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Le moribond

Marin se souleva, indolent, vers les cadavres de la nuit.

Somnolant dans l'éclat diaphane de l'astre lunaire, ils paraissaient déjà fermement attendre son heure, presqu'avec impatience, même si la nuit vide et creuse semblait résonner de leur absence.

Marin, muni de sa pelle qui traînait lourdement sur le sol sablonneux en zigzaguant, ne prêtait pourtant attention au calme inquiétant et morbide dont semblait être habité ces lieux, ni même des morts qui le fixaient ardemment, quoique leur corps fût figé sous la pierre.

En vérité il n'y avait qu'une pierre tombale qui l'intéressait, qu'un seul de ces défunts qui obnubilait ses yeux injectés de sang. Et il existait tant de raisons pour expliquer la folie démente qui animait d'un léger tremblement ses bras frêles, malgré un pas étrangement serein qui effleurait à peine le chemin, tel une caresse sur cette terre funèbre ―un vague pardon pour cette terre ayant tant hanté ses nuits.

Marin, le teint blafard, des mèches brunes et rebelles s'égarant sur son front, ses oreilles, sa nuque, se surprenant même à vouloir atteindre le ciel. Marin qui avait le corps émacié, tel une tour bancale prête à s'écrouler à tout moment. Marin et ses pieds de géant, Marin et ses lèvres pendantes, Marin et son regard éteint, Marin et son coeur écorché.

Marin le malheureux survivant, qui avait à lui seul, embrassé de ses larmes le deuil de cinquante personnes que le reste du monde avait jugé avec indifférence. Dont la vie était sur le point de s'achever ; une vie de regrets, de solitude, de silence.

Enfin, il parvint à l'objet de ses folies.

La tombe s'étendait, discrète, dans la douce pénombre. Sous ces fleurs au parfum de vices, il y avait une pierre ; sous la pierre un cercueil ; dans le cercueil un corps ―ou du moins ce qu'il en restait.

Mais rien de tout cela n'avait d'intérêt aux yeux de Marin, déjà plongé dans ses noires obsessions. Il ne voyait que le nom, gravé sur la pierre en guise d'épitaphe.

Camille Murst (1987-2017)

Camille Murst.

Camille.

Camille. Camille. Camille. Camille. Camille.

Il relut le nom, atteint de cette frénésie que seuls les torturés détenaient, jusqu'à s'en brûler la rétine. Et s'écroula larmoyant sur la froide tablette ―indifférente à sa souffrance― en clamant des propos incompréhensibles s'emmêlant entre ses lèvres.

Ce ne fut pourtant pour la nuit qu'un trouble murmure parmi les autres, un son s'évanouissant dans le silence, une passion se perdant dans le brouillard, une inanité de plus dans ce monde d'humains égarés.

Les torrents ayant été épuisés, Marin s'étendit face à l'étendue nitescente, morne et las. Il observa empli d'une quiétude soudaine cette mâchoire singulière qui voulait l'avaler et lui sourit béatement. On pouvait voir au creux de cette bouche des milliers de vie scintiller, tels des phares illuminés au milieu de la marée basse.

Il aima ce ciel, d'une passion discrète ―car Marin peinait à aimer sans violence.

Il fut balloté par l'air délicat qui chatouillait ses joues rougies par le froid ; douce sensation, hélas !

Il s'imaginait déjà, étendu pour l'éternité sous la voûte, défiant effrontément la mort, comme baigné dans un songe. Mais il fut détourné par une défaite certaine, et laissa cette idée emportée par l'oubli.

Enfin, Marin se mit à creuser un trou auprès de son bien-aimé. Un trou qui s'agrandissait progressivement, et qui fut bientôt en mesure d'accueillir un corps entier. Marin traîna sa misérable carcasse à l'intérieur, remit la terre sur son corps, et jeta un oeil sur la mâchoire béante et ses phares qui semblaient désormais l'appeler de leur voix lointaine : Marin ! Marin !

Les échos envahirent ses tympans, l'ivresse du bonheur le berça, il vit Camille qui lui tendait les bras, ses mèches blondes qui voletaient en tous sens, son sourire espiègle qui éloignait les ouragans, ses mains fermes et ses muscles noueux, enfin ses lèvres pâles qui continuaient à l'appeler fébrilement : Marin ! Marin !

Il y eut un bruit, fort.

Les phares disparurent et la nuit se tut de nouveau.

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