Leurs regards glissent sur moi comme si je n'existais pas. Je suis invisible à leurs yeux. Ils m'ignorent. Je ne suis personne, plus personne.

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Mes parents sont morts dans un accident. Une mort rapide et quasi indolore, me laissant seule. Tout s'est passé très vite. N'ayant aucun parent proche j'ai été contrainte d'aller dans un orphelinat. Une nouvelle vie, un nouveau monde, une nouvelle voie où s'engager. Un chemin tortueux où l'on marche avec maintes précautions. Ça a été difficile. Les enfants de l'institution ne me firent ni bon ni mauvais accueil. Ils ne m'ont uniquement prêté aucune attention. Je me suis retrouvée seule, sans guide, complètement perdue. Pendant des semaines, j'ai essayé d'entrer en contact avec eux. Mais je n'étais toujours qu'une inconnue dont on ne tient pas compte. Petit à petit, je me suis renfermée sur moi-même, tel le coquillage sur sa perle. Je suis devenue un être taciturne, à l'air constamment affligé et maladif. Je déteste le monde. J'ai les yeux cernés, la peau pâle. Je suis Blanche.

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Je pose mon carnet à coté de moi et lève la tête. J'adore cet endroit. Dos à une poutre en bois, assise à même le sol, je hume l'air humide. Cette vieille maison abandonnée m'apaise. Elle est tellement belle. Je m'y sens tellement bien. J'y retrouve pleins de souvenirs de ma vie d'avant, du temps où mes parents étaient encore là. Ici, je retrouve mon calme. Ma haine pour le monde se dissipe. Je vis. C'est une sensation tellement étrange, mais si agréable. Je reprends mon calepin. L'écriture si maladroite au départ est devenue belle et harmonieuse. Je tiens mon journal depuis que je suis arrivée à l'orphelinat. Il m'aide à me sentir moins seule. J'y écris seulement ici, en ce lieu réconfortant et calme. J'ai peur que l'on se moque de moi là-bas, à la prison, c'est comme ça que je l'appelle. Il est vrai que j'ai maintenant quinze ans. Je suis une des enfants les plus âgées. Je ferme les yeux. L'air frais me pique le nez. Il commence à être tard, je devrais peut-être rentrer. Quoique, je suis sûre que je pourrai fuguer sans que personne ne s'en rende compte. Mais où irai-je? Je me lève et m'étire. Mon corps est tout engourdi. Je descends la petite colline et me dirige vers le bois. J'ai environ dix minutes de marche à faire jusqu'à l'institution. La nuit est vraiment noire. Je trébuche sur les racines. Les chouettes hululent. Je ne vois plus où je pose les pieds. Tout droit, toujours tout droit. J'aperçois de la lumière. La bâtisse n'est plus très loin. Ça y est. Je pousse les grilles en fer forgé et remonte l'allée. J'ouvre discrètement la porte du hall et me glisse à l'intérieur. Là, surprise! Je vois la vingtaine d'enfants qui loge actuellement à l'orphelinat rassemblée autour...d'un nouveau pensionnaire ?! Personne ne semble remarquer ma présence. Je me faufile discrètement et monte l'escalier. Par curiosité, je me retourne. C'est un garçon de mon âge... et son regard est braqué sur moi.

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