Hurle ta colère ― si tu le peux. Pars, pars, puisqu'il le faut, ne réfléchis plus.

On a oublié les roses fanées, les chrysanthèmes et les orchidées pourpres. Et les arbres, et les murmures au fond des couloirs, et les chuchotements pudiques, et les secrets rouge carmin, et la pénombre bleue.

Seulement ton souffle haletant, et le ciel sanguinaire, qui retient des cris séditieux. Estelle, tes yeux chassieux, qui ont vu les pics rocheux et la marée obscure, tes lèvres asséchées et ton teint blême ; Estelle, ne te retiens plus.

Fais pousser les fleurs sur les étendues vierges, nourris tes espoirs vains au creux de ton ventre ; ne reviens plus voir les bêtes et les marionnettes figées, noie-toi dans les océans verdâtres et les nuits silencieuses. Baigne-toi dans les fontaines en attendant le triomphe de ta vertu, contemple ton reflet sans vergogne, écoute les pluies chantonnantes et la sérénade de ta demeure.

Danse avec passion, ris, souris, ne crains plus car les affreux sont partis.

Meurs s'il le faut, meurs dans les bras du mistral et des poussières enchantées.

Sur ton visage pâle traînera ton bonheur achevé.