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Chapitre 2

Asher

C'est d'abord l'ouïe qui revient. Un sifflement semblable à des acouphènes envahit mes oreilles et me fait grogner. Ouais, ça aussi je l'ai bien entendu. J'essaie de bouger mes membres engourdis, mais l'absence de sensation me procure un drôle d'effet. Quant à mes yeux, impossible de les ouvrir, mes paupières semblent collées à ma peau. J'ai l'impression d'être enfermé dans mon propre corps. Fait chier !

Je n'ai pas d'autre choix que d'attendre que mes muscles me laissent à nouveau les commandes. La brume autour de mon cerveau se lève petit à petit au prix d'un mal de crâne que je me force bien vite à oublier, je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de douleur bénigne. Mes derniers souvenirs me reviennent et je revêts ma nouvelle identité. Je ne suis plus Asher Joover, simple militaire. Je suis désormais le sauveur choisi par ma patrie venu du passé pour sauver l'avenir et rétablir sa grandeur. Plus de place au doute, je dois croire en moi. Je ne m'appartiens plus entièrement, je porte en moi les espoirs de tous les États-Unis.

Penser sans agir commence à me lasser. Je n'ai aucune notion de la façon dont le temps passe, mais je n'ai jamais autant eu conscience d'à quel point il pouvait être long. Je suis coincé dans une attente aveugle à rendre folle une personne saine d'esprit. Ce que je ne suis pas, heureusement. Quelle personne sensée accepterait de quitter tous ses repères pour se retrouver soixante-dix-sept ans plus tard alors que l'avenir est en perdition ? Suis-je bien en 2030 ? La capsule a-t-elle bien fonctionné ? J'en ai marre de me poser des questions, j'ai envie de sortir et de constater tout ça par moi-même. Je suis un homme d'action, et cette immobilité me frustre au plus haut point.

Je parviens enfin à bouger mes extrémités. Je plie mes doigts en passant outre la douleur et réussis finalement à serrer le poing. J'ai l'impression qu'une autre éternité s'écoule le temps que mon corps me réponde enfin un minimum pour que je puisse activer l'ouverture de la capsule. Je prends soin avant d'enfiler les lunettes spéciales qui vont protéger mes yeux de leur nouvelle sensibilité à la lumière pour les prochaines vingt-quatre heures. Malgré ça, je suis forcé de fermer les yeux lorsque le « toit » au-dessus de moi disparaît. Même si la lumière est faible dans le bunker, mes rétines sont sensibles. J'aimerais dire que je sors de la capsule avec classe, mais il faut être réaliste, je rampe et me laisse tomber au sol dans un grognement sourd plus qu'autre chose. Je jette des regards autour de moi. Rien n'a bougé.

Même si la capsule a été prévue pour faire en sorte que je conserve un minimum de tonicité dans mes muscles, je n'ai plus rien à voir avec l'homme musclé que j'étais avant.

Je rampe jusqu'à l'arrière de la capsule où je sais qu'un double fond se cache. À l'intérieur m'attend un coffre-fort renfermant des cahiers avec des informations dont j'aurai sûrement besoin, un couteau recouvert de rouille et... Qui a mis un bouquin là-dedans ? Ils ont sérieusement cru que j'allais me détendre en bouquinant ? Je retire la poussière qui le recouvre et plisse les yeux pour déchiffrer le titre. Fahrenheit 451. Ça ne me dit rien. Putain, il s'agit d'une énigme ou quoi ? J'ouvre la première page et tombe sur une écriture fine et élégante.

Asher,

Ceci est ce qui risque de nous arriver prochainement. Comme dans tout régime autoritaire, le peuple a besoin qu'on l'éclaire pour lui montrer à quoi ressemble réellement la vie. J'espère que Guy Montag pourra t'inspirer. Tu as déjà le courage et la volonté, j'espère que tu sauras trouver la prudence nécessaire pour mener à bien la lourde mission qui t'est confiée. N'oublie jamais d'où tu viens et trouve ta force dans tes valeurs.

Nous comptons sur toi. Je compte sur toi.

Maria

Je caresse du bout du doigt le prénom de la seule personne qui aurait mérité le titre d'amie dans mon ancienne époque, et je prends conscience de ce que j'ai perdu. Si je suis bien en 2030, c'est que Maria n'est plus de ce monde. J'ai toujours ricané lorsqu'elle se détournait de son sérieux au travail pour parler de littérature et de peinture, mais à ce moment je crois que je donnerais beaucoup pour percevoir à nouveau sa légèreté. Je me pince l'arrête du nez entre le pouce et l'index pour réprimer l'émotion forte qui monte d'un coup. Putain, c'est pas le moment de me mettre à pleurnicher comme une fillette ! Je reprends le bouquin pour le ranger dans le sac de toile que j'ai à disposition, mais quelque chose d'autre tombe d'entre les pages. Des photos. De Maria, de moi, de bâtiments célèbres des États-Unis, je trouve même des galeries d'art en photos. Derrière chacune d'entre elles, une inscription identique : N'oublie pas, rappelle-leur. M.

Je serre les clichés jaunis entre mes doigts et les range précautionneusement avec le reste de mes maigres affaires dans le sac. Toute mon histoire est contenue, là. C'est tout ce que je possède. Mais je suis entraîné à la survie. Il faut que je sorte, que je vois à quoi j'ai affaire. Je dois quitter cette petite montagne des Appalaches dans laquelle l'entrée du bunker est stratégiquement cachée et rejoindre la civilisation. M'habiller relève du défi. Je me démène au sol pour enfiler le (désormais vieux) pantalon cargo noir ainsi que le tee-shirt de la même couleur. Bon Dieu, je rêve d'une douche ! Après tout ce temps dans le liquide de la capsule et après m'être traîné dans toute cette poussière, ce ne serait pas du luxe ! Mais je ne peux pas me permettre de me laisser déranger par ça. Dans ma fonction, l'hygiène est secondaire, l'utilité passe avant. Je devine que mes cheveux ne doivent plus être si blonds qu'ils le sont à l'origine et qu'ils doivent avoir l'aspect sale de la cendre. Au moins je porte bien mon prénom à cet instant ! J'espère que mon aspect crasseux ne va pas me faire sembler suspect, il faut rapidement que je trouve un point d'eau pour me laver un minimum.

Je balance le sac sur mon épaule et y coince la veste que je décide de ne pas porter pour le moment. Je tente de me redresser en m'appuyant sur la capsule, ce qui nécessite plusieurs essais avant que je ne parvienne à me mettre debout. J'ai le temps de lâcher une flopée d'injures contre leur soi-disant système gardant mes muscles toniques J'ai surtout l'air d'une vieille momie déterrée, oui ! Malgré ma mauvaise foi, je sais que je serais incapable de simplement bouger sans ça. La science ne produit pas non plus des miracles.

Je parviens à regagner l'entrée du bunker – non sans trébucher – en m'appuyant sur la paroi. Arrivé devant les escaliers, je n'ai pas d'autre choix que de m'asseoir sur la première marche pour me hisser sur la suivante. La honte totale ! Je fusille chaque marche du regard. Dire que normalement je les monte en courant sans même être essoufflé ! Il n'y a pas à dire, ma priorité va d'abord d'être de retrouver une condition physique acceptable. Et j'ai de hauts standards ! Je suis obligé d'écouter mon corps et de faire une pause une fois parvenu au sommet avant de me relever pour forcer l'ouverture au-dessus de moi. Je perds trois années d'espérance de vie dans l'exercice, mais elle finit par s'ouvrir. Je m'extirpe de ma prison de fortune pour atterrir sur la roche. Putain de caillou pointu qui me rentre dans la côte !

Je roule sur le côté pour m'éloigner de la trappe et rejoindre la paroi de la montagne pour me relever une nouvelle fois. J'évolue dans le dédale de pierres étroit en me remémorant le passage secret à utiliser pour parvenir jusqu'à la sortie de ce dédale. Je suis accueilli par la lumière du jour. Enfin ! Je me fais l'effet de Robinson Crusoé rejoignant la civilisation par un miracle qu'il croyait inconcevable. Je suis sûr que nos looks sont à peu près semblables. De la hauteur où je me trouve, j'aperçois ce que j'imagine être une ville non loin. La population ne s'était pas étalée jusqu'ici avant mon départ, mais le changement est sans doute normal. Ce qui me surprend davantage est l'aspect que je vois. La ville a toujours été associée au gris dans mon esprit, mais tout ce que je perçois sont des bâtiments cubiques blancs. Loin d'être accueillante, cette symétrie monochrome me procure des frissons. Pas de hauts bâtiments, rien d'extravagant. Et surtout, pas de bruit. Comment vivent-ils là-bas ? Ces gens sont-ils mon peuple ? Je ressens une sensation vertigineuse à l'idée d'être le dernier véritable étatsunien. Merde alors, je suis une espèce en voie de disparition !

J'ai envie de tout sauf de ça, mais je n'ai pas le choix, il faut que je rejoigne la vie. Je m'engage dans la descente de la petite montagne où je me trouve, et le soleil m'indique que je prends effectivement plusieurs heures à parvenir jusqu'en bas. Une zone arborée me sépare désormais du cauchemar blanc entraperçu et je m'y enfonce sans perdre plus de temps. Mes muscles ne sont plus engourdis, mais protestent face à l'intensité de l'effort. J'ai pourtant fait bien pire durant ma carrière, cependant j'imagine qu'un sommeil de presque quatre-vingts ans n'aide pas. Néanmoins, ma volonté, elle, est bel et bien intacte et me permet d'avancer. Je parviens finalement au bout de mon épopée et la ville se dessine devant moi.

Et c'est bien pire que ce que je pouvais deviner de loin. Tout est carré et organisé au millimètre. Les habitations se ressemblent toutes, de taille et de forme identiques. Quant aux quelques personnes que j'aperçois depuis mon poste d'observation, elles présentent la même uniformité, vêtues soit de blanc, de gris ou de noir. Bordel de merde, j'ai jamais rien vu d'aussi flippant ! J'ai envie de prendre mes jambes à mon cou, parce que tout ceci ne peut vouloir dire qu'une chose. Le pire cauchemar de Maria, celui dont je n'étais jamais allé jusqu'à me figurer, est devenu réalité. Et d'un coup tout prend sens. Je suis le seul dépositaire d'une histoire qu'on s'est efforcé de démolir.

N'oublie pas, rappelle-leur.

Oui, c'est exactement ce que je vais faire. 

*   *   *

Et voilà le chapitre 2 avec la rencontre officielle d'Asher ! Que pensez-vous de lui ?

C'est une sacrée personnalité qui débarque avec un regard neuf dans une société complètement chamboulée...

N'hésitez pas à nous faire part de vos impressions et de vos théories, nous les lisons avec grand plaisir !

À mercredi prochain pour la suite,

Ame & Ivy

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