...Une partie manquante. (2/2)
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S T O P
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Ne LISEZ PAS ce chapitre si vous avez zappé le "49| Armée" et le 50 (qui était l'ancien 49),
VOUS N'ALLEZ PAS COMPRENDRE LA SUITE !!!
Pour les autres, je vous souhaite une bonne lecture 🙂 (vous pouvez aussi relever mes fautes, si vous en trouvez...)
Une semaine après le festival
Park Jimin
Je baille à m'en décrocher la mâchoire et m'étire de tout mon long. L'enquête avance enfin un peu mais il me reste encore un élément à retrouver : le dossier volé. Un long soupir venant du plus profond de mes entrailles brise le silence dans lequel je m'étais enfermé. Je sors la tête de mon secrétaire qui croule sous une mer de papiers et bascule sur les quatre pieds de ma chaise. Mes membres se décontractent un à un, certaines parties de mon corps craquent. Je me lève finalement de mon siège défoncé et sors de mon placard à balais –ma chambre autrement dit–. L'idée de boire un chocolat chaud effleure mon esprit avant de jeter son ancre sur les terres de ma conscience. Je me dirige ainsi vers la cuisine, un infime sourire sur le visage. Un chocolat chaud hein ...
En avançant dans le couloir, le son d'une guitare parvient jusqu'à mes oreilles. La mélodie est si douce et mélancolique, elle pourrait à elle-seule envelopper tous les maux de la terre. Elle vibre dans le lointain, presque irréelle. La musique provient d'une des chambres dont la porte est ouverte. Il n'y a que lui qui en joue de toute manière ...
Je m'arrête à l'embrasure de la porte et détaille Namjoon qui gratte quelques accords. Les yeux fermés et les sourcils froncés, son corps se détend à la sensation des vibrations de l'instrument. Ses doigts rongés par l'inquiétude et le mal-être ont par moment du mal à attraper les cordes mais n'enlèvent rien à la douceur de sa musique. Ces quelques notes étreignent nos démons et offrent à notre conscience cette sécurité que nous recherchions depuis quelques semaines.
Malgré cette atmosphère apaisante, je sais très bien que Namjoon est perturbé, blessé. Le caractère de sa musique ne le trompe pas. Je décide de lui tenir compagnie afin de lui faire retrouver ne serait-ce qu'un peu le sourire.
Je rentre dans sa chambre. Mon regard épouse chaque recoin comme si je la découvrais de nouveau. Ce qui n'est pas totalement faux. Mon cousin aime changer la configuration de ses meubles et refaire sa décoration à peu près tous les deux mois. Il range aussi ses affaires plus de deux fois par jour. Rien ne dépasse, tout est placé au millimètre près. Je me demande toujours comment il peut trouver autant de temps dans sa journée.
De grandes baies vitrées accentuent la profondeur de cette immense chambre, une cascade de lumière se déversant sur le parquet beige. Namjoon n'a jamais aimé les petits espaces et a toujours été maniaque. Cela ne m'étonne plus qu'il ne rentre jamais dans ma chambre.
Ses murs sont recouverts de billets d'avion et de vieilles photos. Sur une étagère fixe reposent ses trophées. Namjoon arrivait souvent sur le podium dans ses compétitions de skateboard et a gagné d'innombrables concours de littérature lorsqu'il n'était encore qu'au lycée. Il a toujours eu une facilité déconcertante à cerner le monde qu'il l'entoure alors qu'il n'arrivait même pas à se comprendre lui-même. Il m'avait ouvert l'esprit sur certains sujets qui m'étaient douloureux, me persuader n'a d'ailleurs pas toujours été facile pour lui. Plus d'une fois, mes barrières se sont dressées devant lui mais il a toujours tenté de les escalader le jour suivant. Je n'ai pas toujours été tendre avec lui et Yoongi, pourtant, ils m'ont toujours supporté dans les épreuves difficiles. Namjoon nous a également appris à faire du skate dans les petits parcs de la ville.
Je renifle, amusé, en voyant ses classeurs rangés par taille et ses vêtements par couleurs. Les cintres de son dressing sont écartés à la même distance des uns des autres. Comment est-ce seulement possible d'être si consciencieux ?
« Arrête de te moquer. Moi, je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu fais pour vivre dans ta chambre. Elle fait huit mètre carrées, c'est irrespirable ! »
Je lève les yeux au ciel en entendant ses propos et renifle, amusé. Namjoon dépose sa guitare à côté de lui, sur son lit, et se décale pour me laisser de la place.
« C'est juste toi le gros maniaque. » Lui balancé-je.
« On ne va pas recommencé avec ça... » Soupire-t-il. « ...tu sais très bien qu'on est quasiment opposé. »
C'est vrai. Nous n'avons quasiment rien en commun malgré le fait que nous vivions ensemble depuis nos premiers pas.
« Bon, je voulais me faire un chocolat chaud. T'en veux un ? » Lui demandé-je, essayant d'être sympa.
Il fronce les sourcils, une interrogation brille dans ses prunelles.
« Depuis quand tu bois du chocolat toi ? »
Je lève –pour la seconde fois– les yeux au ciel, je vais arrêter de compter dès maintenant sinon ça risque d'être long.
« Contente-toi de répondre à la question au lieu d'en poser une autre. » Répliqué-je, mordant.
Il me lance un de ces sourires que je ne prends jamais la peine de décoder, une véritable perte de temps, et fait mine de réfléchir.
« Du thé, c'est mieux s'il te plait. »
Et hop, je lève encore les yeux.
« T'es pas relou toi. » Soupiré-je.
« J'ai un bon professeur faut dire. »
Son clin d'oeil frimeur me fait tirer la grimace. Je lui jette un regard mauvais qui ne fait qu'agrandir son sourire et creuser ses fossettes. Irrité, je me lève sans attendre pour aller préparer nos boissons. Il n'y a personne à la maison, seul le tic tac de l'horloge résonne entre les murs. Mes pas me dirigent vers la cuisine. Être seul, à l'intérieur de cette immense demeure me procure une sensation de malaise. Je me sens ridicule, laissé à l'abandon. A cet instant, le visage d'Eumae resurgit dans mon esprit. Mes mains forment des poings robustes, la haine bouille en moi. Si seulement je le pouvais, je ferais payer au centuple tous ceux qui le retiennent captif.
Les mains tremblantes de rage, j'attrape deux tasses en haut du placard et prépare les casseroles pour faire chauffer l'eau et le lait. Je nous prends également des petits biscuits et quelques bonbons, Namjoon les adore. Une fois les boissons préparées, je me tourne une dernière fois pour observer la cuisine et le salon, éteints de toute vie. Des larmes ruissellent dans mon esprit mais mon chagrin reste scellé. Il ne sert à rien de pleurer quelque chose qu'on ne peut atteindre.
Je fais ainsi demi-tour et retourne auprès de mon cousin. Je lui tends sa tasse qu'il attrape sans perdre une seconde.
« Merci ! »
Son ton enjoué ne m'atteint pas, des idées moroses transpercent mon esprit comme des centaines d'aiguilles. Namjoon remarque bien mon manque de réactivité et me bouscule avec son épaule lorsque je m'assois sur le lit.
« Sois pas comme ça, t'as passé une mauvaise journée ? » Me demande-t-il sur un ton taquin malgré l'inquiétude qu'il me laisse transparaître.
Je pose mon regard dans le sien, doux, apaisant. Je soupire, baissant la tête, et ne lui rélève qu'une partie de mon mal-être.
« Juste mon enquête qui stagne ... Il me manque une pièce du puzzle pour que tout s'éclaire. »
Il devient silencieux et se mord nerveusement les lèvres. Un air soucieux se peint sur ses traits.
« J'espère que tu ne te surmènes pas trop ... Tu me fais penser à Colombo avec tes enquêtes. »
Je lève un sourcil, ma mine blasée se renforce. Me voir ainsi le fait sourire.
« T'as des références plus pourries encore ? » Lui balancé-je acerbe.
« Est-ce que toi t'en as au moins ? »
« Je ne passe pas ma vie à m'abrutir devant un écran. »
Il pouffe et secoue la tête comme si je venais de lui dire une bêtise.
« C'est vrai, c'est tellement plus intelligent de vouloir se tuer en roulant. »
Un sourire forcé crispe mon visage, je lève les yeux à ses paroles absurdes. Mon regard se repose alors sur son instrument ; mes iris caressent le bois lisse, passent sur ce manche foncé et ces cordes fines.
« T'avais besoin de te calmer ? »
Sa mine rieuse s'efface peu à peu, il baisse la tête. Un soupir franchit ses lèvres diaphanes, un manteau de neige refroidit ses pensées.
« Perspicace... » Murmure-t-il sur un ton ironique.
J'observe ses prunelles se ternir, ses épaules s'affaisser. La porte de son âme s'ouvre l'espace d'un instant et me laisse entrevoir toutes ses peurs à propos d'Eumae, de l'inquiétude qu'il porte à Chonay, Yoongi et Jongyu. La crainte le ronge et la culpabilité martèle son âme d'innombrables reproches. Il se lapide, se répète inlassablement qu'il devrait quelque chose. Mais quoi ? Moi aussi j'aimerais être capable de les aider Namjoon...
« Arrête de te morfondre, t'as une sale gueule comme ça. »
Il relève la tête et croise mon regard déterminé qui aurait voulu lui insuffler à lui seul toute l'énergie du monde. Un sourire fend ses lèvres, son rire sec tinte dans la pièce comme une petite cloche. Une lueur espiègle crépite dans le fond de ses prunelles et réchauffe à nouveau son esprit.
« Au moins, pour moi, ce n'est pas quotidien. » Me rétorque-t-il avec un petit rictus.
Sa remarque est loin de me plaire mais je la laisse passer pour cette fois. Je ne vais pas réduire tout de suite mes efforts d'être un peu plus gentil...
« Bois, tu risques de vite assécher ta gorge à déblatérer des conneries. »
Je suis mes propres conseils et bois mon chocolat avant qu'il ne refroidisse, piquant au passage un petit biscuit. Namjoon observe mes fais et gestes, attendant sans doute une ouverture, et lâche une bombe dans mon esprit.
« Ouais et toi, bois la boisson de Jungkook surtout. »
J'avale de travers et me mets à tousser comme un beau diable. Le souffle court, ma main sur ma bouche, je me tords en avant, essaie de reprendre un peu d'air entre deux quintes de toux. Mes yeux brumeux scrutent l'air amusé de mon cousin.
« Hein ? Qu'est-ce que t'as dit ? » Finis-je par articuler.
Namjoon prend sa tasse de thé et me regarde d'un air rieur en buvant quelques gorgées. Il la repose délicatement sur le plateau lorsque je reprends ma respiration.
« T'es grillé Chimchim. » Dit-il en riant.
J'essaie de garder mon calme mais ma jambe a la bougeotte. Saleté de nervosité !
« Mais tu délires ? Moi et Ju... »
« Garde tes forces. » Me coupe-t-il. « Je l'ai croisé par hasard dans la rue un soir et c'est moi qui lui ai dit d'aller te voir. Je suppose que ça va bien entre vous maintenant ? T'as l'air quand même plus détendu en ce moment. »
Mes yeux s'arrondissent. Namjoon attend une autre réaction de ma part après ce qu'il vient de m'annoncer seulement, je n'arrive pas à articuler.
« Mais ... »
Il me regarde me débattre avec mes démons et décide rapidement de les apaiser.
« Détends-toi, je ne l'ai dit à personne. Enfin tu t'en doutes bien. »
Je le scrute, embêté qu'Hoseok et lui soient au courant à présent.
« Tu me saoules à tout observer tout le temps. » Rechigné-je.
Me voir contrarié et boudeur lui arrache un petit rire, il me donne un petit coude sur l'avant-bras et me fait sa petite moue, à laquelle personne ne peut résister. Sauf moi. Je tourne ma tête du côté opposé et grommelle tout seul, assis sur le lit de mon cousin. Mes yeux dérivent alors encore sur la guitare. La mélodie que jouait Namjoon me revient en tête, le souvenir des pleurs et des cris en apprenant la disparition d'Eumae jaillissent et étouffent mon cœur plaintif. Je gratte l'arrière de ma tête, fixe la couette grise claire dans un silence de mort. L'idée d'échanger, même quelques mots, sur le sujet avec Namjoon m'assiège. Ma gorge se noue. La peur de briser un peu plus nos esprits évincés qui essaient de s'en sortir dans ce chaos. Pourtant, les mots s'assemblent. Ils sont murmurés, tremblants et pourtant si brutaux.
« Eumae va s'en sortir ... Il est fort, c'est de famille. »
Nos regards se croisent, mes mots sonnent faux mais nous en avons besoin. Namjoon me tapote gentiment le bras, un remerciement pour avoir essayé de nous bercer d'espoir dans cette mer de noirceur. Un sourire amer et triste étire le bord de ses lèvres. Il rit doucement, secoue la tête. Son comportement me rend perplexe, mes pupilles l'interrogent.
«Jungkook m'a dit à peu près la même chose. » Mon cœur rate un battement. « Vous n'êtes vraiment pas si différents. »
Je sens mes joues chauffer, je hais ça ! Il faut toujours qu'on le remette sur le tapis, que son nom résonne en moi à des moments où mon âme vacille. C'est plutôt lui qui prend exemple sur moi ! Une vague de pensées tournant autour de mon âme-sœur m'assaille, je sens à peine Namjoon se tourner vers sa table de chevet. Il me sort alors de mes pensées en me tendant un gros manuscrit, pendant qu'il finit son thé. Je le prends hésitant et le manipule avec délicatesse, lisant le titre « Les Couleurs du Cœur ».
« Mon dernier manuscrit. » Me dit-il avec un sourire.
Mes doigts longent le papier et feuillettent les premières pages. Il ne suffit que de quelques secondes pour que mon esprit soit happé par les premières lignes de son prologue. Les phrases s'enchaînent avec fluidité, les mots s'écoulent dans ma mémoire, créent de images inconnues et enivrantes. Aucun excès, aucun ennui. Le personnage principal est captivant, amusant parfois, exaspérant à plein temps. Certaines de ses pensées me font d'ailleurs froncer les sourcils, étrangement familières. Je tilt.
« Je dois avouer que t'es pas trop mauvais... Surtout quand je suis le modèle. »
Un rictus étire le bord de mes lèvres, mon ton un peu railleur le fait pouffer.
« Wow, j'aurais dû t'enregistrer là, un compliment ! Du jamais vu ! » Il accompagne sa phrase d'un sifflement.
Je lève les yeux et reporte mes prunelles sur son visage rieur.
« Moi, je n'ai pas ton attitude douce, monsieur j'aide-tout-le-monde. Tu vas devoir te contenter de ma grande gueule toute ta vie. » Lui balancé-je d'un air fier.
« Ça me va. »
Un sourire contagieux rayonne sur son visage, ses fossettes lui procurent ce petit air enfantin contrastant avec sa carrure imposante. Beaucoup trouve Namjoon charmant mais à mes yeux, il restera ce gros gamin dont le passe-temps favoris est de me titiller.
Namjoon se lève, en prenant le plateau, et le place pile au centre de son bureau. Au-dessus de celui-ci, son skate est suspendu par deux clous vissés dans le mur. Ses doigts caressent doucement la planche colorée, presque amoureusement. Il le décroche alors et se tourne vers moi, sourire aux lèvres.
« T'es partant pour un petit tour de la ville en skate monsieur j'aime-personne ? »
Je renifle amusé par son pic. Tss, gamin.
« J'aimerais mais je vais devoir aller à l'APMM pour mettre à plat quelques petites choses sur l'enquête. »
Je me mets debout à mon tour et n'oublie pas de déposer ma tasse dans le plat. Namjoon raccroche ainsi sa planche, une pointe de déception émane de son corps mais ses traits n'en montrent rien.
« Ok pas de soucis. Si t'as besoin, tu sais où me trouver. » Me dit-il dos à moi, rangeant la guitare sur son socle.
« Pourquoi j'aurais besoin de toi ? »
Il se retourne et utilise sa petite moue pour m'attendrir. Il se retient en même temps de rire en voyant ma mine blasée, presque atterrée.
« Parce que ... t'as besoin de moi ? »
Il me ferait un aegyo que ça ne m'étonnerait pas.
« Rêve pas trop. »
Je récupère le plateau avec nos tasses et me dirige vers la sortie lorsque la voix grave de mon cousin s'élève une dernière fois.
« J'aime espérer. »
Nous nous sourions. Les portes de mon âme s'entrouvrent à peine, le temps de lui montrer ma gratitude. Le remercier d'être à mes côtés, de m'avoir changé les esprits. Lui dire une dernière fois que tout ira bien car, même dans nos moments les plus durs, nous avions réussi à nous relever. La vie est semée d'embûches mais nous les surmonterons ensemble. Namjoon me fait un mouvement de la main et hoche la tête. Un sourire tendre se peint sur ses lèvres. Merci.
**********
L'ascenseur s'arrête enfin à mon étage. Je me faufile entre les personnes, fuyant à tout prix cette même paire de silicones dérangeante, et fonce en direction de mon bureau. En ouvrant la porte, des petits fours m'attendent sur mon bureau enseveli sous la paperasse et libèrent leurs arômes sucrés dans la pièce. Je suis certain qu'Hoseok m'a apporté ces quelques douceurs. Je m'approche et vois un petit mot venant de lui, « Allez courage Chimchim, tu peux la résoudre cette enquête ! Your hope. » Un sourire minime éclot sur mon visage.
Je m'assois ainsi à mon bureau et me remets directement dans l'enquête. Elle finira par me rendre fou si je ne la résous pas. Les indices s'éparpillent comme s'ils n'avaient plus aucun lien entre eux. Pourtant, j'en suis persuadé, tout cela débouche sur quelque chose de bien plus gros encore. Je prends donc mon carnet bleu en cuir et l'ouvre délicatement, une tonne de post-its logent à l'intérieur. Je les décolle un à un et les place devant moi. Le fil de mes indices se tisse sous mes yeux et remet un peu d'ordre dans ma mémoire.
Le plus important : Seokjin appartenait au clan Anje.
J'ai suivi les traces de ce clan et me suis rendu sur les lieux de la photo que j'avais trouvé dans son appartement. La demeure se trouvait à une heure de Séoul, à l'orée d'une forêt. Seulement, il n'y avait plus aucune trace de la maison, hors mis une grande clairière.
Je suis tombé sur une dame dans les bois, Sunhi, la quarantaine. Elle m'a expliqué qu'il y a de cela dix ans, la demeure avait été prise dans un incendie. Elle connaissait ses voisins et les appréciait beaucoup. Le jour de l'incendie, elle n'était pas chez elle. Elle était partie en vacances. Une fois de retour, elle était allée offrir la nourriture qu'elle avait rapportée de son voyage à la famille mais n'a retrouvé qu'un tas de cendres. En s'aventurant sur les lieux, elle avait remarqué que le bois fumait encore et les quelques murets de brique ayant résisté aux flammes étaient brûlants. Elle avait appelé les secours mais ceci ne sont jamais venus. Elle avait donc investigué elle-même, voir si elle pouvait retrouver des corps mais plus aucune source de vie ne résidait. Par réflexe, trouvant cela trop étrange, elle avait décidé de récupérer le plus de livres et d'archives qui avaient volé un peu plus loin ou dont les feuilles n'avaient pas totalement brûlé.
Elle savait que le clan Anje conservait de nombreuses archives sur l'histoire de leur clan, la plus ancienne remonte jusqu'à l'ère Edo. Ce qu'a fait cette dame est admirable. Elle m'a donné l'autorisation pour consulter les manuscrits, les lettres, les carnets et les journaux après s'être assuré que j'étais bien là dans le cadre d'une enquête. En effet, elle a tout scellé dans une grande armoire au fin fond de sa cave. De telles précautions m'ont interpellé. Quand je lui ai posé la question, elle m'a dit qu'une semaine après l'incendie, elle était retournée sur les lieux pour prier mais n'y avait plus rien trouvé. Les derniers décombres avaient été nettoyés, la terre labourée comme s'il n'y avait jamais rien eu à cet endroit. Cependant, le plus étonnant pour elle était le fait de n'entendre aucune information passer à la télévision ou à la radio à propos de cet incendie ou même de la disparition de ce clan. Un clan si important. Elle m'a alors persuadé que cet incendie n'avait rien d'une catastrophe mais que le coup avait été bien planifié.
Il y dix ans, des personnes voulaient enterrer le clan Anje. Ils ont attendu que la voisine parte pour n'avoir aucun témoin, ils ont caché les preuves en rasant la maison et ont étouffé l'affaire en payant les médias.
J'ai passé deux heures à trouver quelque chose qui pourrait m'être utile pour cette enquête jusqu'à ce que je tombe sur ce carnet à moitié dévoré par les flammes. Il était tenu par Seokjin lorsqu'il était jeune. Dedans il explique la vie au sein de sa famille mais également son amitié avec le clan Kijamte qui venait souvent leur rendre visite. Cette information a titillé ma curiosité. J'ai demandé à Sunhi si elle connaissait un peu le clan Kijamte mais au vu de sa réaction, c'est à peine si elle s'en souvenait. « Ça fait bien longtemps que je n'en ai pas entendu parler... » m'avait-elle dit. « Puis, à chaque fois que je les voyais, ils étaient toujours très discrets. Le clan Anje ne m'a aussi jamais parlé d'eux alors qu'ils se voyaient souvent... Comme si... Leurs relations étaient interdites, vous voyez ? »
Tout ce qu'elle m'a raconté a apporté une tonne de questions. Où est le clan Kijamte ? Sont-ils morts eux aussi ? Comment se faisait-il que ces deux clans soient si mystérieux avec l'impact planétaire qu'ils avaient ...? Néanmoins, ce n'était rien comparé à ma pièce maitresse ... En arrivant vers les dernières pages de ce petit journal, l'écriture était plus brusque et sanglante. La cendre noire rendait certaines phrases illisibles mais on arrivait à comprendre le tout. La situation familiale du clan Anje s'aggravait dû à des causes extérieures dont Seokjin ne parle que vaguement. Puis, à l'âge de ses 18 ans, Seokjin a décidé d'épauler sa famille en allant démanteler le « réseau » dans un pays d'Afrique, le même où Eumae est parti.
Ce mot « réseau » revient souvent vers la fin de son carnet et était même mentionné dans les papiers de son ancienne cachette au 5.3.0. Serait-ce une organisation secrète que Seokjin a traqué toutes ces années ?
Soudain, on toque à la porte. J'autorise le fauteur de troubles à entrer sans relever la tête de mes post-it. Qui peut bien venir me déranger ? Mon bureau est pourtant le plus petit et le plus reculé de tout le bâtiment. Des pas maladroits s'avancent dans la pièce, je jette un coup d'œil aux chaussures. Des petits talons noirs.
« Excusez-moi de vous déranger, monsieur Park ...? »
Sa phrase maladroite ressemble bien plus à une question et a le don de m'irriter. Si elle ne sait pas ce qu'elle veut, qu'elle ne vienne pas me déranger ! Je redresse la tête et tombe sur une jeune fille, des lunettes carrées reposent sur son nez en trompette, des tâches de rousseurs constellent ses joues. Elle est aussi fine qu'un fil de fer. C'est quoi ça encore ?
« Qu'est-ce que vous voulez ? Pressez. »
Mon ton est sec mais reste courtois, je suis tout de même au « travail ». Il n'y a qu'avec ma famille que je me permets d'être parfois vraiment désagréable. Sa silhouette tressaille à mes paroles et vacille dans la pièce comme un bateau prêt à s'échouer. Si ses habits étaient blancs, on pourrait peut-être démontrer l'existence des fantômes.
« Je... j'ai quelque chose à vous faire part mais j'aimerais que vous n'en parliez pas à nos supérieurs... »
Elle entortille ses doigts et gigote, l'impression qu'elle va fondre en larmes. Je lui présente la pauvre chaise face à moi d'un geste de la main.
« Cela dépendra de la gravité. »
Elle baisse la tête et s'assoit à la place indiquée, son stress sature l'atmosphère chaotique de la pièce. Mon pied se met à taper nerveusement sur le sol, ma patience ayant certaine limite.
« Bon qu'est-ce... »
« Je suis désolée ! » Elle me coupe la parole en hurlant sa plainte et explose en larmes.
Je fronce les sourcils complètement effaré face à ce comportement. Je ne la quitte pas des yeux et d'une main habile, récupère une grosse boîte de mouchoirs logée dans un des tiroirs du bureau.
« J'ai- c'est- »
Elle n'arrive pas à aligner un mot et cela commence à m'agacer un peu. Je ne suis pas un psychologue d'entreprise moi ! Je lui tends ainsi un énième mouchoir parce que renifler me répugne au plus haut point. J'ai de la chance qu'elle soit étrangère puisqu'elle se mouche avec.
« Bon dites-moi ce qu'il y a, j'ai du travail. »
Ses yeux larmoyants me supplient, son visage témoigne toute sa détresse avec sa lèvre inférieure tremblotante. Elle essuie ses larmes et reprend un peu contenance.
« Je suppose que c'est de ma faute... pour la perte du dossier. »
Mon cœur fait un bond, mes prunelles la transpercent. Son histoire, qui pour le moment ne m'intéressait pas le moins du monde, capte désormais toute mon attention. Je me redresse sur mon siège et me rapproche un peu, la curiosité embrase mon corps.
« Continuez. »
« J'ai parlé à un jeune homme qui n'avait aucun lien avec le GM ou l'APMM du système de sécurité... il m'avait juste abordé et j'ai été aveuglée par ses charmes... j'ai si honte. »
Elle enfouit son visage dans ses mains et se remet à se lamenter. Un soupir m'échappe, quelle pleurnicheuse.
« Je vais perdre mon travail, je n'aurai aucun avenir ici... »
Je la regarde soucieux, mais quand va-t-elle arrêter de se plaindre ? Elle a merdé, elle doit assumer ! Malgré cette voix rageuse qui hurle dans ma tête, ma proposition est toute autre.
« Écoutez, je peux minimiser les dégâts. Seulement, d'abord, vous allez devoir me faire un portrait-robot de cet homme. »
Mes paroles semblent la calmer un peu. Elle hoche en tête en silence et fouille dans sa mémoire les traits de notre voleur.
« Il était grand, 1m80 je dirais... assez musclé, des épaules larges en tout cas..., il avait les cheveux bruns, une mèche mais dégagée au milieu, des yeux noirs perçants... »
Au fur et à mesure de sa description, un mauvais pressentiment se loge dans mon esprit. Une boule tenace me tord le ventre.
« Quand est-ce que vous lui avez parlé ? »
Elle ne s'attendait pas à mon ton cassant et s'arrête immédiatement dans sa description, les mains tremblantes.
« Je crois... environ un mois avant que l'on découvre le dossier manquant. »
Mon sang se glace. Non, ce n'est pas possible.
« Est-ce qu'il avait une cicatrice en-dessous de son œil gauche et un grain de beauté sous son nez ? » Ma voix tremble un peu malgré moi.
« Euh... le grain de beauté je n'en sais rien ... mais la cicatrice j'en suis sûre, maintenant que vous le dites. »
Je sens mes membres trembler, mon monde s'écrouler. Pendant quelques secondes, mon esprit se déconnecte. Je dois faire une gueule atterrée car elle semble de plus en plus inquiète. Mon cœur semble s'être arrêté, il rejette l'information pendant que mon cerveau l'assimile doucement, comme un venin qui paralyse mon être. Je cache mes mains chevrotantes sous le bureau et maîtrise le ton de ma voix.
« J'ai accès aux caméras du hall de l'entrée, je peux toujours vérifier ... »
Je tape sur mon clavier, essaie de faire le plus vite possible. Je remonte à presque deux mois et passe vingt-cinq minutes à regarder les films prenant le bureau de la jeune fille. Il y a toujours cinq minutes d'écart entre chaque prise, tous les étages n'étant pas surveillés en même temps. Soudain, un jeune homme s'approche d'elle. Je mets en pause et zoom sur son visage. Ma vue se trouble. Non ...
« C'est lui ! »
J'aurais préféré qu'elle ne le confirme pas. Mon corps se statufie, mon esprit devient blanc. Je change de caméra et regarde la vidéo de celle qui se tient près de la porte menant au sous-sol du building. Je vois JungKook se rapprocher, il jette quelques coups d'oeil autour de lui puis la caméra s'éteint. Les cinq minutes d'après, il est introuvable. Je décide de consulter toutes les autres caméras, même si cela me prend un temps fou, mais il n'apparaît plus sur aucune.
Il les a toutes évitées pour descendre en-bas... J'aurais voulu croire que pendant ces cinq minutes, il était juste sorti prendre l'air mais la première fois que je l'ai vu, il était bel et bien dans le bâtiment.
C'est lui alors ... le voleur.
Cette sentence retentit en moi. Elle est violente, dévastatrice. Dire que je lui faisais confiance...
« Bien, merci beaucoup mademoiselle. Je vous couvrirai mais vous verrez sans doute la moitié de votre salaire vous être retiré ce mois-ci. » Finis-je par dire, les yeux perdus dans le vide.
Elle hoche encore une fois la tête et me remercie en silence, le regard rivé sur le sol. Ses jambes chancellent un peu mais la maintiennent tout de même debout. Elle se courbe poliment puis me laisse à nouveau seul. Seul avec mes pensées noires.
Je n'arrive pas à envisager que JungKook ait volé le dossier. Pourquoi ? Dans quel but ? Il n'a pourtant aucun lien avec cette enquête ! Mon cœur se met à accélérer, ma respiration se hache. Mes pensées se transforment en un milliers de murmures qui font monter en moi cette angoisse ingénue. Les petits fours ont soudain le parfum de la peur, ils me nouent l'estomac et me donnent un haut le cœur. Je me lève précipitamment, le fauteuil percute le mur. Ma main attrape au passage mon carnet et mes pas me dirigent en dehors. Cette révélation est de trop.
J'emprunte les escaliers et les dévale à folle allure, le cœur battant. Rien de tout ça n'est réel, elle a dû se tromper. J'arrive à l'extérieur du bâtiment et me mets à courir le plus loin possible. C'est impossible. Le vent me mord les joues et les larmes me montent aux yeux. Mes jambes me portent, m'emmènent dans un coin reculé où je peux réfléchir, en paix. Je ne veux pas y croire. Je tourne alors dans un petit parc, coincé entre deux buildings, dans une ruelle calme. Un vieux banc ravagé m'attend, à l'abris sous un cerisier en fleurs. Je m'y assois, le souffle court, l'âme en miettes.
Mes doigts tremblants extirpent mon carnet en cuir de ma poche, il y a forcément quelque chose que j'ai raté ou un lien que je n'ai pas fait. Réfléchis Jimin.
Pourquoi JungKook et Seokjin recherchaient la même chose ? Se connaissaient-ils ? Est-ce que JungKook a récupéré le dossier à la place de Seokjin après avoir su sa mort ? Impossible, JungKook a volé le dossier il y a un peu plus de deux mois, Seokjin était encore vivant. Mais alors, avaient-ils des buts différents ? Qu'est-ce qu'il peut bien avoir dans ce foutu dossier ! Est-ce que JungKook fait parti du « réseau » ? Est-ce que sa famille est mise au courant ? Taehyung serait un ennemi pour Yoongi ? Ou bien est-ce tout l'inverse ...
Puis la loi 47, JungKook doit en avoir connaissance. Est-ce que ce dossier contient quelque chose qui peut les aider à révéler leurs pouvoirs ? Ou peut-être que ce dossier est plutôt tourné vers le fameux « réseau » que cherchait Seokjin... Puis, il y a encore cette histoire de disque dur avec les six dossiers dessus... Est-ce que ces personnes sont en danger ? Sont-elles les prochaines cibles du « réseau » ? Elles sont peut-être déjà mortes si c'est le cas... On courrait donc après des fantômes ?
Je prends le temps de respirer et fais craquer mon cou. Il faut que je reprenne possession de mes moyens, ce n'est pas parce que JungKook est impliqué qu'il faut que je perde le contrôle. Mes paupières se closent, mes oreilles s'attardent sur le frémissement des feuilles, la rumeur de la rue dans le lointain. Je reprends ainsi plus calmement mes hypothèses et pose mon carnet sur mes genoux. Tant de questions auxquelles ce dossier pourrait sans doute répondre. Il faut que j'aille voir JungKook.
Je me lève ainsi de ma place et cours vers l'APMM pour récupérer ma moto. La grande avenue s'étend sous mes pieds lorsque mon téléphone se met à sonner. Je l'extirpe rapidement et jette un coup d'œil au nom d'utilisateur. Chonay. Mes yeux s'arrondissent, avoir un appel de sa part était inopiné. Que me veut-il ? Je ralentis ma cadence et décroche au bout de la troisième sonnerie, le stress forme une boule désagréable dans ma gorge.
« Allo Jimin ? »
Je respire simplement à travers le combiné pour lui signaler ma présence, il a l'habitude de mon comportement et continue.
« Le labo m'a envoyé les résultats des échantillons prélevés dans l'appartement de Seokjin. Je ne les ai pas regardés, ils sont tout à toi. Je te les ai transférés par mail. »
« Ok, merci tonton. » Murmuré-je.
Un long silence se fait entendre à l'autre bout de la ligne. Cela doit faire au moins un mois que je ne l'ai pas remercié et au moins cent ans depuis que je l'ai appelé "tonton".
« Bon courage Jimin. »
Sa voix est claire, il sourit. Je le sais. La commissure de mes lèvres s'étire légèrement, une petite chaleur s'engouffre dans ma poitrine. Il raccroche après cela. Cette conversation m'a fait du bien, j'ai enfin reparlé à mon oncle depuis notre dispute et cela m'enlève un poids.
Je consulte vite mes mails pour voir les résultats du laboratoire. Ils disent, après un mois d'investigation, avoir trouvé dans les rainures du parquet différentes traces de terre et notamment, des résidus de fruits d'Idesia encore frais. L'Idesia, un arbre particulier que l'on ne trouve qu'à un seul endroit dans Séoul. La personne qui a saccagé l'appartement a dû marcher dans un de ces fruits. Ils ont joint une adresse à la fin du dossier. Je la note sur deux bouts de papier, l'un va directement dans mon carnet, l'autre dans la poche de mon pull.
Sur la carte de mon portable, l'arbre se trouve dans le jardin d'une maison en périphérie de Séoul. Celle de notre assassin. Une alchimie inconnue combuste en moi en devinant ce que cela implique... ma soif de vérité ne pourra être comblée autrement qu'en me rendant là-bas. L'adrénaline s'insuffle dans chaque partie de mon corps comme une bouffée de chaleur ; elle pulse dans mes veines et fait accélérer les battements de mon cœur. Une tension infernale s'érige en mon être, l'excitation en est le maître. Je me remets ainsi à courir vers ma moto, le cœur en vrac.
Néanmoins, ma raison revient aux portes de ma conscience : me rendre sur les lieux est dangereux. Il ne faut pas être naïf. Notre criminel s'est sans doute préparé à ce que l'on retrouve sa trace. Si je me fais attraper, il faut absolument que j'ai assuré mes arrières.
Mes prunelles se posent sur mon carnet, l'observe un moment, pèse le pour et le contre avant de prendre une décision. Il est la seule personne en qui j'ai confiance sur ce point. J'atteins ma moto dans la seconde qui suit et l'enfourche sans attendre. Le moteur gronde au démarrage et le crissement des roues rugit haut dans le ciel. Je vais d'abord le déposer avant de m'occuper de ce criminel.
********
Je me gare dans une des rues parallèles après avoir risqué ma vie en conduisant dans les rues de Séoul aux heures de pointes comme un terroriste, je ne perds pas une seconde et m'élance vers la maison du suspect. Le soleil commence à se coucher, la nuit fait son apparition et revêt son manteau noir.
Ma silhouette se faufile dans les ruelles mal éclairées, ma présence s'efface petit à petit comme si ma respiration s'évaporait. Mon regard se porte alors sur ce grand Idesia au loin et glisse ensuite sur la maison. Aucune voiture à l'entrée du garage, aucune lumière allumée. Ma tête se tourne à droite et à gauche, mes yeux parcourent la rue, les trottoirs, les habitations, les jardins ; il n'y aucun voisin ou passant en vue. La voie est libre. J'arrive devant la maison en une fraction de secondes et saute par-dessus le portillon. Je me tapis derrière l'arbre avant d'atteindre le mur et me plaquer en-dessous d'une fenêtre. Je devrais normalement toquer à la porte et non pas entrer par effraction –n'ayant pas de mandat– mais mon instinct me hurle de rentrer sans attendre. J'ai enfin une chance de découvrir la vérité, je ne vais pas la gâcher en signalant mon arrivée !
Je jette un coup d'œil à la porte d'entrée et la façade, tout a l'air verrouillé. Je passe donc par derrière, voir s'il n'y pas un autre accès. Par chance, coincée entre le mur qui délimite les deux propriétés, une petite fenêtre a été laissée ouverte. Je regarde à l'intérieur et y découvre la cuisine, il n'y a l'air d'avoir personne. Je l'ouvre un peu plus avec une branche trouvée par terre pour pouvoir passer et me hisse à l'intérieur. Mon corps se dépose sans un bruit sur le carrelage blanc, mes pas font écho à la vieille pendule qui donne les secondes au bout du couloir. Les battements de l'aiguille font écho à ceux de mon cœur qui prisonnier de ma poitrine, frémit au moindre bruit suspect. Je prends une grande inspiration et avance à l'aveugle dans cette maison inconnue. Il n'y a aucune photo sur les murs du couloir, la tapisserie marron d'ancienne époque qui les recouvre, confère un aspect morbide à la demeure. Je déglutis faiblement, une main posée sur mon revolver, j'avance à pas feutré et parviens jusqu'au salon. Les murs sont peints d'un beige crème, des fauteuils et des meubles anciens comblent l'espace. Une tasse de café vide a été laissée sur la petite table, à côté du fauteuil le plus imposant, qui semble être celui où s'assoit le maître de maison pour regarder sa télévision. Des rideaux cousus sont accrochés à chacune des fenêtres et ne laissent passer que très faiblement la lumière du crépuscule. Cet endroit fout les jetons.
Le parquet souple grince sous mes pieds, des frissons remontent le long de ma peau en entendant ce bruit à chacun de mes pas. Mon cœur n'arrive pas à diminuer sa cadence furieuse. J'emprunte ainsi les escaliers en colimaçon à l'extrémité de la pièce et m'enfonce dans l'obscurité. Le couloir est sombre et allongé, on n'en voit presque pas le bout. Une main toujours prise sur mon arme, l'autre écarte les portes du couloir au fur et à mesure de mon avancée. Les toilettes, la salle de bain, une chambre, une penderie –principalement des vêtements d'homme–, pour le moment, rien à signaler. Il reste cependant une dernière porte, un peu excentrée et reculée. Je m'avance vers elle, mon cœur bat à tout rompre tandis que mon estomac se noue. Mes doigts tremblants se posent doucement sur la poignée, frissonnent au contact du métal froid, ma prise sur mon arme se resserre. Je fais calmement le décompte dans ma tête pour me donner du courage et déverrouille d'un coup sec la porte, brandissant mon revolver devant moi.
Personne.
Un bureau se dévoile sous mes yeux. Je pénètre dans la salle et observe les étagères remplie de dossiers, un petit office avec ordinateur intégré en plein milieu. Le silence, cet espace affreux et étendu dévore le calme de mon esprit, ma respiration lourde sature complètement l'atmosphère insoutenable qui réside en moi. Je me retourne alors de l'autre côté de la pièce pour continuer mon inspection.
Mon regard remonte lentement le long du mur opposé et mon corps se fige. Je reste interdit pendant quelques secondes, n'arrive même plus à entendre les battements de mon cœur. Une vague d'horreur s'abat dans mon esprit. Une perle de sueur coule sur ma tempe et finit sa course dans mon cou.
Sur le mur se trouve des centaines de photos, des petites notes inscrites à côté, indiquant diverses choses : des horaires, des habitudes, des objectifs ... Des photos de Seokjin constellent la surface. Elle sont prises sous différents angles, toutes à des endroits variés. On le suivait. Certaines ont été capturées dans un amphithéâtre où il devait certainement donner son fameux cours sur les vampires... Une des photos est épinglée, la tête de Seokjin est gribouillée au feutre rouge. C'est parce qu'il a été éliminé n'est-ce pas ? Un fil rouge démarre alors et est relié à une photo de moi. Il y en a plusieurs : une de moi sur les lieux du crime, dans l'APMM mais aussi chez moi, dans la demeure du clan. Putain. Le fil continue son chemin et s'arrête sur un cliché de Chonay. De la chair de poule parsème mes bras, on est observé depuis le début. Mes prunelles parcourent de bout en bout cette énorme tableau où diverses personnes sont reliées, il y également le père de Jungkook qui est épinglé et les photos en noir et blanc des trois demeures mais ce qui retient toute mon attention... ce sont les photos d'Eumae. Sur l'une d'elle, il descend de l'avion ; sur une autre, il s'occupe des enfants dans le village et la dernière... Non, c'est un cauchemar. Je sens mon ventre se nouer en fixant le cliché. Une envie de vomir me prend aux tripes, ma lèvre inférieure se met à trembler. Une larme dégringole ma joue.
Eumae est ligoté à une chaise, le torse ensanglanté, la tête baissée. Il semble être dans une cave.
Mes yeux sont alors attirés vers le centre de cette terrible toile, ma bouche s'entrouvre en voyant celui qui est au cœur de tout ce chaos.
« Mais qu'est-ce que ... »
Ma phrase se dilue dans cette confusion qui m'assaille. Tous ces fils rouges se rejoignent en un seul point, une photo de Taehyung. J'avance d'un pas vers le mur pour en voir les moindres détails. Des sentiments contradictoires me transpercent de toute part. Mais ... qu'est-ce que Taehyung fait là ? Pourquoi il est au centre ? C'est quoi ce bordel ! Un objet froid appuie soudain sur l'arrière de ma tête et m'arrête net dans mon mouvement. Une sueur froide passe le long de mon échine, mes yeux s'écarquillent d'effroi.
« Oh... Si j'étais vous monsieur Park, je ne bougerais pas ... »
L'individu derrière moi enlève la sécurité du revolver et appuie davantage le bout du canon sur mon crâne.
Putain, cette voix ...
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J'aime tellement vous laisser sur des fins pareilles.
Aussi, ne prenez pas les hypothèses de Jimin comme des vérités, ils se posent juste des questions tout comme vous ;)
Passez une bonne journée/soirée ! En espérant que ce chapitre vous ait plu :)
Ame_futuriste xx
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