35| Sale gosse
Pour les fans d'Harry Potter, je me suis un peu inspirée du film Les Animaux Fantastiques pour une scène en particulier. Je vais voir quels lecteurs vont la reconnaitre ;)
Bonne lecture !
Jeon Jungkook
Mes paupières s'ouvrent, l'odeur de renfermé agresse mes narines. Ce goût pâteux dans ma bouche est affreux, l'alcool et la baise n'ont rien arrangé à ma condition. Mes coudes prennent appui sur le matelas dans lequel je suis allongé, mes yeux détaillent ainsi la pièce dans laquelle je me trouve, un lit plutôt grand, des couleurs chaudes sur les murs. Je me souviens, je suis allé à la fête d'un pote et me suis retrouvé à baiser avec une des nanas de la soirée, pour pas changer. Ma tête se tourne vers ma nouvelle conquête d'un soir, endormie. Un sacré mauvais coup. Je me lève du lit et pars à la recherche de mon cellulaire, ce dernier se cache en-dessous de mes habits que j'avais sauvagement arrachés hier. Ma main l'attrape et bascule sur l'appareil photo, je me rallonge aux côtés de la jeune fille et prends un selfie avec elle, le pouce vers le bas et une grimace de dégoût. Mes jambes se redressent ensuite et mon doigt glisse vers les messages, j'envoie la photo à mes potes et lui attribue la note de 02/20. Ils vont comprendre.
Mécontent de ma fin de soirée, je me rhabille en quatrième vitesse et sors de l'énorme baraque en pestant. Ma main farfouille dans la poche arrière de mon jean et en extirpe un paquet de cigarettes vide. Je rage et jette le paquet dans une poubelle. Je commence à trottiner vers le bureau de tabac le plus proche. Au loin, mes yeux distinguent une vieille enseigne de bureau de tabac, je cours un peu plus vite, les souvenirs des cris stridents de plaisir de la jeune fille commencent à s'estomper. J'adore coucher avec les filles, palper leurs formes rondes, goûter leur sang sucré ; quelques fois, leurs stridulations peuvent m'agacer terriblement. Je ne l'ai fait que deux fois avec des mecs et j'étais au-dessus évidemment, cependant, je n'avais pas autant aimé, comme s'il manquait quelque chose. Mes attentes n'étaient sans doute pas les mêmes. Quelles étaient-elles alors ? Je n'en sais rien, je n'ai jamais réessayé depuis. Les filles comme les gars me sont soumis et ce n'est pas pour me déplaire. De toute façon, qui peut me résister ? Qui peut me tenir tête ? Personne.
Je fais néanmoins une exception pour Yoongi, il est tout de même l'âme sœur de mon frère et il est super cool.
Arrivé devant les portes du tabac, dont la peinture rouge s'écaille un peu avec le temps, j'entre et me dirige vers le comptoir. Il est inondé de confiseries et de boissons en tout genre, derrière, à l'écart des personnes malhonnêtes, se trouvent l'alcool et le tabac. Un vieux monsieur, barbe grisonnante, béret au travers de la tête, vient à ma rencontre. Ses yeux tombants me scrutent, attendant ma demande.
« Malboro, s'il vous plaît monsieur. »
L'homme se retourne, sa main se dirige machinalement vers l'emplacement des cigarettes, son commerce n'a plus aucun secret pour lui. Je parie qu'il connaît chaque table, chaque numéro de commande, chaque prénom des habitués. Ouais, ce gars-là, il est du genre à tout contrôler dans ses affaires. Petites affaires mais qui ont l'air de plutôt bien marcher. Le monde grouille dans son tabac aux allures de vieux café.
« 4 050 wons, jeune homme. » Il m'offre un sourire et une dent en or.
Je lui donne l'argent, qu'il récupère d'une main fébrile.
« Bonne journée mon garçon. »
« Vous de même. » Lui répondis-je avec un petit sourire.
Je m'en vais ensuite de la place et prends soin d'éviter les coups d'œil des dames sur moi. Quel que soit l'âge, Jeon Jungkook fait des ravages. Je ricane à cette pensée, il suffit juste d'être beau, rentrer dans un cadre et tout le monde vous adule. Même si je suis loin d'être con, tout le monde s'en fout de mon Q.I. c'est d'ailleurs pour ça qu'aucune de mes conquêtes ne m'intéresse. Je bois, je fume -parfois pas que de la cigarette-, je drague plusieurs filles, je choisis la meilleure -d'habitude-, je baise, je pars ; voilà comment se résument mes soirées lorsque je ne suis pas chez moi.
Mes pas me dirigent au hasard dans la grande ville, la petite flamme allume le bout de la clope. Je prends la première bouffée, la meilleure. Mes paupières se ferment, la fumée toxique brûle ma trachée et enflamme mes poumons. Cette sensation détend mes membres, me lave la tête de tous mes soucis. Elle est ensuite relâchée dans la nature, emprisonnant avec elle mes tourments. Mes pieds accélèrent leur cadence à travers les piétons en route pour leur travail, tête baissée, je creuse mon sillon et me dirige vers la maison.
Soudain, une gosse me fonce dedans, elle s'est pris mes jambes. Je m'abaisse à sa hauteur, voyant qu'elle s'apprête à pleurer. Un sourire se dessine sur mon visage quand son regard croise le mien.
« Ça va petite ? »
Je suis un peu hypocrite, je l'avoue car je n'aime pas les enfants, mais je préfère jouer le jeu plutôt qu'entendre leurs cris. Mon attention se reporte sur la gamine, ses yeux pétillent, quand on rencontre le prince charmant en vrai, ça n'a rien d'étonnant. Elle acquiesce de la tête avec frénésie, tenant son doudou fort contre sa poitrine. Je me relève et lui fais un salut de la main avant de vite repartir.
La manipulation fait partie d'un des piliers érigeant notre monde, après tout, ce ne sont que les personnes plus malignes et perfides que les autres qui réussissent la plupart du temps. C'est une triste réalité.
J'aperçois soudain le nom de ma rue à une centaine de mètres, j'accélère la cadence et arrive en quelques minutes devant mon petit portail. Je jette ma cigarette à terre et l'écrase. Dans la maison, le silence m'accueille. Il n'y a personne, bizarre, à cette heure-là il devrait y avoir Taehyung. Mon regard se balade dans le salon à la recherche d'un bout de papier qu'il aurait pu me laisser. C'est une de ses habitudes pour que je ne m'inquiète pas. En effet, il y en a un disposé à la va vite sur la table. C'est étrange, habituellement, l'écriture est soignée et le papier est posé proprement, de façon à être visible. Il était pressé ? Qu'avait-il à faire hier ? Une urgence, aussi tard ? Aucune de mes questions ne peuvent avoir de réponses pour l'instant, je reporte donc mon interrogatoire à plus tard, dans un coin de ma tête. Il n'y échappera pas.
Je monte ensuite les escaliers et me dirige vers ma chambre, je me jette en étoile de mer dans le lit et tâte la place à côté de moi, vide et froide. Je me demande bien si je serais heureux avec quelqu'un à mes côtés ? Même si je ne veux pas rencontrer mon âme sœur pour profiter pleinement de ma liberté, à quoi peut-elle bien ressembler ? Puis comme les vampires sont nuls pour reconnaître leur âme sœur, si ça se trouve, je l'ai déjà croisée ? Un portrait se dessine dans ma tête. Une fille, peau blanche comme la neige, de grands yeux, qui aime mon contact, qui est aux petits soins avec moi, sociable et marrante pour que je puisse la présenter à mes potes, fier. Cependant, un pressentiment me pousse à penser qu'elle ne sera pas exactement semblable à mon idéal. De ce fait, je ne souhaite pas le découvrir, aurais-je peur ? Sans doute un peu.
Mon corps se retourne sur le côté, mes yeux scrutent ce mur au fond de ma chambre, étroit, petit, prisonnier entre mes meubles. La représentation de mon trouble intérieur. Mes prunelles se perdent sur ce mur sombre : l'assemblage de mes idées les plus noires. Je n'ai pas une vie difficile en soi, pourtant, l'année où Taehyung est rentré dans ma famille, tout a basculé. Toutes les choses auxquelles je croyais ont été réduites en cendre, même encore aujourd'hui, je ne saurai dire si Taehyung a changé ma vie pour le meilleur ou pour le pire. Un soupir m'échappe à cette pensée ; je me gifle pour avoir ce genre d'idées.
Néanmoins, ce mur ... j'ai commencé à l'animer de tristes pensées, l'année où Taehyung m'a confié son passé. Cet épisode m'a complétement détruit. Les jours que j'ai passés à coller des bouts de journaux sur ce mur, faire des collages de soldats enchaînés ou morts, de la peinture rouge ou noire jetée dessus, des tags grotesques, des dessins morbides. Tous sont entassés les uns par-dessus les autres, selon mes humeurs de la journée, créant ainsi ce néant qui m'engloutit.
Mes paupières se ferment alors brusquement, en ayant assez de broyer du noir et de faire face à cette partie de ma personnalité que je hais par-dessus tout. Plongé dans l'obscurité, j'inspire un grand coup et me récapitule ce que je dois faire aujourd'hui. Quelque chose de très important, capital. La mission. Mon rythme cardiaque accélère. Mes souvenirs retracent leur chemin dans le bureau de mon père. Sa grande silhouette adossée à la rambarde de son bureau, ses lèvres bougent lentement. Sa demande résonne encore dans ma tête. Cette requête. Quelque chose que je dois faire à sa place, quelque de chose de fou et suicidaire.
« Jungkook, te sens-tu capable de dérober le dossier 530 dans les archives des défunts de l'APMM ? »
Mes yeux s'ouvrent, mon corps se redresse comme un ressort. Je me dirige vers mon bureau complètement en bordel. J'extirpe une clé rangée dans un des tiroirs, une longue clé, celle qui ouvre le coffre-fort dans le bureau de mon père. En une seconde, je me retrouve dans cette pièce, face à l'énorme boîte faite d'un matériel indestructible. La clé déverrouille le mécanisme fastidieux, la petite porte s'ouvre en un grincement à glacer le sang. Ma main chope alors le sac se trouvant à l'intérieur. Je le prends et l'ouvre. J'en extrais les objets qui se trouvent dedans et les étale sur le bureau. Je déroule une grande feuille et découvre ainsi le plan du centre de l'APMM, des gadgets autour : un brouilleur de codes pour ouvrir n'importe quelle porte, un laser pour les serrures, des lunettes rondes de vue ... Hein ? J'attrape avec attention les lunettes et les dispose sur mon nez. Je suis pris d'un mouvement de recul et tourne la tête dans tous les sens ; elles me permettent de voir à travers les murs. Je les repose sur la surface plane et inspire un grand coup. Cela fait depuis trois semaines que je me prépare psychologiquement pour cette mission mais rien que d'y penser, mes jambes flanchent. Ma main passe sur mon visage, j'ai promis à mon père de le faire, pas le temps de se défiler.
Une longue note dans le sac que je n'avais pas vue attire alors mon attention.
« Le costume d'affaires sur la chaise du bureau est pour toi, enfile-le, de plus, ce sac est doté d'une doublure, tu pourras y cacher les gadgets et mettre des livres à la place. Tu peux aussi t'y cacher. Il est également doté d'un isolant pour les objets en métal ou en fer donc aucun risque de te faire détecter en passant les portes de sécurité. Bon courage, je sais que tu peux le faire. Pense à ton frère. »
Le stress monte en moi, mes yeux remontent sur le costume neuf, disposé avec soin sur la longue chaise en cuir. Mes paupières se closent, mes poumons s'emplissent d'air.
Allez Jungkook, tu peux le faire. Ton plan est déjà préparé, t'as plus qu'à y aller.
***
Mes pas montent l'escalier du centre de l'APMM. Mon regard tombe sur les portes de sécurité, j'inspire un grand coup et continue ma route, la tête haute. Les gardes devant les portes passent en revu ma tenue, costume, cravate, chaussures cirées ; elle leur semble correct. Ils me saluent d'un hochement de la tête que je leur rends. Ma main tient fermement la lanière du sac, elle devient moite au fur et à mesure que mes pas me guident vers les portes. Les battements de mon cœur suivent le rythme de mes pas, lourd, pesant. Ma gorge se noue, une sueur froide passe dans mon dos, une dame se tient près des portiques et m'offre un sourire. Son regard m'inspecte, l'impression qu'elle me juge, qu'elle connaît déjà la raison de ma visite ici. Je lui rends un sourire forcé, mon pied passe alors le portique, le reste de mon corps et le sac suivent. Les portes de sécurité ne sonnent pas, respirer m'est de nouveau autorisé.
À la suite de ce coup de stress, mes yeux ont le plaisir de parcourir le hall, il est immense. Je ne deviens plus qu'une poussière au milieu de la galaxie, un point dans le système. Lunettes sur le nez, les murs se désintègrent, je parcours l'ensemble de la pièce, tout est correct. Ma main passe sur la barrette droite et je retrouve ma vision normale. Je commence à chercher une cible parfaite et la trouve très vite, cette secrétaire sans sex appeal, invisible aux yeux de tous. Je m'avance ainsi vers son bureau, confiant, un petit sourire au coin des lèvres, charmeur. D'une démarche féline, j'arrive jusqu'au petit bureau de la jeune fille aux lunettes carrées et aux cheveux ramenés en un chignon strict, un tailleur moulant sa silhouette semblable à celle d'un cure-dent. Arrivé devant elle, je me racle la gorge et défais un peu ma cravate, histoire de lui laisser une vue dégagée sur ma chemise blanche sculptant mes pectoraux. Sa tête se relève, en me voyant, elle replace ses lunettes correctement et se met droite sur sa chaise. Mon sourire enjôleur ne quitte pas mes lèvres, elle craque complètement. Elle tombe dans mon piège comme une souris devant laquelle on placerait un beau morceau de fromage.
« Vous êtes charmante mademoiselle. »
Ses joues prennent une teinte rosée. Elle s'apprête à replacer une mèche de cheveux, gênée, mais je la devance, faisant accentuer les rougeurs sur ses pommettes.
« M-merci jeune homme ... Que puis-je pour vous ? » Me demande-t-elle d'une voix tremblante.
« J'aimerais beaucoup que vous m'aidiez à retrouver mon chemin. » Lui souris-je de toutes mes dents. « Où pouvons-nous accéder aux bureaux ailleurs que par les ascenseurs de service ? »
« Euh ... Il y a l'escalier principal. » Me répond-elle, troublée.
« Et pour ne pas me tromper de chemin, qu'est-ce que vous me conseilleriez ? »
« Et bien ne prenez surtout pas les escaliers de service, il vous amène vers les sous-sols. » Chuchote-t-elle.
« Vraiment ? C'est dangereux dans les sous-sols ? » Lui demandé-je sur un ton faussement surpris.
« Eh bien, il y a toutes les archives, les dossiers enfouis. Puis de toute façon, une dizaine de gardes tournent dans les couloirs. Les archives sont bien protégées, aucun risque. » Me sourit-elle.
« Il n'y a que des gardes ? » Lui demandé-je, mimant surprise et inquiétude.
« Oh non, bien sûr que non, également une vingtaine de caméras ! »
« Ce n'est pas trop dur de regarder toutes les caméras en même temps ? »
« Il y a un système qui fait tourner les caméras toutes les sept secondes par étage, aucune inquiétude, le bâtiment est très sécurisé. » Conclue-t-elle tout sourire.
Elle s'apprête à dire quelque chose mais en ayant fini avec elle, je la coupe.
« Merci pour votre aide, je me sens rassuré. Je vous laisse à présent. »
Je lui offre un dernier sourire forcé et file à travers la foule. Il y a donc une dizaine de gardes et des caméras à chaque étage qui tourne toutes les sept secondes. Il y a trente étages dans l'immeuble, je peux donc avancer toutes les quatre minutes. J'inspire un grand coup, mes pas me dirigent vers la sortie de secours. D'après le plan du bâtiment, les escaliers de service sont de l'autre côté du mur. Ma main active la capacité de mes lunettes, les caméras sont allumées aux sous-sols, parfait, elles vont directement retourner au dernier étage.
Ma tête se tourne ainsi des deux côtés, voir s'il n'y a personne qui me regarde et ouvrir l'issue pour y entrer. Je désactive les lunettes et lance le compte à rebours sur ma montre avant de me précipiter dans les escaliers. Je m'enfonce au plus loin dans les abimes du centre, il y a une porte qui permet l'accès au dernier étage avant les sous-sols. Elle est verrouillée. Je regarde à travers le mur, il n'y a personne. Je sors le laser et grille la serrure. Avec la plus grande discrétion possible, je m'infiltre dans un des couloirs menant aux sous-sols. Soudain, je sens une présence sur ma droite, mon cœur se met à palpiter avec fureur dans ma cage. Mes jambes bondissent vers un couloir désert, des casiers se trouvent là, j'en ouvre un et me planque dedans. Ma présence s'efface avec la seule force de mon esprit, les secondes s'écoulent, un garde passe devant le casier, son souffle lourd me donne la chair de poule. Il est tout proche. Ma main se pose sur ma bouche pour arrêter ma respiration l'espace d'une minute.
Ses pas s'effacent enfin peu à peu, il est parti. Mes mains tremblantes ouvrent la porte du casier, mon corps se faufile en-dehors et reprend sa route entre ces couloirs semblables à des serpentins. Ils sont gris, une odeur de renfermé plane dans l'air, étouffant, angoissant. Mon cœur est le tambour faisant trembler mon corps, l'animant d'une soif de vérité enfouie. Un coup d'œil à ma montre, il me reste une minute et dix secondes. Mes pas s'élancent alors dans un escalier étroit, le trou noir m'aspire. Je suis prisonnier de ses griffes, ma vue se brouille. Je pleure ? Un coup de manche et on n'en parle plus. Je dois rester fort. Le cœur palpitant, je continue de tracer ma route à travers les couloirs hostiles.
Soudain, mes lunettes s'activent d'elles-mêmes, ayant détectées du mouvement. Un garde arrive sur ma gauche, ma montre indique vingt-deux secondes. Mes yeux s'écarquillent d'horreur, une caméra est sur ma droite. Je suis fait comme un rat.
Sans y réfléchir à deux fois, mes pieds traversent le couloir à droite, jugeant cette partie moins dangereuse. Deuxième activation de mes lunettes, un garde arrive droit devant moi, il ne me voit pas à cause de l'obscurité. Mon cœur s'agite, une sueur froide passe dans mon dos, mes yeux font un tour circulaire, espérant trouver une échappatoire. Sauvé, un casier à ma droite, certes petit mais suffisamment grand pour un sac. J'ouvre la porte tout doucement et pose le sac dedans. J'ouvre la doublure et enfile une première jambe à l'intérieur puis l'autre. Toujours tenu à la porte du casier, j'essaie de la refermer tout en m'enfonçant dans le sac, cependant, mon pied glisse sur quelque chose et mon corps tombe dedans. La fermeture éclair se referme au-dessus de ma tête et la porte du casier claque en un vacarme effroyable. Merde.
Mes oreilles distinguent les gardes affolés s'approcher du casier, le bruit de la porte grinçante s'ouvre, mon cœur palpite. Je sens leurs regards portés sur le sac, ils l'observent sur toutes ses coutures, le manipulent. La fermeture éclair s'ouvre, ma respiration se coupe. Je suis sur le point de m'évanouir. Ils vont me trouver, ils vont me trouver ... Les livres sont bougés au-dessus de ma tête, mon corps est tendu, mon cœur court un marathon. Puis, ils referment le sac, le casier et repartent patrouiller. Mes mains passent sur mon visage, l'une ouvre ensuite la fermeture du sac avec prudence. Ma tête dépasse, mes yeux observent chaque recoin du casier avant de l'ouvrir et sortir de ma cachette. Une fois dehors, mes poumons se gonflent d'air et mes jambes flageolantes arrivent à reprendre leur course. Le compte à rebours est remis à zéro, je suis proche des bases de dossiers.
Soudain, une porte me fait face, mes lunettes s'activent, un garde arrive. Elle est verrouillée par un code, je place le brouilleur de codes sur la surface et attends qu'il le trouve. Mon pied tape à intervalle régulier le sol, nerveux ; le garde va bientôt arriver. Le code n'est toujours pas trouvé, les pas du garde se font entendre dans la pénombre. Leurs cadences font trembler mon corps comme une feuille, une goutte de sueur coule le long de ma tempe. Mes yeux sortent de leurs orbites, suppliant ce putain d'appareil de trouver rapidement le code. Puis, il y arrive enfin, le garde s'apprête à me voir, la porte s'entrebâille. J'ai pile le temps de prendre le gadget et d'entrer à l'intérieur, elle se referme derrière moi. Je me retourne en une seconde et observe le comportement du garde : il inspecte les lieux, tâte la porte, reste un moment et repart, ne trouvant rien de suspect.
Ma tête s'échoue sur la porte, ma main essuie la sueur sur mon front, l'autre essaie de calmer les battements effrénés de mon cœur. Je reste quelques secondes dans cette position, avant de me rappeler la présence des caméras. Mon corps pivote d'un coup, mes yeux se déplacent dans la salle, des casiers à perte de vue et tombent sur l'objet de ma peur. Une caméra est placée dans le coin, prête à filmer le moindre signe suspect. Je consulte le temps qu'il me reste, neuf secondes. Mes yeux s'écarquillent, je me mets à courir le plus vite possible, l'espoir d'atteindre le coin avant qu'elle ne s'active. La distance à parcourir est impressionnante, cette salle doit faire au moins un kilomètre, ce n'est pas possible. Mon corps se plaque enfin sur la paroi, juste en-dessous de la caméra. Mes paupières se ferment, mon cœur est sur le point de se désintégrer. Mes oreilles distinguent le mouvement de la caméra au-dessus de ma tête. Mes membres sont pétrifiés. Les sept secondes qui suivent sont les plus longues et terrifiantes de ma vie. La pièce est plongée dans un silence mortuaire, il n'y a que la mélodie chaotique de mon cœur qui résonne entre les murs.
Puis, les secondes s'éteignent, les minutes reprennent.
Mes yeux s'ouvrent, ma tête se relève vers la caméra éteinte. Ma tête retombe lourdement sur l'un des casiers à côté, soulagé. Je reste un moment dans cette position avant de me rendre compte que ce que je cherche se trouve juste devant mes yeux, la chance me sourit. Le numéro 530 est gravé en gros dans la ferraille. Je tire sur la petite poignée, le casier grince en un son strident, effroyable. Les vibrations se répercutent entre les murs de cette salle dont on ne voit pas le bout. Mon cœur a bien failli s'arrêter, la chair de poule parsème ma peau. Cet endroit fait froid dans le dos, après avoir donné un regard à la salle, mon attention se reporte sur ce fin dossier. Je l'ouvre délicatement et y trouve à l'intérieur ce que je recherchais : le disque dur.
J'enfourne le dossier dans mon sac et me prépare mentalement pour le chemin du retour. Mes lunettes n'indiquent aucune personne aux alentours.
C'est bon, j'y vais.
***
J'ouvre la porte de l'issue de secours avec une rapidité impressionnante et me retrouve à nouveau dans le hall de l'APMM. Au retour, je n'ai évité qu'un seul garde. J'inspire un grand coup, l'air du dehors m'a manqué. D'un pas rapide, je m'empresse de partir pour mettre le dossier en lieu sûr. Mon visage affiche une expression neutre pour n'éveiller aucun soupçon, mes pas, eux, prennent un tempo régulier mais pressé. Seulement, mon sixième sens s'active soudain, je ressens une pression sur moi ; quelqu'un m'observe. Une personne m'aurait-elle repéré ? Ma salive a du mal à passer, mon regard parcourt le hall, faisant mine de rien, jusqu'à rencontrer des yeux froids et impénétrables posés sur ma personne. Un courant d'air amène avec lui, une odeur fruitée et amère, délicieusement bonne. Est-ce le parfum de l'homme qui m'observe ? Il détourne ensuite son regard et commence à partir en direction des grandes portes. Par réflexe, mes jambes s'actionnent et accourent vers cet homme. Plus je me rapproche de lui, plus son parfum devient saisissant, renversant. Mes dents viennent mordre ma lèvre inférieure, je n'ai jamais senti quelque chose d'aussi bon auparavant.
Mon corps ne se trouve plus qu'à quelques mètres du sien, il passe les portes de sécurité, je fais de même. Mon regard ne peut se détacher de cet inconnu, mon attention est complètement détournée de ma mission et se concentre sur cet individu au parfum ensorcelant. Ce dernier se dirige vers une superbe moto, un très beau modèle, l'un des plus rapides, rien que de songer à monter sur cet engin me terrifie.
En un clin d'œil, je me poste devant lui tandis qu'il enfile son casque de moto. Il se stoppe dans son action et repose son casque, ses yeux se posent dans les miens. Mon âme plonge dans cet océan noir et n'arrive plus à en ressortir, mes membres n'arrivent plus à esquisser le moindre mouvement. Mes idées sont bloquées, mes lèvres s'entrouvrent, tremblantes mais aucun mot n'en sort. Mes jambes me semblent aussi solides que du papier crépon.
« Oui ? » Sa voix calme m'extirpe de ce tourbillon duquel j'étais prisonnier.
Mes pupilles se déplacent sur ses cheveux noir d'ébène, ses petites boucles d'oreilles, son nez fin, ses lèvres pulpeuses, un corps assez musclé malgré qu'il soit plus petit que moi. Un magnifique alpha ... Et merde. Je me racle la gorge et humecte mes lèvres.
« Je- Je me demandais si ... » Ses yeux me transpercent, l'impression d'être mis à nu. « Euh ... »
« Mmh ? » Il fronce les sourcils, attendant la suite.
Allez Jungkook reprends-toi ! Depuis quand t'agis comme si t'étais puceau ?!
Je reprends un peu plus d'assurance, mon sourire en coin étire mes lèvres. L'homme face à moi a l'air confus devant mon soudain changement d'attitude.
« Auriez-vous du feu ? » Ma voix devient plus sensuelle.
Seulement, la réaction du jeune homme n'est pas exactement celle qui était prévue. Il me fixe, il semble déçu. Déçu ? Pourquoi ? Je suis en train de le draguer, je ne vois pas comment il pourrait être déçu !?
« Désolé, je n'en ai pas. » Il va remettre son casque mais je pose ma main sur la sienne.
« Attendez, ça vous dirait de m'accompagner boire un verre ? »
Mon ton paraît désespéré, non mais je rêve, depuis quand je suis obligé de forcer pour avoir le cul de quelqu'un ?
« Pourquoi ? » Ses muscles se tendent, il se méfie.
« Eh bien... » Je me rapproche de lui, mon visage se penche sur le sien. « Pour avoir la chance de faire votre connaissance. » Mon doigt passe sur son torse, mon regard est brûlant.
Cependant, mes propos n'ont pas eu l'effet escompté. Un air dur se peint sur ses traits fins, il retire rapidement ma main de son torse. Ses prunelles deviennent glaciales, un rictus colérique étire ses lèvres.
« Donc, là, si j'ai bien compris tu me demandes d'être ton coup d'un soir ? » Me demande-t-il avec un soupçon d'irritation.
« Hum ... » J'ai à peine le temps de parler que son doigt se dépose sur mes lèvres, une chaleur s'y dépose, mon cœur s'emballe. C'est quoi ça ?
« Ecoute-moi bien, petit playboy de merde, si tu me ressors une de tes vieilles approches pour avoir mon cul, je t'arrache la tête. Compris ? Va te trouver un autre chien à baiser. » Crache-t-il en me lançant un regard de dédain de haut en bas.
Mon corps est comme paralysé, mon cerveau n'arrive pas à suivre l'enchaînement des évènements donc là, concrètement, il vient de me repousser ? Il vient de me dire non, à moi, Jeon Jungkook. Pendant ce temps-là, il enfourche sa moto et met son casque, prêt à partir. Cependant, ma main attrape son poignet et l'en empêche.
« Tu viens de me rejeter ? » Le questionné-je, confus.
« C'est bien, tes oreilles fonctionnent. » Me répond-il sur un ton acerbe.
« Attends, je te jure que je suis un bon coup ! Et je ... » Ses yeux emplis de colère me font arrêter de parler. Ma gorge devient sèche. « Je ... Dis-moi ton prénom au moins, s'il te plait. »
Il ne m'écoute plus et place sa visière.
« Réponds-moi, c'est quoi ton prénom !? » Haussé-je le ton.
Cependant, il fait la sourde oreille et s'apprête à démarrer. Seulement, mon coco tu ne connais pas Jeon Jungkook. Têtu comme je suis, je monte sur la place arrière et me cramponne à lui. Pas question que je le laisse s'en aller comme ça ! Il se retourne brusquement vers moi et essaie d'enlever mes mains de son corps.
« Mais lâche-moi, t'es taré putain ! » Hurle-t-il.
Des passants nous regardent bizarrement, certains s'arrêtent, se demandant s'ils doivent nous séparer ou non. Le sac est accroché à mon dos, mes bras sont enroulés fermement autour de son torse.
« Aidez-moi, ce malade m'agresse ! »
Un homme qui passe par là, grand, tatoué, costaud, vient aider le pauvre motard et attrape mes épaules pour me décoller. Mes paupières se ferment, mes muscles se contractent pour résister. Il tire de toutes ses forces sur mon corps et tombe finalement en arrière, je suis complètement englué au jeune homme. Un ami de l'homme à terre vient ainsi l'aider et à deux, ils essaient de m'arracher à mon rocher. Néanmoins, je tiens bon.
« Aïe, aïe, aïe, c'est bon arrêtez ! Laissez-le ! »
Ils s'exécutent et se reculent du bolide, s'excusant auprès du jeune loup.
« Bon pas le choix. » Peste-t-il.
Le moteur commence alors à gronder et mon sang ne fait qu'un tour. Il démarre ainsi en trombe à travers les rues de Séoul. Les rues défilent, le paysage ne devient plus que des lignes de couleurs. Les klaxons fusent autour de nous. Sa vitesse est phénoménale, mon cœur est en train de se crasher.
« Mamaaaaaaaaaaaaaaan, je vais mourir ! » Hurlé-je, ce qui fait bien rire le pilote.
« Bah alors ? Pour baiser y'a du monde mais quand c'est un peu plus dangereux, on devient une vraie mauviette hein ? »
Je me cramponne à lui comme si ma vie en dépendait, mes yeux sont fermés. La peur afflue dans mes veines, le vent fouette ma peau tandis que la chaleur que dégage le corps du loup m'apporte une certaine force. Les rues défilent à toute allure, il passe toujours in extremis entre les voitures. Mes doigts agrippent sa veste, cet enfoiré accélère tandis que je suis en larmes. Les minutes défilent, la vitesse devient toujours plus folle. Je vais crever. Soudain, nous frôlons un camion, un cri de fillette sort de mes lèvres. Mon conducteur explose de rire. Ce n'est qu'au bout de minutes interminables que l'engin diminue son allure et finit par s'arrêter. Mes yeux se rouvrent, nous sommes en plein cœur de la ville. Sans m'y attendre, une force me propulse à terre. Il m'a jeté comme une vulgaire chaussette.
« J'espère que la balade t'aura plu ! »
Je me redresse d'un coup et me poste devant sa moto avant qu'il ne puisse repartir.
« Ton nom, enfoiré ! »
Il relève sa visière, ses prunelles intimidantes scrutent mon visage.
« Lâche-moi ... » Il soupire. « Si je savais à quoi m'attendre, j'aurais préféré ne jamais te rencontrer ... » Murmure le loup.
Mon cœur rate un battement, un néant se creuse dans ma poitrine. Mes mots sortent, francs.
« Tu m'as rejeté et c'est la première fois que ça m'arrive. »
Son visage n'exprime rien, il ne fait que me fixer.
« Fais quelque chose de ta vie, sérieux. »
Je reste médusé devant ses paroles, comment peut-il me rejeter puis me défier ?
« Tu te prends pour qui pour me dire ça ? » Répliqué-je d'une voix glaciale.
« Park Jimin. » Me répond-il d'un calme désarmant.
Ce nom résonne en moi, mes pupilles détaillent ses traits, immortaliser son visage et y mettre un prénom. Mon cœur bat au ralenti. Mes oreilles bourdonnent. Pourquoi une telle réaction ? J'ai une idée mais refuse d'ouvrir les portes de ma raison.
« Et au cas où, tu ne l'aurais pas senti, je suis aussi ton âme sœur. » Un rictus amusé se dessine sur ses lèvres. Il m'écarte ainsi de devant sa moto et démarre. « Allez, salut, au plaisir de ne jamais te revoir ! »
Mon corps est pétrifié. Mes yeux suivent sa silhouette qui s'efface entre les voitures jusqu'à complètement disparaître. Je ne sais combien de temps je suis resté à fixer ce point où je l'ai vu pour la dernière fois. Cependant, lorsque le soleil m'éblouit, englouti par les buildings, un déclic se fait dans ma tête.
Âme sœur ?
« Âme sœur ... » Chuchoté-je pour moi-même.
Les souvenirs, les sensations, les émotions, le tout s'emboîte et devient soudainement plus clair. Mes yeux s'arrondissent, mon cœur s'arrête. Mes mains commencent à trembler de rage, mon sang bouille dans mes veines. Une soudaine colère s'empare de moi et explose.
« Ce connard, mon âme sœur !? Et puis quoi encore ! »
Et merde ... Mon cœur bat comme un fou.
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Tadaaaaaaa
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