Concours de nouvelles organisé par @luxiana1807

Thème imposé : La fille à la jupe orange (1 à 5 chapitres de 1000 mots), une chute est attendue.

(notée 18/20 par l'organisatrice. Merci à elle ! 😊)

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A la première sonnerie de son réveil, Raphaël se lève d'un bond ce matin-là.

La couverture vole dans la pièce, ses draps défaits tombent au pied du lit, son oreiller est sur le tapis... Il n'en a rien à faire.

Une douche rapide, un bon café, une tranche de pain grillé, et le voilà prêt pour cette journée tant attendue. Malgré sa nuit agitée pendant laquelle il n'a pas arrêter de rêver d'elle, se préparer ne lui prend que quelques minutes.

Ce n'est pas le moment de lambiner. Elle l'attend. Il le sait. Il en est certain, malgré tout ce que ses amis ont pu lui dire ces derniers jours. Ils se sont moqués, l'on traité de fou, et ont même essayé de l'arrêter.

Mais rien n'arrêtera Raphaël.

Il a rendez-vous.

Un rendez-vous qui va bouleverser sa vie.

Sur le trajet, les mains crispées sur le volant de sa petite Clio noire, il essaye de garder son calme. Son cœur tambourine dans sa poitrine, ses doigts tremblent d'excitation...

Soudain, alors qu'il dépasse les dernières maisons avant la campagne, sa gorge se serre : un doute l'assaille. Est-ce qu'il ne se serait pas trompé, finalement ? Est-ce qu'il aurait fait tout cela pour rien ? Ses amis ont peut-être raison ? Ils ont plus d'expérience que lui, jeune homme tout juste adulte qui vient de passer son vingtième anniversaire...

Raphaël secoue énergiquement la tête, faisant onduler ses courtes boucles brunes, comme pour chasser toutes ces pensées négatives.

Raph', espèce d'idiot ! Tes doutes sont ridicules !

Ils le prennent pour un gamin, personne n'a confiance en lui, mais il va leur prouver ! Elle sera là. Ce n'est pas une option. Il le sent. Il le sait.

Le jeune homme tape sur son volant en grognant. Ça fait des semaines qu'il attend ce jour avec impatience, ce n'est pas le moment de se dégonfler !

Dans un nuage de poussière, la voiture s'arrête après quelques dizaines de minutes de trajet.

Il y est.

Il éteint le moteur et sert le frein à main avant de sortir et de claquer la porte derrière lui.

L'endroit est désert, comme d'habitude. Le silence règne ici, loin de l'agitation de la ville qu'il vient de quitter, loin des yeux curieux et des moqueries de ses camarades. Mais elle, elle l'attend. Raphaël sait qu'elle ne se montrera pas tout de suite, mais il a toute la journée devant lui s'il le faut. Une journée qui s'annonce radieuse, d'ailleurs, puisque le soleil chauffe déjà de façon significative en cette heure matinale.

Dans sa précipitation, il n'a pas pensé à prendre de quoi boire et manger. Tant pis. Il ne peut plus faire demi-tour.

Les minutes passent pendant lesquelles Raphaël doit plusieurs fois chasser ses doutes énergiquement. L'astre lumineux est haut dans le ciel quand, enfin, il la voit. Il ne peut cependant pas en être encore tout à fait sûr : elle fait sa timide.

Le cœur du jeune homme s'emballe. Il a chaud, des gouttes de sueur coulent sur son front et sous son t-shirt. Il est obligé de s'éponger le visage pour pouvoir contempler celle pour qui il a passé de nombreuses nuits blanches.

Une main, délicate, aux longs doigts gracieux, apparaît. Il a envie de la toucher, de la caresser, mais se retient. C'est trop tôt.

Raphaël suit du regard le bras orné d'un anneau, jusqu'à l'épaule nue, puis le cou de la femme qui daigne se montrer. Là encore, un beau collier, bien que simple, embellit un port de tête altier.

La respiration du jeune homme s'accélère lorsqu'il croise enfin le regard vert de la femme qui paraît malicieux, joyeux. Le doux sourire qui l'accompagne donne au visage fin et délicat, diaphane, une aura particulièrement séduisante.

Le jeune homme reste immobile de longues minutes, comme hypnotisé par ses yeux d'émeraude, puis son regard descend sur le corps de la femme.

Elle se cache encore. Elle joue avec lui, et met un peu de temps à se dévoiler totalement. Mais Raphaël sait qu'il aura le dernier mot.

Peu à peu, le corps svelte apparaît, ses habits brillent sous les rayons du soleil qui commence déjà sa descente vers l'ouest.

Que fait-elle ? Elle marche ? Elle saute ? Non : elle danse. Sa deuxième main est levée au-dessus de sa tête dans un geste gracieux ; une de ses jambes, nue, est pliée, le genou au niveau de la poitrine qu'elle a volumineuse.

Son dos cambré et sa silhouette fine, ainsi que les volants de sa longue jupe et ses cheveux flottant dans son dos, donnent l'impression qu'elle vole.

Elle est pieds nus. Libre. Heureuse. Fière.

Elle se tient maintenant devant le jeune homme qui peut enfin l'observer dans toute sa beauté, dans les moindres détails. Le fin tissu recouvrant une de ses jambes et sa poitrine est décoré de délicates fleurs qui mettent en valeur la minceur de sa taille. Très peu de bijoux, finalement : un anneau au poignet droit, une boucle à l'oreille du même côté et un collier discret. Mais le tout est si harmonieux, qu'une parure de plus aurait été de trop.

Raphaël savait qu'elle serait belle. Mais la danseuse dépasse toutes ses plus grandes espérances ; il en a les larmes aux yeux.

Maintenant à découvert, elle se laisse contempler. Depuis si longtemps, personne n'a pu l'admirer comme elle le méritait. Mais cela va changer. Raphaël est là pour ça.

Il voudrait tout de suite l'emmener avec lui, mais est-ce raisonnable ? Elle paraît si fragile, si délicate, qu'il n'ose pas la toucher, de peur de lui faire du mal. Ses doigts tremblent lorsqu'ils rencontrent le corps de la danseuse. Il n'a pas le droit à l'erreur, ou cela briserait tout son rêve.

Laisse-toi faire, ma belle, c'est pour ton bien...

Il croise encore une fois son regard, toujours aussi intense. Si seulement elle pouvait parler, il saurait... Est-elle satisfaite de ce qui est en train de se passer ? Est-elle reconnaissante ?

Mais pourrait-elle lui en vouloir de la mettre ainsi en lumière ? De montrer sa beauté au monde entier ?

Quelques heures s'écoulent encore, le soleil est sur le point de se coucher, Raphaël a dû allumer les phares de sa voiture pour voir ce qu'il fait. Il y est presque. Une dernière caresse, une seule, et elle est à lui.

Il la soulève délicatement ; elle se laisse faire sans le lâcher du regard.

Il ne sait pas encore exactement en quelle matière elle est faite, ni comment les couleurs ont pu tenir aussi longtemps, mais une chose est sûre : elle est magnifique. Entière. Parfaite.

En l'espace de quelques secondes, sa longue jupe aux multiples volants brille d'un orange éclatant sous les derniers rayons du soleil qui disparaît à l'horizon.

Raphaël sent son cœur gonfler d'une joie sans borne devant ce spectacle. Il l'a fait. Il l'a trouvée. Intacte, là où elle l'attendait depuis des centaines d'années, comme le lui avaient indiqué ses calculs et ses recherches.

Demain, tout le monde pourra contempler la photo qu'il prend de la danseuse à la jupe orange, avec un titre accrocheur dans les journaux :

« DECOUVERTE ARCHEOLOGIQUE EXCEPTIONNELLE : Une statue rare dans un état de préservation inespéré ! »

FIN

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