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Le casse du siècle


L'Administration est automatique dans notre beau pays, riche des avancées technologiques les plus pointues. Et comme notre beau pays est égalitaire et distribue équitablement ses précieuses ressources à chaque habitant, l'Administration est extrêmement puissante.

Évidemment, personne n'est obligé d'accepter ses bienfaits, certains marginaux préfèrent ne compter que sur eux-mêmes – et s'en mordent généralement les doigts quand il leur arrive un problème. De toute façon, il n'y a que les gens préparant un mauvais coup qui refusent de voir le système surveiller chaque aspect de leur vie. Ce ne sont même pas des humains qui jouent les voyeurs, ce sont les machines qui vérifient simplement que chacun paie ou reçoit selon ses besoins et ses mérites. Vraiment, les honnêtes gens n'ont rien à craindre.

Moi non plus d'ailleurs, même si je ne suis pas quelqu'un de très honnête. Enfin si, de ma naissance jusqu'à ce jour, j'ai réellement été d'une honnêteté scrupuleuse, les archives indestructibles du système peuvent en témoigner. Ce que les machines ne peuvent pas savoir, c'est qu'au fond de moi je n'ai jamais été honnête.

J'espionnais le système pour préparer mon grand soir. J'ai prévu, avec l'aide de certains associés, de faire le casse du siècle. Nous allons braquer les fichiers de l'Administration et nous faire attribuer un beau paquet à vie, ainsi bien sûr que l'effacement de toutes les poursuites de police à notre encontre. Simple, rapide, efficace, en un mot génial : c'est mon plan.

Au fait, je m'appelle Surrey, Martin Surrey.


Je me présente au siège principal de l'Administration. Cet immense bâtiment domine la ville comme un instituteur sévère-mais-juste surveillant les enfants dans une cour de récréation, ou peut-être est-ce l'idée que des années de propagande nous implantent spontanément dans le cerveau à tous. Après tout il y a belle lurette que l'éducation des enfants n'est plus confiée à des humains à part dans les films généreusement sponsorisés par le gouvernement.

Tout est automatisé et la présence des administrés était même interdite à une époque, ils devaient tout régler par messagerie informatique. Puis les puissants ordinateurs de l'Administration ont calculé que les gens aimaient ce contact, le geste de se déplacer pour présenter leurs doléances au remplaçant – bien plus efficace – d'une divinité toute-puissante et bienveillante.

Une minorité des gens en fait, mais l'accueil a malgré tout été magnifiquement décoré pour éblouir la foule. Je m'avance entre les fresques et les bas-reliefs de trois mètres de haut, ébloui par les vitraux, slalomant entre les fontaines aux superbes statues. De nombreux groupes les regardent bouche bée : le rez-de-chaussée de l'Administration regroupe assez de chefs-d'œuvre pour former les élèves artistes – si on les laissait sortir des écoles qui leur sont réservées, bien sûr.

Ce que la plupart des gens ne savent pas (car il a été scientifiquement calculé qu'ils n'ont pas à le savoir), c'est que ce rez-de-chaussée est doté d'une sécurité à toute épreuve. Ce qui est normal, après tout, étant donné le nombre important d'autres pays que nous avons envahis ou dominés et qui ne rêvent que de faire s'écrouler notre puissance, il faut protéger l'Administration des rebelles et autres terroristes.

Hélas, ça complique également la tâche de l'humble cambrioleur que je suis. Heureusement, il existe au premier étage une partie accessible à certains professionnels.

Il m'a fallu de nombreux efforts pour faire partie de cette élite admise dans le Saint des Saints, et encore davantage pour faire admettre la nécessité de laisser mes ''assistants'' m'accompagner. En comparaison, recruter ces trois bandits a été simple comme bonjour – j'ai même dû faire un tri sévère entre tous ceux qui étaient prêts à se damner pour bénéficier de mon pass vers l'étage supérieur.

Devant la statue, j'attends que mes complices arrivent. Je suis le seul à tous les connaître, c'est la première fois qu'ils se rencontreront.

La première à arriver est Est, notre pirate informatique de génie. Elle est jeune, menue, le visage banal derrière ses longues mèches châtain. Il faut la voir devant un ordinateur pour savoir à quel point son regard peut être vif, voir transperçant. Lorsqu'elle hacke, elle est en guerre et sans pitié.

Est s'est jointe au projet car c'est une idéaliste : elle est certaine, malgré les assertions de la propagande, que le système comporte des bugs et que des gens innocents en font les frais. Elle compte réparer ça. Le genre d'idée qui me passe personnellement à des kilomètres au-dessus de la tête. Si je l'ai engagée, c'est avant tout pour ses talents qui nous seront indispensables une fois dans l'ordinateur géant. Je la connaissais sous un jour plutôt bravache et ça m'amuse de voir à quel point elle a l'air terrifiée maintenant qu'elle s'est jetée à l'eau.

Pour se donner une contenance, elle sort son mini-ordinateur et commence à pianoter dessus nerveusement. Nous restons un long moment seuls et silencieux mais cette fois ma peur a cédé la place à un délicieux sentiment d'anticipation. Anticipation de ma victoire, bien sûr.

Charbon arrive à son tour. Normal qu'il ait été plus lent, c'est lui qui transporte nos sacs contenant le matériel de survie – au sens large, nous avons pris aussi bien de la nourriture que des armes – et il a dû passer un grand nombre de contrôles avant qu'on le laisse passer.

Au moins, il n'a pas eu besoin de cacher le matériel (ça aurait été impossible), le système de l'Administration le désintégrerait dès qu'il tenterait de sortir un fusil de son sac et il le sait. Ce qui ne l'empêche pas d'être aussi à l'aise dans ce hall qu'un professeur venu étudier l'art moderne.

Lui, contrairement à Est, est un vétéran qui n'a pas hésité à me montrer ses réticences et ses doutes lorsque je l'ai recruté, et qui maintenant est aussi détendu que la jeune fille est nerveuse. Il a une dizaine d'années de plus qu'elle mais il semble beaucoup plus âgé. Bourru, massif, le nez cassé, il doit faire peur dans les ruelles obscures - une caricature du repris de justice. Pas étonnant, puisque je l'ai recruté en prison et fait évader. Si tout se déroule comme prévu, son rôle se limitera à porter les plus lourdes charges et à nous aider dans nos acrobaties – c'est de loin le meilleur en escalade de nous quatre. S'il y a un imprévu, il est là pour se battre et nous protéger.

Silence. Au bout de quelques minutes, Est demande d'une petite voix :

« On attend encore beaucoup de monde ?

Le ton de sa question indique sa peur d'être entendue et jugée suspecte par le système de sécurité. Évidemment nous sommes entendus en permanence et pour éviter cette attitude suspecte je réponds d'une voix forte :

— Plus qu'une personne et le compte y sera.

— Ah. Bien.

— Au fait, vous ne vous connaissiez pas, mais voici Charbon. Charbon, je vous présente Est.

— Salut.

— B'jour. »

Ces mondanités m'amusent beaucoup. Autour de nous, la foule passe et s'agite sans se douter de quoi que ce soit. Enfin Silver arrive. Les autres la regardent et j'admire le sang-froid de Charbon qui la salue aussi naturellement qu'il l'a fait avec Est. Pour ma part, j'ai vraiment peur que sa seule présence nous fasse repérer.

La première chose qu'on remarque chez Silver, c'est son sourire. Malgré le mâchonnement permanent de son chewing-gum, elle sourit sans cesse, de toutes ses dents. Ce qui, combiné à ses yeux trop grands et trop maquillés, lui donne l'air d'une folle.

La deuxième chose qu'on remarque chez elle, ce sont les cicatrices – marques de brûlures plus ou moins bien greffées – qui lui courent sur le visage et les mains, et sans doute aussi sur d'autres parties du corps qu'elle dissimule à l'aide d'une combinaison noire, tachée et garnie d'innombrables poches.

Enfin, la troisième chose qu'on remarque, c'est son âge : Silver a largement dépassé la soixantaine et arbore fièrement une courte crinière argentée, laquelle semble vivre en toute autonomie, loin de la dictature des peignes et autres élastiques. Et tout aussi fièrement ses rides, qu'aucune chirurgie n'est jamais venue combler. Le genre de visage qu'on ne croise pas souvent dans l'espace public.

Ceci dit, en matière d'explosifs, de chimie et de tout ce qui a trait au perçage de coffre-fort, son esprit est toujours aussi vif. Je doute qu'il ait un jour été très vif dans les autres domaines et son caractère instable ne me plait pas du tout, mais c'est la meilleure et elle n'était pas chère : je n'ai eu qu'à la faire évader de l'hôpital psychiatrique et lui promettre une affaire explosive pour qu'elle soit prête à me suivre jusqu'au sommet de la tour s'il le faut.



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