49💭
Fin août frappait à la porte, la rentrée guettait une grande partie de la société. Cet été était passé à une vitesse fulgurante. Comme souvent pour les vacances. Au plus grand regret de Taehyung qui adorait profiter, sortir, retrouver sa famille ou ses amis. Or là, c'était Toulouse qu'il venait de retrouver. Il avait eu le temps de voir son amie de l'université Daniela, la grande à la peau ébène qu'il avait peu vu durant ces vacances. Par la suite de sa dispute avec William, Taehyung n'avait plus de contacts avec lui. À son plus grand bonheur, ils ne s'étaient pas recroisés. Mais la rentrée pour sa troisième année de langue aurait lieu mi-septembre. Les chances de l'apercevoir étaient importantes.
Pas de nouvelles de Jeon depuis son retour à Toulouse. Une semaine. Il fallait dire que Kim en prenait un dur coup moralement. Il pensait avoir plus d'emprise sur le noiraud qui dealait ses kilos de shit au Mirail. Or, l'étudiant s'était visiblement trompé. Le trafiquant lui faisait comprendre qu'il était celui-ci qui décidait de leurs entrevues. De la fréquence de leur relation. En y pensant plus précisément, le brun se rendait compte que peu avait été échangé entre lui et Jeon. Hormis la drogue. Le sexe. Et les altercations. Leur relation restait chaotique. Un vrai chaos d'attirance mais de différences, d'animosité et de concessions. À quoi bon ?
Taehyung regrettait presque de s'être obstiné. Obstiné à forcer les choses, à déclencher un brin d'étincelles entre eux. La braise était à l'agonie. L'incandescence de la flamme tombait au sein d'une noirceur générale. Le monde des ombres. Le monde de l'oubli, de l'ignorance. Taehyung sortait dehors mais n'avait pas le cœur à la joie. Son esprit lui semblait épuisé, triste résultat de sa relation avec Jeon. Et parfois il se disait, renvoyer un message, qu'est-ce que ça coûtait ? Certes le noiraud ne lui avait jamais répondu depuis ses messages envoyés au Maroc. Pourtant, parfois l'envie le prenait. Cependant, parce que sa fierté demeurait plus coriace, il effaçait cette triste volonté de son esprit.
L'essence de culpabilité rongeait son âme. Car Taehyung sentait que même Sofiane lui manquait. Son sourire si authentique ainsi que ses blagues perpétuelles. Il avait l'impression que quelque chose était brisé. Entre Jeon et lui. Entre Sofiane et lui. Et sans doute entre les deux meilleurs amis. Taehyung ne souhaitait pas admettre que ses actes étaient regrettables. Parce qu'il n'aimait pas les regrets ni les tourments psychologiques. Sauf que, force était d'admettre que ses décisions avaient causé un fracas profond entre les trois hommes. Quand bien même ils avaient souhaité ne plus en parler. Peut-être que le silence valait dépit.
Taehyung l'avait interprété telle qu'une acceptation tacite de la part de Jeon. Mais la réalité semblait contraire. Seul avec ses questions et ses doutes, le brun façonnait des raisons à la disparition du noiraud. Il fumait sa beuh venue de Bordeaux. Lors de l'absence de la tête du réseau, et de ses vacances dans sa ville de toujours, le brun s'était fourni directement là-bas. Dans son ancienne zone où il s'approvisionnait. Les vieux souvenirs avaient été dépoussiérés, le tout accompagné d'une goutte de nostalgie.
Alors que Taehyung venait de raccrocher avec son père au téléphone, il alla se préparer un jus d'orange pressé frais. Il était content. Son père était passé faire un détour en France, en passant par Bordeaux pour voir son petit frère Minho et l'aîné de la fratrie à Toulouse. Deux jours pleins passés sur la ville rose, entre père et fils. Son père qui vivait au Royaume-Uni. Le brun avait tous les bagages pour réussir son année. Il avait revu chacun des membres de sa famille ainsi que ses meilleurs amis. Rien ne devait le stopper d'aller chercher sa licence. Ses mains tenaient la carafe transparente pleine de jus d'orange qu'il s'apprêtait à verser dans son grand verre. Jusqu'à ce qu'un nom apparaisse sur son écran de téléphone. Jeon l'appelait. Il hésita trois secondes entre répondre ou ne pas répondre. Mais finalement, son pouce glissa sur la surface lisse du smartphone pour décrocher.
- Allô ? Résonna la voix du noiraud dans le combiné.
Taehyung se tut un instant. Presque un mois de silence. Enfin, non. Il y avait réellement eu un mois de silence entre les deux hommes. Ses lèvres s'entrouvrirent pour prononcer quelque chose, or il ne parvint à ne rien prononcer.
- Ça va ? Enchaîna Jeon. Quoi de beau ?
Les oranges d'une teinte bien vive se trouvaient sur le petit plan de travail que l'étudiant avait, ainsi que que la peau de celles déjà épluchées et pressées.
- Rien de spécial et toi ? Se contenta-t-il de répondre.
Le ton de Taehyung était clairement axé sur une réserve claire, que le trafiquant saisit. Une aspiration se fit entendre à travers le téléphone, le noiraud fumait.
- Beh la routine quoi. Il rétorqua, d'une voix bien neutre.
Un second silence se marqua entre les deux hommes. Décidément, cet appel portait un fardeau de gêne qui ne leur ressemblait pas, eux qui avaient tendance à faire comme si de rien n'était.
- Bon Kim, tu m'en veux hein ? Il délia enfin sa langue.
- On peut se voir en face au lieu de se parler au téléphone ? Demanda subitement le brun.
- Quoi genre maintenant ?
- Ouais maintenant.
- Beh... Si vas-y je passe te chercher dans vingt minutes. Déclara le noiraud.
- Ça marche.
Et leur appel toucha à sa fin. Taehyung ne souhaitait pas dire ce qu'il voulait dire à Jeon par le biais d'un combiné. Lorsque l'on était adulte, on se parlait face à face.
💭
Tel que prévu, Jeon se pointa en bas de chez Taehyung en voiture. L'étudiant l'avait rejoint. Le dealer lui proposa simplement de bouger à l'Union, sur les hauteurs de Toulouse au Nord, non loin de la Roseraie. Taehyung accepta, peu intéressé sur le pourquoi du comment le noiraud souhaitait se rendre dans ce quartier de l'agglomération proche de la ville rose. Le trajet ne dura que dix petites minutes, ils finirent sur une route isolée parmi les belles maisons en hauteur de l'Union, face à l'étendue de la ville, un coucher de soleil d'été qui arrivait. Ils sortirent tous les deux de la Polo du noiraud, assis sur le capot, l'un à côté de l'autre, une clope aux lèvres tout juste embrasée pour les deux hommes.
- Pourquoi tu voulais directement me voir ? Demanda le noiraud.
Le trajet en voiture n'avait pas été connoté d'une grande conversation, à vrai dire ils avaient peu discuté. Préférant peut-être se confronter tous les deux une fois le visage contre l'air encore chaud de cette fin d'août.
- J'avais pas envie de parler par téléphone. Confia Taehyung.
Son visage était rivé vers celui de Jeon, qui était à sa gauche. Tous les deux s'analysaient de leurs yeux silencieux, pourtant une essence inhabituelle leur portait compagnie.
- Je vois. Rétorqua le vendeur. T'avais quelque chose de spécifique à me dire ?
La façon dont Jeon semblait percevoir la situation, avait le don de provoquer une certaine irritation chez l'étudiant. Parce que le noiraud n'avait pas l'air d'avoir un quelconque souci avec le fait de n'avoir jamais répondu à son client, ni d'avoir échangé une quelconque discussion avec lui en un mois.
- Pourquoi tu m'as pas répondu quand t'étais au Maroc ?
La voix du brun était calme. Il se montra d'abord sincère. Il tira sur sa cigarette, en feintant de la savourer. Les yeux du noiraud ne quittèrent pas ceux du client malgré la tournure de leur entrevue. Il voulait peut-être assumer.
- J'avais pas vraiment le temps. Répondit-il simplement.
- Ah ouais ? Pourtant j'ai face time Sofiane et il m'a répondu sans problème. Pouffa l'étudiant.
Dire qu'il n'avait pas mis un trait de nargue dans sa réponse serait un véritable mensonge. Parce que le brun savait que Jeon se foutait de lui. Il remarqua un éclat de surprise à travers ses pupilles sombres. Visiblement, Jeon apprenait cela. Et Taehyung s'en foutait, complètement.
- Ah. Il ricana. Ok, je vois que t'as un certain seum* contre moi. Il ajouta, en souriant.
*(You're angry at me)
- On va la jouer franco, ok ? Le brun se montra intransigeant.
- Vas-y.
Jeon ne perdit pas son sourire. Il semblait avoir compris que Taehyung était venu ici pour une raison spécifique.
- Tu m'as ghosté pour me prouver à quel point tu peux te passer de moi. Même quand t'étais de retour à Toulouse. Juste pour me montrer que je te suis pas indispensable. Vrai ?
Malgré la violence de sa parole franche, Taehyung garda un ton calme. Réfléchi. Jeon ne perdit pas son petit sourire supérieur. Et là, Kim sut.
- Tu veux la vérité ? Marmonna le noiraud.
- Oui.
- Ouais je t'ai ghosté volontairement pour te prouver tout ça.
Sa bouche s'accula sur le filtre sa clope, il tira, le noiraud paraissait très détendu.
- Quoi, tu comptes me le reprocher ? Il ajouta.
- Non. Répondit l'étudiant. Tu fais ce que tu veux, j'ai bien compris que tu t'en battais les couilles de moi.
Une voiture passa derrière eux, un couple passa devant eux avec leur chien. Le soleil orangé tirait sa couette, pour mieux se coucher sur ce lit azur.
- La dernière fois qu'on s'est vus je t'ai bien répété de pas tomber love. Me fais pas passer pour le méchant maintenant. Râla le noiraud.
- Ça y est, tu t'en balec de moi ? Taehyung haussa un sourcil. Notre affaire de cul se stoppe ici.
- J'ai dit ça ? Se dédouana-t-il.
- Mais sois honnête.
- Notre relation est une relation qui s'essouffle. Constata le noiraud. Et c'est toujours le cas quand on se voit que pour du cul. Mais ça aussi, je te l'avais dit.
- Certes. Admit le brun. Mais t'étais obligé de m'ignorer comme ça ? À croire je suis un mec collant.
- Kim. Dit-il, en le regardant. Le jeu c'était la baise et rien de plus. T'es tombé, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
La manière du dealer, de lui dire cela sans plus de compassion, frappa Taehyung d'une certaine émotion. Comme si un craquement résonnait dans ses tympans. Sa clope mourut par l'écoulement du temps, son mégot tomba à ses pieds parce que son esprit n'avait plus la tête aux détails.
- Je suis pas tombé. Refusa Taehyung. J'ai compris avant de tomber, que tu me regarderais jamais d'un autre œil que celui du client que tu baises.
- Pourquoi tu me reproches quelque chose qu'on avait convenu tous les deux hein ?
- Je te le reproche pas putain. Râla Kim. J'expose les putains de faits.
- Mais en faisant ça, tu cherches quoi ? Me faire culpabiliser ?
Le visage du noiraud était impassible, une statue de marbre, impénétrable.
- J'ai compris que tu t'en battais les couilles. Pouffa Kim. Mais putain t'es un cas quand même.
- C'est moi le cas ? Éclata-t-il de rire, soudainement. Putain, tu t'es fait baiser par mon meilleur pote et c'est moi le cas.
- T'es encore sur ça ?
- Je crois que t'as pas capté que j'oublierai pas ce que t'as fait. Sourit Jeon. T'as offert ton cul à Sofiane sans scrupules et tu me parles de love ? Pouffa-t-il. Tu sais quoi Kim ? T'as que le revers de la médaille* maintenant. T'es niqué, tu me kiffes mais mon reuf** je suis pas dans ça. Y a pas d'attache avec moi.
*(You just deserve it)
**(Bro)
L'indifférence de son ton, ne provoqua rien de spécifique à Taehyung malgré les mots du noiraud. Le brun acquiesça au gré de ses paroles, comme s'il les acceptait.
- Je savais que tu mentais quand tu disais que tu passais outre. Répondit l'étudiant.
- Qui de normalement constitué passerait outre après une telle action hein ? Dis-moi ?
- Donc pourquoi tu m'as baisé si t'avais tant la rage ?
- Juste pour mon égo. Pour me dire que je t'avais quand je le voulais.
- Ah ouais ? Pouffa Kim, assez surpris. D'accord. Il sourit, mais son sourire était anecdotique.
- Tu t'attendais à quoi ? Que je te dise que je t'aime ou je sais pas quoi ? Le noiraud secoua sa tête, amusé. J'espère que ça te servira de leçon. Viser son dealer était une mauvaise idée.
- Je note. Taehyung entra dans son jeu. Mais je tiens à te dire un dernier truc.
Le brun se mit face à lui, yeux dans les yeux.
- T'inquiète pas, je te ferai pas chier. C'est pas toi que j'aime. Et son sourire ne démontra que de l'honnêteté. J'aime quelqu'un d'autre. Osa-t-il dire. Bonne continuation Jeon.
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MDR mic drop devrai-je dire ?
Ahhh plus que 2 chapitres et l'épilogue sera là... Ce chapitre est, je pense, une bonne claque. Déçu(e)s ? Choqué(e)s ? Cette discussion entre eux était nécessaire... Et disons que, voilà Requin je vous avais toujours dit qu'elle serait différente de ce que j'ai pu faire. Mais ne vous inquiétez pas. J'ai encore une petite carte dans mes mains je vous le promets. On en reparle à la fin 😌
Sinon j'espère que l'histoire vous plaît toujours et que vous appréciez ces derniers chapitres !
Désolée pour le retard d'ailleurs. Je vais répondre de ce pas aux coms du 48. Love
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