les toits du sud de Paris.

Mais je ne me sens pas à l'aise ici. Loin de là.

Si elle doit jouer un rôle en tant que chef d'entreprise, cet endroit est à peu près aussi accueillant pour elle qu'un décor, froid et superficiel. Elle se sent comme une petite fille en exploration dans une pièce réservée aux grandes personnes : l'espace autour d'elle lui semble trop vaste, trop solennel.

Il rappelle quel titan était mon oncle, dans ses réussites comme dans ses échecs. Et moi... je suis juste une naine.

Pour autant, Julie est décidée à faire de son mieux. À essayer. La veille, elle n'a guère eu le temps que de faire le tour des locaux, guidée par l'hôtesse chargée de lui faire la visite du bâtiment. C'est aujourd'hui que sa mission commence réellement. Une voiture dépêchée par le gouvernement l'a ramenée de Versailles ce matin encore ; pendant tout le trajet, elle s'est exhortée à garder la tête haute quoi qu'il arrive, comme elle a réussi à le faire face à ses employés réunis dans le hall. Elle a des lacunes, mais elle apprendra ; elle veut se donner autant qu'elle le peut, tenter de faire une différence à cette nouvelle position où le destin l'a placée.

Mais par où commencer ? Que faire ? Je n'ai aucune idée de la manière dont on dirige une entreprise, surtout de cette taille. Est-ce qu'il faut que je commence par rencontrer les chefs de service ? Par lire des rapports sur le fonctionnement interne ? Par...

Une sonnerie la fait soudain sursauter : celle du téléphone fixe posé sur le coin de son plan de travail. Quand elle décroche, une voix masculine résonne dans son oreille :

— Bonjour, mademoiselle Morleux. Je suis Armand, votre assistant.

Julie prend note pour elle-même qu'elle devra bloquer un créneau dans la journée pour rencontrer et apprendre à connaître cet homme qui, selon toute vraisemblance, sera en relation étroite avec elle.

— Bonjour, Armand, le salue-t-elle poliment.

Apparemment surpris par cette marque de considération, il laisse passer un instant avant de poursuivre :

— Mme Lambrou est arrivée pour votre rendez-vous.

Julie ignore qui est cette dame, et savait encore moins qu'elle était censée la rencontrer ce matin.

On verra bien ce qu'elle attend de moi, je suppose...

Ravalant son appréhension, elle carre ses épaules et déclare :

— Très bien. Faites-la entrer.

— Tout de suite, mademoiselle.

Quelques secondes plus tard, la porte du bureau s'ouvre sur une femme d'une cinquantaine d'années, les cheveux coupés au carré. Son pas est décidé, son expression sévère. Si Julie avait peur de ne pas savoir comment l'accueillir, il semblerait que cette crainte soit sans objet : la nouvelle arrivante a visiblement une idée très claire de la manière dont leur discussion doit se dérouler.

— Bonjour, mademoiselle, la salue-t-elle. Je me présente : Agnès Lambrou, directrice adjointe de cette entreprise.

Elle tend une main ferme devant elle ; Julie se lève pour la saisir.

— Enchantée.

— Comment s'est passée votre installation ? On vous a fait visiter les locaux hier, m'a-t-on dit.

La jeune femme hésite. La vérité, c'est qu'elle a perçu l'hostilité avec laquelle les employés de Réseau Royal l'ont accueillie, mais elle n'est pas certaine d'avoir envie d'en parler, surtout à quelqu'un qu'elle vient tout juste de rencontrer.

Il semblerait cependant que sa réponse n'intéresse pas vraiment Agnès. Cette dernière enchaîne en effet avant que Julie n'ait pu prononcer le moindre mot :

— Je vois qu'on vous a installé un nouvel ordinateur. C'est bien. Comme vous vous en doutez certainement, toutes les affaires personnelles de Marc Sallemont ont été saisies pour une fouille approfondie par les services de police. Avec un peu de chance, elles nous livreront de quoi débusquer avec précision les traîtres au sein de cette entreprise.

Ces quelques phrases suffisent à mettre Julie en alerte. Par ses propos, Agnès se range résolument dans le camp du pouvoir royal. Cela la surprend : en tant que directrice adjointe, elle devait occuper des fonctions élevées au sein de Réseau Royal, au plus proche de son oncle. La jeune femme se serait attendue qu'elle partage ses convictions, ou du moins qu'elle soit attristée par son arrestation.

Et d'ailleurs... comment est-elle au courant de ce qui est arrivé à Marc ?

La seule explication logique s'impose à elle.

— Vous venez d'être nommée, vous aussi ?

Agnès hausse un sourcil.

— En effet. Jusque-là, j'étais l'une des collaboratrices de Valérie de Noailles au sein du ministère des Finances. Nous nous sommes rencontrées à l'École royale d'administration, elle et moi.

Secouant la tête, elle prend place dans l'un des fauteuils qui font face à celui de Julie.

— Bon, inutile de nous attarder là-dessus. Beaucoup de travail nous attend. Continuer à faire tourner cette entreprise correctement tout en veillant à la ramener dans le droit chemin ne sera pas une mince affaire. Je vais avoir besoin de votre coopération la plus totale. Regardez encore cette question sur Marc Sallemont qui a outrepassé les équipes de modération lors de l'intervention en live de Sa Majesté avant-hier... Lamentable. Nous allons devoir retrouver qui est en cause, et sévir. Le mieux dans un premier temps serait que vous prononciez un discours pour clarifier qu'une attitude exemplaire est requise de chacun désormais. J'ai déjà commencé à en rédiger les grandes lignes.

— Attendez...

Agnès parle vite. Ses phrases s'enchaînent, saccadées. Pour se ménager une ouverture, Julie n'a pas eu d'autre choix que de l'interrompre.

— Je pensais plutôt essayer de gagner la confiance de tous, ajoute-t-elle. Convaincre ces gens de travailler avec moi, au lieu de me placer d'emblée en opposition avec eux. Cela me semblait un meilleur calcul sur le long terme.

— Vous êtes trop naïve. La mauvaise graine reste de la mauvaise graine, aussi patiemment qu'on l'arrose.

— J'aimerais tout de même me laisser une chance de leur tendre la main.

Agnès roule des yeux, agacée... mais lorsqu'elle les repose sur Julie, perçants, c'est presque pire.

— Mademoiselle, je crois qu'il y a méprise. Vous ne pensez tout de même pas que vous allez réellement diriger cette entreprise ?

La jeune femme se sent rougir.

Si... En fait, je croyais que c'était dans ce but qu'on m'avait placée à sa tête.

— Sa Majesté n'avait pas d'autre choix que de vous en attribuer la responsabilité en nom, puisque vous êtes la plus proche parente de Marc Sallemont, assène Agnès. Mais nul n'attend de vous que vous soyez davantage qu'une figure de proue. Vous serez le visage de Réseau Royal, vous serrerez des mains et distribuerez des sourires pour afficher à tous la voie à suivre. Pour ce qui est de la gestion quotidienne, c'est moi qui en ai été chargée.

— Mais...

— C'est ainsi que cela se passe dans beaucoup d'entreprises d'intérêt national : vous en avez conscience, n'est-ce pas ? France Énergie, la CFF, Agrisol... Leurs patrons ont tous été nommés là à titre honorifique. Beaucoup de ces postes offrent une position sociale aussi enviable que des lettres de noblesse. Réjouissez-vous : avec une société de l'envergure de Réseau Royal, vous avez gagné un ticket d'or pour la vie mondaine.

Julie se sent vaguement écœurée. Oui, diriger l'entreprise l'effrayait : ne pas se montrer à la hauteur la terrifiait. Mais découvrir qu'elle n'aura pas même la possibilité de faire ses preuves la contrarie. Ce qui l'habite depuis des années, c'est la volonté d'être utile, d'œuvrer à l'avènement d'un monde meilleur. Et maintenant...

Ce qu'on attendrait de moi, ce serait de me pavaner, de n'être plus qu'une enveloppe vide... Je ne sais pas si je suis capable de m'y résoudre.

— Et puis, regardez-vous, poursuit Agnès, acerbe. Vous avez, quoi ? Pas même vingt ans. On m'a briefée sur votre profil : vous n'avez aucune notion d'économie, aucune expérience du monde de l'entreprise. Même avec toute la bonne volonté du monde, vous ne pourriez que courir au désastre.

— Je crois que vous oubliez que sans Mlle Morleux, c'est la France entière qui aurait sombré dans le chaos.

Agnès se retourne brusquement, tandis que Julie lève le regard vers celui qui vient de parler. C'est un jeune homme, grand, aux membres allongés. Il a fait irruption dans le bureau ; cependant, malgré son intervention hardie, il ne paraît pas à l'aise face aux deux paires d'yeux soudain braquées sur lui. Il passe une main dans ses cheveux bruns, avant d'ajouter :

— Matthieu Guillemin, directeur technique... Enfin, depuis trois jours seulement. Je venais me présenter à ma nouvelle directrice : Mlle Morleux, donc.

Il fait quelques pas et passe délibérément devant Agnès pour serrer la main de Julie.

— Je suis désolé, j'aurais aimé trouver un moment pour te croiser hier, mais mon équipe et moi étions toujours absorbés par les vérifications d'urgence pour assurer la sécurité de Versailles. C'est un plaisir de te rencontrer enfin : comme tu t'en doutes, quelqu'un m'a beaucoup parlé de toi.

Sur ce, Matthieu se fend d'un clin d'œil. Julie n'a aucun mal à comprendre à qui il fait référence : Alba, qu'il a enfin retrouvée après son embastillement injuste.

Se tournant vers Agnès, il poursuit à son intention :

— Voyez-vous, madame...

— Lambrou.

— Vous parlez de Julie comme si elle faisait partie des ennemis que vous avez à mater, mais c'est grâce à son acte de courage à elle que nous avons encore un roi à défendre. Alors si j'étais vous, je ne la traiterais pas si vite comme quantité négligeable. Je suis convaincu qu'elle a encore en elle de quoi nous surprendre tous.

Agnès fulmine. Redressant le menton, une moue méprisante étirant ses lèvres, elle lâche :

— C'est ce que nous verrons. En attendant, moi, j'ai des ordres du gouvernement à faire appliquer. Mais nous voulons tous les trois œuvrer dans la même direction, n'est-ce pas ? Alors puisque vous êtes là, prenez place, monsieur Guillemin, et discutons ensemble de ce qu'il convient de faire.

Matthieu tire un fauteuil ; il s'est à peine assis que déjà, Agnès s'est remise à parler – de priorités, de mesures d'urgence et de réorganisation des services à mener. Elle est semblable à un train lancé à toute vitesse, que rien ne pourra faire dérailler.

Mais face à elle, Julie n'est plus seule désormais. Et la seule présence amicale de Matthieu, de quelqu'un qui a l'air – enfin ! – de croire en ses capacités lui donne l'espoir de ne pas être broyée au passage.

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