38| Retrouvailles tumultueuses (1/2)
Très long chapitre pour votre plus grand bonheur ou non :') ... (~10000 mots ... Je me suis surpassée (oui ça a augmenté)).
(Donc Jimin a bel et bien les cheveux noirs.)
(J'en ai remis une, au cas où vous n'auriez pas compris.)
(Oups, mon doigt a ripé.)
Bonne lecture !
Park Jimin
Je chope Alcools d'Apollinaire et le mets dans mon sac à dos. Ces temps-ci, je me lance dans des lectures françaises un peu plus poussées pour pouvoir explorer cette langue littéraire envoûtante et mieux m'exprimer avec ma famille éloignée. J'attrape ensuite mon imposant appareil photo, soigneusement disposé dans sa housse, et le mets également dans mon sac. Je vérifie une dernière fois d'avoir bien pris toutes mes affaires.
Des fringues, des caleçons et des chaussettes -c'est bien, on a déjà le minimum-, ma trousse de toilette, mon licra, ma combinaison de canyoning, mes chaussures pour l'eau, mes baskets, les cordes pour l'escalade ou étrangler quelqu'un -tout dépendra de la situation-, mon masque pour dormir, mon coussin et mon plaid, mon casque pour pas être emmerdé, mon livre et le plus important : mon appareil photo.
Un petit sourire étire la commissure de mes lèvres. C'est bon, je suis fin prêt.
Hier, Yoongi a annoncé à l'ensemble de la famille qu'il avait une semaine de « repos » grâce au meurtre qu'il y a eu dans son établissement. Kura a alors décidé de partir dans le sud de la Corée, prêt des montagnes pour un petit séjour « sports extrêmes ». Chonay en a profité pour m'expédier de l'enquête, que j'aille « m'aérer l'esprit » comme il dit. Sur le coup, j'ai explosé. J'ai très mal pris le fait qu'il m'envoie balader après lui avoir apporté toutes les informations sur un plateau d'argent.
La vaisselle a volé, les cris ont fusé, les insultes les ponctuaient. Personne n'osait me calmer. Les membres de ma famille savent à quel point je suis agressif lorsque mon alpha prend le dessus. Chonay m'a alors assuré qu'il lui était inconcevable pour lui de m'expédier définitivement de l'enquête. Je pourrai revenir dessus après ces petites vacances. Ce léger compromis a apaisé mes humeurs, j'ai finalement accepté.
Je distingue du bruit dans la maison, les invités sont arrivés. En effet, Yoongi a proposé à Taehyung de venir avec nous. Il lui a bien spécifié que ce serait des vacances sportives. Ce dernier a accepté avec d'autant plus d'entrain. Son petit frère s'est alors invité de lui-même, sans même savoir le motif de notre séjour. Il n'a rien de particulier à faire cette semaine apparemment. De toute façon, une personne de plus ou de moins, ça ne me dérange point. Je ne serais pas obligé de beaucoup lui parler, juste être courtois et prendre de beaux clichés. J'en ai donc profité et ai invité Hoseok, il n'a pas hésité une seule seconde. Je ne lui ai toujours pas dit que ça allait être des vacances à sensations fortes. Je vais bien me marrer.
Mes bagages en main, je sors de mon placard à balai et rejoins le salon. Arrivé dans le séjour, mon regard croise celui de Jongyu avachi dans le canapé, une moue défaitiste sur le visage. Jiyo est à ses côtés, logée dans ses bras. Il imite de faux pleurs en voyant mes bagages.
« Jimin, c'est pas juste ! Pourquoi je suis obligé de travailler à la banque ? » Geint-il.
« Parce que t'as une vie de merde. » Lâché-je sans une once de pitié.
L'aîné me lève son doigt d'honneur en guise de réponse, sa mine renfrognée s'accentue davantage. Jiyo sent les ondes négatives de son amoureux et relève la tête. Elle se tourne vers moi, les sourcils froncés, et me dit de « ne pas en rajouter ». Elle ne m'a pas entendu mais elle connaît bien mon caractère. Son action me décoche un rire cynique. Je les gratifie d'un vague salut et pars déposer mes bagages dans un coin du salon, au milieu de tous les autres.
Les deux grands frères de Yoongi, la mère de Namjoon et Chonay sont les seuls à rester. Mes grands-parents vont pouvoir se ressourcer, l'air frais de la montagne leur fera le plus grand bien. Le père de Namjoon et lui-même se sont libérés de leur travail pour cette semaine tandis que Kura a organisé le voyage de A à Z.
Cette dernière arrive derrière moi, un grand sourire éclaire son visage.
« Jimin, viens donc dire bonjour à Taehyung et son frère, Hoseok est là aussi ! » Me dit-elle, en m'empoignant le bras.
Elle me guide ainsi vers l'entrée, d'un pas pressé. Je la suis sans ronchonner mais ne peux m'empêcher de lever les yeux au plafond. Une odeur attire alors mon attention. Elle est de plus en plus saisissante au fur et à mesure de mes pas. À la seconde où mon corps passe l'embrasure de la porte, mes yeux rencontrent les siens. Ses cheveux bruns sont légèrement dégagés sur son front, ses traits me sont parfaitement visibles et reconnaissables. Pincez-moi, je rêve.
Son visage se décompose, le mien doit être semblable. Qu'est-ce que j'ai dit à Jongyu déjà ? Qu'il avait une vie de merde ? Ah ... Je ferais mieux de me la fermer parfois.
Je prie pour que ce ne soit qu'un problème de vue ou bien le fruit de mon imagination. Pourtant, il reste debout face à moi, aussi solide qu'un rock. Son corps s'est paralysé. Si Hoseok ne m'avait pas sauté dessus, je me serais demandé si je n'étais pas mort sur place. Malgré la masse de mon vieil ami sur le dos, mes yeux ne se détachent toujours pas de son visage.
Le petit con, la mauviette, cette espèce de playboy se trouve dans mon entrée.
Je vois rouge. Deux options s'offrent à moi : l'ignorer comme je sais si bien le faire avec des personnes dans son genre ou bien le chasser de chez moi à coups de pieds au cul. Mon cœur balance dangereusement vers la deuxième solution. Mes poings se serrent, la colère grimpe en mon être. Cependant, Hoseok ne me laisse pas le temps de lui briser le cou.
« Allez, on y va ! Jimin, qu'est-ce que t'as à rester planter comme une courge dans l'entrée ? » Me presse mon ami.
Sa touffe orange se met dans mon champ de vision, l'intrus m'est ainsi caché l'espace d'un instant. Le calme essaie de s'instaurer en vain. Hoseok se décale à nouveau et me laisse voir l'énergumène se tenant à deux mètres de moi. Nos prunelles rentrent en collision, cette fois-ci, il revête son plus beau masque. Un sourire forcé aux lèvres, la main tendue en avant. Il est prêt à jouer le rôle du parfait petit-frère.
J'aperçois alors Taehyung derrière lui, un beau sourire sur le visage. Il discute avec Yoongi, ils sont dans leur monde. Je m'avance alors vers eux. Mon corps esquive avec adresse l'obstacle me faisant face et se plante devant les deux tourtereaux. Ma main vient attraper celle de Taehyung avec entrain. Un immense sourire se plaque sur mes lèvres. Yoongi a un mouvement de recul, Taehyung hausse des sourcils, surpris par mon comportement.
« Salut Taehyung ! Je suis super content que tu sois venu. »
Je sens derrière moi, une paire d'yeux qui me mitraillent le dos. Un rictus incontrôlé prend place sur mes lèvres. Yoongi hausse un sourcil, se demande quelle mouche m'a piqué.
« Salut Jimin, merci surtout de nous accueillir mon frère et moi. » Sa main montre quelque chose derrière moi. Ah oui, son frère. « Je te présente Jungkook. » Me dit-il, en lui souriant.
Je finis ainsi par me retourner vers lui. Il me regarde, ses yeux semblables à des dagues aiguisées. Je n'en ai que faire, ce n'est pas ce morveux qui va m'effrayer. Je m'approche de lui, mes traits se crispent, chaque partie de mon corps se tend. Me retrouver si près de lui m'énerve, la tension est présente. Elle surplombe l'atmosphère conviviale, pourtant, seuls nous pouvons la ressentir.
Je lui offre mon plus beau sourire hypocrite, lui montrant de cette manière la grande antipathie que j'éprouve à son égard. Il me le rend bien et attrape ma main, posée le long de mon corps, d'un coup sec. Ce soudain contact hérisse mes poils, l'impression que de l'électricité passe au bout de mes doigts. Mon cœur a légèrement accéléré sa cadence. Je me hais de ressentir de telles sensations. La rancœur étant toujours présente dans mon esprit, mes pensées se focalisent sur la seule idée de lui broyer la main. Un duel acharné s'engage alors entre nous.
« Oh, je ne t'avais pas vu excuse-moi. » Mes mots amicaux d'apparence sont empreints d'un venin qu'il arrive très bien à percevoir.
Son sourire s'élargit, l'impression que la commissure de ses lèvres va se déchirer.
« Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas grave. Jungkook et toi ? » Sa réponse est sur le même ton.
Il me secoue la main, je me cale sur son rythme. La lutte est féroce, nos os se font littéralement briser.
« Jimin, le cousin de Yoongi. On ne s'est jamais rencontré dis-moi ? » Ma question est comme un rappel, lors de ce voyage nous serons deux inconnus.
« Non, jamais. Sinon ... C'est que tu n'es pas assez beau pour que je retienne ton visage. »
Ma mâchoire se contracte, sa réplique me fait grincer des dents. Ma main exerce un peu plus de force sur la sienne. Il s'extirpe alors de ma poigne d'un geste brusque et secoue légèrement son poignet. Ses doigts doivent être engourdis, sa peau vire au violet. Taehyung lâche un soupir et secoue la tête, les propos de son frère ne lui sont pas inconnus. Mon hypothèse est validée : c'est un vrai playboy. Il me sort par les yeux.
Mes cousins et Hoseok me lancent des regards en biais, suspicieux ; mon comportement les intrigue. Ils ne sont pas dupes. Cependant, je n'y prête pas attention. Tout leur avouer, ce serait le pompon.
Mon corps se faufile alors le long du mur et rejoint le salon. Je chope quelques bagages et file directement au-dehors. L'air frais caresse mon visage, mes poumons se dilatent. La montagne me fera le plus grand bien. Je jette un dernier coup d'œil à l'intérieur de la maison. Kura lui offre un accueil des plus chaleureux et vient l'enlacer de ses bras. Un grognement résonne dans ma gorge. Les membres de ma famille vont être adorables avec lui alors que Jungkook est faux. Il joue un rôle.
Mes jambes me portent ainsi vers l'une des voitures, exaspéré. Les bagages atterrissent dans le coffre, disposés avec soin pour ne pas gêner la vue du conducteur. Je m'écrase ensuite sur la banquette arrière, côté fenêtre. Cette dernière est entrouverte et laisse passer un peu d'air. Je prends mes affaires dans mon sac et les dispose pour le voyage. Mon plaid sur les genoux, mon oreiller autour du cou, mon masque sur les yeux et mon casque sur les oreilles. Mon corps gigote ensuite quelques secondes sur place, essaie de trouver une position confortable pour dormir. La mélodie du piano s'écoule dans mes oreilles et m'aide à me calmer. Au fil des secondes, mon esprit arrive à trouver le chemin jusqu'au pays des rêves.
***
Quelqu'un me frappe l'épaule, un côté de mon casque est retiré. Des cris stridents vrillent mes tympans.
« Allez, on se réveille ! » Me crie la voix lointaine du rouquin.
« On est arrivé petite marmotte ... » Me dit Namjoon d'une voix basse et douce.
Il retire mon masque lentement de façon à ne pas m'aveugler. Ses gestes sont délicats, attentifs, Namjoon quoi. Mes pupilles découvrent son visage orné d'un beau sourire. Ses grandes fossettes lui donnent un air adorable. Une chaleur s'immisce dans mon estomac en observant son visage bienveillant. Il se décale ensuite de moi et sort de la voiture. Mon plaid est déjà soigneusement plié dans mon sac, cette petite attention me réchauffe le cœur. J'enfourne le reste de mes affaires et file dehors.
A peine ai-je posé un pied sur les graviers, le vent fouette ma peau. L'odeur de la verdure et des animaux s'engouffre dans mes narines. Les rayons du soleil se faufilent à travers les feuilles et éclairent ma peau laiteuse. Mes yeux se ferment, appréciant la douce chaleur.
« Jimin, tu viens ? J'ai la dalle ! » S'exclame Hoseok au loin.
Mon corps se tourne vers lui et fait ainsi face à notre belle demeure. Elle me fait penser à un immense chalet, trois étages avec un énorme jardin arborant tout type d'arbustes et de fleurs. La maison est entièrement en bois, la façade possède différentes teintes de marron. Cet endroit majestueux m'avait manqué.
Je m'élance vers la maison et referme derrière moi le petit portillon. Mes pas suivent les gros galets enfoncés dans la terre, le chemin est encadré de fleurs aux mille et une couleurs. Mon ami m'attend toujours au pas de la porte, un sourire étire ses lèvres. Son enthousiasme déteint sur moi. Mes pensées s'égarent alors sur nos futurs activités et aux belles réactions qu'il va m'offrir. Rien que d'y songer, un petit rire moqueur franchit mes lèvres.
« Pourquoi tu rigoles ? » Me demande-t-il, un sourcil levé.
« Oh ... Pour rien, pour rien. »
Il n'est pas convaincu mais n'en rajoute pas. Il préfère parfois ne rien savoir de mes idées farfelues.
Nous entrons. Les membres de ma famille s'activent déjà et ouvrent toutes les fenêtres pour aérer. L'entrée est spacieuse, le papier-peint de mauvais goût. La demeure est restée comme à l'époque de sa construction, nous n'avons pas changé grand-chose hormis l'équipement de la cuisine. J'arrive dans le salon et redécouvre cet endroit magique. L'impression d'être propulsé des années en arrière. Les mobiliers sont en bois de chêne ou de hêtre, dedans la vaisselle est également d'époque, tout en porcelaine. Le canapé et les fauteuils sont en cuir rouge, il craquelle un peu. Kura met une couverture par-dessus pour le protéger. Un petit sourire se dessine sur mon visage, l'atmosphère de ce lieu est apaisante. Cette résidence m'avait manqué.
Je sens alors un regard sur moi. Du coin de l'œil, je n'ai aucun mal à discerner sa silhouette. Ses iris errent sur mon corps, brûlent ma peau. Je décide de ne pas y prêter attention et me mets dos à lui.
« Bon les enfants, je vais vous dérouler le programme. » Nous informe soudain la mère de Yoongi.
Elle se place au centre la pièce pendant que nous nous installons sur les sièges. Toute notre attention lui est déléguée.
« Comme vous le savez, nous allons faire plein de sports de montagne et extrêmes cette semaine ! » Commence-t-elle.
Un cri s'élève.
« Hein, extrêmes !? »
Les yeux de Hoseok sortent de leurs orbites. Ses sourcils se froncent, son regard se dirige sur moi en un éclair. Il va m'en vouloir mais je m'en fiche. Un rictus moqueur se forme sur mes lèvres. Yoongi et Namjoon soupirent, ils ont très bien compris mon manège. Kura n'en tient pas rigueur et continue ses explications.
« Votre oncle a déjà préparé les repas. Il est 14h passé et nous avons rendez-vous en contre-bas, à la rivière pour faire du canoë ! Nous y allons à pied, un peu de marche ne nous fera pas de mal. Pour ce qui est des chambres, vous êtes assez grands. Débrouillez-vous. Il y en a déjà une pour les grands-parents et une pour nous. » Dit-elle en pointant mon oncle. « Il en reste deux, je vous laisse vous organiser ! »
Nous nous regardons, hébétés. Je prends soin d'éviter tout contact visuel avec Jungkook. Ce dernier gesticule sur sa chaise et respire fort. Il ressent mon rejet et en a l'air agacé. Tant mieux. Hoseok me jette un coup d'œil, une petite moue sur le visage. Je comprends ce regard et me décide à prendre la parole.
« Yoongi, Taehyung et Jungkook d'un côté ; Namjoon, Hoseok et moi de l'autre. » Ma voix scinde l'air, personne n'ose me contredire.
La discussion est close. Je tapote doucement l'épaule d'Hoseok qui se tourne, et lui sourit. Il soupire fort puis se relève tout comme moi. Nous prenons les escaliers, en direction des chambres au troisième étage. Pendant que nous montons, je m'assure que mon ami ne m'en veuille -tout de même- pas trop.
« Tu sais que j'ai omis de te le dire pour être sûr que tu viennes ? »
Sa tête se tourne vers moi. Ses prunelles passent sur mon visage, je lui fais une petite moue adorable. Il ne dit rien jusqu'à ce qu'un petit sourire vienne se dessiner sur ses lèvres.
« Je sais. Tu m'aimes trop. » Rigole-t-il.
Je le suis dans sa taquinerie et lui assène une petite tape sur l'épaule. Il a raison.
***
Nous sommes enfin tous en combinaison, ce fut un long périple afin d'en trouver une à la taille de chacun. Kura en avait ramené plusieurs et les a prêtées à Taehyung, Hoseok et l'autre. L'eau de la rivière se répercute sur les rochers, le clapotis et le bruissement des feuilles se répondent. Les canoës sont déjà dans la rivière, retenus par de fines cordelettes. Le courant est assez rapide aujourd'hui, les coques tapent les unes contre les autres. Un rictus fend mes lèvres, le temps nous est favorable. Les sensations vont être superbes.
Du coin de l'œil, j'aperçois Hoseok demander à Namjoon d'être son coéquipier. Je ne laisse pas le temps à mon cousin de lui répondre. Ma main chope le bras de mon ami et le tire jusqu'au premier canoë. Arrivé devant, je me tourne vers lui et me délecte de sa mine inquiète.
« Roh allez ... Tu ne vas pas avoir peur d'une petite balade en canoë tout de même ? »
« Ce n'est pas le canoë qui me fait peur mais le coéquipier ! Avec toi, on va aller mille fois plus vite dans toutes les cascades ! » S'écrit-il.
« C'est bien pour ça que tu vas porter un casque ... » Mon doigt tapote sa tête. « En cas de chute, on sait jamais. »
Ses yeux s'arrondissent de plus belle, le stress monte en lui. Le voir dans cet état m'amuse énormément. Je ne lui laisse pas le temps de s'enfuir et abats le casque sur sa tête. Mon corps se décale et ma main le pousse en avant pour qu'il prenne place sur le canoë. Un sourire étire mes lèvres tandis qu'un grognement franchit les siennes.
Une voix m'interpelle soudain et me coupe dans mon élan.
« Jimin, ne pars pas trop loin surtout ! Il serait bête de vous perdre à l'embranchement ! » Me hurle Kura, en donnant des casques à son fils et Taehyung.
Je lui montre que j'ai bien compris, en lui adressant le signe « o.k. » en plongée. Je sens alors son regard pour la énième fois aujourd'hui. Il détaille mes actions, mon corps moulé dans la combinaison. Le gilet de sauvetage protège la partie supérieure pour mon plus grand bonheur. Il peut continuer de me lécher des yeux, je m'en fiche. Je ne lui délèguerai guère plus d'attention.
Sur ce, j'entre dans l'eau. Elle est gelée, mes mouvements s'engourdissent rapidement. Une idée machiavélique me traverse alors l'esprit. Hoseok aura le droit à un petit bain tout à l'heure ... Sur cette dernière pensée, je détache la ficelle du rivage et monte à bord. La « balade » peut enfin commencer. Mes oreilles distinguent au loin l'eau frétiller : un rapide à 150 mètres. Mon sourire s'agrandit.
***
Les couverts tintent, l'odeur du rôti emplit la pièce. Les grands-parents nous ont préparé un bon repas lorsque nous sommes rentrés. Au milieu du grabuge, les plats trônent sur la table. Nous nous servons comme des ogres, affamés. Les exclamations fusent, les conversations s'y mêlent.
Un bout de rôti au bout de sa fourchette, une patate à moitié finie dans la bouche, Hoseok fait entendre sa voix.
« Jimin a été horrible ! Plus jamais, je ne fais quelque chose avec lui ! » Couine-t-il, faisant rire les autres.
Je lève les yeux, il faut toujours qu'il en rajoute. Namjoon se tient à ses côtés et lui tapote gentiment le dos. Un sourire doux orne ses lèvres.
« Tu exagères. » Mon ton feigne l'indifférence.
Hoseok abat ses deux mains sur la table, nos verres tremblent légèrement. Sa tête choquée me donne encore plus envie de le taquiner.
« Tu rigoles j'espère ? J'ai cru que le canoë allait se retourner dans les cascades tellement on allait vite ! Puis, après lorsque tu m'as poussé dans l'eau à moins dix mille degrés et que tu m'as laissé regagner le bateau tout seul ! »
A ce souvenir, un rire m'échappe. Kura soupire, mécontente, et me lance un regard en biais désapprobateur.
« Au moins, vous, vous avanciez. Taehyung a quand même pris la pagaye à l'envers sur les cent premiers mètres. » Déclare Jungkook.
Son frère se tourne d'un coup vers lui, insurgé par cette soudaine attaque.
« Tu te calmes tout de suite Kookie. Toi, dès qu'il y avait un rapide, tu n'as pas arrêté de crier comme une fillette. »
Le surnom « Kookie » me fait esquisser un sourire. La description de son cri me rappelle celui qu'il avait émis lorsque nous étions sur ma moto. Le vent n'arrivait même pas à recouvrir son hurlement.
« Quoi ? C'était de ta faute, si j'avais été assuré comme il le fallait par mon équipier, je n'aurais pas eu peur de me fracasser dans les rochers ! » Réplique-t-il.
Taehyung hausse des sourcils, les yeux ronds comme des billes. Yoongi caresse son bras, tout de même amusé par la querelle des deux frères.
« C'est de ma faute maintenant ? »
« Parfaitement. On faisait tellement de ronds que j'avais plus l'impression d'être sur une navette Disney qu'un bateau. » Lui répond Jungkook d'un air hautain.
La conversation éveille Yoongi. Il s'étire de tout son long sur sa chaise après avoir entamé une bonne partie du repas.
« Ralala, vous êtes vraiment pas doués ... » Murmure-t-il pour lui-même.
Sa réflexion me fait esquisser un sourire en coin tandis que d'autres prennent la mouche. Toute l'attention se concentre sur lui, il développe alors sa pensée. Les esprits irrités doivent trouver une raison à laquelle se raccrocher.
« Avec Namjoon, c'était super tranquille. Pas de secousses, des sensations comme il fallait dans les rapides. J'aurais pu étendre mes jambes et mettre mes doigts de pied en éventail. » Nous dit mon cousin d'une voix taquine.
« Puis, une petite baignade dans l'eau froide ne tue personne ... Enfin, si tu n'y restes pas trop longtemps. » Renchérit Namjoon à l'égard d'Hoseok qui se renfrogne un peu.
Ce sujet fait débat, tout le monde émet son opinion. Les anecdotes jaillissent de tous les côtés. Le volume monte d'un cran, la discorde pointe le bout de son nez. Kura décide de trancher.
« Nous aussi, tout a été pour le mieux. Espérons que ce soit le cas pour tout le monde demain. » Dit-elle d'une voix impériale.
« Qu'est-ce qu'on fait demain ? » Se risque Hoseok.
Elle se tourne vers lui, un sourire rassurant aux lèvres. Son comportement n'annonce rien de bon pour mon ami.
« Demain, nous faisons de la via ferrata trésor. Jimin est d'ailleurs le meilleur d'entre nous, il n'y a que lui qui pourra te sécuriser au maximum. » Lui répond-elle.
Hoseok se tend, ses yeux passent de la mère de Yoongi à moi. Son teint devient livide.
« T'inquiètes, c'est bien plus dangereux. Promis, je ne te ferai pas de coups foireux. »
Cette fois-ci, aucun mensonge. La via ferrata est un sport à risques, je ne voudrais pas y perdre mon meilleur ami. Hoseok me scrute droit dans les yeux, ne décèle aucune taquinerie dans mon regard. Ses muscles se détendent, la tension qui régnait en lui retombe.
« Excusez-moi, puis-je savoir ce qu'est la ... via ferrata ? » La voix de Jungkook s'élève.
C'était mieux quand il la fermait lui.
« C'est un mixte entre l'escalade et la randonnée. Il y a un parcours prédéfini, taillé dans la roche et personne ne te tient en hauteur. Tu es juste rattaché à une ou deux personnes. » Prend la peine de lui répondre Namjoon.
« Ah ... Merci. »
Sa voix est faible, sa peur est évidente. Je me sens un peu mal, sans aucune raison apparente. Mon regard se baisse sur ma nourriture. Mon kimchi baigne dans une sauce sucrée, des petits légumes vapeurs trônent tout autour. Ma fourchette bouge dans la sauce, entre les légumes. Cette petite distraction m'éloigne de ce sentiment douloureux.
La voix de Kura s'élève et me coupe dans mes réflexions. Elle se penche au-dessus de la table, une poche de sang tendue en la direction de Taehyung.
« Au fait Taehyung, tiens, cette poche de sang est spécialement pour toi ! »
Ce dernier réceptionne la poche maladroitement. Ses yeux alternent entre le sang carmin et la mère de Yoongi.
« Pourquoi ça ? »
Elle lui sourit, bienveillante.
« Yoongi est allé faire quelques prises de sang ces derniers temps et nous nous sommes dit qu'on pourrait en prendre la moitié pour te requinquer ! »
Taehyung tourne sa tête vers mon cousin, les sourcils arqués. Un petit sourire timide naît sur son visage, ses joues prennent des couleurs. Ce geste le touche. Il ouvre ainsi la petite poche et commence à boire le liquide.
« Mais oui c'est vrai, tu bois le sang de Yoongi ! Il a quoi de particulier ? » S'écrit alors Hoseok, intrigué.
Sa réaction manque cruellement de délicatesse, m'enfin ça ne me choque plus depuis le temps. Cependant, Taehyung semble gêné, à l'étroit sur sa chaise. Il s'éclaircit la gorge et sourit timidement à mon ami. Ma main part toute seule lui claquer l'arrière de la tête et lui remettre les idées en place.
« Le tact. » Dis-je simplement, sans lui jeter un coup d'œil.
Mon ami s'apprête à répliquer mais Taehyung l'en empêche.
« Ce n'est pas grave, vraiment ! Eh bien, en fait, le sang de Yoongi est spécial... Il bien meilleur que n'importe quel autre. »
Hoseok hoche la tête, les yeux rivés sur notre petit vampire. Sa réponse pousse la curiosité aux portes de sa raison.
« T'as pas peur de devenir accroc ? » Le questionne-t-il avec une bouche en canard.
Il m'épuise mais je l'aime quand même.
« Je fais attention. Je ne veux pas lui faire du mal pour son sang. » Taehyung regarde son amoureux avec tendresse.
A la suite de sa réponse, une paire d'yeux se posent sur mon cou. Je me replace sur ma chaise, mal à l'aise. Il me dévore du regard, ses pupilles s'aventurent de trop sur ma peau cotonneuse. Cette tentation à laquelle Jungkook aimerait sans doute céder. Mes prunelles ne daignent se poser sur lui malgré son regard insistant. Un sentiment brûlant embrase mon être, l'air de la pièce change. Je sais qu'il continue de m'observer, il analyse la moindre de mes réactions. Ma salive a du mal à passer, il ne me laisse pas indifférent. Me l'avouer fait monter une colère démesurée en moi.
Soudain, un pied se pose sur mon mollet droit. Mes yeux s'écarquillent, mon sang pulse dans mes veines. La suite m'est très facile à deviner. Je vais le tuer.
Ma tête se tourne brutalement vers Jungkook qui fait mine de regarder ailleurs. Son pied monte ainsi très lentement le long de ma jambe. Mes sourcils se froncent, mes pupilles lui lancent des éclairs. Il s'aventure à l'intérieur de ma cuisse, je n'ose rien faire. Le risque de me faire prendre par l'un de mes cousins ou pire Hoseok est très élevé. Je ravale ma salive avec peine, des frissons parcourent mon corps. Le parfum de Jungkook envahit la pièce. Sa présence commence peu à peu à me rendre fou. Il avance toujours plus vers l'intérieur, il est tout près de mon membre. Ma respiration se coupe, une sueur froide passe dans mon dos.
Son pied va se frotter contre moi lorsque Kura me sauve la mise. Elle est assise à côté de lui et pose la main sur son bras pour attirer son attention. L'action s'arrête, son pied reste néanmoins toujours à l'intérieur de ma cuisse.
« Jungkook, toi, tout va bien avec le sang que l'on t'a donné ? » Lui demande-t-elle.
« Oui, merci beaucoup. » Lui sourit-il. J'ai envie de le lui arracher. « Pour l'instant, ça me va. » Murmure-t-il tellement bas que personne n'y prête attention, trop plongés dans leurs discussions.
Ses yeux se verrouillent aux miens, un sourire au coin des lèvres. Son sous-entendu est palpable. Je lui lance un regard noir, espérant qu'il se noie dans les abysses de mon âme. Il retire son pied et reprend là où il avait laissé son repas. Je reçois alors un coup de coude et me tourne vers Hoseok.
« Ça va Jimin ? T'es très silencieux ... » Me chuchote-t-il.
« Ouais, aucun souci ! » M'exclamé-je un peu fort.
J'attrape ensuite ma fourchette et me remets à manger. Les aliments me restent en travers de la gorge, la haine grignote mon esprit, prend toute la place dans mon estomac. Une pensée me traverse, un rire perfide s'échappe de mes lèvres. Il veut mon attention ? M'énerver ? Il a très bien réussi. Cependant, la colère de Zeus n'est rien comparée à ma foudre.
***
Deuxième journée. Le soleil pointe le bout de son nez. Mes pas foulent la terre, écartent les longues herbes. Les oiseaux chantent, un écureuil bondit d'arbres en arbres. Les buissons et les arbres frémissent. Armé de mon appareil photo, mon œil aguerri capture la nature en plein éveil. Le bruit de la photo contraste avec les sons environnants. J'immortalise tout ce qui éveille en moi une curiosité artistique.
Je m'éloigne des sentiers battus et m'aventure entre les arbres. Mes baskets se font tremper par la rosée du matin.
Je me suis levé tôt, tout le monde dormait dans la demeure. Allongé dans le lit, Hoseok à mes côtés soufflant comme une locomotive détraquée, le sommeil m'avait quitté depuis longtemps. Mes yeux fixaient le plafond blanc, contrastant avec mes pensées omniprésentes, toutes dirigées sur une et même personne. Si j'avais pu me dédoubler et me tuer, je l'aurais fait sans hésiter. L'ennui m'a alors vite rattrapé et l'irritation gagnait mon esprit. J'ai donc bondi hors de mon lit, mis un manteau, des baskets et pris mon appareil photo. Ma seule optique était de me changer les idées, de le faire disparaître.
A pas de loup, j'avance vers une petite clairière. L'écorce des arbres est mouillée, recouverte de mousse par endroit. L'odeur de la verdure délecte mes sens. Des fleurs de montagne tracent un chemin sous mes pieds.
Cette allée est enchantée. Le tapis de fleurs est une explosion de couleurs. La nature m'offre sa plus belle facette. Certaines sont restées enfermer dans leur bourgeon, d'autres éclosent à la chaleur des rayons. Je m'accroupis à leur hauteur et finis par m'allonger dans l'herbe humide. Je les photographie sous tous les angles, change d'objectif, de plan. Ces petites fleurs insignifiantes dans le climat montagnard abrupt sont de véritables chefs d'œuvres de la nature.
Je remarque une fine pellicule de neige sur l'un des pétales d'une magnifique ancolie bleue. Le blanc transparent se transforme en eau, les goulettes longent la tige de la fleur avec délicatesse. La lumière est favorable, elle plonge sur la jeune pousse et donne de beaux reflets aux petites perles de neige. Je capture cet instant. En me rapprochant, je découvre un petit habitant. Une petite fourmi noire remonte le long du pétale, essaie d'éviter les petites gouttelettes. Ce spectacle me fait sourire, ce petit être est si robuste. Mon doigt effleure doucement la fleur, sa fraîcheur me fait frissonner. La petite fourmi sent la chaleur qui émane de mon corps et grimpe sur mon doigt. Un petit rire m'échappe, attendri. Je la dépose ensuite en bas d'un arbre et l'observe retrouver son chemin à travers les feuilles et la terre.
Mon corps reste ainsi planté là, au milieu de ce petit paradis. Mes pas me ramènent au milieu de la clairière, mes paupières se ferment. Je laisse pendouiller mon appareil photo le long de mon torse. Mes poumons inspirent cet air pur et revigorant. Mon être se laisse porter par la plénitude de cet endroit.
Les sports extrêmes servent à me défouler, la photographie et la danse à m'exprimer, la nature à m'évader. Je n'aime pas parler de ce qui se passe au fond de mon cœur, j'en discute parfois avec Hoseok, Namjoon ou Yoongi mais ça doit bien faire, deux ans que je ne me suis pas libéré des poids qui lui pèsent. J'aimerais avoir la force de me révéler sans ressentir ce sentiment d'impuissance.
Cette dernière pensée m'attriste sans que je ne puisse rien y faire. Mon regard se perd sur le parterre de fleurs. Un sourire vague flotte sur mon visage. La tristesse et la mélancolie s'emparent de moi. Puis, le craquement d'une brindille retentit. Je relève la tête et tombe sur mes parents. Ils sont là, au bout de la clairière. Mes yeux s'arrondissent, mon cœur bat à tout rompre.
« Jimin, tu fais attention à ton nouvel appareil photo hein ? C'est quelque chose de précieux ! » S'exclame ma mère, sourire aux lèvres.
« Allez mon grand, prends-nous en photo ! Ta première photo ! » Renchérit mon père, la fierté se lit sur son visage.
Mes pupilles s'abaissent sur mon appareil photo, j'ai mon tout premier polaroïd en mains. Un sourire euphorique étire mes lèvres. Je me redresse à nouveau, prêt à les prendre en photo... mais ils ont déjà disparu. Mon regard passe de nouveau sur l'appareil que j'ai dans les mains, c'est le tout dernier modèle NIKON.
Je reste un instant sans bouger. Mes membres ne me répondent plus. Mon esprit devient blanc, mes mains se resserrent sur leur prise. Un gouffre se creuse dans ma poitrine, pourtant, les larmes ne me viennent pas. Elles n'ont plus coulé depuis leur décès.
Soudain, une présence perturbe le calme de la nature. Son parfum enivre mes sens, paralyse mes pensées. Mon appareil photo s'abaisse. Je lui fais face. Il est posé contre un arbre, une mine sérieuse sur le visage. Ses iris détaillent mes traits.
Nos regards se croisent. Aucun mot n'est échangé. Nous restons ainsi, à nous jauger, nous torturer l'esprit. Mon rythme cardiaque accélère, mes mains tremblent légèrement. Est-ce qu'il m'a suivi ? Il a vu ce que j'ai fait ? Jungkook me bloque son esprit, il m'est impossible de connaître ses pensées. Son odeur de cannelle et de cigarette me rend dingue. Je brise cette tension qui règne entre nous, la méfiance s'installe.
« Qu'est-ce que tu fous là ? » Mon ton est agressif.
Son visage reste neutre. Il s'approche de moi d'une démarche assurée, ne me quittant pas un seul instant des yeux.
« Tu es plutôt matinal. » Me dit-il simplement.
Je me rapproche à mon tour de lui, les poings serrés. La colère s'immisce en mon être. Il reste indifférent.
« Réponds-moi. » Un grognement rauque s'élève.
Le silence s'en suit, nous oppresse dans le présent. Mon cœur tambourine fort dans sa cage, une boule se forme dans ma gorge. Une envie de le mordre me dévore les tripes mais ma raison m'en empêche. Jungkook est un fruit défendu, y succomber serait ouvrir mon cœur aux portes de la souffrance. Je ne veux pas souffrir davantage, celle qui abrite mon âme est déjà bien trop lourde à supporter.
De son côté, il continue de m'observer sur toutes mes coutures. Sa langue passe lentement sur ses lèvres, un feu s'embrase dans mon estomac. Mes prunelles les fixent l'espace de quelques secondes. Je me ressaisis en voyant son sourire satisfait. Ce sale gamin ne fait que s'amuser avec toi Jimin.
« Je voulais juste voir mon âme sœur, ai-je besoin d'une autre raison ? » Me dit-il d'une innocence mensongère.
Ma patience a une limite à ne pas franchir. Ici, nous ne sommes que tous les deux. Pas d'hypocrisie, pas de paillettes, pas de rôles. Nous nous retrouvons seuls, avec la nature comme unique spectateur. Le vent arrête de souffler, les feuilles s'apaisent. Le silence répond à ces sentiments qui se muent en moi : le désir et l'exaspération. Jungkook n'a pas idée du danger qui le guette en ce moment.
« Puis, je me disais ... Si tu es à court d'idées pour tes photos ... Je peux toujours être ton modèle. N'importe quelle pose me va, surtout les plus sexy. »
Un sourire pervers prend place sur son visage, une lueur rieuse habite ses pupilles. Mes muscles se contractent en entendant ses propos. Mes membres en tremblent, les émotions se mélangent en moi. Mes pensées s'emmêlent et m'empêchent de tirer une idée au clair. Je serre les poings et lui lance un regard meurtrier. La fureur fait vibrer mon âme.
« Dommage pour toi, je ne prends que des choses belles et intéressantes en photo. »
Ma langue claque contre mon palet, mes mots sont injectés de poison. Jungkook hausse les sourcils, surpris par ma réponse. Ma voix est bien plus basse, mon alpha prend le dessus dans mon esprit.
« Tu ne connais pas encore la vraie beauté alors ... »
Un sourire mesquin étire ses lèvres tandis que sa main se faufile sur son torse et attrape le bas de son pull. Il le relève d'une lenteur cruelle et me laisse entrevoir le début de son V. Mes yeux s'écarquillent, le feu se transforme en incendie. Il fait brûler mon corps d'envie et alimente ma colère.
Mes jambes bondissent en sa direction. En une fraction de secondes, je me retrouve face à lui. Ma main chope son col, la force de mon bras le projette contre un arbre. Je le maintiens fermement dessus, ma poigne l'empêche de respirer correctement. Mon visage se rapproche du sien, son parfum est frappant. Le chaos qui régit en moi s'intensifie. Je ne sais plus où donner de la tête. Ses traits sont tirés en une mine stupéfaite, les yeux écarquillés. Son rythme cardiaque accélère, je le sens.
Mon aura d'alpha domine, la couleur jaune de mes iris se reflète dans ses pupilles stupéfaites.
« J'espère que tu t'es bien amusé hier, hein ? A me faire du pied sous la table. » Il déglutit avec difficulté, son teint est rouge. « Cependant Jungkook, tu as beau être mon âme sœur, dans mon esprit, tu restes un playboy. Autrement dit, un petit con qui aime jouer avec les sentiments des gens. Sache que je ne fais pas confiance aux personnes comme toi et ne leur accorde généralement aucune attention. Mais comme tu as l'air d'y tenir tant, je vais être clair avec toi ... » Mes iris percutent les siens. Son corps se recroqueville sur l'arbre, intimidé. « Tant que tu seras comme tu es, ne t'attends pas à ce que tu puisses me toucher comme tu l'as fait hier à table ou même envisager quelque chose avec moi. Même si je doute fort qu'un mec aussi immature que toi, puisse se projeter dans une relation. Alors, fais-moi plaisir tu veux et retourne jouer avec tes midinettes bas de gamme. » Lâché-je sanglant.
Sur ce, je me détache de lui et libère ainsi son cou. Il tombe en avant, genoux à terre. Une quinte de toux le prend, peinant à reprendre de l'air. Mes yeux s'attardent sur lui, le voir ainsi me pince le cœur. Cependant, je ne fais rien. Mon aide lui serait trop précieuse. Je me retourne et le laisse au milieu de la forêt.
Au bout de quelques secondes de marche, mon corps pivote en sa direction. Mes prunelles se posent sur lui, l'observent. Il est toujours avachi dans l'herbe, la tête baissée. Sa posture courbée, ses genoux recouverts de boue, mon cœur se serre un peu plus encore. Pourtant, mes mots blessants franchissent les barrières de ma raison.
« J'aurais préféré ne pas te rencontrer si c'est pour être déçu de la sorte. » Ma phrase n'est qu'un murmure, emportée jusqu'à lui par le vent.
Il relève ainsi la tête, ses pupilles se posent dans les miennes. Elles me transmettent sa peine, sa douleur en entendant mes mots. L'impression qu'il va pleurer me noue la gorge. Cette vision me consume, mon cœur se débat avec fureur dans ma poitrine. Cependant, je résiste : mes yeux se ferment, mon corps se retourne pour de bon. J'entends quelque chose se briser mais décide de ne plus écouter. Je me mets alors à courir loin de lui.
***
Mon morale se retrouve à zéro. La via ferrata a beau être un de mes sports préférés. J'ai bien l'impression qu'elle ne réussira pas à égayer ma journée. Mon visage n'affiche aucune émotion, mes idées sont tristes. Je ne fais que broyer du noir depuis ma discussion avec Jungkook.
Hoseok arrive alors à ma hauteur, son équipement est en place. Les cliquetis des mousquetons rendent sa démarche plutôt comique, pas très à l'aise dans sa combinaison serrée.
« Jimin, t'es sûr que c'est pas dangereux ? » Me demande-t-il pour la énième fois.
Je lève les yeux au ciel et soupire.
« Bah si. » Son visage se décompose. « Mais t'inquiètes pas, je vais t'assurer. »
Je lui flanque une frappe sur l'épaule pour le « rassurer » et me tourne vers la paroi. Elle est exactement comme dans mes souvenirs. Il y a au moins cinq ans que je ne suis pas venu ici. Mon regard se porte sur le chemin, à peu près visible d'ici. Il y a des prises dans la montagne sur au moins dix kilomètres, dans mon souvenir, il y a également un pont qui rejoint les deux falaises. Les prises pour les pieds sont rouges de façon à ce qu'on les repère bien tandis que pour les mains, ce sont de grandes barres en métal incrustées dans la roche. Ce chemin est assez simple et la vue est à couper le souffle. J'ai hâte d'être en haut. Hoseok est relié à moi par une corde jaune. Il escaladera devant, j'aurais plus de faciliter à le surveiller.
Yoongi et Taehyung sont déjà sur le parcours, Namjoon et son père se préparent. J'aperçois Kura venir vers nous, accompagnée de Jungkook. Mon cœur rate un battement. Il ne relève pas la tête vers nous, ses yeux sont rivés sur la terre.
« Jimin ! » M'interpelle-t-elle. « Jungkook a peur également mais il aimerait tout de même faire le parcours. Cela ne t'embêterait pas de le prendre avec vous ? Tu te mets au milieu pour les assurer. » M'informe Kura avec un petit sourire compatissant.
Je jette un coup d'œil à Jungkook, ce dernier évite mes yeux. Il se dandine d'un pied à l'autre, sa gêne me rend nerveux. Un effluve de nicotine arrive jusqu'à moi. Une boule se forme au creux de mon estomac, le mal me ronge.
« Oui pas de problèmes. » Finis-je par dire après quelques secondes de silence.
J'offre un sourire forcé à ma tante avant qu'elle repart. Je m'éloigne alors du vampire et vais prendre une deuxième corde jaune pour assurer Jungkook. Du coin de l'œil, j'observe mon ami faire un câlin à mon âme sœur.
« On va être fort Jungkook, t'en fais pas ! » Lui dit-il d'une voix théâtralisée.
Il lui sourit, Jungkook lui renvoie un demi-sourire timide. Il est hésitant, intimidé, pourtant, ça ne lui ressemble pas. Qu'est-ce que t'en sais Jimin ? Tu crois le connaître ? Non. Je ressens un petit pincement au cœur à ce constat. Je me rapproche d'eux avec la corde. Mes yeux se posent sur Jungkook, il fait mine de regarder ailleurs. Je lui tends ainsi l'extrémité qu'il attrape avec hésitation. Il fait un nœud correct, je vérifie en tirant sur la corde. Tout est ok.
« Bon bah ... C'est parti les gars. »
J'ai bafouillé, Hoseok me dévisage bizarrement. Ça ne m'arrive jamais de bafouiller. Foutu Jungkook.
Je ne réponds pas à sa question silencieuse et me mets à marcher en direction de la falaise. Nous avançons ainsi vers le chemin d'escalade. Ma main pousse le rouquin pour qu'il commence à escalader.
« Oh punaise, ça a l'air d'être de plus en plus haut après... » Murmure-t-il.
Je lève les yeux pour la millième fois cet après-midi et l'incite à s'engager.
« Allez, on y va ... » Marmonné-je.
Hoseok commence ainsi à grimper, Jungkook nous suit de près. Je leur redis encore une fois les règles. Une fois sur la paroisse, les mousquetons doivent toujours être accrochés au câble. Lorsqu'il y a un changement de piste, il faut n'en décrocher qu'un seul d'abord puis l'autre. Ainsi, aucun risque de chute. S'ils ont peur du vide qu'ils ne regardent tout simplement en bas et profitent plutôt de la vue. Malgré cet énoncé des consignes, je sais d'ors et déjà que je vais devoir m'occuper d'eux comme deux gros bébés.
Mon corps se penche légèrement en arrière, les jambes un peu fléchies. Mon regard passe sur le paysage. C'est merveilleux. On a une vue sur toutes les plus petites montagnes, toute cette verdure. L'impression d'être le roi du monde qui surplombe tout. Ma GoPro fixée sur mon casque filme les moindres détails de ce paysage époustouflant. J'en ai le souffle coupé. Je suis seul face à l'immensité de la nature. Heureusement Hoseok est toujours là pour me ramener sur Terre ...
« Oh mon dieu, c'est haut ! » S'exclame-t-il en regardant en bas.
Ses mains se raffermissent sur ses prises, son corps se raidit.
« Regarde pas en bas abruti ! Là, fixe la pointe ! » Lui répliqué-je, en pointant devant ses yeux un petit buisson sur la roche où deux cabris sont en train de brouter.
Mes mains encadrent son visage et lui font tourner brusquement la tête en direction des deux petites chèvres. Cette scène le calme, il les observe avec attention. J'allais demander à Hoseok de continuer d'avancer pour nous rapprocher lorsque des reniflements me parviennent aux oreilles. Je me retourne vers Jungkook. Ce dernier est agrippé de toutes ses forces à la paroi, comme si son corps ne faisait plus qu'un avec la roche. Ses yeux sont fermés avec force. Le voir ainsi me stupéfait, mon cœur accélère. Je panique. Il a l'air si vulnérable, son corps tremble légèrement. Je reste un moment sans savoir ni dire ni quoi faire. Mes lèvres se pincent, mes pupilles analysent sa position. On dirait un petit enfant apeuré, je ne l'ai jamais vu dans cet état.
« Hé ... Ça va aller » Murmuré-je tout doucement.
Ma main se pose sur la sienne, mon pouce exerce des petits ronds sur le dos. Jungkook relève la tête, son regard plonge dans le mien. Sa peur m'est transmise, mon cœur se serre. Nous restons un moment interdit. Lentement, ma main vient s'enrouler autour de la sienne. Il passe très furtivement ses yeux sur ma poigne et me dévisage à nouveau. L'étonnement traverse ses pupilles, ma salive a du mal à poursuivre sa route. J'hausse simplement des épaules, ne sachant pas quoi dire. Mon visage n'affiche aucune expression, mes émotions sont sans-dessus-dessous.
« Ça va Jungkook ? » Demande soudain Hoseok par-dessus mon épaule.
Notre bulle éclate. Je me ressaisis un peu et me racle la gorge. Ma réaction fait sourire Jungkook, un sourire fin et attendri orne ses traits. J'enlève vite ma main de la sienne et décide de leur montrer quelque chose.
« Les mecs, surtout, laissez-vous faire. » Avant qu'il ne puisse poser des questions, j'empoigne leur col et les décroche de la paroi.
Ils se retrouvent ainsi tous les deux suspendus dans le vide grâce à leurs mousquetons. Hoseok crie, pris par surprise, Jungkook me regarde stupéfait. Ils hurlent de l'aide mais je ne leur en donne point.
« Avant de paniquer, retournez-vous et admirez le paysage. »
Ils ont l'intention de répliquer mais mon regard autoritaire les dissuade. Ils se retournent ainsi à contre cœur vers le vide et là, silence. Ils se rendent enfin compte de la beauté qui les entoure. Je prends soin de baisser ma tête afin de filmer leurs réactions. Ils ont tous les deux les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, happés par la magnificence du monde.
Au bout de trois minutes, je décide de les remettre sur leurs marques. Ils se laissent faire et reprennent leurs prises, cependant, ils sont plus confiants. Leurs corps ne sont plus vissés à la paroi. Un petit sourire étire mes lèvres. Ma petite stratégie a fonctionné.
« Alors, vous voyez ? Vous étiez suspendus dans le vide et vous n'êtes pas morts. »
Mon sarcasme fait rire Jungkook qui hoche la tête. Hoseok se tourne vers moi, des étoiles dans les yeux.
« Ok, j'avoue. J'ai un peu pris la confiance maintenant. »
Sa soudaine pseudo-assurance m'amuse. Je secoue la tête et le pousse pour qu'il avance. Nous reprenons ainsi notre chemin. Tout se passe sans encombre, mes équipiers sont plus sereins. Ils arrivent à bien me se débrouiller avec les prises et les mousquetons au fur et à mesure du parcours. Cette petite balade nous fait du bien. Je me rappelle alors du pont.
« Jimin ! » Crie soudain mon ami.
« Quoi !? »
Le pont, je parie.
« Y'a un pont avec un précipice comme dans les films ! »
Bingo.
« Tu vas voir, c'est pas aussi terrible que ça en a l'air. »
Je lui tapote l'épaule pour l'encourager. Hoseok marche ainsi vers le pont, les jambes flageolantes. Je me retourne pour découvrir un Jungkook bien plus serein que tout à l'heure, néanmoins, l'appréhension se lit dans son regard à l'idée de traverser. Le pont est suspendu entre deux falaises par des câbles accrochés en hauteur. Hoseok déglutit bruyamment, ma main frotte son bras.
« Allez, on ne va pas rester planter là comme des suricates. » Je lui pointe un câble un peu plus gros, suspendu au-dessus de nos têtes. « Tu mets ton mousqueton là, et tu avances. »
Cet imbécile se met à regarder le précipice au lieu de faire ce que je lui dis. Mes mains lui redressent la tête et lui montrent une deuxième fois le câble. Je m'accroche en premier pour être sûr de pouvoir les rattraper en cas de chute.
« Redresse la tête. Pareil pour toi Jungkook, regarde mon dos si tu veux. »
Une drôle de sensation se propage dans mon estomac lorsque ces mots traversent mes lèvres. J'observe Jungkook, il accroche bien ses mousquetons et commencent à avancer, les yeux rivés dans les miens. Une lueur y réside mais je me retourne trop vite pour avoir le temps de la déchiffrer. Peu importe. Nous avançons alors sur le pont, quelques lattes grincent sous notre poids. Arrivé à peu près au milieu, je leur dis de tourner la tête, admirer l'endroit où nous nous trouvons. En effet, la roche s'est érodé au cours du temps et laisse voir les différents types de pierre qui la constituent. Un magnifique dégradé de couleur décore la façade, quelques cristaux brillent à la lumière du soleil.
Nous sommes arrêtés pour observer et prendre quelques photos. Soudain, une masse se colle à mon dos. Des bras forts viennent encercler ma taille et sa tête repose dans mon cou. Je me fige sur place, complètement paralysé. Mon sang se pétrifie dans mes veines. Ses cheveux me chatouillent, son souffle frais s'abat sur ma peau. Un frisson descend le long de ma colonne vertébrale. Son nez frôle mon cou, je sens son sourire. Son aura est apaisée, ses muscles relâchés.
« Merci. » Susurre-t-il au creux de mon cou.
Ce mot glisse sur ma peau et s'imprègne en mon être. Les mots que je lui ai adressés tout à l'heure me reviennent à l'esprit, la honte et la culpabilité m'assaillent. La colère avait parlé pour moi, le mirage de mes parents n'avait rien arrangé. Et lui, me remercie-t-il de l'avoir rassuré tout à l'heure ? De faire attention à sa sécurité ou bien... De ne pas le repousser après ce que je lui ai dit ? Une boule se crée dans ma gorge. Les sentiments me submergent, mon cerveau pète un boulon. Des tonnes de contradictions tiraillent mon être : d'un côté, j'ai envie d'être doux avec lui ; de l'autre, j'ai envie de m'échapper de sa prise, m'enfuir loin pour ne pas risquer de souffrir. Mes idées se bataillent entre elles, le comportement doux de Jungkook n'arrange rien. Mes poings se serrent, mon cœur cogne fort contre sa cage. Et puis merde.
Ma main se déplace doucement jusqu'à sa chevelure brune, mes doigts s'emmêlent dans quelques mèches. Le toucher est incroyablement doux. Mon cœur se met à battre à une vitesse folle. Je tourne la tête à droite et ferme les yeux. La brise amène avec elle son odeur. Elle court sur ma peau, erre dans mon esprit.
« Pourquoi tu as tenu à faire de l'escalade si tu as peur ? » Murmuré-je.
Un reniflement amusé lui échappe. Il relève un peu sa tête de mon cou, ses prunelles essaient de capter les miennes.
« Je voulais prendre sur moi pour t'impressionner. » Me répond-il sur le même ton.
Mon cœur se gonfle en entendant ses mots. Jungkook se décale un peu et analyse ma réaction. Un petit sourire naît sur son visage. Instinctivement, ma tête s'avance vers la sienne. Je ne le quitte pas des yeux. Mon action le laisse muet, je sens son cœur tambouriner fort dans sa poitrine. Mon front se dépose ainsi délicatement contre le sien, ses paupières se ferment. Je l'observe en silence, mon visage toujours dénué d'expression.
« Idiot. » Lâché-je avec un petit rire.
Il rouvre les yeux, surpris, et sourit. Ces petites dents apparaissent, des rougeurs s'emparent de ses joues. Une lueur espiègle traverse ses prunelles.
« Tu vois, ce n'était pas en vain. J'ai réussi à avoir un moment tendre avec toi. »
Ses mots me ramènent à moi. La situation me prend de court. Mes yeux s'écarquillent, je me détache en quatrième vitesse de lui. Mes sourcils se froncent, mes mains détachent les siennes de ma taille d'un geste brusque. Non mais qu'est-ce que tu fais Jimin ? Je m'apprête à avancer, ignorant royalement ce qui venait de se produire lorsque Hoseok pousse un hurlement et vient se réfugier dans mes bras. L'impact me fait reculer, mon dos percute le torse de Jungkook.
Je me retrouve à présent dans une position des plus délicates, coincé entre la montagne et l'anguille.
« Qu'est-ce que tu as ? Ça va pas d'hurler comme ça ? » M'exclamé-je furibond.
« Y'a un truc qui est passé droit devant moi ! »
Mes sourcils se froncent, mes yeux balaient du regard la montagne, à la recherche de ce qui a pu effrayer mon ami. Je tombe alors sur un nid, perché très haut sur la montagne.
« Calme-toi et regarde plutôt. »
Je lui pointe du doigt les grands rapaces qui donnent à manger à leurs petits. La bouche d'Hoseok forme un « o » parfait. Il en oublie aussitôt sa frayeur de tantôt et dégaine son portable. Le rouquin se détache de moi, je peux faire de même avec Jungkook.
« Qu'est-ce que c'est comme espèce Jimin ? »
J'observe plus attentivement le couple d'oiseaux, ce sont des rapaces un peu plus petits qu'un aigle.
« Mmh ... D'après ce que je vois, on dirait un Milan. » Lui répondis-je. « Bon allez, on ne va pas trop traîner ici, nous sommes quand même sur leur territoire. » Je pousse Hoseok en avant pour qu'il se remette à marcher.
« Quoi, ils peuvent nous attaquer ? » Me demande-t-il, un sourcil levé.
« Oui mais que les roux. »
Mon ami me flanque une tape sur le bras, ce qui me fait rire, et reprend la marche. Nous quittons ainsi le pont et continuons le parcours.
Cette partie a été beaucoup plus simple, aucun des deux n'a eu peur. Ils ont été bien plus à l'aise et prenaient beaucoup de plaisir à escalader. Hoseok s'arrêtait de temps en temps pour prendre des photos. Jungkook a failli me faire frôler l'arrêt cardiaque lorsque cet abruti s'est lâché dans le vide de lui-même. Heureusement, les mousquetons étaient là. Mes coéquipiers se sont bien moqués de mon cri pas très viril et s'amusaient à sauter de prises en prises.
Nous sommes finalement arrivés sans encombre et rendons nos équipements à l'accueil. Ce trajet m'avait pris vingt-cinq minutes la dernière fois que je l'avais fait. Il nous en a fallu une heure dix. Cependant, je dois avouer que cette fois-ci a été bien mieux. Un petit sourire étire mes lèvres. Quelle belle brochette de bras cassés.
***
Il est vingt-deux heures passé. Nous nous retrouvons tous autour de la petite table du salon, après avoir mangé un repas copieux. Nous jouons à des jeux de société, la bataille est acharnée. Nous avons créé deux groupes pour un jeu de mime. Je suis d'ailleurs très mauvais et l'admettre m'agace quelque peu.
Je décide alors de les regarder et prendre en photo la soirée. Mon appareil en main, je mitraille les membres de ma famille. Les rires fusent, les taquineries s'enchaînent. Les mimes ne ressemblent -pour la plupart- à rien. Harry Potter ressemble à un balafré, le chien devient un mouton et Michael Jackson est Donald Trump. Comment on a pu en arriver là ? Ils décident ainsi de changer de jeu pour un devine-tête. Je suis plutôt fort mais décide de continuer à prendre des photos.
Mon oncle et Namjoon sont nuls d'ailleurs, ils n'ont pas la moindre idée de qui ils sont. En même temps lorsqu'on est Mary Poppins et Jack l'éventreur ... faut y aller en question pour trouver. Je me demande d'ailleurs de qui sont ces papiers, les idées sont bien trouvées. J'immortalise chaque sourire, mimique, action au fur et à mesure des tours. Au bout de quinze bonnes minutes à photographier, je repose l'appareil sur mes genoux et me concentre de nouveau sur la partie. Mon regard passe sur chacun d'entre eux. Yoongi en a un beaucoup trop simple : « Jimin ». D'ailleurs qui est assez fou pour marquer ça ? Mes yeux s'attardent sur les joueurs, essaient de percer à jour l'auteur de ce mot.
Hoseok ? Oui, ça ne m'étonnerait pas de lui. Ou alors ...
Mes pupilles s'arrêtent sur Jungkook. Il a meilleure mine, notre petite balade sur la paroi n'a pas l'air de l'avoir traumatisée. Tant mieux ... Un fin sourire fend mon visage.
Je le regarde un moment. Son action de tout à l'heure, sur le pont, me revient en mémoire. Il voulait m'impressionner. Mon sourire s'agrandit, mes prunelles commencent à se balader sur lui. Elles remontent sur son cou, sa pomme d'adam, sa peau est légèrement halée. Sa mâchoire est prononcée, ce qui lui donne un côté très masculin et séduisant. Ses cheveux bruns ont l'air soyeux et souples. Avec un tel visage, beaucoup de monde doit lui courir après. Il porte un tee-shirt blanc simple mais bien trop transparent. Ses clavicules se dessinent à travers le tissu. Il est bien bâti. Ses pectoraux poursuivent la courbe carrée de ses épaules. A-t-il des abdos ? Sans aucun doute ... Non mais attends Jimin, qu'est-ce que tu fais là ? Tu viens de le mater ? La réalité m'assomme : je ne l'avais encore jamais observé ainsi.
Soudain, Namjoon raconte une blague. Jungkook rit. Ce son sonne si juste à mes oreilles, je suis comme enchanté. Son sourire fait plisser ses yeux délicatement, de petites rides se forment sur ses tempes. Ses dents sont mises en avant, on dirait un petit lapin. Il est beau. Plus rapide que l'éclair, je saisis mon appareil et capture son expression. Le flash part.
Je reste quelques secondes sans bouger, derrière ma caméra, perplexe. Ma propre action me déroute. Je l'abaisse lentement, confus. Mes yeux se perdent sur le canapé, n'arrivant pas à comprendre ma réaction, lorsque je ressens son regard sur moi. Ma tête se relève, mes iris se fondent dans les siens. Il a arrêté de rire. Ce contact visuel nous écarte du groupe, nous plonge dans un monde qui m'est encore inconnu. Je n'arrive pas à décrocher mon regard du sien. Le feu me monte aux joues, je me sens ridicule. Il pourrait s'amuser de ma réaction mais ne le fait point. A ma grande surprise, un sourire tendre éclaire son visage. Mon cœur s'emballe.
D'un coup, je me lève du canapé et fais signe à la petite assemblée.
« Bon je vais me coucher, je suis crevé. » Leur dis-je sur un ton sans appel.
Je pars ainsi sans demander mon reste. Mes jambes enfilent les marches par quatre. En une seconde, je me retrouve dans la chambre. Mon corps se jette en étoile de mer sur le lit. Je reprends ma respiration et pose une main sur mon cœur acharné. Mes paupières se ferment, mon monde est enveloppé de ténèbres. Pourtant, dans les tréfonds de mon âme, ses yeux pétillants m'éblouissent. Son rire enfantin écorche mon cœur, une douce souffrance qui m'est bien difficile à supporter.
« Jungkook ... » Susurré-je, perdu dans l'antre de mes démons.
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