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La dernière semaine passée au Maroc été passée à une vitesse fulgurante. Le quatuor de la ville rose n'avait pas autant profité qu'à leur arrivée au pays des palmiers et des décors orientaux. Entre les derniers préparatifs de leur go fast, leur temps avait été bouffé. De nombreux allers-retours entre Casablanca et Kenitra avaient été effectués également. Mais aujourd'hui, débutait leur aventure illégale aux risques palpables et à l'adrénaline surpiquée de stress. Ils étaient des grands gaillards qui n'avaient pas froid aux yeux, certes, mais ils restaient humains. Une chance sur deux que ça passe. Il était dès lors logique qu'un certain doute plane chez eux.
Ce soir ils partaient de Kenitra, la villa qu'ils avaient loués à Casablanca avait été rendue la veille. Deux heures et quelques de route les attendaient pour arriver à Tanger, et plus précisément Tanger Med, soit le port de la ville. Leurs voitures étaient vides. Dépourvues totalement de drogues ou d'affaires illicites. Mais le stress demeurait dans les esprits, psychologiquement, c'était la même chose pour eux. Sofiane était passé chez sa famille pour les saluer, il ne reviendrait pas au Maroc avant un certain temps. Puis ils avaient mis les voiles sur les autoroutes marocaines, avec leurs deux voitures allemandes, accompagnés d'une concentration qui ne les quittait plus.
Leur arrivée se fit vers les coups de vingt heures à Tanger, un certain nombre de voitures étaient présentes sur place. Moins qu'en journée mais ils allaient y passer du temps. La douane marocaine imposait un passage au scanner de tous les véhicules qui quittaient le territoire marocain pour l'Espagne. Ce scanner pouvait scanner jusqu'à seulement une dizaine de voitures en même temps, dans le but de sonder la marchandise illégale dissimulée dans les voitures des particuliers. Même dans la carrosserie des véhicules. Et Jeon, ainsi que Ilyès, furent contraints de faire la queue comme une bonne partie de la population qui voyageait. Le scanner imposé. Tandis qu'une faible portion de voyageurs recevait le privilège d'échapper au contrôle poussé des autorités douanières.
- Incroyable le passe-droit de certains. Râla le noiraud.
- Bienvenue au bled.
Pouffa Sofiane en lorgnant les voitures qui passaient à gauche, sans attente, sans scanner.
- Ils rincent les schmits* ?
*(Flics)
- Pas tous, dans le lot y a aussi de simples familles. C'est un peu toi et ta chance. Commenta son meilleur ami. C'est aléatoire en principe.
- Mais y en a qui ont les vagos chargées et qui passent avec des liasses. Insista le noiraud.
- Tu connais les flics, tu khalass* et tu passes. Sinon t'es sur le téco*.
(Khalass : payer en arabe et téco c'est côté en verlan)
Les yeux de Jungkook fixaient les quelques voitures qui ne patientaient pas tel que lui et ses amis. Un soupir s'évada de ses lèvres. Il fallait juste faire preuve d'un peu de patience. Ilyès se trouvait à vingt voitures de la sienne, pour que la police ne puisse pas comprendre que l'Audi était avec la BMW. Quand bien même ils n'avaient rien à se reprocher pour le moment. La queue avançait petit à petit, ce passage au scanner était un réel ralentisseur avant de pouvoir embarquer. Avec Bye Bye de Triplego dans les basses de l'A3, les deux jeunes toulousains ne parlaient plus. Leurs cerveaux étaient ravagés par l'idée de récupérer toute la marchandise sur les côtes espagnoles. Rihanna s'enchaîna du même artiste, un sourire se construit sur les lèvres de Sofiane.
- J'ai envie de me fumer un gros teh.
- Va falloir prendre sur toi. Ricana Jeon.
Seul le rythme de la chanson posait une touche de détente alors que la voiture ne dépassait pas les 10km/h lorsqu'ils avançaient, au fil des contrôles. Mais les paroles de Triplego pénétrèrent l'esprit de Jeon, qui se concentra sur ces phrases. Les pupilles fixaient la voiture devant lui, il tiqua un peu, mais les paroles étaient définitivement trop similaires à ce qu'il pensait ces derniers temps d'une certaine personne. Alors il changea. Sofiane jeta un bref regard vers son meilleur ami. Il ne prononça aucun mot cependant. Ils s'étaient peut-être compris silencieusement. Celle qui suivie était encore une musique de Triplego, Machakil. Peut-être que ces instrus leurs permettaient de relâcher momentanément la pression de leur trafic. Perdus dans leurs songes, ils arrivèrent enfin devant le scanner alors qu'Ilyès et Julio les attendaient plus bas, non loin du bateau, leur contrôle avait déjà été effectué.
Le noiraud éteignit le moteur, ils descendirent avec Sofiane de l'Audi, au même titre que toutes les autres personnes dont le véhicule était passé au crible fin des rayons X. Le temps que chaque voiture ne se fasse scanner il fallait patienter cinq minutes, puis encore quelques-unes pour récupérer le volant et déguerpir vers le ferry. Jeon sortit une clope, Sofiane aussi. Le soleil couchant, ils embrasèrent leurs bâtons de nicotine, l'esprit là mais loin dans la folie de la drogue. L'opération se fit sans encombre, ils purent tous reprendre leurs véhicules pour descendre vers la dernière partie du port. Le contrôle des pièces d'identité et des billets de bateau avaient été d'ores-et-déjà effectués, il ne leur restait plus qu'à embarquer.
Au loin le duo de l'A3 repéra la série 1 de Ilyès, qui était en train de grimper dans le gigantesque bateau. Ce fut leur tour après un dernier contrôle de la police, les quatre jeunes hommes se retrouvèrent sur le toit ouvert du ferry comme à l'aller. Pour fumer, et soupirer un dernier temps. Avant que l'aventure sans doute la plus risquée de leur vie. Dealers, passeurs et intrépides. Jeon se faisait mener le bout du nez par la maille, au point d'en effacer les risques de ce métier qui, n'en restait pas un aux yeux de la société. L'audace et l'inconscience berçaient ses jours.
💭
Une heure du matin affichait le tableau de bord de l'Audi. Ils étaient arrivés en Espagne à vingt-trois heures passées. Un contrôle par la douane espagnole avait été réalisé sur la voiture de Jeon et celle de Ilyès. Un contrôle par un de leurs malinois renifleur et dressé dans la recherche de drogue, et plus spécifiquement de cannabis. En vain. Les voitures avaient pourtant été mobilisées dix minutes. Tel qu'ils l'avaient prévus, deux jeunes hommes à bord d'une belle voiture, matriculée 31, n'échappait pas à la méfiance des douaniers. Seulement, rien n'avait été trouvé. Ainsi les quatre avaient pu continuer leurs routes, la boule en ventre qu'ils faisaient taire était pourtant bien présente dans un coin de leurs corps. Si la transaction foirait, ils perdaient tous de l'argent. Et s'ils se faisaient choper ils perdraient bien plus encore.
Ils se trouvaient à vingt minutes d'Algésiras, dans un point de rendez-vous isolé. La cargaison devait se faire en toute rapidité mais surtout, en une discrétion d'or. Ils n'avaient aucune nouvelle depuis leur arrivée en Espagne. Pourtant l'heure convenue approchait à grands pas. Et si le raptor s'était fait saisir par les patrouilles maritimes espagnoles ? Les dents serrées, Jeon fixait l'heure sans jamais la quitter des yeux. Son téléphone de transaction se logeait au creux de sa main droite, prêt à répondre dès la moindre sonnerie. Sofiane restait muet, Julio et Ilyès aussi. Tous se muraient dans une bulle de détermination mêlé au stress d'être des acteurs principaux de l'affaire. Puis le téléphone de Jeon vibra. 01h32.
« Là dans deux minutes. »
Rien de plus. Ce fut un énorme soulagement pour le boss du réseau de Varèse. Pas de problème à priori. Il eut à peine le temps de descendre de l'Audi, que deux phares apparurent dans la lunette arrière de l'A3. Deux hommes marocains au volant, le bas de leurs visages étaient masqués. Ils saluèrent le groupe, leurs mains gantés ouvrirent le coffre.
- Cent kilos de haschich. Prononça l'un des deux hommes.
- C'est ça. Répondit le noiraud.
Il se saisit d'un couteau suisse et découpa un des morceaux de cinq kilos, entouré d'une bâche opaque blanche, puis de plusieurs couches de film alimentaire. Son doigt tâta la marchandise, il la sentit avec un air de marbre.
- On charge. Il déclara.
Ilyès et Julio prirent cinquante kilos, vingt-cinq furent calés dans la carrosserie de la BMW qui avait été déjà aménagée à Toulouse avant le départ. Ils s'agissaient d'ouvertures faites sous le coffre, au-dessus des roues et sous le capot, pour dissimuler plusieurs paquets de drogue et ne pas les transporter dans le coffre même ou sous les sièges. Ces modifications constituaient des sortes de trappes cachées pour transporter la drogue sans qu'elle ne soit visible en cas de contrôle. Peu importait puisque vingt-cinq kilos étaient calés dans le coffre, mais dans un sous-coffre créé manuellement et masqué par le vrai fond du coffre. Sofiane et Jeon firent de même avec l'A3.
- Transaction réglée. Bon courage. Dit le deuxième homme.
Il tendit sa main pour serrer celle du noiraud aux traits asiatiques.
- Merci. Bon retour. Rétorqua-t-il.
Les deux hommes quittèrent cette zone déserte et boisée avant que les quatre jeunes hommes ne le fassent. Ilyès et Julio partaient devant à dix minutes d'avance. Il s'agissait d'une technique de reconnaissance, pour repérer les flics et prévenir la deuxième voiture. Les jeunes hommes allaient rouler de nuit. En tant normal, treize heures de routes non-stop les attendaient pour faire Algésiras Toulouse. Mais les jeunes hommes n'allaient certainement pas rouler aux limitations imposées. Une moyenne de deux-cents kilomètres par heure allait s'imposer, pour raccourcir un maximum le temps de voyage. Sept heures en roulant à fond au lieu de treize. Un changement de conducteur à mi-route et c'était tout. Pas de pause. Pas de sommeil. Juste la route et le bitume. Les moteurs ronronnant.
- Que Dieu soit avec nous. Souffla Jeon alors qu'il s'élançait sur l'autoroute.
- Harram d'invoquer Dieu pour la drogue.
*(Harram veut dire que c'est un péché, que d'un point de vue spirituel c'est pas une bonne chose)
Sofiane ne put s'empêcher de commenter cela, juste pour une touche de blague avant de se focaliser définitivement sur la mission qui les incombait.
- Les enfers m'attendront, je lui demande grâce pour le moment. Sourit le noiraud.
Musique lancée, les cache-plaques lui permettaient de bombarder autant qu'il le voulait, les radars pouvaient le flasher ils ne pourraient pas identifier le véhicule. Un téléphone spécifique était dédié à la communication avec Julio et Ilyès, il leur restait sept heures pour réussir. C'était maintenant ou jamais. Le moteur grondant, ils roulaient à fond sur les autovias d'Espagne, les quelques voitures qui roulaient de nuit bourdonnaient aux passages des deux bolides élancés plus fort que jamais. Avant leurs départs ils avaient tous pris des dopants pour tenir la nuit et ne pas piquer du nez sur la route. La pénombre du ciel les mettait au sein d'une ambiance de réussite, de détermination et de vitesse toujours plus grande.
Les deux jeunes restaient éveillés et l'affût pourtant aucun mot ne s'échangeait. L'anxiété de la manœuvre grapillait leur énergie. Sofiane analysait les potentielles voitures de police qui pouvaient rôder mais à ces heures tardives dans la nuit, ils avaient bien moins de chance de les croiser. Ce qui, il fallait l'admettre, les arrangeait bien. Une heure s'enchaîna, presque deux à rouler toujours aussi fort. La fatigue commençait à titiller l'esprit de Jungkook mais il luttait. La drogue le motivait, les futurs billets dans ses mains également. Il ne voyait que ça. Ils s'arrêtèrent tous les quatre-cents kilomètres pour faire un plein, soit toutes les deux heures, au lieu de quatre en roulant à une allure normale. À quatre heures de route, non loin de la frontière avec la France, les deux voitures sportives pleines de résine se stoppèrent sur une nationale. Celle qu'ils allaient emprunter pour passer la fameuse frontière.
Il était six heures du matin, le soleil se levait sur le pays. Les cernes sous les yeux du noiraud témoignaient de sa fatigue palpable, toutefois il avait assez bien résisté à ses envies de sommeil. Presque huit-cents kilomètres parcourus en quatre heures et quelques. Un gros morceau du trajet qui comptait mile quatre-cents kilomètres pour traverser l'Espagne avant d'arriver à Toulouse. Le siège passager le trouva alors que Sofiane se positionna devant le volant. Ce fut la même chose entre Ilyès et Julio qui inversèrent les rôles. Une fois de plus, la BMW partit la première sur cette nationale. Sofiane ne démarra que sept minutes après.
La nationale allait forcément les ralentir le temps de passer la frontière, entre les montagnes. Mais c'était leur seule carte de survie pour éviter un contrôle de police à Hendaye. Impossible pour eux de se la jouer vacanciers. Parce qu'il était relativement tôt, cette route restait assez vide et donc roulable. Au-delà de la limitation prévue sur cette portion. Toujours en gardant leur vigilance présente, ils tracèrent sur cette route qui grimpait, tournoyait entre les masses rocheuses imposantes que constituaient les montagnes. Le paysage était d'une beauté magnifique, ce petit brin de soleil du matin frais était un pur apaisement visuel. Or, les quatre toulousains n'avaient pas le temps de s'extasier sur cette beauté de la nature.
Leur objectif ne quittait jamais leurs têtes et ne quitteraient jamais leurs têtes jusqu'à atteindre Toulouse. Ce détour par la nationale leur coûta moins d'une heure, le tout en attaquant les virages serrés à vive allure. Ce ne fut qu'une fois en France, en pleine campagne qu'ils se débrouillèrent pour regagner l'autoroute. Le jour se levait peu à peu et leurs temps était compté. Les plaques cachées étaient un gros indicateur de ce que ces deux voitures transportaient. Ce fut la raison pour laquelle ils ne se risquèrent pas à se faire flasher par un quelconque radar français. Ils ne voulaient pas que l'on puisse effectuer des recherches sur leurs véhicules.
Lorsqu'ils furent à une heure de Toulouse, ils se stoppèrent dans une petite aire de repos calme et peu fréquentée. Ils se vidèrent tous la vessie, retirèrent leurs caches pour l'immatriculation et reprirent la route, avec ce dernier et unique stress d'être au bout. Et de réussir. Pour l'instant, la prière maladroite de Jeon marchait. Ils n'avaient pas croisé de voitures de police directement. Seulement dans leur sens inverse ou lointainement. Désormais, le quatuor devait faire profil bas, de pas rouler ensemble tel qu'ils l'avaient appliqué depuis Algésiras et rentrer sereinement à la ville rose.
Lorsque le panneau de direction afficha Toulouse Sud, un kilomètre, un soulagement s'empara de leurs cœurs. Ils restaient cependant sur leurs gardes. Tant que les voitures ne seraient pas planquées dans le garage dédié à cela, le tiraillement du stress persisterait. La chance avait visiblement été avec eux. Après quatre pleins d'essence, presque huit heures de route pleines non-stop quasiment et un détour par les montagnes, le quatuor arrivait chez lui. Le garage de planque se situait à Saint-Orens, non loin du domicile des parents de Jeon. Il s'agissait d'un garage que le noiraud avait acheté il y a de ça, presque deux ans. Il lui servait enfin. Huit-heures quarante-sept affichait l'écran lumineux de l'Audi. La BMW et l'A3 étaient garées. Pleines de résine et mouchetées d'insectes éclatés sur le parebrise et l'avant-train des véhicules. Ils avaient réussi. Lessivés, au bout de leurs vies or, mission accomplie.
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Ok je suis un peu en retard il est presque 22h, d'habitude je poste plus tôt- Mais je poste quand même en ce dimanche soir en espérant que vous avez passé un bon week-end !
J'espère que ce chapitre vous a plu ? Pas trop ennuyant ? Pas trop rapide ? Crédible selon vous ? Quoi qu'il en soit la bande est de retour à Toulouse 😌
Je réponds sans faute demain aux coms du 46. Vraiment. Parce que j'ai encore mille trucs à faire avant de dormir je suis désespérée mdrr. Donc promis demain.
Dormez bien ! Hâte de vous poster la suite. Love et à dimanche prochain
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