Trois jours s'étaient écoulés depuis leur retour fulgurant depuis le Maroc. Trois jours de pure fatigue et de récupération. Mais le groupe savaient pertinemment qu'un repos plus long leur serait nécessaire pour récupérer à juste titre. D'ailleurs le temps leur avait filé entre les doigts depuis leur retour à Toulouse. À vrai dire, Jeon s'était contenté de décharger les voitures afin de camoufler la drogue dans son appartement loué à Varèse, cette cité du Mirail. Ceci avait été la seule chose qu'il avait réalisé à propos du go fast. Il avait sans doute besoin d'atterrir un peu et de se rendre compte de ce que ses meilleurs hommes et lui-même, avaient opéré à eux seuls.

Petit à petit, Jeon et son équipe s'occuperait d'écouler les stocks de résine, de découper les doses et d'amasser l'argent de leur investissement. Voilà les futurs mois qui s'annonçaient pour Jeon et son réseau. Du travail, toujours du travail. Et le noiraud s'estimait chanceux dans cette opération. Deux types qui vendaient aux Izards, au nord de Toulouse, s'étaient fait prendre à la frontière espagnole. Deux cents kilos de résine et trente kilos de cocaïne dans leur véhicule. Ils étaient en déjà en détention provisoire à la maison d'arrêt de Seysses, prison connue de la ville rose. Certains passaient, d'autres tombaient. Le jeu du go fast était impitoyable.

Aujourd'hui, Jungkook revoyait sa chère grande sœur. Ses parents qui vivaient à Saint-Orens l'attendaient également pour le repas du soir. Ils voulaient revoir leur fils parti pour le Maroc, afin qu'il puisse leur raconter ses vacances dépaysantes. Le noiraud ne les avait pas vus depuis son départ, donc quasiment trois semaines. Il lui tardait de les serrer dans ses bras. Ses parents ignoraient tout de l'activité de dealer qu'exerçait leur fils. Tout autant que sa sœur. Il s'agissait d'un secret bien entériné pour Jeon. Même si mentir à sa famille ne lui faisait pas plaisir. Ses pauvres parents qui avaient migré à leurs vingt ans, de la Corée pour la France, seraient déçus s'apprendre dans quoi baignait leur garçon.

À ces pensées moroses, le trafiquant claqua un soupir de désespoir. Ainsi allait la vie. Elle résultait de ses choix. Machinalement, ses doigts s'emparèrent d'une cigarette de son précieux paquet rouge et blanc, qui faisait rarement long feu en sa possession. Le filtre teinte gingembre orangé fini entre ses deux lèvres, un coup de briquet embrasa sa clope. Assis dans cette terrasse de café, il attendait patiemment sa grande sœur. Il se trouvait au Florida, café connu de la fameuse place du Capitole de Toulouse. Jeon n'aimait pas tellement la clientèle de cette ribambelle de café de la place mythique de la ville rose, il faisait simplement une concession pour sa chère sœur.

- Jungkook ! Souffla la grande noiraude en le voyant.

Le petit frère se leva, une accolade s'échangea entre eux. Il reconnut alors le parfum fétiche de Natalia, qui lui avait manqué malgré tout.

- Comment tu vas mon merdeux préféré ? Lui sourit-elle.

- Epuisé mais ça va. Il répondit. Et toi ?

- J'ai hâte de mes vacances en septembre, j'en peux plus du taf. Elle admit.

- Ça va il te reste pas longtemps à tenir.

- Psychologiquement ça me paraît long.

- Mdr c'est dans moins de dix jours. Il pouffa.

- Ta gueule chômeur.

Un rire quitta le noiraud. Si sa sœur savait, que son petit frère était loin d'être un chômeur.

- Tu nous as ramené des souvenirs du Maroc ? Elle demanda, curieuse.

- Oui j'ai tout dans la voiture, je vous les donnerai ce soir au repas. Confia-t-il.

Natalia s'exalta sur le fait que son petit frère avait pensé à sa famille. Leur discussion coulait tranquillement, un serveur les aborda pour prendre leur commande.

- Tu vois toujours Leila ? Demanda le noiraud.

- Oui, même si on a moins de temps qu'avant. Acquiesça la noiraude.

- Après ta meilleure copine c'est Ash, donc j'imagine que tu la vois surtout à elle ?

- Oui mais bon le boulot prend du temps quoi. Elle soupira. Et Sofiane va bien ? Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu.

- Beh on a passé nos vacances ensemble, c'était cool. Il expliqua. Mais oui il va bien.

- Il est toujours avec sa copine ?

- Sa copine ? Laquelle ? Marmonna Jeon, en finissant sa clope.

Les yeux de Natalia s'écarquillèrent. La facilité avec laquelle son frère venait de dire cela l'avait quelque peu déstabilisé.

- Ah ouais donc c'est un charo Sofiane ? Elle pouffa, outrée.

- Ah non. Il éclata de rire. Fin tu m'as demandé pour sa copine mais wesh, tu parles de Monica ?

- Oui c'est ça.

Elle hocha la tête. Les longs cheveux noirs de sa sœur virevoltaient selon la coulée du vent, le café de Jeon et son chocolat viennois vinrent les accompagner après le passage du serveur.

- Ils sont plus ensemble. Il dit simplement.

- Ah je vois.

La mine de Natalia semblait plus ou moins triste pour le meilleur ami du noiraud.

- Pourquoi ? Il avait un certain sourire sur ses lèvres. Il t'intéresse ?

- Hein ? Non. Elle rigola, scandalisée. Il est plus jeune que moi, t'es un malade je suis pas une cougar.

- Je sais que son charme t'a jamais laissée insensible. Il ricana. S'il avait eu ton âge t'aurait foncé.

- Ta gueule petit con.

Et en guise de réponse, elle lui attribua un coup de pied dans le tibia. Son frère dépassait réellement les bornes parfois.

💭

Alors que Jungkook et Natalia partageaient leur moment de retrouvailles au Florida, non loin d'eux, se trouvait Sofiane en centre-ville à son tour. Il ne se doutait pas une seconde que l'on puisse discutailler sur sa personne. Son esprit était focalisé ailleurs, sur la jeune femme qui l'accompagnait. Qui n'était personne d'autre que Monica. Comme promis le jour de son départ pour le Maroc, les ex se voyaient. Afin de trancher une bonne fois pour toute, si leur histoire méritait une suite ou un simple clapet de fin. Ils étaient assis au bord de la Garonne, à deux pas du Pont neuf, à la Daurade. Des couples se baladaient, des groupes d'amis également et quelques enfants jouaient sur l'espace vert qui se trouvait dans leurs dos. Un pétard à la main, Sofiane fixait les abords de la Garonne qui n'étaient franchement pas très ragoûtants. Les yeux de la belle Monica ne quittaient pas le brun de son champ de vision, elle sentait son cœur se déchirer.

- Je sais que tu ne m'aimes plus. Elle murmura.

- Monica, c'est pas que je t'aime plus. Je veux pas te faire du mal, j'arrive pas à savoir où je vais là. Il répondit, en tirant.

- T'as vu des filles quand je t'ai quitté ? Demanda-t-elle.

- Oui.

Il ne mentit pas. Ses prunelles aux reflets caramel n'osaient pas affronter le regard lourd que la brune lui portait. Il tira une fois encore, mais le joint ne lui procurait plus aucun effet. Il avait l'impression de fumer de l'air. De fumer, du vent. De fumer, le vide.

- Et toi ? T'as vu des mecs ?

- Juste un. Elle avoua à son tour.

Sofiane ne dit rien. Lui aussi avait eu un mec le temps d'une nuit. Source de tourments intenses chez l'originaire marocain.

- Tu m'en veux d'être revenu ?

Surprise par cette question abrupte, Monica ne répondit pas tout de suite. Elle déglutit un peu, elle lâcha enfin le brun des yeux. Elle préférait observer les gens en face, sur l'autre rive du fleuve.

- Oui. Elle souffla enfin. Oui, parce que j'essayais de t'oublier. J'essayais de faire ma vie avec toi qui n'en faisait plus partie. Mais t'es revenu pile à ce moment-là et je suis tombée encore, parce que je te résiste pas.

La brune ne voulait plus se cacher, elle ne voulait plus se taire. Elle avait besoin de parler à cœur ouvert. Après tout, c'était probablement leur dernière discussion de la sorte. Car au fond d'elle-même, elle le savait.

- Je suis désolé. Il rétorqua, se sentant coupable. J'aurais pas dû revenir.

- Pourquoi t'es revenu ?

- Joker. Il marmonna, les sourcils froncés.

- Pardon ? S'offusqua-t-elle.

- Je veux pas répondre à cette question.

- T'es sérieux ? Son visage se corsa.

- Je répondrai pas. Conclut-il.

Une montée de colère s'empara de la brune. Elle avait l'impression de se faire mener par le bout du nez.

- Sofiane. Du bout des lèvres, elle ajouta. C'est fini.

Le visage du brun pivota vers cette fille, qu'il avait aimé. Sans doute celle qu'il avait aimé le plus dans sa vie de jeune homme. Peut-être même la seule qu'il avait aimé. Il était un grand gaillard, avec une certaine fierté et des tabous. Le tabou des sentiments et de l'attache. Mais entendre la brune prononcer ces mots pour la seconde fois, lui procurait quasiment la même sensation que lors de la première fois.

- C'est fini entre nous. Elle répéta, les larmes aux yeux.

Son joint éteint entre les doigts lui parut amer. La voir brisée ne lui faisait pas plaisir et Sofiane se disait qu'il avait merdé. La revoir avait été une grave erreur. Il réalisait peu à peu l'étendu des ravages, que son égo avait causé.

- Je voulais pas te faire du mal. Il dit tout de même, sincère.

- C'est raté. Souffla-t-elle, les larmes coulant sur ses joues. Bonne continuation Sofiane.

- Attends. Il dit d'abord. Tu veux plus aucun contact avec moi ?

- Si c'est ta façon implicite de me demander si on peut rester amis, je te réponds que t'as vraiment un sale culot. Je pourrai jamais être amie avec un mec que j'ai aimé de tout mon cœur. Elle ajouta, à bout.

- Je suis désolée Monica, je voulais vraiment pas que ça se termine comme ça.

- Au revoir Sofiane.

Sa chevelure chocolat fut la seule chose visible pour le brun, dès lors que la jeune femme s'était levée, avait tourné les talons, les yeux larmoyants et le cœur souffrant. Sofiane se retrouva seul, tel un con. Il venait de briser la seule fille qui avait réellement compté pour lui.

💭

Taehyung venait de rentrer de Bordeaux, à une semaine de septembre. Il avait beaucoup de choses à faire. Préparer la paperasse administrative de la fac, revoir Daniela et ses autres amis de Toulouse. Voir son père qui devait passer par la ville rose deux jours à la fin de la semaine. Et continuer sa petite vie d'étudiant. Le brun était vide. Son âme était vide, errante à travers les recoins de son corps mais déchue de vitalité. Il savait que les garçons étaient de retour. Leurs photos de retour à Toulouse avaient été postées sur leurs comptes persos des réseaux sociaux.

Quatre jours qu'ils étaient là. Et pas un message de Jeon. Pas un message de Sofiane. Depuis le Maroc, Taehyung n'existait plus pour eux. C'était ainsi que l'étudiant en langues percevait la situation. Alors il la jouait pareil, pas de messages, pas d'appels. Le pire était Jeon. Il n'avait jamais répondu à ses messages qu'il avait pris le soin de lui envoyer quand il était au Maroc. Cette passivité et ce silence de Jeon, rongeait Taehyung. Le noiraud se foutait clairement de sa gueule. Il lui montrait à quel point il était détaché sur leur relation, qu'aucun manque spécifique se manifestait à l'énonciation de Taehyung. Du moins, l'interprétation du brun était telle quelle. Jeon l'ignorait. Il le ghostait. L'égo de Taehyung prenait cher, surtout qu'ils étaient de nouveau en France, à Toulouse. Le goût était sale et la tête pleine de nœuds.

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Yo en ce dimanche matin ! J'espère que tout roule pour vous

Moi je crève sous une tonne de choses à faire mdr j'ai l'impression que c'est mon quotidien depuis trop longtemps. Mais sinon ça va ! Et contente de vous retrouver avec la suite, qui je l'espère vous plait toujours. Petit aperçu de Jeon et Sofiane séparément mais aussi Tae en fin de chap. Tout ça est bien distant... Il reste 3 chapitres et l'épilogue jpppp. J'espère que vous êtes prêts.

Love et à dimanche prochain !