Prologue, Partie 1 : Soit pas mon meilleure réveil
Kiara Palazzolo, jour 1
Tout à commencé quand j'ai ouvert les yeux dans un rayon de supermarché. Rayon bricolage pour être exact. En face des ampoules, les tournevis derrière.
Quand j'ai compris où je me trouvais, après avoir passé quelques solides secondes à essayer de retracer mes derniers souvenirs, je me suis remise prestement sur mes pieds.
Je n'avais strictement aucune idée de pourquoi je m'étais effondrée dans un super-marché (je ne me suis évanouis qu'une seule fois dans ma vie jusqu'ici, et c'était parce que Dada m'avait offert un chaton à Noël (dédicace à Calzone) et j'avais fait une overdose de joie), mais dans tous les cas, je me réjouissais que personne ne semblait avoir assisté à ça.
Mais mon second problème était que je n'avais aucune idée non plus de pourquoi j'étais allée faire des courses en premier lieu. Amnésie totale. Je n'avais même pas de panier, ni de liste, ce qui était très étrange parce que je prend toujours une liste sinon j'achète de tout sauf de ce qu'il faut.
J'ai commencé à observer les ampoules pour me donner bonne figure, au cas où quelqu'un arriverait. Puis je me suis dit que quand même, 27 livres sterling, c'est beaucoup pour une ampoule bas de gamme.
Et là j'ai remarqué, que ça n'était pas des livres. C'était des dollars australiens.
Pourquoi. Étais-je. Dans un supermarché australien.
Je n'ai pas eu le temps de me poser longtemps la question, car un bruit de pas me tira de ma contemplation d'ampoules. Quelqu'un arrivait, et plutôt vite, dans ma direction. (après réflexion, les bruits de pas étaient des talons hauts qui claquaient sur le sol bétonné du magasin).
J'ai, par réflexe, cherché un endroit pour me cacher, car ma nouvelle découverte avait instillé (ça existe ce mot?) en moi une forte inquiétude. Je n'étais clairement pas chez moi. L'Australie n'est pas exactement chez moi.
Sous le coup de la panique, j'ai couru vers l'angle du rayon qui me semblait le plus éloigné de là d'où semblaient venir les pas. Mais ma fuite s'arrêta assez misérablement quand j'ai trébuché sur un gros objet au sol, et que je me suis effondrée de tout mon poids, la tête première.
Sur le coup, je n'ai pas du tout compris sur quel objet je venais de buter. Mais j'ai vite compris que l'objet était vivant, au vue du petit « squeak » paniqué qui en sortis.
(Pour des raisons de claireté...clareté...clarté... pour rendre mon récit plus vivant, et parce que c'est cool, je vais retranscrire les dialogues de façon aussi précise que possible, trust my mémory)
- HAAAAAAAAAAA !
J'ai fait pareil :
- HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !
Je me suis retrouvée, à moitié sur le sol, nez à nez avec l'objet de ma chute, un jeune homme roulé en boule au sol qui me regardait comme si j'étais le Diable en personne, et peut-être en faisais-je de même vu l'état dans lequel j'étais.
Soudain, une immense, gigantesque silhouette, se découpa à l'angle duquel je venais moi-même de débarquer. Le monsieur des bruits de pas.
En cet instant, je le voyais comme un individu absolument titanesque, qui nous dominait comme un gratte-ciel, portant directement sur sa peau nue (un torse pâle, à la fois fin et musclé, un vrai mannequin) un manteau à fourrure fuchsia agressif avec un pantalon pattes d'eph' miroitant de bleu canard, de turquoise, de rose et de violet, qui ne faisaient que doubler notre état de panique à mon camarade au sol et moi.
On a tous les deux hurlé de plus belle et le terrible géant se boucha les oreilles en grimaçant.
- Oh mon dieu mais comment des bruits aussi stridents peuvent sortir de créatures aussi petites que vous !
L'inconnu par terre avec moi saisit mes épaules et me poussa devant lui pour m'utiliser comme bouclier avant de s'écrire :
- Arrière vil criminel ! Ou cette innocente en subira les conséquences !
Puis il chuchota dans mon oreille, probablement pas assez bas pour que l'autre inconnu ne l'entende pas :
- Ne t'inquiète pas il ne t'arrivera rien c'est du bluff.
J'ai soudain remarqué que l'homme aux pattes d'eph' sentait FORT le nuoc mâm (c'est à dire pas la meilleure des odeurs quand on n'est pas sûr le point de savourer des bon nems croustillants) et d'ailleurs une belle tache recouvrait son manteau à l'apparence luxueuse et extra. Il posa les poings sur ses hanches d'un air mi-exaspéré, mi-agacé et articula avec une forme de dédain non-dissimulé :
- Ah petit rat. Encore toi ? Je croyais que tu étais retourné dans ton trou.
Le garçon qui me brandissait comme un bouclier siffla avec animosité :
- Qu'est-ce qu'il y a flamant rose, je te manquais trop donc tu me cherchais ?
J'ai ouvert grand les yeux et j'ai fixé un sourire embarrassé sur mon visage, assez peu sûre de la conduite à aborder, prise entre les feux de ces deux énergumènes qui visiblement ne s'appréciaient pas beaucoup et se connaissaient déjà.
Le « Flamant rose » haussa lentement un sourcil blond parfaitement dessiné et du bout de ses lèvres peinte en bleu paon métallique, feula comme un chat en colère :
- Te chercher ? Tu veux dire essayer d'échapper à ton odeur immonde ? Malheureusement tu refoules tellement que je ne savais même plus d'où venait ce fumet putride.
- Moi qui schlingue ? Tu t'es sentis actuellement ?
Un petit soubresaut agita sa paupière bordée de longs cils noirs de mascara, à l'entente de cette provocation.
- À qui la faute ? Je n'ai jeté moi-même cette bouteille sur mon manteau, plus cher que ce que ta petite tête de rat d'égout ne vaut – que tu me rembourseras soit disant passant, petit rappel puisque tu sembles si courageux qu'il ne m'étonnerait pas que tu tentes de te défiler de tes responsabilités. Et puis mieux vaut sentir le poisson que la fosse septique.
L'autre garçon enfonça les doigts si fort dans mes épaules que j'ai poussé un petit cri de douleur, surpris. L'homme méprisant reporta son regard sur moi comme s'il me remarquait pour la première fois. En une courte seconde, il me scanna et m'analysa de son regard glacé, puis conclut d'un ton indifférent, presque ennuyé :
- Toi tu n'as aucune chance ici. Reste donc avec Stinky, tu ne m'intéresses pas.
J'ai cligné des yeux, confuse, car je ne voyais pas de quoi il parlait. Sur ces dernières paroles charmantes, il fit gracieusement demi-tour dans un geste fluide qui illumina son manteau ruiné, et repartit en faisant claquer ses talons sur le sol luisant sous les néons blancs du supermarché.
Quand il disparut au bout du rayon, j'ai senti mon camarade qui s'était courageusement abrité derrière moi, et je me suis tournée face à lui pour lui soutirer quelques infos.
- Et ben, sympa ton pote. Ça fait combien de temps que vous vous haïssez ?
Le garçon roula ses yeux couleurs ardoise au ciel et se lamenta :
- Ooooh une éternité !
Puis il agita sa main dans le vide :
- Enfin un quart d'heure, mais chaque minute avec lui est une éternité. En enfer bien sûr.
Bon. Je me fis à ce moment une petite note mentale de ne jamais rester dans la même pièce que ces deux là en même temps. Puis je décidai d'au moins lui donner une meilleure opinion de moi que Monsieur Fabulous :
- Moi c'est Kiara.
Je lui ai tendu la main :
- Enchantée. Tu sais ce qu'on fait ici ? J'avoue que j'ai une grosse amnésie.
Il attrapa ma main, retrouvant d'un coup un grand sourire, et la secoua avec énergie :
- Ah pardon ! Où sont mes manières, moi c'est Keith, Keith Sullivan, ultime inspecteur d'égout. Enchanté aussi, enfin autant qu'on puisse l'être dans notre situation... La nôtre est dans un centre commercial ! Et c'est la partie supermarché ici.
(voici un dessin de Keith réalisé par Sophie, elle dessine très bien, et a accepté de me faire des dessins de tout le monde pour mon journal, trop sympa je sais)
J'ai cligné quelques fois des yeux, encore plus perdue qu'une minute auparavant. Je n'avais strictement rien compris à ce qu'il avait dit (enfin sauf son nom). Si j'avais su, je doute que j'aurais gardé mon sourire polie et mon air calme.
À vrai dire, même maintenant, après qu'une journée entière se soit écoulée depuis que je l'ai appris, j'ai encore du mal à y croire, et les mains qui tremblent un peu. Il explicita devant mon air perdu :
- Notre Tuerie. Nous sommes très clairement dans une tuerie si tu ne l'avais pas encore compris.
Il se frotta la nuque d'un air désolée, son enthousiasme douché.
- Désolée si je te l'apprend...
J'ai penché la tête sur le côté, et je me suis renseignée en pesant mes mots délicatement :
- Notre... Tuerie....
J'étais sûre d'avoir déjà entendu le terme aux infos et que ça n'était pas une bonne chose (après tout le mot en lui-même était franchement macabre, mais là je sentais que le terme était utilisé avec un T majuscule). Cette fois, ce fut lui qui parut très surpris. Il m'interrogea sur un ton qui était à peine une question.
- Tu ne sais pas ce qu'est une tuerie ?
J'ai secoué la tête de gauche à droite, un peu honteuse, et assez inquiétée car je comprenais mieux pourquoi Dada n'avait pas eu l'air si joyeux de mon admission.
Il ouvrit la bouche et eut l'air de réfléchir un moment à comment répondre à cela, et accompagna son geste avec ses mains les positionnant face à face devant lui comme s'il allait me donner un objet imaginaire.
- Bon. Euh. En gros : on va tous mourir. Sauf 1 ou 2. Peut-être. Probablement pas nous.
J'ai lâché un petit rire nerveux qui avait pas du me donner l'air très saine d'esprit et j'ai glapis :
- Ahahah oui ! Je vois ! C'est donc pour ça que Dada n'avait pas très envie que je fasse ma rentrée à Hope's Peak ! Ça explique bien des choses.
J'ai adressé un pardon mental à mon père que j'avais arrêté d'écouter après « en tant qu'ultime tu y aurais la vie facile et un super diplôme à la sortie ».
Il se crispa, et j'ai vu une sorte de pitié se peindre sur son joli visage. Maintenant que j'y pense, je ne l'ai pas décrit. Peut-être devrais-je inclure des petits dessins de mes camarades, je pense que ça peut aider à les resituer, mais je dessine pas super bien...
Donc le jeune homme qui me faisait face avait de grand yeux couleurs ardoises et des cheveux ébouriffés bruns qui s'éclaircissaient sur les pointes, avec une peau un peu bronzée et un nez en pointe. Il n'était pas très grand, peut-être 1m65, et il avait une voix agréable, un peu plus grave que ce que son apparence assez délicate aurait laissé penser. Il avait des gestes vifs et fluides, et son visage était très expressif. Il me donnait une bonne impression. Celle de quelqu'un d'émotif et intelligent. Le genre que j'apprécie. Plus que monsieur flamand rose en tout cas.
Monsieur Flamand rose d'ailleurs dont ni Keith ni moi ne connaissions encore le nom.
Keith m'a aidé à me redresser alors que j'accusais un peu le choc. Ensuite on a vaguement discuté pendant que j'essayais de ne pas faire de crise de panique et que mon nouveau camarade me mettait encore un peu plus à jour sur les tueries et les monokumas, puis on est allé à la recherche des autres.
Apparemment c'était un peu le rituel – et ça se passait pas toujours très bien.
Mais bon là je suis crevée et j'ai mal à la main, et on a enfin le droit de sortir, donc je continuerais de vous raconter les rencontres et les problèmes de cet endroit demain – j'ai déjà assez morflé aujourd'hui.
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