39| Retrouvailles tumultueuses (2/2)
(L'image colle avec le chapitre et comment ils sont dans mon histoire.. héhé je suis contente)
Bonjour à tous !
Ceci n'est pas le prank, vous êtes saufs !
Pour l'instant, mon opération est reportée à plus tard, je peux donc écrire. Cependant, j'essaierai de finir R.I. avant Juin 🙂 (en tout cas, c'est mon objectif..) sinon ça risque d'être galère pour moi et pour vous d'avoir la suite !
Au fait (rien à voir hein), si vous voyez des fautes, dites-les moi. Même si mon égo en prend un coup ahah. La fatigue a dû m'en faire laisser pas mal (c'est français ça ?)
Bonne lecture !
Ps : une lectrice m'a dit que c'était bien lorsque je mettais des chansons en début de chapitre.. je vais donc vous marquer au début, les musiques avec lesquelles j'ai écrit 😙 (j'espère que vous avez Spotify ou autres..)
-> Lost In Japan - Shawn Mendes
-> In My Blood - Shawn Mendes
-> Hold Me Tight - BTS
-> The Best of BTS - piano (je vous ai mis le lien Youtube en média)
Jeon Jungkook
Je suis mort. Mes muscles sont contractés, mon esprit embrumé. Je ne serai décidément jamais du matin. Un soupir m'échappe, je m'extirpe du lit avec paresse, attrape un tee-shirt et l'enfile. Mes pupilles se posent sur l'horloge du siècle dernier, suspendue sur le mur. 12h.
Je traîne des pieds jusqu'à la porte et l'ouvre. Un frisson parcourt mon corps, il fait bien plus froid en-dehors de mon cocon. Quelqu'un apparaît dans le couloir à ma droite, ma tête se tourne vers l'intrus. C'est le grand cousin blond : Namjoon. Il sort de la salle de bain, une boîte de médicaments à la main. Qu'est-ce qu'il fait avec ça ?
Il relève la tête vers moi, sentant ma présence. Ses yeux s'arrondissent de surprise avant qu'un sourire timide étire ses lèvres.
« Salut Jungkook, bien dormi ? » Me demande-t-il d'une voix chaleureuse.
Un bâillement distord ma bouche, ma main ébouriffe mes cheveux et frotte mes yeux.
« Salut Namjoon ... Ouais mais toujours crevé et toi ? » Lui répondis-je, nonchalant.
Il renifle, amusé par ma réponse. Des fossettes creusent ses joues pleines. Il arrive à ma hauteur et me fait signe de le suivre. Nous descendons ensemble, regagnons le salon.
« Je peux te comprendre. »
Je lui jette un coup d'œil, intrigué. Son visage est pourtant rayonnant, il n'a pas l'air d'avoir des problèmes de sommeil.
« On dirait pas ... » Grogné-je. « J'ai arrêté de prendre des somnifères pour éviter d'être dépendant. Tu devrais en faire autant. » Lui dis-je en pointant la boîte.
« Méprends-toi, je suis levé depuis trois heures. C'est sans doute pour ça que j'ai meilleure mine. Puis ... » Il marque un temps et me sourit. « Ce ne sont pas des somnifères. »
Mon sourcil se lève, ma curiosité est piquée. J'allais lui demander quel genre de médicaments il prend mais le rouquin surgit de nul part, un grand sourire aux lèvres. Je sursaute, ne m'attendant pas à cet assaut. Il est jamais fatigué lui ?
« Vous tombez à pic les mecs ! Kura et Jimin ont besoin d'aide pour ranger les courses. »
Je tilt à l'entente de son prénom, mon cœur se met à battre plus vite. C'est débile, je hais les réactions de mon corps. Nous le suivons ainsi jusqu'à la cuisine. Un pied dans la pièce, son odeur fruitée légèrement amère me berce. Jimin est dos à moi, en train de ranger les bouteilles. Mes prunelles se baladent sur son corps, errent sur la chute de ses reins. Ses muscles se contractent, il sait que je suis là, que je le regarde.
J'arrive à ses côtés et me baisse pour prendre un sac de nourriture. J'extirpe habilement ce qu'il se trouve à l'intérieur et prends le temps de tout ranger à sa place. En me relevant, nos regards se croisent. Nos mouvements cessent. Aucun de nous deux ne parle. Mon âme est aspirée par ces tourbillons noirs où une multitude de sentiments se bataillent.
Jimin décide de raccourcir notre échange et me donne un bref coup de tête en direction du sac que je tiens. Je reviens alors à moi et le dépose avant d'en prendre un deuxième. Pendant mon rangement, mes yeux s'attardent sur lui de temps à autre. Sa mâchoire est tellement belle. J'aimerais mordre dedans. Jungkook ferme-la.
Jimin se retourne vers moi lorsque mon regard devient trop insistant. Il fronce les sourcils, irrité et me fait signe de me concentrer sur la nourriture à ranger plutôt que lui. Il s'en va ensuite de la pièce, une fois son sac vide. Je ne peux m'empêcher de suivre sa démarche des yeux. La balance de son corps est parfaite. Un soupir m'échappe. Mon pauvre, c'est vraiment tendre le bâton pour se faire battre à ton stade.
Kura arrive soudain derrière moi, tout sourire.
« Jungkook, peux-tu nous aider à mettre la table s'il te plait ? Je vais apporter les plats pendant ce temps. » Elle allait repartir mais se stoppe et reprend. « Oh oui ! Au fait, comme tu as fait la grasse matinée aujourd'hui, tu n'es pas au courant de l'activité du jour. Nous allons faire du canyoning ! » S'exclame-t-elle joyeuse. « Tu en as déjà fait ? »
Je secoue la tête en signe de négation.
« Je pense que tu vas beaucoup aimer ! Il faut juste se lancer puis après, c'est génial ! De toute manière, je demanderai à Jimin de t'aider, comme ça s'est bien passé hier ! » Me sourit-elle.
Mon cœur rate un battement en entendant sa proposition. Un sourire en coin apparaît sur mes lèvres. Mes mains deviennent moites, je les essuie discrètement sur mon jogging.
« Je serai heureux que Jimin m'aide ... » Lui dis-je d'une voix timide.
Elle frappe dans ses mains, son sourire s'élargit. La bonne humeur irradie de son être.
« Super ! Je suis contente que vous vous entendiez bien ... Jimin n'est pas toujours facile à comprendre mais c'est un garçon adorable ! »
A qui le dîtes-vous ...
« D'ailleurs, merci pour les courses madame. » La remercié-je poliment.
Ses sourcils s'arquent, elle me regarde surprise. Un petit rire amusé franchit ses lèvres.
« Oh mais ce n'est pas à moi qu'il faut dire ça ! C'est Jimin qui s'est levé de lui-même pour aller les faire. Il est allé te chercher des poches de sang fraiches d'ailleurs ! »
Mes yeux s'agrandissent, mes joues se réchauffent. Une douce chaleur se propage dans mon estomac. Je mords ma lèvre inférieure et hoche simplement la tête, hébété. Elle m'offre un gentil sourire avant de me laisser. Mon corps reste planté comme un piquet dans la cuisine. Un sourire -sans aucun doute idiot- naît sur mon visage.
Il a pensé à moi.
***
Et voilà, je me retrouve encore dans une de ces combinaisons hyper serrées. Ma main ébouriffe mes cheveux, mon soupir fend l'air. Je m'approche du spot de canyoning où d'autres groupes se trouvent en plus du notre. Mon grand frère aide Yoongi à enfiler son harnais tandis que Kura mémorise une dernière fois le parcours que lui montre le moniteur sur une carte. Namjoon est en compagnie de Hoseok un peu plus loin. Où est Jimin ?
Mes yeux tombent instinctivement sur lui. Il marche en direction des falaises, le regard droit, la démarche gracieuse. Ses fesses rondes et musclées ressortent dans la matière élastique. Jungkook, arrête. J'avale ma salive avec difficulté et soupire pour la énième fois. Cet alpha m'attire comme jamais personne ne l'avait fait auparavant, cependant, je n'ai aucune idée de comment l'approcher sans qu'il ne se braque. Mes dents mordillent nerveusement ma lèvre inférieure, mes pensées s'égarent sur ce moment d'affection partagé avec lui.
Mon esprit est renvoyé en haut, dans la montagne, sur ce pont qui se balançait légèrement sous nos poids. Mes bras enveloppaient son corps mince et musclé, ma tête plongée dans son cou. Son parfum fruité enivrait mes sens. J'étais transporté par la douceur de ses gestes. Sa main qui, délicatement, a effleuré mes cheveux. Mon cœur pulsait fort dans sa cage, une agréable chaleur s'immisçait dans mon ventre et s'imprimait dans ma mémoire.
Je n'avais jamais ressenti de telles émotions. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis senti à ma place.
Un fin sourire se dessine sur mes lèvres, le courage s'empare de mon corps et débloque mes jambes. Je me dirige en direction de l'objet de mes désirs. Mes prunelles ne se décrochent pas un seul instant de ses épaules carrées, sa nuque blanche, son cou fin avec cette veine saillante. L'odeur de son sang ensorcelante : amère et fruitée. Elle sied à souhait sa personnalité. J'avale de travers, un coup de chaud me prend. Ne pense pas une seule seconde à y goûter Jungkook.
Au fur et à mesure de mes pas, je vois ses muscles se tendre. Il ressent ma présence et n'est pas le moins surpris du monde lorsque j'arrive à ses côtés. Mon regard se pose sur ses traits fins, le sien parcourt l'horizon.
Aucun mot n'est échangé, nous continuons tous deux notre contemplation.
« Stressé ? »
Je sursaute légèrement, surpris qu'il prenne la parole. Mes pupilles le scrutent, son visage est impassible -comme à son habitude- cependant, son ton est curieux. Pour toute réponse, je hausse les épaules et tourne mon corps vers les falaises. Mon comportement l'intrigue, je le vois m'observer du coin de l'œil. Un de ses sourcils s'arque, ses iris me brûlent la peau. Mon cœur recommence à s'emballer, au bord du précipice. J'essaie de contrôler du mieux que je peux ses battements effrénés.
« Tu as peur ? » Rajoute-t-il d'une voix neutre.
Je ne lui réponds pas, beaucoup trop fier pour lui avouer que comme toutes les autres activités de ce séjour, celle-ci me fait également appréhender. Un petit reniflement amusé parvient à mes oreilles. Ma tête pivote vers mon voisin, un sourire moqueur orne ses lèvres. Toujours ce même sourire ... Ne reverrai-je donc jamais le sourire sincère qu'il a apprêté dans la forêt, devant cette petite fourmi ?
Mon cœur se serre, mes pensées créent un ouragan en moi.
« Quoi ? » Grogné-je.
Son sourire taquin s'accentue en me voyant sur la défensive. Un rire moqueur franchit ses lèvres. Je me renfrogne un peu, n'appréciant pas son comportement. Je me mets dos à lui, les bras croisés sur mon torse. Il n'insiste pas et me laisse bouder.
Le vent effleure mon visage, s'infiltre dans mes poumons. Le silence nous enveloppe à nouveau et apaise mon esprit agité. En bas, le clapotis de l'eau rend la montagne vivante. Mes prunelles glissent vers les rivières, quelques personnes escaladent les roches, se jettent dans les rapides. Dans quelques minutes, ce sera notre tour. Un coup d'adrénaline traverse mon corps, un léger sourire flotte sur mon visage. La peur qui me rongeait les tripes disparait peu à peu. Je me rends compte que surpasser ses limites, découvrir des choses qu'on ne se serait jamais senti capable de faire, est excitant.
Quelques minutes s'écoulent dans cette atmosphère paisible, perdu dans mes pensées. Jimin est toujours à mes côtés. Ni lui, ni moi ne parlons. Le vent amène jusqu'à moi son parfum, mes muscles se détendent à la sensation. Un sentiment de bien-être parcourt mon corps. Tout y est reposant.
Sa présence me rassure sans doute un peu. Mais un tout petit hein ?
Soudain, le moniteur crie le nom de notre groupe. Je sens Jimin bouger derrière moi, il s'apprête à partir mais voyant que je ne bouge pas, s'arrête dans son élan. Mon corps est toujours tourné vers les montagnes, il n'a même pas tressailli. Je ne veux pas bouger. À la seconde où je déciderais de briser l'instant présent, il ne pourra revenir et deviendra une lointaine espérance. Elle se fondra dans mes souvenirs et modèlera ma personnalité de différentes formes. Je veux rester là, avec Jimin.
Ce dernier n'émet plus le moindre mouvement, son regard dépose des picotements dans mon dos. Mon cœur reprend sa course folle. Mon attention ne se focalise plus que sur lui. Sa voix plus rauque qu'à l'accoutumée s'élève à travers le vent. Ses mots retentissent dans ma poitrine, une percussion répondant à celle de mon cœur.
« Ne t'en fais pas, tout ira bien. »
Un sourire fleurit dans ma poitrine. Mes jambes se déracinent.
***
L'eau vient du Pôle Nord ou quoi ? Je vais me transformer en glaçon si ça continue ! Je comprends mieux pourquoi Hoseok avait poussé une gueulante hier soir au dîner. J'essaie de faire abstraction au mieux de ce froid qui engourdit mes membres et suis attentif à mes gestes, néanmoins, la tâche est compliquée.
Nous marchons depuis trente bonnes minutes entre les roches. Nous avons emprunté divers chemins, descendu en rappel des parois afin d'atterrir dans ces sillons, creusés par l'érosion. L'eau est d'une couleur époustouflante, un bleu tirant sur le vert, transparente. Quelques poissons tournoient autour de mes jambes. Le chemin que nous arpentons est en marche d'escaliers et descend vers les rapides. Mes oreilles distinguent l'eau s'agiter un peu plus loin, notre groupe se rapproche de la fameuse cascade. D'après les indications, il faut se laisser tomber en piquet, les bras en croix comme les pharaons ...
Les rochers s'ouvrent soudain. La luminosité agresse ma rétine. Ma mâchoire se décroche lorsque ma vue s'accommode à nouveau : la vue est à couper le souffle. L'impression d'être au bout du monde. Les montagnes s'élèvent devant nous, la verdure chatoyante jette ses couleurs froides sur les couleurs chaudes des pierres. Certaines sont rouges, oranges, d'autres ont des teintes violettes. L'érosion leur donne des formes impressionnantes, creuses, on se demanderait presque comment elles font pour tenir. Elles en deviennent des œuvres contemporaines avec ces courbes distordues et asymétriques. La magie de la nature. Je ne l'avais jamais contemplée sous cet œil, ou plutôt, je n'avais jamais pris le temps de l'admirer. Toujours enfermé entre les rues étroites et humides de Séoul, ma solitude pour seule compagnie, un joint tremblant au bout des lèvres. L'amertume et l'angoisse au ventre, j'avance comme un automate dans cette vie qui m'angoisse.
Cependant, tout cela est repoussé au fond de mon esprit, mes prunelles n'admirent en cet instant que la grandeur de la vie. Mon cœur se sent empli d'une chaleur grisante, ma mémoire immortalise ces images éblouissantes. Un sourire mélancolique éclos, les yeux rivés sur ce majestueux tableau. Je me sens vivant.
Soudain, mon sixième sens s'active, ressentant ce regard posé sur moi. Il me cloue sur place, me ramène à moi. Ma tête se tourne vers Jimin, nos auras s'appellent. Mes yeux se posent dans les siens, le temps se suspend. Un sentiment inexplicable se mue dans ma poitrine, bien plus puissant que cette admiration portée à la nature. Il implose dans mon ventre, fait pulser le sang dans mes veines. Je n'arrive pas à décrocher mon regard. Il m'ensorcelle. Son parfum me fait voyager, délirer. Je me perds dans cette vague de sentiments puissante et immuable.
Hoseok arrive alors à ses côtés, Jimin détourne le regard. Notre contact visuel est brisé. Je cligne des yeux plusieurs fois, essayant de retrouver mes moyens. Mes membres se déverrouillent un à un, mes prunelles passent en revu chaque personne présente. Je me rends ainsi compte qu'une bonne partie du groupe a déjà sauté dans la cascade. Yoongi et Taehyung sont les prochains et n'attendent pas longtemps avant de se jeter. Mes yeux s'écarquillent en voyant la rapidité d'exécution.
Mes pupilles se posent à nouveau sur Jimin qui explique une dernière fois à Hoseok comment faire avant de passer le relai à Namjoon. Ce dernier le dirige vers le rebord de la cascade, une main chaleureuse dans le bas de son dos. Je reporte mon attention sur Jimin, il me regarde. Je déglutis avec difficulté, mon cœur rate un battement lorsqu'il se met à marcher vers moi. Les vibrations de l'eau font écho à celles de mon cœur.
Par pur réflexe - aussi stupide soit-il - je me mets dos à lui, le temps de me calmer un peu. Mes pensées s'organisent du mieux qu'elles peuvent et ma fierté s'immisce à nouveau dans mon esprit. Je respire un beau coup lorsqu'il se poste à mes côtés.
« Je te sens un peu tendu Kookie. » Se moque-t-il.
Mes sourcils se froncent, mes yeux dérivent sur sa figure. Ma tête se relève, décidé à la jouer "mec qui n'a peur de rien". Puis, un détail me frappe soudain.
« Attends... Tu m'as appelé comment là ? »
Un sourire en coin moqueur naquit sur ses lèvres. Son sourcil s'arque, un air innocent remplace vite son expression taquine.
« Taehyung t'a appelé ainsi hier soir, au dîner, je me suis dit que c'était mieux de t'appeler par ton petit nom. »
Son rictus revient enlaidir son visage à la fin de sa réponse. Il se mord la lèvre, se retenant de rigoler, et s'approche un peu plus de moi. À mesure que l'espace entre nos deux corps se rétrécit, les battements de mon cœur dégénèrent.
« Dis-moi Kookie, tu as peur de sauter ? » Me demande-t-il, une pointe de sarcasme dans la voix.
Mes pupilles soutiennent les siennes, mon torse se gonfle. Ma fierté revient au galop.
« Bien sûr que non. Je n'ai pas peur de sauter. Tu me prends pour qui ? »
Mon ton est suffisant, mon comportement a l'air de le réjouir. Il ne me quitte pas des yeux. L'impression de devenir tout petit. Ma salive a du mal à trouver son chemin, mon estomac se tord un peu. Ce parfum déroutant ne m'aide en rien. Je me mords la lèvre, essayant de garder mon air hautain, inébranlable. Les yeux de Jimin se plissent un peu, son sourire mesquin se renforce.
« C'est bien, j'aime les hommes qui n'ont peur de rien ... » Susurre-t-il d'une voix basse.
Ma respiration est courte, son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien. Bien trop proche. Son attitude me prend au dépourvu, je ne sais plus où me mettre. Son buste frôle le mien, je ne sentirais presque pas mes pieds au bord du vide. Son souffle s'abat sur mon visage, son odeur embrouille mes pensées. Mes paupières se closent et permettent à mes sens de se focaliser davantage sur cette présence envoûtante. Ses mains viennent alors enserrer mes poignets et ramènent délicatement mes bras contre mon buste. Je me laisse faire, complètement subjuguer par la sensation de son toucher, son souffle chaud s'abattant sur mes lèvres humides.
Les bras en croix sur mon torse, mes yeux se rouvrent et tombent dans les siens. Je suis captivé par ses iris et ce sourire en coin indéchiffrables.
À quoi il joue ?
Je m'apprête à parler mais il me coupe dans mon élan, déposant un doigt sur ma bouche. Mes prunelles louchent sur ses lèvres roses charnues. J'ai envie d'y planter mes canines. Mon cœur se remet à pulser fort dans ma poitrine à cette pensée. Une envie folle de l'embrasser me broie l'estomac, stimule mes sens. L'excitation grimpe dans mon corps. Ma bouche se rapproche de la sienne lorsque son expression change brusquement. Un grand sourire sadique nait sur son visage, une lueur malicieuse danse dans le fond de ses prunelles. D'un coup, il me retourne face au vide.
Je n'ai pas le temps d'assimiler ce qui m'arrive, ses lèvres viennent me susurrer à l'oreille :
« Bon voyage Kookie ... »
Mon cerveau connecte lorsque Jimin exerce une petite tape dans mon dos, suffisamment forte pour faire basculer mon corps dans le vide. Un long cri strident retentit entre les montagnes en écho, et finit en un ridicule murmure.
«ENFOIREEEééééééééééééééééééé.......... »
Mon cœur se crash. La chute me paraît longue pourtant mon corps arrive bien vite dans l'eau, j'en suis presque surpris. Mon poids s'allège, le temps semble s'étendre. L'adrénaline se concentre alors dans mes jambes pour remonter à la surface. Ma tête hors de l'eau, un deuxième rapide m'attend directement à la sortie. Je me remets vite en position et essaie de garder les yeux ouverts malgré les pulsations rageuses de mon cœur. Au fur et à mesure de la descente, cette sensation d'angoisse en devient plaisante. Tout se passe très vite, à chaque nouvelle chute, les émotions se transforment en quelque chose de plus clair et joyeux. Mon corps finit par se détendre. Le liquide glisse sur ma peau, mes soucis se laissent emporter par les flots. Ces sentiments nouveaux fourmillent dans mon esprit. L'impression de lâcher ma vie du bout des doigts l'espace de quelques secondes. Cet instant d'euphorie, de complaisance entre la peur et l'excitation, se fond aux ardeurs de mon adolescence perdue.
Les chaines de mon âme brisée se desserrent.
Puis, les flots redeviennent calmes, mon corps se laisse porter. La tête rivée vers le ciel, mes pensées divaguent dans les nuages. Des cris se font alors entendre, le groupe est sur la rive. Taehyung me fait de grands signes, un sourire béat aux lèvres. Je lui en renvois un plus timide et nage jusqu'au bord. Le moniteur me tend une serviette pour me débarbouiller. Nous n'attendons plus que Jimin qui arrive peu de temps après moi. Il regagne la rive et sort de l'eau. Une lumière divine se braque sur lui ou quoi ? Son corps trempé dans cette combinaison, ces goutes qui poursuivent leur course dans son cou ... Ok, comment on respire déjà ?
Il me faut un effort titanesque pour enlever mes yeux baladeurs de ses courbes élégantes. Mon regard se braque sur la terre. Ouais, c'est pas mal aussi la terre. Enfin, ça ne risque pas de te faire bander quoi.
Je mords nerveusement ma lèvre. Jimin me fait perdre les pédales et je n'arrive pas à trouver le frein.
Sans que je ne m'en rende compte, l'être de tous mes tourments arrive à mes côtés. Je le sens se pencher vers moi et me murmurer d'une voix taquine.
« J'espère que tu ne m'en veux pas trop ... »
Mes yeux se relèvent dans les siens, les mots restent coincés dans ma gorge. Non, je ne t'en veux pas, comment le pourrais-je ? Mes barrières s'effondrent quand je suis auprès de toi.
***
Je claque la portière de la voiture et traine la patte jusqu'à la demeure. Tout le monde est exténué. Nous repartons dans nos chambres, nos pas dans les escaliers semblables à ceux d'un troupeau d'éléphants. Yoongi est le premier à rentrer dans la chambre, suivi de près par Taehyung. Je les rattrape vite et referme derrière moi. Mes jambes me lâchent, arrivé à hauteur du lit, mon corps s'écrase sur le matelas. Les draps ont été lavés, l'odeur de la lessive est agréable. Cependant, mon cerveau ne peut s'empêcher de la comparer à celle de Jimin. Arrête ça, tu te fais du mal ...
Mes pensées moroses ne s'étalent alors pas davantage, ma conscience s'abandonnant à mes rêves tourmentés.
Je cours à travers cette même forêt épaisse et dangereuse. Le soleil est en train de se coucher, rendant la forme des arbres angoissante. Mes pieds foulent la terre, ma vitesse est à son maximum. Ma respiration erratique se mêle aux cris de mes bourreaux me courant après. Les battements de mon cœur déchainés rythment ma course, l'impression que ma poitrine va s'arracher. Soudain, des balles fusent dans tous les sens, des cris de terreur s'élèvent. L'angoisse grimpe en mon être, mon instinct de survie se décuple. Mon corps repousse chacune de ses limites, suppliant chacun de mes membres pour qu'ils ne me lâchent pas. Les cris se font alors plus distants et disparaissent soudainement.
Je m'arrête, mes muscles sont tendus. Des brûlures lancinantes paralysent mon corps. Dans mon champ de vision apparaît alors une petite fille, cheveux bruns tirants sur le roux, des traits fins salis par la crasse. Elle ressemble à Taehyung. Elle est étendue, à même la terre, inerte. Les yeux grands ouverts, elles a l'air de m'observer pourtant elle ne le peut. Une goutte salée s'écoule de son œil, un ruisseau carmin déferle de sa tempe. Dans ses prunelles se reflètent la terreur et le désespoir, l'impression d'y voir mon reflet.
Je m'avance vers elle en titubant, mes forces me lâchent peu à peu. La course m'a exténué, la terreur a fini d'achever mon âme. Je découvre alors un autre corps auprès d'elle. Une femme est adossée contre les ruines d'une maison. Ses épaules sont prises de soubresauts, sa tête baissée cache ses larmes. Ses vêtements sont tâchés de sang, ses mains martèlent machinalement la terre. La désolation et le malheur peuplent son monde. Cette femme a tout perdu. Je me rapproche plus près, la respiration sifflante, une brindille craque sous un de mes pas.
Ses pleurs cessent et sa tête se redresse subitement vers moi. Ses iris châtains sont braqués sur moi, la flamme au fond de ses pupilles se tarit. Elle ne tardera pas à s'éteindre. Sa lèvre écorchée tremble, les mots peinent à sortir de sa cage.
« Va-t-en ... »
Je ne bouge pas, horrifié par la scène qui se déroule devant moi. Mes jambes sont paralysés par l'exténuation et l'horreur. Soudain, le bruit réapparaît derrière moi. Les feuilles bruissent, des cris s'élèvent. Mon cœur recommence à s'affoler. Ma respiration se fait plus lourde, je ne peux me résigner à la laisser ici. Mes pieds s'avancent vers elle, prêt à la secourir, cependant, elle ne me laisse pas faire. Son bras se brandit et ses mots fusent comme des balles dans mon cœur.
« Enfuis-toi Taehyung ! Tu ne peux plus rien faire pour nous ... Cours et surtout, ne te retourne pas. Jamais. »
Une perle salée roule sur sa joue. Mon âme meurtrie ne peut accepter cette fatalité, pourtant, le cœur de cette femme brûlant d'une détermination violente et insatiable me fit faire volte-face. Mes larmes dégringolent en silence, mon esprit s'éparpille sur ces terres perdues. Mon cœur se brise.
Un coup de fusil retentit dans les ténèbres.
Mes paupières s'ouvrent brusquement, une larme glisse le long de ma tempe. Ma main se pose à l'endroit de mon cœur, essaie de calmer ces pulsations irrégulières. Ma respiration bruyante emplit le silence de la chambre. J'ai encore fait un rêve de ce genre : je m'imagine le passé de Taehyung à travers lui, les personnes qu'il a connu, la souffrance qui l'a assailli à ce moment-là. Mes coudes prennent appui sur le matelas et redressent le haut de mon corps. Mon regard parcourt la pièce, je suis dans la maison. Depuis combien de temps je dors ? Je me tourne vers l'horloge : 19h47, presque une heure. Je m'ébouriffe les cheveux et décide d'aller me laver. Je me retrouve dans la douche en un clin d'œil.
L'eau froide me remet les idées en place, mon esprit peut souffler un peu. Mon cœur arrive à se calmer, les images de mon rêve deviennent floues. Je prends un gel douche à la vanille, cette odeur m'apaise. Elle me fait penser à la lessive de ma mère. Un sourire fleurit sur mes lèvres à cette pensée. Je finis ma douche et m'habille d'un simple jogging noir et un tee-shirt blanc ample.
Mon ventre gargouille, ma main le gratte nonchalamment. Une moue se forme sur mon visage, j'ai faim. Je descends ainsi à la cuisine en quatrième vitesse et y découvre Jimin. Kura et les grands-parents sont partis aux sources chaudes, il faut bien que quelqu'un s'occupe du dîner. Mes jambes s'arrêtent, mes prunelles rivées sur lui. Sa présence m'apaise. Je l'observe, penché au-dessus de ce gros livre. Il tient une patate douce dans sa main droite et de l'autre un couteau. L'odeur de la nourriture se mélange à la sienne, c'est agréable.
Un fin sourire se dessine sur mes lèvres, la manière dont il fronce légèrement des sourcils en lisant est adorable. Je me rapproche alors plus près, il remarque enfin ma présence et se tourne vers moi. Un sourcil levé, ses pupilles passent en revu ma tenue. Il se remet ensuite au travail, une expression impassible sur le visage. J'ai remarqué que Jimin souriait peu, s'exprimait peu avec son faciès. On dirait que les seules émotions qui l'animent sont : l'irritation, l'indifférence et le mépris. Pourtant, je suis bien placé pour savoir qu'en agissant ainsi, il ne fait que se protéger.
« Je peux t'aider ? » Lui demandé-je d'une voix timide.
Ses iris passent sur mon visage, ses lèvres restent cousues entre elles. Mes joues se réchauffent et ma main passe sur ma nuque, gêné par son manque de réponse. Mon regard s'attarde alors sur les ingrédients disposés sur le plan de travail et s'aventure sur la page de recette ouverte. Il veut faire des raviolis et des frites de patate douce. Je n'y connais rien en cuisine mais cela m'intéresserait de découvrir encore de nouvelles choses. Une soif d'apprendre me stimule depuis le début de ce séjour et cela me rend heureux.
Soudain, Jimin dépose devant moi un petit bol avec différents ingrédients dedans : de la viande, des épices et une petite boule de pâte avec laquelle faire le ravioli. Un sourire étire mes lèvres, ma tête se tourne vers mon voisin. Il me scrute. Mon sourire disparait peu à peu, hors du monde. Mon esprit se fait complètement happer par lui.
Jimin se rapproche de moi et brandit soudain un couteau entre nos deux visages.
« Tu sais te servir de ça sans causer un meurtre ? »
Je déglutis en voyant la lame près de mon nez et me recule un peu. Une grimace apeurée se forme sur mes traits.
« C'est pas à toi que je devrais poser la question plutôt ? »
« Non, je sais aussi m'en servir pour la cuisine. » Me répond-il.
Le « aussi » n'a pas lieu de me rassurer, pourtant, son comportement rustre me décoche un petit rire. L'habitude de le voir ainsi : le contraire m'inquièterait.
Il se tourne de nouveau vers moi, ses prunelles calmes posées dans les miennes.
« Bon, tu sais comment faire des raviolis ? »
Je cligne des yeux plusieurs fois en entendant sa question, avant de détourner lentement la tête vers la recette.
« Ouais je vois ... » Soupire-t-il. « T'es sûr que tu veux m'aider ou me mettre des bâtons dans les roues ? » Ajoute-t-il.
Son ton est neutre, son expression l'est tout autant. J'hausse des épaules et lui dit avec une petite moue adorable.
« J'aimerais apprendre ? »
Il hausse un sourcil et me dévisage. Un soupir fend l'air, suivi d'un petit rire amusé.
« Enlève cette moue de ta face, c'est dégoûtant. »
Son attaque me surprend et touche mon égo. Ma main vient claquer l'arrière de sa tête pour répondre de son insolence. Il arrête tout mouvement, étonné. Il fait mine d'attraper le couteau, une lueur ténébreuse abrite son regard. Je fais les gros yeux et brandit mes bras en l'air comme si on s'apprêtait à me tirer dessus. Ses yeux se plissent, puis, un sourire en coin se place sur ses lèvres. Nous nous regardons un instant, le silence regagne la pièce avant de laisser place à nos rires.
Je baisse la tête et essaie de me contrôler. Une chaleur s'immisce dans mon estomac. Je regarde Jimin en biais, il est dans le même état que moi et essaie de reprendre la cuisine. Nos regards se rencontrent, nous nous mordons la lèvre, essayons de reprendre un peu de sérieux. Jimin met le livre entre nous deux et me pointe le premier point de la recette.
« Tu vas t'occuper d'abord du tofu puis ensuite tu couperas avec moi les vermicelles, les haricots et tous les autres ingrédients, ok ? »
Je hoche la tête et reporte mon attention sur le tofu. Il m'explique vite fait comment le mettre dans le tissu pour en extraire l'eau. Je me mets ainsi à faire ce qu'il m'a dit. Au bout de quelques minutes, mon regard dérive sur le côté pour voir où Jimin en est dans sa tâche.
Il a retroussé ses manches, ses avant-bras sont ainsi dégagés. Ses veines ressortent sur sa peau cotonneuse ; ses mains sont plus petites que les miennes, pourtant, elles ont l'air d'avoir de la force. Il coupe les ingrédients avec une telle dextérité. Sans m'en rendre compte, je me suis rapproché de lui jusqu'à ce que mon épaule cogne la sienne. Je détourne la tête en vitesse, mon cœur s'emballe. Est-ce qu'il a remarqué que je l'observais ? Non, joue la cool Jungkook. J'essore ainsi maladroitement le tofu et essaie de garder une expression faciale neutre. L'endroit où ma peau touche son tee-shirt s'enflamme. Je me demande s'il s'en est rendu compte, peut-être pas, il ne fait rien pour se décaler.
Soudain, ses mains viennent attraper les miennes. Mon cœur rate un battement, mes yeux ont failli sortir de leurs orbites.
« Qu'est-ce que tu fais Jungkook ? Tu veux nous le transformer en charpie ton tofu ? » S'exclame-t-il. « Regarde, c'est comme ça qu'on fait ... » Marmonne-t-il.
Ses mains exercent une pression sur les miennes et m'aident à malaxer le tofu avec précaution. Sa peau est douce, la chaleur qu'il dégage réchauffe mon corps entier. Mes pupilles détaillent les gestes qu'il me fait faire et dérivent petit à petit sur son visage. Il est proche. Ses cheveux d'ébène lui tombent légèrement sur les yeux, sa petite bosse sur son nez lui donne un charme, sa mâchoire est divine. Mon cœur s'arrête lorsque ses prunelles rencontrent les miennes. Pris en flagrant délit.
Il cesse ses gestes, notre proximité m'intimide. Jungkook le séducteur peut aller se brosser, ce regard me fait perdre tous mes moyens. Malgré les battements effrénés de mon cœur, mes iris ne peuvent se décrocher des siens. L'air me manque, mes lèvres deviennent sèches. Ma gorge quémande du sang, Jimin n'arrange rien.
« J'ai compris. » Arrivé-je à murmurer, totalement perdu.
Jimin se détache d'un coup et se met dos à moi.
« Et bien maintenant, coupe le céleri s'il te plait. Tu m'as suffisamment regardé pour savoir comment faire. »
Mes yeux s'arrondissent en entendant ses paroles. Depuis quand savait-il que je le regardais ? Mes dents viennent mordre ma lèvre inférieure, quel idiot je fais ! La honte me gagne. Je m'exécute et coupe les aliments en reproduisant les gestes de Jimin tantôt. Je jette un dernier regard en sa direction. Il lave la patate douce dans l'évier avec énergie. Mes sourcils s'arquent lorsque je remarque que ses oreilles sont rouges.
Il rougit ..?
Un petit sourire orne mes lèvres, attendri. Mon cœur se sent plus léger. Je me sens idiot d'être heureux pour si peu.
« Dis Jungkook. » M'interpelle soudain Jimin.
Je me redresse en sa direction et le regarde, son visage revête ce masque impassible qui lui sied pourtant si bien.
« Ça te dit d'aller faire les courses avec moi demain matin ? »
***
Pourquoi je lui ai dit oui déjà ? Ah bah parce que c'est Jimin et ce mec m'attire à lui comme un putain d'aimant. C'est ainsi que moi, Jeon Jungkook, arpente les allées d'un supermarché pour préparer le festin du soir de notre dernier jour. Il est neuf heures du matin.
Une petite liste de course en main, mes yeux parcourent les étalages débordant de produits alimentaires. Les marques dansent autour de moi, les titres des produits me font bien rire parfois. « Taillefine » de la manipulation pure, faire rappeler à notre cerveau une silhouette élancée sur la plage et bouffer en même temps une barre de céréales bourrée de sucre. Les démons sont partout et les premiers sont bien les humains, le marketing c'est leur truc. Publicité mensongère, espoir continu, normes sociétaires : du lavage de cerveau, voilà ce que c'est. Pourtant, je suis là moi aussi, à acheter ces produits car nous en devenons dépendants.
D'ailleurs, je dois avoir l'air malin avec mon cadi dans le rayon « légumes ». Je pourrais presque me transformer en l'un d'eux, la fatigue m'achève. Ma main dépose ainsi les concombres, les courgettes et les radis blancs dans le cadi ... Euh Jimin serait pas en train de m'envoyer un message subliminal là ? Non ferme-la Jungkook, tu délires. Trois jours sans activités sexuelles, et ton esprit détraque déjà ? Un soupir franchit mes lèvres, mes propres pensées me désespèrent. Je zieute ensuite vers les derniers produits de la liste : des épices.
N'arrivant absolument pas à m'orienter, je demande de l'aide à une vendeuse. Cette dernière est enchantée de m'aider et n'a pas arrêté de zieuter sur mon torse. A croire que mes yeux sont plus bas.
Après quelques explications, je me retrouve devant les épices. Jimin m'a bien spécifié quelle marque il voulait, impossible de le leurrer sur ça. Seulement, elles se trouvent tout en haut et impossible de les attraper, même pour moi. Un énième soupir m'échappe. La fatigue ne m'aide pas, mon bras est aussi solide que de la pâte à modeler. Je jette un coup d'œil autour de moi, essayant de trouver quelque chose qui pourrait me tirer d'affaires, et aperçois une vendeuse en train de ranger des articles sur un tabouret.
Elle a l'air d'avoir bientôt fini cet emplacement. Une fabuleuse idée me traverse alors l'esprit, un fin sourire se dessine sur mes lèvres. Je m'avance le plus discrètement possible de cette jeune humaine, écouteurs vissés aux oreilles. Elle finit de ranger et prend d'abord le chariot rempli de carton. La femme disparait au bout de l'allée, j'en profite ainsi pour lui piquer son tabouret. En une fraction de secondes, me voilà comme un idiot à attraper mes diverses épices.
Ma tâche enfin finie, je saute de mon perchoir et dépose les flacons dans le cadi. Quelqu'un me tapote alors l'épaule. Ma tête se relève vers l'intrus qui n'est autre que la petite humaine, agacée.
« De quel droit avez-vous piqué le tabouret des employés ? Vous me dérangez dans mon travail. »
Son culot me surprend. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'adresse à moi ainsi. Je suis tout de même un client. La situation va pourtant vite tourner à mon avantage. Un sourire charmeur apparaît sur mes lèvres, mon regard de braise la transperce. La carte du séducteur est déposée sur la table.
« Je suis navré mademoiselle. Voyez-vous, j'avais du mal à attraper ces épices. » Je les lui désigne avant de revêtir un regard désolé, le genre de regard qui ferait flancher n'importe quelle fille. « Je vous prie de bien vouloir m'excuser. »
La vendeuse écarquille les yeux, comme si elle venait de comprendre qu'un dieu vivant se tenait devant elle. Son regard me dévore de la tête au pied, ses dents mordent sa lèvre inférieure. Elle a l'air d'apprécier ce qu'elle voit. La jeune femme sort ainsi un calepin, dont elle en arrache une page, et un stylo. Elle écrit dessus et s'approche de moi.
« C'est moi qui vous en prie ... » Minaude-t-elle en collant sa poitrine contre mon torse. Elle se penche ensuite à mon oreille et susurre avec sensualité. « La prochaine fois, pensez à prendre ça. » Je sens sa main glisser dans la poche de mon jean et y déposer le petit papier.
Mon sourire enjôleur s'élargit davantage, aimant l'effet que je produis sur cette jeune demoiselle.
Soudain, mon sixième sens s'active. Ma tête se redresse, mes yeux tombent dans ceux de Jimin. Il se tient au bout de l'allée, son visage ne laisse transparaître aucune émotion, pourtant, ses prunelles me laissent entrevoir sa déception. Mon sourire disparaît tout aussitôt, mon cœur se serre.
Sans une once de délicatesse, ma main s'abat sur l'épaule de la demoiselle et l'écarte de moi. Mes pas se précipitent en direction de l'alpha qui est déjà parti. Je m'active à travers les rayons et le retrouve à la caisse où il paie les articles. Mon corps se poste aux côtés du sien, mes prunelles posées sur sa silhouette me tournant le dos. Jimin empoigne les sacs et sort du magasin. Un silence de mort pèse entre nous. Dehors, le vent me fouette la peau, des frissons parcourent mon échine.
Je m'arrête alors en route et sors le numéro froissé de ma poche. La jeune fille réapparaît dans mon esprit : fine avec des formes, des lèvres généreuses, des yeux refaits. Elle est tout à fait mon style, sachant qu'une partie de jambe en l'air ne serait pas de refus. Néanmoins, avant même que mon cerveau puisse prendre une décision, mon cœur parle de lui-même. Le papier est déchiré et jeté à la poubelle. Mon corps reste un moment sans bouger, mes pensées contradictoires me laissent confus.
La voix basse de Jimin me fait prendre conscience de la situation.
« Tu ne le gardes pas ? Elle n'était pas assez belle pour toi ? » Son ton est acerbe.
Jimin ne déguise pas son agacement et cela m'étonne. Mon cerveau fait alors la connexion entre sa remarque et la phrase que je lui avais asséné au début du séjour : "s'il n'était pas assez beau, il n'y avait aucune chance que je me souvienne de lui". Cette constation m'enchante plus qu'elle ne le devrait. Jimin se soucie de mon regard sur lui, de l'importance que je lui porte.
« J'aurais pu le mettre dans mon répertoire mais je n'en ai pas envie. » Répliqué-je désinvolte.
Jimin soutient mon regard, le moins du monde impressionné. Une mine sérieuse peint ses traits jusqu'à ce qu'un sourire narquois vienne les détendre. Son changement de comportement me laisse dubitatif. Il renifle amusé et empoigne les sacs à terre.
« C'est bien, Kookie devient grand. » Dit-il sarcastique.
Mes sourcils se froncent, mécontent de ce revirement de situation. Il ne se chamaille pas davantage avec moi et part en direction de la voiture. Mon corps reste immobile, mes pupilles observent sa démarche assurée et élégante. Je grommelle des choses incompréhensibles avant de m'élancer à sa poursuite. Ma main gauche effleure sa droite avant de le débarrasser de deux sacs. Jimin se contente de me regarder sans rien ajouter. Seulement, son sourire satisfait en dit long sur ses pensées.
***
Non mais qu'est-ce que je fous là ? Personne n'a pitié de moi ou quoi ? Hoseok doit penser la même chose que moi, au vu de sa mine déconfite. Mon corps vogue légèrement à la puissance du vent. Nous sommes dans une tour de fer ouverte, des professionnels nous préparent pour le saut à l'élastique. Mon estomac se tord, le stress me broie déjà de l'intérieur à l'idée de sauter.
De un, on m'a fait enfiler un harnais bien trop serré pour mes couilles. Et de deux, le fait de sauter d'une tour comme si j'allais me suicider ne m'enchante guère.
Mes jambes flagellent, mon cœur se détraque. Taehyung arrive alors à mes côtés et frotte gentiment mon épaule. Ce contact me rassure un tantinet, un sourire forcé se forme sur mes lèvres. Une mine embêtée se place sur le visage de mon frère.
« Je vais sauter avec toi Jungkook. » M'assure Taehyung.
Mes prunelles apeurées le scrutent. Sa main vient se loger dans la mienne, un grand sourire étire ses lèvres. Son comportement enfantin me réchauffe le cœur. Je serre un peu plus fort sa main, la peur qu'elle s'échappe.
Les moniteurs nous donnent alors les dernières règles de sécurité. Il va bientôt falloir s'élancer. Namjoon et Yoongi proposent d'être les premiers. Ils vont ainsi montrer l'exemple. On vérifie une dernière fois leur équipement puis l'équipe leur donne le feu vert. Ils sautent dans la seconde, leurs cris de joie résonnent à travers les montagnes. Mon cerveau interprète l'écho comme le rire du diable. Je déglutis lentement, une boule se forme dans ma gorge. Notre tour vient après.
Nous nous approchons ainsi du vide et attendons l'autorisation. Nos pieds au bord, nos corps entre deux mondes. La nervosité paralyse mes membres, la respiration devient difficile. Mon cœur se serre un peu plus, chaque seconde qui passe. Mes yeux s'embuent, cette expérience est de loin la plus terrifiante que je vais vivre. Cette angoisse s'amplifie au fond de ma poitrine. Ma main resserre sa prise sur celle de mon frère. Taehyung se tourne vers moi.
« Tu es sûr de pouvoir le faire Jungkook ? » Crie-t-il, le vent interfère avec ses mots.
Je hoche difficilement la tête, mon estomac se nouant de plus en plus.
Son parfum enivrant enveloppe alors mes sens. Jimin est derrière moi. Je me retourne vers lui et tombe dans ses deux précipices. Son regard braqué sur moi, une lueur inexplicable traverse ses pupilles. Il dégage une aura me clouant sur place. Sa confiance m'est transmise, l'adrénaline parcourt petit à petit mon corps. Nos regards ne se lâchent pas un seul instant. Il est temps de sauter à présent, néanmoins, je retarde un peu ce moment.
« Jungkook, t'es prêt ? » Me hurle Taehyung.
Mon cœur pulse comme un fou, mes yeux ancrés dans ceux de Jimin. Ses lèvres s'entrouvrent, me délivrent un message.
« Je crois en toi. »
Un gong est frappé dans ma poitrine. Mes paupières se ferment. Je bascule dans le vide.
***
Je n'arrive pas à croire que j'ai réussi à sauter cet après-midi. Tout m'est paru si irréel. La sensation de se jeter, cette perte de contrôle me rendait si puissant, comme si toutes mes peurs mourraient dans ce saut. L'adrénaline n'est toujours pas redescendue depuis. Je me retrouve dans mon lit, à observer un plafond immaculé, à plus de deux heures du matin. Mes problèmes d'insomniaque confirmé n'arrangent pas mon cas. Mon corps ne supporte pas plus longtemps l'hypertension et se redresse du matelas. Je m'extirpe des draps, pense à prendre un pull, mes fidèles Timberland, et sors pour de bon de la chambre. Je descends jusqu'au salon, toutes les lumières sont éteintes. L'illusion d'entendre sa voix me murmurer dans la pénombre « Je crois en toi ». Je soupire, le cœur lourd. Jimin envahit mes pensées.
Mes pas m'emmènent jusqu'à la vitre du salon que j'ouvre pour me hisser au-dehors. L'air frais de la montagne rafraichit mes membres. Le bruissement des feuilles comblent le silence de la nuit. Le vide s'installe dans mon cœur. Je me retrouve seul avec mes peines et mes tourments. Le regard perdu dans la nuit. J'avance à l'aveugle sur le terrain, l'herbe mouille le bas de mon jogging.
Soudain, des bruits de flashs perturbent le calme de la nuit. Ma tête se tourne en leur direction, mes yeux se posent sur la silhouette de Jimin. Il est accroupi dans l'herbe, ses genoux sont trempés. Je m'avance délicatement vers lui, ne voulant pas le perturber. Il se redresse en sentant ma présence, lève sa tête vers moi et observe ma tenue. Son appareil photo retombe le long de son torse, il se relève et nettoie rapidement ses genoux.
« Pourquoi tu ne dors pas ? » Me demande-t-il en se redressant.
« Je n'y arrive pas. » Lui répondis-je naturellement.
Ses iris me transpercent, ils pourraient se confondre avec la noirceur de la nuit. Il continue de me scruter en silence. Son manque de conversation me gêne, ma main vient gratter ma nuque.
« Tu arrives à prendre des photos dans cette nuit noire ? »
Il hoche la tête.
« J'ai le matériel pour. »
Je hoche la tête à mon tour, ne sachant pas quoi répondre. Je suis trop fatigué pour réfléchir à autre chose de toute façon. Mon regard se fait alors attirer par une petite lumière entre les fougères. Je m'accroupis, ma curiosité piquée. Mes yeux se plissent, n'arrivant pas à distinguer ce que cela peut être. Un sourire illumine mon visage lorsque je distingue le petit insecte.
« Un ver luisant ! » M'exclamé-je. Je n'en avais jamais vu.
Le flash se déclenche. Je reste interdit un instant, me demandant ce qui a bien pu se passer, et me tourne lentement vers Jimin qui abaisse son appareil photo dirigé vers moi. Il s'était produit exactement la même chose le soir où nous avions joué à des jeux de société. Mes sourcils s'arquent, mes joues se réchauffent. Heureusement, il ne peut pas le voir. Je me racle la gorge, essayant de reprendre contenance.
« Je pensais que tu ne prenais en photo que des choses belles qui suscitaient en toi de l'intérêt ? » Ma voix tremble, mon cœur bat à tout rompre.
Jimin n'ose plus croiser mes yeux, il peine à trouver ses mots. Un soupir lui échappe. Il a l'air nerveux et c'est bien la première fois que je lui prête cette attitude. Il relève soudainement la tête, le regard dur.
« Tu veux savoir pourquoi ? » Me dit-il d'une voix colérique.
Il s'avance vers moi à grand pas, ce qui me fait me redresser en quatrième vitesse. Je déglutis bruyamment, pris au dépourvu par sa réaction. Son doigt accusateur vient frapper mon torse.
« La réponse, tu la connais déjà. Tu étais beau car tu étais juste toi. Pas d'artifices, pas de rôle, pas de semblant. Juste, toi. » Il appuie les derniers mots de sa tirade.
Ses propos me laissent sans voix. Sa proximité avec moi me rend nerveux, sa sincérité m'arrive en plein cœur. Jimin laisse trainer son regard au sol, lui comme moi ne savons quoi faire ou dire. Il décide alors de partir, me laisser là avec ses mots sur la conscience. Les réentendre en boucle dans ma tête, me tuer à les comprendre, à le comprendre. Une tempête de sentiments s'insuffle en nous et nous essayons tant bien que mal de nous en protéger.
Ma main attrape alors son poignet lorsqu'il passe à côté de moi. Son corps se fige, ses yeux se baissent sur ma main. Je décide de délivrer les premiers mots qui me viennent à l'esprit.
« Là, tout de suite, j'aimerais être une fourmi ... » Murmuré-je.
Ses prunelles se lèvent sur mon visage, cherchent des réponses. L'incompréhension se lit sur son visage. Il ne comprend pas la signification de mes mots.
« Je suis vraiment heureux de le savoir ... » Me dit-il maladroitement.
Je secoue la tête. Ma main tremblante glisse jusqu'à la sienne, mes doigts s'entremêlent aux siens. Sa peau est douce, sa chaleur me donne de la force. J'inspire un grand coup et finis ma pensée.
« Comme ça, tu pourras me regarder avec douceur et me sourire avec le cœur ... »
J'avale ma salive avec difficulté et baisse le regard à terre. Mes mots m'embarrassent, pourtant, ils ne peuvent être plus sincères qu'en cet instant. Je lâche sa main et aimerais en ce moment m'enfoncer dix pieds sous terre. Le remord m'assaille. Je vois alors ses pieds se positionner face à moi. Ses prunelles me transpercent de toute part.
« Jungkook. »
Mon prénom est prononcé avec une telle conviction, je ne puis rien faire à part relever la tête et croiser ses orbes envoutants. Sa silhouette se détache dans la pénombre, il ne m'est pas difficile de distinguer ses traits harmonieux. Je remarque alors sa main tendue en ma direction. Mes yeux font un aller-retour entre elle et son propriétaire. L'incompréhension me gagne. Ne voyant aucune réaction de ma part, il finit par me prendre la main pendue le long de mon corps. Mon cœur flanche, mes pieds ont du mal à suivre sa marche rapide. J'ai failli m'étaler deux fois par terre, mes jambes étant aussi solides que du papier crépon.
Son comportement me laisse incrédule, pourquoi réagit-il ainsi à mes mots ?
Je me stoppe soudainement. Son corps part un peu en arrière, ne s'attendant pas à cet arrêt. Jimin se tourne de nouveau vers moi, nos mains toujours entrelacées.
« Explique-moi. » Ma voix est grave mais pas autoritaire.
Mes pupilles ne laissent paraitre aucune faille, mon expression est sérieuse. Il me dévisage en silence puis porte sa main à sa bouche, étouffant un rire. Ses iris effleurent avec tendresse ma peau, mes joues doivent virer au rouge en ce moment. Jimin tape du pied frénétiquement, prend une inspiration.
« Il n'a pas lieu de comprendre, je souhaite juste être avec toi en ce moment. Mes actions parlent plus qu'un simple sourire. »
Mes yeux s'arrondissent, sa réponse me rend toute chose. Jungkook, il a laissé sous-entendre qu'il aimait ta compagnie ... T'as pas rêvé hein ? Je me mords la lèvre, n'arrive plus à soutenir ses prunelles brûlantes. Nous reprenons ainsi notre marche jusqu'à la maison.
Nous rentrons par la véranda et arrivons dans le salon. Jimin lâche alors ma main et se frictionne les bras. Un vide se fait ressentir, la chaleur retombe d'un coup. Néanmoins, le voyant frigorifié, je me dépêche de lui prendre une des couvertures dans une armoire. Ses yeux se posent dans les miens, passent de la couverture à mon visage. Il l'a saisi enfin et l'enroule autour de lui.
« Merci. » Murmure-t-il simplement, sa voix étouffée par la couverture sur son visage.
Je lui souris et lui indique d'un mouvement de tête le canapé.
« Assieds-toi, je vais te préparer un truc chaud. »
Ses sourcils s'arquent, surpris par ma proposition.
« T'es sûr que tu veux pas m'empoisonner plutôt ? » Lâche-t-il d'un ton sarcastique.
« Ah. Ah. Si tu continues ainsi, j'en serais bien capable. »
Je file ensuite dans la cuisine et sort la poudre de cacao, le lait et la crème fouettée. Ma mère m'avait appris quand j'étais gamin à préparer un chocolat chaud. C'était la première boisson humaine que j'ai essayé de ma vie et étonnamment, je l'avais bien supporté. Je prépare ainsi le chocolat chaud pour Jimin et le verse dans une belle tasse. Décidé à sortir le grand jeu, un petit biscuit est disposé sur le bord. Il en a mangé pas mal ce soir, il doit les aimer.
La présentation finie, mes pas me ramènent au salon où Jimin se trouve. Il est sagement assis sur le canapé et s'est récupéré un livre en attendant. Des lunettes de formes carrées reposent sur son nez. Elles lui donnent un air plus sérieux et en même temps sexy. Calme tes hormones Kook. J'arrive à sa hauteur et dépose la tasse sur la table basse. Ses yeux inspectent la boisson, un de ses sourcils s'arque. Il se mord la lèvre, empêchant un sourire de se dessiner sur ses lèvres.
« J'ai pas compris, tu veux m'empoisonner ou me faire grossir ? »
Sa réflexion me fait sourire, mes prunelles s'ancrent aux siennes. Mes mots sont doux, bienveillants.
« Aucun des deux, juste te faire sentir bien. »
L'expression de Jimin redevient sérieuse, il ne dit plus rien et attrape la tasse. Il apporte le breuvage à ses lèvres et goutte. Ses yeux s'écarquillent, un sourire enfantin apparait sur ses lèvres. Sa réaction me prend de court, je l'observe en silence reprendre une gorgée. Une chaleur s'installe dans mon estomac, je me sens bien. Jimin se redresse un peu à l'aide de l'accoudoir et se racle la gorge. Nous nous faisons face, nos pieds sont sur le canapé, quelques centimètres les séparent.
« Il est pas trop mal, je suis étonné que tu saches bien les préparer. » Me dit-il d'un air hautain.
Sa phrase me fait sourire. Je sais très bien qu'il trouve mon chocolat succulent.
« Tu peux le dire ouais, ton homme sera bon en cuisine. » Lui rétorqué-je, vantard.
Il écarquille les yeux et faillit se renverser la boisson dessus.
« Mon ... Quoi ? Ah. Ah. Tu rêves. »
Il finit sa phrase en me regardant de bas en haut, un air dégouté au visage.
« Prend pas cette mine écœurée, je sais que tu apprécies ce que tu vois. »
Je hausse les sourcils d'un air charmeur, un sourire séducteur étire mes lèvres. La grimace de Jimin se renforce, un rire de dédain franchit ses lèvres. Son attitude m'amuse, nous chamailler pourrait devenir mon activité favorite.
« Tu es tout ce qu'il y a de plus normal. » Me répond-il entre deux gorgées.
Je fais une petite moue comme le chat potée, feignant d'être vexé par ses paroles. J'ai remarqué grâce à Hoseok qu'il ne résiste pas longtemps à ce genre de mimique. Il ne daigne d'ailleurs plus me regarder. Ma main vient caresser sa cheville pour attirer son attention, il rétracte sa jambe tout aussitôt. Son regard noir se pose dans le mien, je ne lâche cependant rien et continue ma moue adorable. Ce soir Jungkook tu as perdu toute ta virilité mais c'est pour la bonne cause.
En effet, Jimin ne met pas longtemps à craquer.
« Bon tu es ... Pas mal ... Pour faire des chocolats chauds. » Se rattrape-t-il en levant les yeux au ciel.
Mon visage arbore un sourire taquin, Jimin est adorable. Malgré l'expression impassible qu'arbore son visage la plupart du temps, son esprit regorge de merveilles. Il intériorise toutes ses émotions et j'éprouve un certain plaisir à le faire craquer.
« D'ailleurs, comment ça se fait que tu saches les faire ? »
Sa question me ravit. Un rictus se place sur mon visage.
« Dis-donc, Park Jimin s'intéresse à moi ? »
Il n'a pas l'air d'apprécier ma prétention et grogne. Il lève les yeux au ciel et prend appui sur le canapé pour se lever.
« Bon si c'est comme ça ... »
Il allait partir mais ma main attrape son poignet. Mes pupilles suppliantes plongent dans les siennes. Le regret m'assaille aussitôt, ce moment privilégié avec lui doit durer plus longtemps. Sa présence m'apaise tout comme elle me stimule. Avec lui, j'ai l'impression de pouvoir délivrer toutes mes facettes, de redevenir cet ado qui découvre son cœur battre pour la première fois.
« Non attends ... S'il te plait, reste. » Chuchoté-je.
Jimin ne dit rien, ses yeux toujours ancrés dans les miens. Il se rassoit lentement, le chocolat dans les mains. Le silence nous enveloppe, pourtant, il ne pèse pas sur mon cœur.
« Je reste Jungkook. »
Ses mots murmurés sont emplis de chaleur. Elle s'abrite dans mon cœur et ma mémoire, éclaire mes rêves les plus froids et noirs. Ma gorge se noue, Jimin m'a coupé le souffle. Ses prunelles profondes engloutissent mon monde.
« Donc, qui t'a appris à faire ce chocolat ? »
Sa question me fait reprendre mes esprits. Je cligne plusieurs fois des yeux avant de lui répondre à nouveau à la hâte.
« Ma mère ... Quand j'étais petit, elle m'apprenait quelques recettes pour les loups et les humains. »
Une petite étincelle dans ses yeux s'éteint en entendant ma réponse. Ses yeux se baissent sur le chocolat, un sourire triste nait sur ses lèvres. Mes yeux s'arrondissent en le voyant ainsi, la panique s'empare de moi. Je m'apprête à répliquer autre chose, enlever cette expression mélancolique de ses traits lorsqu'il se met à parler.
« Ma mère n'a jamais eu le temps de m'apprendre ce genre de choses, je me demande si elle m'aurait appris la cuisine. A l'époque, j'avais deux mains gauches. »
Il reprend un peu de son chocolat après sa déclaration. Mon cœur se fissure, son ton est voilé par la tristesse. Je ne sais pas quoi lui dire, je n'ai jamais été bon pour réconforter les gens. Néanmoins, je décide de prendre sur moi, d'essayer car c'est lui.
« Je ne sais pas ce qui est arrivé à ta mère mais si elle peut pas t'apprendre à faire la cuisine ... » Je marque un temps, cherche mes mots et délivre les plus sincères. « Est-ce que tu aimerais qu'on apprenne à la faire ensemble ? Comme hier ... Mais en moins calamiteux. » Rajouté-je en rigolant.
Mes joues doivent être cramoisies, ma tête se baisse pour qu'il ne les voit pas. Je me mords nerveusement la lèvre, attendant sa réponse. Quelques secondes s'écoulent, un rire attendri parvient à mes oreilles. Je relève la tête pour découvrir Jimin, un sourire radieux aux lèvres. Ses grands yeux se plissent, des petites rides d'expression sur ses tempes. Mon cœur se met à se débattre dans sa cage, mes mains en tremblent. Ses iris tendres affolent mon esprit. Ces mots taquins se tissent dans ma mémoire au fil doré.
« J'accepte avec plaisir Kookie. »
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ALLEZ-Y, balancez vos avis sur le jikook ! Surtout les lectrices qui n'aiment pas trop (ou pas du tout), ce qu'elles en ont pensé ici ! Vous pouvez tout me dire, j'accepte toutes sortes de critiques (par contre être critique, ne rime pas avec méchant hein)
Donc, allez, dîtes-moi vos pensées sur ce long chapitre encore une fois ! (même les lecteurs fantômes !)
Ame_futuriste xx
Ps : Merci beaucoup pour les plus de 37K vues et les 5K votes, c'est juste énorme ! Vous pouvez vous applaudir !
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