5| Touché 👺
Kim Taehyung
Ma main effleure les livres de la bibliothèque, dépoussiérés et rangés à leur place. Peu de monde est venu ce dimanche, j'ai passez mon temps libre à prendre soin des ouvrages. Je m'adosse à une grande étagère, épuisé après avoir arpenté les allées toute la journée. Une nouvelle semaine va commencer et je ne me sens pas prêt à l'affronter. Supporter les regards, les murmures, la pression... Je n'ai également pas revu cet alpha depuis deux semaines, cependant, je vais devoir travailler avec lui à cause de mon inscription au festival. L'éviter ne sera pas une option. Un soupir m'échappe à cette pensée.
Je chancelle jusqu'aux grandes fenêtres, tout en bois, où les rayons répandent leur lumière. Je m'assois au bord de l'une d'entre elles. Mon dos s'affaisse dans le coin, ma jambe gauche pend à l'extérieur tandis que l'autre est ramenée contre mon buste. Je pose un livre sur mon visage, me cachant du soleil, néanmoins, le vent s'engouffre dans mon col et chatouille mon cou. Ces sensations envahissent mon esprit et l'apaisent. Je me laisse ainsi aller, plus calme, personne pour me déranger.
De toute manière, je suis un être haïssable. Rien est bon à savoir sur moi. Tout ce qui pense, s'emmêle et se ressent en moi est néfaste et dévastateur. Je ne peux révéler qui je suis. Ce mensonge enserre ma gorge et disperse des ténèbres dans ma tête. Une brume angoissante se crée au fond de mon esprit et abrite tout ce que je ne peux être, ce que je ne peux révéler.
« Taehyung cours !
Cours le plus vite que tu peux et ne te retourne pas ...
Je t'en prie, ne te retourne jamais ... »
J'écarquille soudain les yeux, des nuisibles terrifiants battent aux portes de mon âme. Les souvenirs déferlent et abattent leurs éclairs dans ma mémoire. Je m'extirpe avec peine de la fenêtre, le corps tremblant, et me dirige dans une allée pour prendre un livre. M'évader, penser à autre chose. Seulement, mes jambes flanchent avant de pouvoir les attendre. Je m'écroule au sol, un ruisseau de larmes noie ma peine. Le sol se met à tanguer et les étagères ondulent, donnent vie aux fantômes de mon passé, leurs visages comme des mirages horrifiants.
J'enserre ma tête, m'arrache les cheveux avec ces mains misérables. Ces silhouettes longilignes et difformes m'accablent, creusent un trou noir dans ma poitrine. Ma respiration devient alors erratique, la panique sert ma gorge et étouffe le son. J'aimerais hurler ma peine, dévoiler au monde le cauchemar d'une vie, mais aucun n'a jamais pris le temps de ramasser les bouts de mon âme meurtrie.
Je n'ai pourtant besoin qu'un peu de chaleur...
« S'il vous plaît ... » Susurré-je d'une voix éraillée. « S'il vous plaît, à l'aide... » Le volume augmente peu à peu. « S'il vous plaît ... Aidez-moi... Que quelqu'un m'aide ! »
Mes mots désespérés se libèrent en un cri foudroyant et bombardent les murs de leur tourment. J'ai essayé de ne pas m'en souvenir, d'intérioriser, mais il est toujours là, tapis dans un coin de ma tête à saisir la moindre de mes failles. Je m'étale au sol, anéanti. Mon regard se pose dans le vide et ma voix retombe dans un silence étourdissant. J'attends ainsi, le temps d'un rien, juste sentir le mal qui me ronge, et entendre le grincement de la porte d'entrée délivré un grain d'espoir.
Je reprends peu à peu conscience en entendant ce bruit familier et discerne des pas se rapprocher rapidement de mon emplacement. Ces foulés précipitées frappent ce gong puissant au sein de ma poitrine. J'essuie mes larmes d'un revers de manche et me redresse à l'aide de mes coudes, dos au nouveau venu. Son odeur me saisit à la seconde où il marche dans l'allée, mes paupières se ferment pour en apprécier davantage les saveurs. Cette fusion de parfums me console. Il arrive enfin jusqu'à moi et s'accroupit derrière moi. Mes dents mordillent ma lèvre inférieure, retiennent un soupir de satisfaction.
Je prends une grande bouffée d'air, essayant de calmer mon cœur furieux. Ce vide entre nos deux corps est frustrant. Tout proche et pourtant loin, l'esprit scellé, mon visage ravagé préservé de ses yeux profonds et envoutants. Présent et absent. Je désire son aide et rejette son être.
Une forme blanche me sort de mes pensées, il me tend un mouchoir en soie sous le nez. Mes lèvres retiennent un sanglot, mon cœur touché par ce geste tendre. Sans un mot, mes mains chevrotantes saisissent le tissu et le portent à mes yeux émus. Le mouchoir imprégné de son odeur diffuse un sentiment agréable en mon sein. Une larme solitaire creuse un sillon sur ma joue, Yoongi la fait disparaître d'un toucher délicat. La chaleur de sa peau dépose une douce brûlure aux creux de mon ventre. Le bout de ses doigts s'attarde sur ma pommette, la caresse et efface ces marques de tristesse.
Les yeux clos, j'imprègne cette sensation dans ma mémoire. Sa chaleur se répand dans mon corps et disperse les énigmes d'ombre de mon esprit.
« Ne pleure plus ... » Murmure-t-il, doux.
Sa voix profonde résonne en moi, comme la dernière fois, inflexible. J'imagine son air attentionné, ses prunelles chaudes posées sur moi... Sa présence se dérobe cependant en un instant, je rouvre vite les yeux, me retourne, mais il est parti. Je pense d'abord avoir été berné par une énième fantaisie de mon âme mais me persuade vite que non. Son odeur est toujours là, coincée entre mes doigts et noyée par mes pleurs. La preuve que ce que j'ai ressenti, cette chaleur, ce battement, ces frissons. Tout cela n'était pas une illusion.
« Merci ... Min Yoongi. »
Tu m'as entendu.
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