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Prologue, Partie 4 : Ou la fin du début des problèmes


Kiara, jour 4 :


Une fois de nouveau tous les trois, Cameron, Fayed et moi, le berger l'air un peu hésitant nous dit :

- Peut-être... que je devrais y aller aussi...

- Déjà ?

J'étais légèrement déçue que tous les gens que nous trouvions nous fausse compagnie aussi vite.

- les autres n'ont pas tous l'air si effrayant, et je préférerais faire connaissances avec les autres déjà réunis... Si ça ne vous dérange pas bien sûr.

Nous lui avions assuré que nous, et avec un petit signe de la main, il entrepris de retourner au point de rendez-vous lui aussi.

J'ai brisé le silence :

- Bon il nous reste encore 1 personne à trouver.

Il nous reste la dernière "boucle"

 - Il me semble que c'est une sorte de salle de bal non ?

Il haussa les épaules.

- Aucune idée.

J'ai repensé à la boucle du troisième étage, juste après avoir rencontré Terpsichore et Sophie. L'immense lustre scintillant et le sol de marbre qui scintillait tout en bas. Un sentiment d'excitation à l'idée de voir cette grande salle qui avait l'air si belle me saisit.

J'ai attrapé le poignet de Cameron et je l'ai tiré vers le couloir :

- Aller aller ! Je veux absolument en voir plus !

Après une marche de quelques minutes en traînant Cameron derrière moi, nous avons enfin débarqué au bord d'une immense salle ouverte. Comme je l'espérais, il s'agissait d'une sorte de piste de danse.

Le centre était dégagé et montait très haut jusqu'à l'immense lustre, et la lumière de la verrière tout au-dessus pleuvait jusque sur le sol de marbre rose. Sur tout le contour, des piliers raffinés soutenaient un petit bout de toit, qui recouvrait la bande aménagée de bancs divers.

Il n'y avait personne. Je me suis élancée au centre de la pièce en tournant sur moi même, le regard au ciel, admirant la vue que cela donnait sur les deux autres étages. J'adorais la hauteur, le grandiose de la pièce. J'ai mis les mains en coupes et j'ai appelé bien fort :

- Eh ooooh ! Il y a quelqu'un là hauuuut !

Quelques secondes passèrent en silence, quand soudain une tête apparut. Il me fallut un petit moment avant de reconnaître les boucles cuivres et les yeux noirs de Fyona. Elle me fit un grand signe de main :

- Coucou Kiaraaa !!

À côté d'elle une seconde tête, que j'identifie beaucoup plus vite, la rejoint. Une tête blonde recouverte de tissue noire. L'ultime nonne Sophie posa de son étage un regard étonné sur moi, puis quand elle me reconnut, me fit un signe de la main.

J'ai ri devant ce drôle de jeu.

Je me demandais comment les autres s'étaient entendus au fur et à mesure que tout le monde montaient et venaient à leur rencontre après que nous les ayions renvoyé au point de rendez-vous.

Une troisième tête apparut, couverte d'une châle bleu, j'ai été confuse une seconde et j'ai cru reconnaître Fayed, mais j'ai vite réalisé qu'il s'agissait de Terpsichore.

J'ai appelé :

- Où est Keith ?!

- Derrière toi !

Je me suis retournée, toujours le regard porté vers le ciel, et à l'opposé des trois premières tête, je vis Keith avec un sourire éclatant, me regarder, penché sur la rambarde.

J'étais heureuse de le revoir jusqu'à ce que ce petit con me lance :

- Je vais te cracher dessus ! Évite !

Puis il fit un mouvement qui ressemblait clairement à celui d'une personne qui prend de l'élan pour son crachat.

Je ne lui en ai pas laissé le temps et j'ai reculé précipitamment vers le bord opposé au sien (il n'aurait jamais eu assez de force pour cracher aussi loin). Ma réaction le fit rire, mais avant que je puisse lui tirer la langue, un main jaillit de l'ombre et caressa ma joue.

J'ai sursauté si violemment que mes pieds décollèrent presque du sol. J'ai fixé l'ombre derrière les colonnes. Une silhouette maigre et élancée s'y tenait presque dissimulé par la semi-obscurité.

J'ai entendu Fyona demander :

- Ça va ?

Sans pour autant lâcher l'inconnu du regard, j'ai bafouillé en réponse :

- Euh.. oui, oui ça-ça va !

La silhouette s'avança un peu, sans pour autant entrer dans le puit de lumière, et j'ai pu la distinguer un peu. Il s'agissait d'un jeune homme (du moins selon les critères sociétaux), vêtu d'un long manteau brun rapiécé. Une de ses mains crochue comme une serre dépassait de ses manches trop longues. Certainement celle qui m'avait caressé la joue. Sa main était squelettique et noueuse, terminée par des ongles noirs et pointus. Au centre de son étrange visage, marqué par une grande tâche lie-de-vin, deux yeux d'un jaune tirant sur le vert me fixèrent en silence. Il me donna immédiatement froid dans le dos.

Cameron s'était empressé de me rejoindre, me fit légèrement passer derrière lui pour me servir de bouclier humain et demanda à l'inconnu :

- Qui es-tu ??

Il pencha très légèrement la tête sur le côté, sans sourire et dit simplement en pointant du doigts :

- Elle n'a pas de taches.

Il avait un accent assez fort, mais j'étais pourtant sûre d'avoir entendu ça. J'ai froncé les sourcils, et Cameron aussi. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire par là, mais son ton quasiment neutre m'avait parut... agréablement surpris plus qu'autre chose. Voyant qu'il ne semblait pas agressif, et puisque c'était visiblement le dernier participant, j'ai essayé d'établir une forme de communication :

- Comment tu t'appelles ?

Il reporta ses yeux jaunes-verts sur moi, et répondit du bout des lèvres :

- Pavel. Donne-moi ton nom aussi.

Frissonnant encore un peu sous les pupilles sinistres j'ai répondu :

- Kiara. Et lui c'est Cameron. Tu dois avoir un ultime non ? Quel est le tien ? Moi je suis pizzaiolo et lui combattant MMA.

Il sembla réfléchir encore un peu. J'ai remarqué soudain que ses chaussures étaient différentes l'une de l'autre, et l'une avait des lacets défaits. Il répondit enfin.

- Je préserve la maison des esprits.

Je n'avais absolument pas compris. J'ai jeté un regard confus à Cameron, qui lui demanda à son tour :

- Et...comment fais-tu ça ?

Il resta silencieux encore plus longtemps cette fois, et presque sur le ton d'une question, comme s'il avait dû réfléchir longuement pour nous donner cette réponse et n'était pas sûr de lui, il dit :

- J'empaille les enveloppes.

- Oh.

J'ai dit un peu hésitante, afin d'être certaine d'avoir compris :

- Tu es l'ultime taxidermiste ?

- Oui.

Cameron pointa les autres qui nous observaient encore depuis le deuxième étage.

- Les autres sont tous là-haut. On doit s'y réunir. Tu pourrais y aller ?

Il prit encore plusieurs secondes à réagir.

- Oui.

Il s'enfonça de nouveau dans l'ombre, mais alors que nous allions repartir aussi, il s'arrêta soudain, et se retourna à moitié vers nous, sans nous regarder :

- Il en reste un.

- Un quoi ?

- Un esprit ici. Taché.

Il ne nous laissa pas le temps de poser plus de questions et partis presque prestement en direction des escaliers à l'extrémité de la piste de danse. Je me suis arrêté en plein milieu, et j'ai demandé à Cameron.

- Tu as compris ?

Il hésita :

- Je ne suis pas sûr... mais je ne pense pas qu'on puisse vraiment se fier à ce qu'il a dit.

- Il a dit qu'il restait un participant...

Cameron haussa les épaules :

- Il parlait probablement de quelqu'un que nous avions déjà vu, il ne pourrait pas le savoir.

- Hm...

J'avais quand même l'impression qu'il savait de quoi il parlait.

- On devrait quand même vérifier qu'on a bien visité tous les endroits...

- Tu veux qu'on aille voir dans tous les magasins ?! ça risque de prendre beaucoup de temps...

Je me suis tenu la tête entre mes deux mains, non, non mais il manquait quelque chose. Quand j'ai compris je me suis exclamée :

- Ah mais oui ! Les escaliers tout à l'heure descendaient plus bas que juste le rez-de-chaussé, il doit y avoir un sous-sol !

Je me suis élancée vers ces derniers. Les marches, comme dans mon souvenir, s'enfonçaient dans le sol, vers l'obscurité. Emporté par mon enthousiasme, je n'ai pas trop fait attention à l'ambiance sinistre et j'ai commencé ma descente, Cameron sur les talons. Il m'appela :

- Attends-moi Kiara !

Je me suis vite retrouvée au bas des marches... face à un immense parking souterrain. Gigantesque, il devait être aussi grand, non même un peu plus grand, que la superficie du centre en lui-même. Le seul éclairage de l'endroit venaient des petites ampoules, rouges au-dessus des places occupées par des voitures abandonnées et silencieuses, vertes au-dessus des places vacantes. C'était la seule source de lumière ce qui rendait l'endroit presque indiscernable, mais je pouvais évaluer la taille de l'endroit à la mer interminable de lumière à l'horizon, équitablement vertes et rouges.

Le sol et le plafond, plus haut que je ne l'aurais cru d'un parking souterrain, étaient faits d'un béton moche, tâché, et mal peint. L'endroit sentait l'essence et le caoutchouc.

Mon énergie fut immédiatement douchée. Un sentiment de peur me prit aux tripes, et j'ai reculé d'un pas. Mon dos percuta quelqu'un de plus grand que moi, et après un premier accès de peur je me suis écriée soulagée :

- Ah Cameron ! J'ai eu peur, cet endroit fout les choco-

- Cameron ?

J'ai fait volte-face en m'éloignant immédiatement de l'inconnu. Des yeux verts de chats. C'est la première chose qui me marqua. Dans l'obscurité, difficile de voir le reste avec précision, mais il ne me fallut qu'un instant pour distinguer ces yeux d'un vert surnaturel coupés par des pupilles bizarrement allongés, presque fendues à vrai dire, qui n'avaient pas l'air humains.

L'inconnu fit un pas en avant, et j'ai entendu le petit "toc" d'une canne taper le sol bétonné. L'homme, bien que d'une taille moindre à celles de certains que j'avais pu déjà croiser (peut-être 1m75) restait bien plus grand que moi. Il se pencha soudain et enleva son haut-de-forme.

- Enchanté Kiara.

Je ne lui avais absolument pas donné mon nom. La question quitta mes lèvres sans que je puisse me contrôler :

- Comment savez-vous comment je m'appelle ?

Derrière lui une voix plus familière m'appela :

- Kiara ! Où es-tu ?!

Un sourire qui me donna la chair de poule se dessina sur les lèvres de l'inconnu qui répondit comme si c'était un jeu :

- Je vois que je ne me suis pas trompé.

- Qui êtes vous ?

- Je suis le 17ème participants. Vous pouvez m'appelez Lazare Hazard.

C'était clairement un nom de scène, PERSONNE ne s'appelle Lazare Hazard, c'est... c'est crétin et ridicule ! 

Sauf qu'en regardant ce fameux Lazare, je n'avais absolument pas l'impression de quelqu'un de ridicule, et encore moins de crétin. Il ajouta soudain d'un ton amusée :

- Enfin c'est plutôt toi la 17ème participante pauvre petite Kiara.

Une réflexion étrange que je n'ai pas relevée, faute de savoir quoi répondre. Puisque nous étions aux présentations (et aussi parce que je me pissais dessus), j'ai demandé :

- Et ton ultime ?

Son sourire augmenta d'un cran et il répondit :

- C'est vrai, bonne question, quel est mon ultime ? Peut-être ultime joueur de cache-cache ? Ou ultime porteur de haut-de-forme.

Et il remit son couvre-chef sur sa tête :

- Je les porte vraiment très bien. N'est-ce pas ?

À cet instant Cameron débarqua. Je ne sais pas comment il avait fait son compte pour me perdre de vue aussi longtemps en étant à peine 4 ou 5 mètres derrière moi dans les escaliers, mais bon il était enfin là. Quand il m'aperçut il laissa échapper soulagé :

- Ah dieu merci, je ne sais pas pourquoi je me suis mis à tourner en rond je n'y comprenais plus rien. Oh !

Il venait enfin de remarquer le... Lazare Hazard, qui me donnait la chaire de poule. Ce dernier se retourna alors vers Cameron, et changea du tout au tout. Lui qui m'avait parut quelques secondes plus tôt grand et menaçant, avait désormais l'air plutôt petit et maigrichon et n'avait plus du tout l'aura imposante et scrutatrice de lorsqu'il m'avait fixé.

- Bonjour.

Cameron cligna des yeux surpris.

- Oh euh... bonjour... Vous êtes aussi un ultime ?

- En effet.

Cameron réfléchit à voix haute.

- Mais attend on est 17 alors ?

Lazare dit d'un ton léger :

- Apparemment ! Peut-être Monokuma est-elle dyscalculique ?

- Elle ?

- Ou il je n'en sais rien à vrai dire ! C'est une inconnue après tout !

Puis il rit comme s'il venait de raconter une bonne blague.

Cameron me jeta un regard qui voulait certainement dire "mais c'est un fou ?" et je ne pouvais pas l'en blâmer, mais de ce que moi j'avais vu, c'était plus qu'un simple fou, un fou dangereux peut-être.

Il fit nonchalamment claquer sa canne au sol avant de s'en aller vers les escaliers.

- Bon, rejoignons les autres, il me tarde d'entendre les règles ! 

Cette fois Cameron resta les bras ballants, il me demanda en chuchotant :

- Tu lui a déjà parlé du point de rendez-vous ? 

J'ai hoché la tête de droite à gauche.

- Il vient de dire qu'il avait hâte d'écouter les règles...

- ...Il va falloir se méfier de lui non ?

J'ai grimacé :

- J'espère pas, mais bon... Tu l'as vu ?

On s'est mis à le suivre plusieurs mètres en retrait, mais sur le chemin nous avons continué à échanger quelques questions à voix basse :

- Tu es sûre que tu ne lui avais pas dit ton nom ??

- Non je te jure !

- Et c'était avant que je ne t'appelle ?

- Oui !

- Peut-être qu'un autre participant lui a dit ?

J'ai retenu un frisson sinistre. Il me donnait froid dans le dos. Ce n'est pas comme si je me sentais déjà dans l'incompréhension alors si on y a ajoute ce manipulateur mystérieux... Cameron marchait à mes côtés, très proches, et se pencha d'encore un cran pour chuchoter encore plus doucement :

- ... tu crois que ça pourrait être lui l'organisateur.... ?

- ... je ne sais pas...

Cameron soupira et son souffle souleva une de mes mèches de cheveux.

- C'est quoi son ultime déjà ?

- Je ne suis pas sûr, il m'a dit n'importe quoi...

Nous avons enfin atteint le deuxième étage. Les autres étaient tous là, dispersés un peu entre le couloir et la boucle autour du lustre.

Fyona, Amanita, Sophie, Fayed et Keith semblaient s'être rassemblés. Otto et Jedi étaient côte à côte. Les autres étaient chacun dans leur coin.

Automatiquement, tout le monde se rassembla vers le centre du couloir, entre les deux rangées de portes à nos noms.

Fyona prit la parole :

- Bon on est tous là non ? Pourquoi ça ne commence pas ?

Otto suggéra calmement :

- Peut-être qu'il en manque encore ?

Cameron à côté de moi annonça :

- Je ne pense pas, Kiara et moi on a fait vraiment le tour, et on a demandé à tout le monde à chaque fois, mais on a trouvé personne d'autre...

Terpsichore souffla par le nez dans un mélange de rire et de moquerie. Ce simple bruit était assez claire pour exprimer son opinion, si elle ne s'était pas réveillée à côté de Sophie, elle aurait été capable de se cacher toute le jeu entier.

J'ai entendu à côté de moi Lazare murmurer :

- Un peu de patience...

Mais je crois que personne ne l'entendit. Le Flamant-rose s'agaça :

- Si rien ne se passe, ça ne sert à rien de rester ici et on peut s'en aller.

Keith protesta immédiatement :

- Non c'est important de rester groupé tant que le jeu n'a pas commencé, on devra inévitablement se réunir pour les règles. Et si on commence à séparer avant même que ça commence qui sait ce qu'il se passerait. Au moins pour l'instant on est tous témoin de tout le monde.

Eldey balaya d'un geste de main sa déclaration en rétorquant d'un ton ennuyé :

- Qu'est-ce que ça change ? Tu vois bien que rien ne se passe, quand nos bourreaux voudront nous parler tous en même temps ils trouveront la solution pour, je ne vais pas leur macher le boulot. Et c'est plus utile de se bouger que se tourner les pouces ici.

- Tout de même, tant qu'on est pas fixé c'est beaucoup mieux pour communiquer les informations.

D'autres protestations s'élevèrent. Au bout d'une conversation interminable, tout le monde se mit d'accord pour patienter encore 1 heure ici.

Alors on a attendu. Maintenant que nous étions tous ensemble, difficile d'ignorer notre terrible situation. Heureusement certains avaient l'air assez sympas...

Et ainsi commença une atrocissime épreuve de patience. Un silence lourd, plein d'angoisse, de tension, de gens prêts à s'énerver, partir dans leur coin, d'inconnus impatients, méfiants et inquiets. Je me suis assise à côté de Keith, avec Nita et Fayed. Je sentais bien qu'on était un peu le groupe des agneaux, les perdus sans défense parmi lesquels la première victime se ferait.

Je devenais peut-être parano (après à peine deux ou trois heures dans la tuerie je dois avouer que je ne suis pas plus résistante mentalement), mais j'avais l'impression que les autres jugeait mon groupe du regard, cherchant le maillon faible. Alors malgré ma peur, j'ai pris sur moi pour paraître calme et posée.

Au bout de plus de 40 minutes d'attente interminable, Terpsichore brisa le silence.

- Quelqu'un approche.

Nous avons tous tourné la tête vers l'autre bout du couloir, ou se détachait en bleu foncé une silhouette. En se rapprochant, j'ai pu constater que la silhouette était plutôt féminine. Elle marchait d'une démarche raide et chaloupée, presque un boitement, mais exsudant la détermination et la confiance, et des chaînes placés comme des bretelles sur ses épaules, tintaient à chacun de ses pas.

Une longue chevelure d'un blanc immaculé balayait son dos, dont une seule longue mèche épaisse était noire d'encre. Celle-ci était coincé derrière son oreille, fourbant une courbe lâche qui frôlait l'arrête de son nez et sa joue et venait comme isoler un de ses yeux, d'un rouge sang probablement pas naturel. L'autre œil, d'un bleu éclatant et glacial, contrastait violemment avec son voisin. Son regard était dur et mauvais, creusé par des cernes, emplit d'une fatigue que le sommeil ne chasse pas, mais sans l'ombre d'une faiblesse y dansant.

Elle s'arrêta et se tint droite devant nous, pendant plusieurs secondes en silence.

Dans son poing il y avait un petit sac. Cela attira mon attention sur sa main, intégralement recouverte de cicatrices, une vision marquante. Je ne voulais pas imaginer ce qui avait blessé sa main ainsi. Son autre bras avait des marques similaires, mais seulement sur le dessus de l'avant-bras, ce que sa manche retroussée laissait voir.

Son visage était maigre, et lugubre. Marqué par la vie. Difficile d'évaluer son âge. L'absence de ride et la force de sa posture lui donnaient l'air jeune, mais tout le reste évoquait un âge bien plus avancé.

Puis elle commença à parler. Sa voix résonnait loin et fort, mais elle était éraillée :

- Vous savez comme m'appeler, vous connaissez les règles : commettez un meurtre et ne vous faites pas prendre dans le procès qui suit, ou bien trouver les meurtriers, jusqu'à être tué ou céder vous-même.

Elle jeta le sac devant nous qui émit un bruit métallique en touchant le sol.

- Les clefs de vos chambres. Nominatives, individuelles, pas d'échange autorisés, les invitations sont autorisées jusqu'à 2 invités par chambre à la fois. Extinction des feux à 22h30 tous les soirs mais pas de couvre-feu, libre à vous de vous balader dans le noir à vos périls. Pas de repas prévu, organisez-vous vous-mêmes. Réunion tous les-

Moses, l'ultime créatrice de maison hantée, l'interrompit en claquant de la langue, agacée, puis sortie de la foule pour se rapprocher de notre Monokuma (car c'est qu'elle était). Le silence était si profond que chacun de ses talons sur le sol brillant résonnait comme un claquement violent à mes oreilles.

Elle s'arrêta bien en face de l'inconnu, les bras croisés sur la poitrine, et déclara :

- Et qu'est-ce qui nous empêche de vous tuer ? Des armes vont sortir des murs pour nous snipper ? Une bombe placée sur nous ? Des robots tueurs ?

Elle regarda autour d'elle l'air détachée et indiqua d'un ton léger :

- J'ai cherché mais je n'ai rien vu.

Sur ces mots, elle balaya des yeux de haut en bas Monokuma comme en marque de défi.

Malgré le regard glacial et les presque 15 centimètres supplémentaires de Monokuma (et encore, comblés par ses talons, car la différence était sinon probablement plus grande), elle ne flanchait pas. Son attitude était calme et inflexible. De quoi forcer l'admiration.

Je m'attendais, étant donné les explications de Sophie, à ce que des faisceaux lasers se braquent sur nos fronts pour nous menacer de ne serait-ce qu'envisager de l'attaquer, mais au lieu de ça, l'ombre d'un sourire naquit sur les lèvres de Monokuma. Si léger que je ne sais pas si je l'ai inventé.

Moses sorti alors d'un geste sec un cutter dont la lame dégainée faisait bien une dizaine de centimètres, puis elle posa sa pointe sur le ventre de Monokuma calmement. Elle répéta :

- Alors, qu'est-ce qui nous empêche de vous tuer ?

Monokuma, posa un regard vaguement étonné sur la lame, comme si elle n'avait pas prévu cette possibilité mais qu'il s'agissait d'un très vague désagrément et pas d'une arme blanche menaçant de transpercer ses entrailles. La femme dominait Moses d'une tête, elle leva lentement sa main, et vint prendre délicatement le menton de son interlocutrice, qui dégagea immédiatement son visage d'un mouvement dédaigneux. Monokuma n'insista pas et dit à voix basse, son esquisse de sourire soudain envolée, mais ses mots portant parfaitement dans le silence ambiant :

- Vas-y.

Je ne pouvais pas voir le regard de Moses de là où j'étais, mais j'ai vu sa main hésiter. Elle cracha sur la défensive, maintenant son apparente assurance et son ton venimeux :

- Si tu crois que je suis le genre de personne qui profère des menaces en l'air, tu ne nous as pas assez étudié avant de nous kidnapper.

Elle ne réagit pas d'un iota à l'agressivité dans sa voix ni à l'arme pointée sur elle. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle pouvait bien penser. Ni l'une ni l'autre. Toute deux folles à lier dans une police d'écriture différente. Elle répondit simplement.

- Hâte de faire couler du sang, Moses ?

J'ai vu Moses se tendre encore d'un cran. Si elle donnait l'air d'être une tueuse de sang froid, personne n'oserait lui faire confiance et elle risquait de devenir une cible et une pariah. Elle répliqua sèchement :

- Tu es le problème, je ne vais pas laisser du sentimentalisme écoeurant m'empêcher de prendre la décision logique qui s'impose. Quand on est face à un problème, on l'élimine.

- Alors vas-y. "Élimine-moi".

J'ai cru - j'ai vraiment cru - qu'elle allait baisser le bras, renoncer, retourner en arrière, mais d'un geste brutal, soudain, dénué du moindre scrupule, Moses frappa pour enfoncer la lame.

Son geste fut stoppé en un dixième de seconde par la main de Monokuma, saisissant son poignet et l'arrêtant net alors qu'il semblait s'être à peine enfoncé de quelques millimètres dans le tissu de sa chemise. Je pouvais voir d'où j'étais que Moses continuait de faire pression pour enfoncer son arme dans le ventre de Monokuma, son bras et son épaule contractés et tremblant sous l'effort, mais la lame ne s'enfonça pas d'un millimètre supplémentaire.

Monokuma resserra encore sa prise et Moses retint un cri tout en grimaçant de douleur. Monokuma continuait de serrer toujours plus fort sans la moindre expression, même son maigre sourire de tout à l'heure avait disparu.

J'avais peur qu'elle ne finisse par briser le poignet fin de Moses, qui refusait de lâcher l'arme. Finalement, ce qui rompit la situation fut que le talon droit de l'ultime créatrice de maison hantée dérapa sur le sol trop lisse et trop brillant, et que celle-ci tomba à genoux sur le sol.

Puis Monokuma redressa la tête, lâcha son poignet d'un geste ample, redressant très lentement sa main, ouverte, à côté de son visage. Sa main couturée de cicatrices, comme si elle avait plongé sa main dans un bain de verre brisé et avait mélangé le tout.

Puis elle nous fixa de son regard bicolore, et déclara calmement :

- Je suis votre Monokuma, ultime Cheffe d'Orchestre.


- Qu'est-ce qui vous empêche de me tuer ?

Elle repoussa d'un petit geste le rebord de sa veste qui pendant un moment nous laissa voir le manche d'un revolver passé à sa ceinture.

- Ce n'est pourtant pas moi votre plus grand danger ici. Vous devriez le savoir.

J'ai vaguement senti les autres se jeter des regards de côtés, honteux, suspicieux. Le doute était là.

Elle nous indiqua, le dos tournée alors qu'elle partait déjà de là où elle était venue, sur un ton qui ne souffrait aucune protestation :

- Rendez-vous dans la bibliothèque, 2ème étage, boucle Est, 20h. Il me reste des règles à exposer.

Et c'est comme ça que je me suis retrouvée ici, à écrire dans ce journal.

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