Bonjoir !

Vous allez bien ?

Ce one shot est ma participation au concours de PelageNocturne
Bonne lecture !

Ps: ça spoil la fin de ma fanfiction "La démone et le papillon" donc attention pour ceux qui ne l'ont pas encore lu/fini.

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Alors que le poison de Shinobu faisait effet sur la lune aux yeux multicolores, ma vision se troubla de plus en plus. La voix que j'entendais depuis plusieurs semaines se faisait de plus en plus présente dans ma tête. Un tourbillon de noir et de rouge se dessina dans mes pupilles. Puis plus rien.

Je n'étais plus dans mon corps. J'avais l'impression de flotter, de voler. J'ouvrais les yeux, je vis mon corps attaquer ma petite amie. Je ne comprenais pas pourquoi donc je décidai de me rapprocher de mon enveloppe charnelle. J'observai attentivement le moindre détail et je le vis. Toute vie avait quitté mon regard. Mon côté démoniaque avait repris le dessus.

J'étais impuissante, regardant ce "combat" ridicule sans pouvoir faire quoi que ce soit.

Après quelques minutes, je me vis parler, sans pouvoir entendre ce que je disais. La pilier prit son katana imbibé de poison et le planta dans ma cage thoracique. Ma peau devint violacée et se désintégra en un millier de particules noires.

Celle que j'aimais pleuré devant ce qui restait de mon existence, un haori et un katana. Je ne lui en voulait pas de m'avoir ôter la vie. Elle avait fait ce qui était juste; et je préférais cela que de perdre mon humanité. Je l'entendais dire mon prénom entre ses pleures "Akuma". Ca me déchirait le cœur.

J'avais bien sûr des regrets, je voulais remonter le temps pour ne pas devenir une démone, rencontrer mon âme sœur plus tôt et aider plus de gens. Mais je n'ai pas à me plaindre. J'ai eu une belle vie, avec des hauts et des bas. Mais les regrets étaient là. Je ne pouvais pas partir l'esprit tranquille. Je restais là, devant la Kocho qui combattait son pire ennemie, seule. J'étais spectatrice des attaques des deux camps.

Je sais le dénouement du combat. Elle m'avait avouée vouloir se sacrifier pour sa vengeance, cette maudite vengeance.

Si seulement je pouvais revenir en arrière, éviter ce combat, éviter cette fin, ne pas devenir une démone.

J'assistais impuissante face à la mort de Shinobu. Je savais son plan mais ça fait mal. Ça fait mal de voir l'être qu'on aime craché du sang. Ça fait mal de la voir écorchée par des dizaines de carreaux de glace. Ca fait encore plus mal de la voir se faire dévorer par la deuxième lune, devant ses yeux sans pouvoir rien faire. Une pensée unique envahissait mon esprit Je veux remonter le temps.

Mon regard était attiré tel un aimant, mon haori et mon katana brillaient d'une étrange lumière bleutée. Doma ne la voyait pas, je le sais sans savoir l'expliquer. Je flottai non loin de là, observant ce qui pouvait bien se passer.

Une ombre sortit du vêtement. Un fantôme plutôt, le fantôme squelettique d'un corbeau. Il était magnifique, majestueux. Mon "corps" était comme attiré, je voulais voir ce magnifique oiseau d'ébène de plus près. Le corvidé s'envola mais je l'attrapai de mes mains transparentes.

L'esprit, lorsque le touchai, disparut. Une lumière m'éblouis et la vision que j'avais jusque là dans le château de l'infini fut remplacée par une horloge dorée. La cadran laissait mouvoir ses aiguilles dans le sens inverse des vraies horloges. La pendule allait de plus en plus vite, elle faisait des dizaines et des dizaines de tours. Elle finit par s'arrêter et disparut, me faisant chuter du haut d'un arbre.

Quand mon dos prit contact avec le sol, une vive douleur m'anima. J'ouvris les yeux, la seule chose qui m'était visible était les feuilles des arbres de la forêt. Le ciel passant à travers les branches était d'un bleu profond, parsemé de centaines d'étoiles. Une vue magnifique mais si c'était la nuit, les démons rôdaient.

Je ne savais pas où je me trouvais, l'endroit me rappelait vaguement quelque chose mais je ne savais pas pourquoi. Je ne trouvais pas de cachette. Plus j'avançais vers l'inconnu, plus je sentais que je me perdais. Je ne savais même pas pourquoi je me trouvais ici, j'étais morte. Mon enveloppe charnelle existait de nouveau, je ne volais plus et mes mains n'étaient plus translucides. Je remarquai aussi que j'avais à nouveau mon haori et mon sabre du soleil à ma ceinture.

C'était une bonne chose d'avoir mon arme sur moi, si un démon se trouvait non loin je pourrais me défendre bien que je ne sache pas si j'étais toujours "en vie" ou si ce n'était qu'un rêve lucide, le souvenir de ma vie avant le trépas, avant de rejoindre les autres morts ou de me réincarner.

Au détour d'un arbre, j'entendis le bruissement des feuilles mortes sous les chaussures ou les pieds de quelqu'un. Le bruit n'était qu'à environ cinquante mètres sur ma gauche. Mon réflexe a été de sortir mon katana de mon fourreau.

Ma lame brillait au clair de lune, son reflet sur le sol humide de la forêt japonaise. Une légère brise soufflait dans mes cheveux bleus clairs et envolant mon haori corbeau. Mes pas se faisaient de plus en plus lents, plus calculés pour faire le moins de bruit possible. Je ne voulais pas prendre le risque de me faire repérer. Je me cachai à l'arrière d'un tronc d'arbre et regardai dans la direction des bruits de pas.

Ce que je vis me glaça le sang. Mon sosie, avec des cheveux beaucoup plus courts et un air de fatigue extrême, se tenait là. Elle était sur ses gardes, katana en main, comme je me tenais. Mon cerveau tournait à cent à l'heure. Comment ? Pourquoi ? Un rêve ? Des flashs de la vie que j'avais oublié ? Ces phrases tournaient encore et encore au rythme des pas de Karasu.

Je repris enfin mes esprits. La Keshin était maintenant à une centaine de mètres. Je me décidai à la suivre. Je devais la protéger, mon intuition me le disait, pour ma survie. Et j'avais raison. Un démon se montra face à elle. Sa langue sifflait et ses griffes étaient prêtes à déchiqueter la peau de la fille.

Je ne pouvais pas laisser faire. Je voyais bien que "je" n'arrivais pas à battre ce démon. Pour sauver Karasu je tuai le mangeur d'hommes.

- Souffle du corbeau, second mouvement ailes d'ébènes !

Je tranchai la tête du monstre en un coup. Son corps se désintégra devant nos yeux yeux rosés. La Keshin tomba, sous le choc. Elle tenait son sabre du soleil à bout de bras. De la terreur se lisait dans ses yeux. Je la comprenais.

- Recule dé ... démone !

Elle essaya de se relever sans succès.

- Je ne sais pas comment tu as fait pour prendre mon apparence mais tu vas le regretter ...

Je me rapprochai d'elle mais elle reculai, me jetant des mottes de terre au visage. Je les esquivais sans difficulté et arrivai à son niveau. J'attrapai sa lame à main nue. Mon sang perlait dessus, glissa et goutta dans la terre meuble par la pointe. Je ne ressentais pas la douleur et continuai jusqu'à arracher son arme des ses mains pour la jeter plus loin à quelques mètres.

- Je sais que tu as peur. Je suis aussi confuse que toi mais réponds moi s'il te plaît, quel jour de quelle année sommes nous ?

- Je ... je ne sais plus quel jour nous sommes mais nous sommes à la deuxième année de l'ère Taisho. 

La deuxième année de l'ère Taisho ... c'est l'année où je suis devenue pourfendeuse il me semble.

- Tu es en train de passer l'examen des pourfendeurs c'est bien ça ?

- Com ... comment savez vous ?

La pauvre était de plus en plus tétanisée. J'avais remonté le temps. C'était ma chance pour ne plus regretter. Ne pas devenir une démone et empêchait Shinobu de s'empoisonnée pour accomplir sa vengeance. 

- Ce que je vais te demander va te paraitre encore plus irréaliste que la situation actuelle mais écoute moi jusqu'au bout.

Cela se voyait qu'elle voulait fuir mais son instinct de survie devait l'en empêchait. Elle hocha lentement la tête, me laissant commencer.

- Je ... je sais même pas par où commencer. Tu es actuellement tétanisée mais tu vas survivre à cet examen. Tu deviendras la pourfendeuse que tu voulais être. Je n'aie pas réussi à être pilier mais si tu suis mes conseils tu le deviendras.

Elle était perdue et elle ne savait pas où je voulais en venir. Je cherchais les mots et la bonne façon de lui annoncer les choses.

- Rencontre Shinobu Kocho. Elle est médecin pour les pourfendeurs. C'est une très belle femme. Le jour où tu la verras tu seras que c'est elle. Son domaine est appelé le domaine des papillons, les furtifs t'y emmèneront si tu es blessée en mission. Empêche là, par tout les moyens, de s'injecter de la glycine. Cette femme est très importante, tu t'en rendras compte très vite.

- D'acc ... d'accord ...

- Ensuite pour parfaire ton souffle, le pilier du vent Sanemi Shinazugawa est le bon. Vos souffles se ressemblent. Ce sera dire de le rencontrer mais si tu te rapproches de Shinobu tu y arriveras. Et pour finir, si on te demande d'aller à une mission dans les marécages de Kushiro n'y va surtout pas ! Tu le regretterais plus tard.

- Pourquoi ? 

- Tu finirais comme moi. Fais ce que je te dis par pitié ! Ne revis pas ce que j'ai vécu !

J'avais les larmes aux yeux. Elle m'avait écouté jusqu'au bout. J'avais un poids en moi dans la poitrine. Je me sentais plus légère et apaisée. Les regrets étaient toujours là mais je lui faisais confiance pour ne faire les mêmes erreurs que moi.

Je me sentais partir et en regardant mes jambes, elles n'étaient plus là. La même lueur bleutée que ce corbeau remplaçait la moitié inférieur de mon être. Karasu écarquillait les yeux face au spectacle.

 - Mais qui es tu ?!

- Akuma ... un futur que j'espère tu ne vivras pas.

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