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Chapitre 5

Aiyana

Tracassée par mon altercation avec mon petit frère, je pars pour le travail en espérant qu'il me redonnera le sourire. Comme tous les frères et sœurs, Alexeï et moi nous chamaillons quelques fois, mais il est rare que cela ne disparaisse pas après une bonne nuit de sommeil.

Cette fois, cependant, j'ai le sentiment que la dispute est loin d'être finie. Je marche machinalement jusqu'au parc dont je dois m'occuper aujourd'hui, trop à mes pensées pour apprécier l'agréable caresse du soleil sur ma peau. L'odeur des fleurs parvient néanmoins à me sortir de mon mutisme, au fur et à mesure que j'approche de mon lieu de travail.

— Bonjour, Aiyana ! me lance une voix une fois arrivée.

— Yasmine ? Déjà là ?

Je fronce les sourcils. Je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un ici avant moi, je mets toujours un point d'honneur à arriver la première. D'autant plus que Yasmine est connue pour arriver pile à l'heure. Jamais en retard - tout le monde aime trop travailler pour cela -, mais jamais en avance non plus.

— Il faut croire, sourit-elle d'un air gêné.

Mon amie, d'habitude si volubile qu'elle en est agaçante, n'ajoute rien. Ce n'est pourtant pas son genre, mais je ne comprends pas ce qui la retient. Elle est toujours partante pour discuter du dernier potin, allant de sa hâte de se marier à une tache malencontreuse sur son uniforme. J'aime discuter avec elle - sauf quand elle me déconcentre du travail - de tout et de rien. Mais aujourd'hui, on dirait qu'elle ne tient pas à partager ce qu'elle a en tête. Sa main passe frénétiquement dans ses longs cheveux bruns bouclés décoiffés en permanence. Elle se mord la lèvre, entrouvre la bouche, puis la referme.

Devant son silence, je ne m'obstine pas. Elle finira bien par parler à nouveau quand elle en aura envie, et puis je ne me fais pas beaucoup de souci pour elle. En réalité, personne n'a vraiment de problème depuis que le gouvernement actuel dirige ce pays. Les seules petites contrariétés du quotidien se résument à un réveil un peu brutal, du café renversé le matin ou encore quelques chamailleries. Mais jamais rien de bien sérieux.

Sur cette réflexion, je m'attèle à ma tâche de la journée : désherber un parc. Même si j'aime tout ce qui m'est confié, je dois avouer que j'ai particulièrement hâte de commencer. Amoureuse de la nature depuis que je suis petite, j'adore être au milieu des arbres ou des fleurs en sachant que je suis utile à la nation. Et comme notre pays fait la fierté de chaque citoyen, nous nous devons de lui donner un aspect plaisant. Comme on nous l'a souvent répété à l'école, « l'extérieur d'un pays reflète son cœur ». Sachant que je peux remercier à ma façon les dirigeants de me rendre si heureuse, j'applique cette maxime avec autant de zèle que possible tous les jours.

Il faut dire qu'avant notre pays comme nous le connaissons aujourd'hui, les lieux étaient en triste état. La population était très malheureuse et la nature souffrait énormément, ce qui était témoin d'une politique à changer. Les images que l'on nous a montrées enfants renforcent ma motivation à travailler à chaque fois que j'y repense : un ciel gris, une fumée noire sur tout le pays, des bâtiments à plusieurs dizaines de mètres de haut, des visages rougis par les larmes, des sans-abris. À vrai dire, j'ai parfois du mal à croire que tout ceci a existé tant la vie est belle maintenant.

— Tout va bien ? Tu as l'air perdue ?

Yasmine a donc retrouvé l'usage de la parole. Elle me regarde avec un petit sourire en constatant que je suis partie une fois de plus dans mes pensées.

— Oups, lâché-je en constatant que j'arrache quelques pousses vert tendre qui n'ont pourtant rien demandé.

— À quoi est-ce que tu pensais ?

— Comme d'habitude, je plaide coupable. Je n'arrête pas de penser à la chance que j'ai de vivre ici, de travailler dans cet endroit et de servir la nation ainsi… Je suis tellement fière !

— Venant d'Aiyana, l'éternelle optimiste qui est reconnaissante de tout ce qui lui arrive, ça ne m'étonne pas ! rit-elle. Mais je comprends tout à fait, c'est vrai qu'on a une chance incroyable. C'est juste que tout le monde ne le réalise pas tous les jours comme toi.

Loin d'être vexée, je sais que son ton malicieux ne cache rien d'autre qu'une taquinerie. Elle aussi est contente de sa vie, comme tout le monde. J'ai simplement tendance à être plus expansive que la moyenne sur les bienfaits de la vie. Un sourire aux lèvres, je m'attaque à un nouveau carré de mauvaises herbes. À nous deux !

La matinée se poursuit de manière plaisante, nous travaillons toujours en petits groupes - nous sommes cinq aujourd'hui - pour être aussi efficaces que possible, et je m'entends bien avec chacun de mes collègues. Nous échangeons des sourires quand nos regards relevés quelques secondes se croisent, puis reprenons notre tâche sans échanger un mot. En ce mois de mai, les températures sont idéales pour travailler, quand bien même nous passons parfois des heures au soleil. Seule la pause de midi me contrarie un peu. Je n'ai pas eu le temps de donner son repas dans un sac à Alexeï comme tous les jours, il a quitté la maison trop tôt. Je crois qu'il va m'éviter encore quelques temps, c'est bien lui qui a le pire caractère de la famille. J'espère seulement qu'il s'assagira avec le temps.

Mais bien vite, nos déjeuners engloutis, le travail reprend. Et avec lui, les préoccupations disparaissent. Juste avant de recommencer à désherber, je prends le temps d'admirer le fruit de notre labeur en quelques heures. Devant moi, s'étale une immense surface verte, aussi propre qu'elle peut l'être, sans aucune mauvaise herbe. Les fleurs envahissantes ont disparu et pas un seul brin d'herbe ne vient dépasser un autre, ils sont tous taillés, sans exception, au millimètre près. Quant aux cailloux remontés par les taupes, ils sont entassés au bord de la route et seront ramassés dans quelques heures par une autre équipe chargée de la collecte des divers déchets et encombrants dont nous nous débarrassons chaque jour. Grâce à ce fonctionnement d'entraide entre tous, nous avançons plus rapidement et ne traînons pas car la bonne marche du travail des autres dépend de chacun. Cela permet de développer un bon esprit d'équipe car il n'y a qu'ensemble que nous pouvons réussir.

Le monde a besoin de la contribution de tous pour fonctionner, mettre nos biens en commun et travailler sans relâche pour l'honneur de la patrie sont les piliers de notre société. Ne l'oublie jamais, Aiyana. C'est grâce au père et au parti que cela est rendu possible. Fais de ton mieux et consacre ta vie à bien les servir pour les remercier, et tu seras heureuse.

Les paroles de mon père me reviennent à cette réflexion. Comme à l'école, il avait l'habitude de me répéter ces quelques phrases, inestimable secret de l'existence et clé du bonheur. Si je montrais quelques réticences à appliquer ceci au départ, force m'est de constater qu'il avait raison. Je ne me rappelle plus exactement à partir de quand ces vérités sont devenues miennes, mais je sais seulement qu'à présent, pour rien au monde je n'échangerais ma vie pour quelque chose d'autre. À vrai dire, c'est ce qui est attendu de chaque citoyen, un comportement exemplaire et refléter les valeurs qui sont si chères à notre pays dans notre quotidien.

— Aiyana, tu rêves encore ! souffle Yasmine avec un petit sourire.

Embarrassée d'avoir été prise en faute deux fois dans la même journée, je fais comme si de rien n'était et me baisse au sol pour arracher d'un geste sec une pousse de chardons. Le reste de l'après-midi est on ne peut plus banal, c'est une journée comme d'habitude. Nous parlons peu, arrachons beaucoup et soupirons parfois, lorsqu'une plante montre un peu trop de résistance sous le mouvement mécanique de nos doigts.

Alors que nous nous accordons une pause rapide après quatre heures à désherber, je sens mes inquiétudes familiales revenir au galop. Il n'est pas dans mon habitude d'être aussi distraite, mais il faut avouer qu'Alexeï ne s'est jamais comporté de cette façon non plus. Un agaçant sifflement sur ma gauche me force soudain à relever la tête de mon sandwich.

— Yasmine, qu'est-ce qu'il te prend ? Laisse-moi manger tranquille !

Loin d'être désolée, mon amie ne s'arrête pas jusqu'à ce que je daigne poser mon regard sur l'endroit qu'elle me désigne du menton.

— Qu'est-ce que… ?

Les mots m'échappent, je reste sans voix face à ce qui se déroule sous mon regard.

— Aiyana ? Tu es toute pâle, est-ce que tout va bien ? s'enquiert Yasmine.

Sans lui répondre, je plisse les yeux pour ne manquer au détail de ce que je distingue au loin.

Une voiture du NKVD. Des sirènes qui hurlent. Des gyrophares qui attirent le regard. Deux agents en uniforme. Deux jeunes filles qui se débattent en criant à la mort. Une arrestation.

Je respire.

Elles sont condamnées, elles subiront le même sort que ceux qui n'ont plus assez de points. Pour elles et leur famille, c'est une déchéance et une honte qui les suivra toute leur vie. Inévitablement.

Car on ne peut rien contre le pouvoir et rien ne changera ça.


*   *   *

Et voilà le chapitre 5 avec une journée de travail ! Que pensez-vous du rythme de vie d'Aiyana ?

C'est aussi l'occasion de rencontrer un nouveau personnage : Yasmine. Comment la trouvez-vous ?

Et évidemment, il était temps de voir enfin une arrestation... À votre avis, de quoi sont coupables les deux jeunes filles ?

Nous espérons que ce chapitre vous aura plu, n'hésitez pas à nous partager vos retours et théories, c'est avec plaisir que nous les lisons (tant qu'ils sont constructifs) !

On se retrouve mercredi prochain pour la suite avec Asher,

Ame & Ivy

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