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8. Oönskade : Indésirables (1/2)

Un homme rond, à la barbe fournie et à la chevelure effilée, vêtu d'un ensemble trop cintré à la taille, apparut entre deux groupes de duchesses. Ansgar, le fidèle garde balafré de Kristina, eut un mouvement en avant qu'elle endigua en posant délicatement sa main sur son bras.

⸻ Cela ira, je vous remercie.

Aussitôt, elle accueillit son ancien précepteur avec contentement.

⸻ Sir Matthiae !

Ils se prirent les mains. Le vieil instructeur, qui avait assuré la majorité de l'éducation de Kristina, avait été écarté par Oxenstierna lorsque son ouverture d'esprit religieuse avait été jugée dangereuse. C'était à cette époque, peu avant la majorité de la princesse, que le chancelier avait organisé un rapatriement à Gripsholm. Il avait pensé pouvoir empêcher le professeur d'influencer son élève et de la rendre trop tolérante.

Finalement, et sans Matthiae, elle l'était devenue par la force des choses, mais le tenait d'autant plus en son estime.

⸻ Que vous avez grandi..., souffla-t-il, comme émerveillé.

Bien que déjà jeune femme, Kristina n'était encore, lorsqu'ils s'étaient quittés, qu'une élève fragile et d'une candeur naïve, au physique et regard enfantins. Ses jeunes traits s'étaient désormais durcis, sa poitrine avait gagné en rondeur même si elle restait très modeste, sa démarche et son ton étaient assurément plus adultes. Elle dégageait une assurance nouvelle et le poids des responsabilités se lisaient dans ses yeux, ce qui mit en larmes ceux de Matthiae. Sa mission avait été de la préparer à ce rôle, à cet instant. Elle y était parvenue seule et il ne pouvait qu'éprouver une immense allégresse. Quel meilleur cadeau pour un professeur que voir sa protégée voler de ses propres ailes ?

⸻ Et vous, vous n'avez pas changé !

Le rire amusé de l'instructeur se transforma en toux. Il couvrit sa bouche d'un mouchoir. Kristina s'accrocha à ses bras, inquiète.

⸻ Ne vous en faites pas..., finit-il par dire, la quinte passée. Mais vous voyez bien que mon âge n'est plus ce qu'il était.

Elle frotta son épaule, le visage contrit.

⸻ Je voulais vous voir avant votre Couronnement, mais les audiences m'ont été refusées. Vous m'avez manquée, mon enfant.

⸻ Satané Axel, grogna Kristina. Ce vicelard parvient toujours à tirer son épingle du jeu...

Matthiae gloussa, le tissu encore au bord des lèvres. Les grossièretés de Kristina n'étaient pas coutume et illustraient une rage aux conséquences que beaucoup mésestimaient. Lui savait comme elle pouvait se montrer cruelle ; il se rappelait notamment des rats morts glissés dans le lit de sa cousine après une remarque désobligeante de sa part sur son physique, alors qu'elle n'avait que dix ans... des pigeons lâchés dans la salle d'études, pour se soustraire à la leçon de révérence que sa tante lui avait imposée... ou encore, plus tardivement, des braises disposées dans les chaussures de son premier amant, le lendemain de son écart avec une bonne. Kristina élaborait avec soin des vengeances qui tombaient brutalement et marquaient les esprits. Ce caractère rancunier lui était-il passé avec son gain de maturité ?

⸻ Mais vous êtes là, maintenant. Resterez-vous ? lança-t-elle, pleine d'espoir. Axel ne posera plus problème, je vous le garantie !

⸻ J'aimerais, mon enfant... Malheureusement, un jour de plus ici risquerait de m'achever... les mentalités sont étouffantes ici, à la capitale, et je sais ne plus y avoir ma place.

⸻ Vous l'avez. La reine vous l'assure.

Il pouffa doucement.

L'héritière n'allait pas pouvoir le convaincre, c'était une certitude... Néanmoins, elle comprenait. Qui aurait voulu d'une vie similaire à la sienne, sans les avantages de cette dernière ? Être cloîtré dans des murs en pierre, étouffé par les faux-semblants des nobles, reclus de la société, fouetté par les normes à tenir et l'interdiction de penser d'une autre manière que la majorité... Tout l'inverse de Matthiae, dont les discours progressistes avec lesquels elle avait grandi avait fait naître son ouverture d'esprit.

⸻ Si vous saviez comme je suis fier de vous.

⸻ Votre présence m'a grandement manqué également.

L'instructeur secoua la tête :

⸻ Dans le cœur, peut-être, mais pas dans le savoir. L'élève a dépassé le maître, très chère.

⸻ Ce n'est que poudre aux yeux, si vous saviez comme cela est difficile, parfois...

⸻ Mais s'il y a une personne capable de surmonter cela, et d'élever le pays par la même occasion, c'est bien vous.

Johannes Matthiae chassait les pensées noires de l'esprit de Kristina tel un enchanteur, ainsi qu'il l'avait toujours fait. Plusieurs fois, elle s'était demandé comment elle avait pu supporter son départ, s'en sortir sans ses phrases pour lui remonter le moral, se contenter d'une missive par mois...

⸻ Ne resteriez-vous pas au moins quelques semaines ?

⸻ Strängnäs m'attend, mais je promets de vous rendre visite souvent.

Kristina lui livra une moue boudeuse.

⸻ Je vais devoir m'en contenter. Tout le monde vous demande et je le comprends sans mal. Vous êtes un excellent professeur et je suis ravie que vous ayez pérennisé nos projets d'universités à travers le pays.

L'admiration qu'elle avait pour lui égalait celle qu'elle avait eue pour son père. Elle était même plus grande, désormais que certains mythes sur le « roi du Nord » s'étaient effrités.

En toute objectivité, Johannes Matthiae était un homme bon et courageux. Anciennement pasteur, il s'était impliqué tant dans l'enseignement que dans les actions sociales. En parallèle de son instruction à la Cour, il avait ainsi instruit de nombreuses personnes, écrit presque une centaine d'ouvrages et fondé le premier orphelinat suédois à Stockholm. Puis, il avait quitté la capitale en même temps que la princesse et avait été nommé évêque. Son parcours avait été empreint d'un souci d'autrui inégalé pour son siècle et nul doute qu'il fusse en partie responsable de la bonté de Kristina.

Du coin de l'œil, cette dernière aperçut la robe pastel que portait sa mère, mais il était trop tard pour fuir. Marie-Éléonore s'imposa dans la conversation. Respectueux des règles tacites, l'instructeur s'écarta en se courbant et prit congé, garantissant revenir un jour, si ce n'était celui-là, terminer leur discussion.

La veuve se plaça en face de sa fille avec un rictus d'étiquette.

⸻ Vous êtes belle, chère fille, déclara-t-elle.

Kristina repoussa sa main avant qu'elle ne caresse ses boucles brunes.

⸻ Que faites-vous là ? attaqua-t-elle.

⸻ Je ne pouvais louper votre couronnement !

⸻ Je ne me souviens guère vous y avoir conviée.

La douairière observa les alentours.

⸻ Et tous ces paysans, si ?

Les doigts de la jeune reine se crispèrent sur les pans de son manteau. Elle choisit le silence pour toute réponse, les joues cependant colorées de colère. Sa mère ancra à nouveau ses pupilles aux siennes :

⸻ Vous n'avez jamais répondu à mes lettres.

⸻ Celles où vous ne faisiez que vous lamenter ? Catherine m'en a lue deux avant de décider de brûler les suivantes sans plus les décacheter.

À sa demande, néanmoins. S'il y avait un point où sa tante et elle ne détenaient pas d'avis divergents, c'était sur sa mère. Toutes deux l'avaient en bien piètre estime, pour leurs raisons propres.

⸻ J'y suppliais votre pardon.

⸻ Sans façon, mère. Retournez donc chez nos ennemis.

⸻ Je ne prévois plus de repartir au Danemark. Je ne pourrais louper votre mariage.

Kristina serra les dents et puisa du calme en son fort intérieur pour ne pas lui hurler au visage.

⸻ Où est donc Charles ? insista son inopportune invitée. Je ne l'ai point vu... Il devrait se tenir à vos côtés !

Sauvée par le gong, Kristina aperçut les cuisiniers acheminant les vivres fumants du repas.

⸻ Je vous veux partie aux aurores demain, dit-elle avant de s'éloigner vers son trône.

Quelques instants plus tard, servie avec la plus grande diligence, elle huma son assiette et ouvrit la dégustation, après le signe favorable de ses goûteurs. Des exclamations émerveillées accompagnèrent la levée des cloches et les assiettes ne cessaient de se multiplier sur les tables, afin de satisfaire tous les estomacs.

Contente d'offrir un repas de roi à son peuple qu'elle veillait à sortir du besoin, Kristina découpa lentement le morceau de faisan saignant, en avala un bout, puis savoura les tendres pommes de terre en accompagnement. Le vin coulait à flot et elle en abusa quelque peu, espérant que cela gommerait sa morosité. Elle arrêta lorsqu'elle crut reconnaître, au fond de la salle, une silhouette qui ressemblait à celle du cavalier.

⸻ Alva, peux-tu me passer l'eau ?

⸻ Je n'osais plus attendre que vous le demandiez !

Sa dame de compagnie, assise à sa gauche, s'empressa de faire monter la cruche. D'une jeune femme apeurée et pipelette, elle était devenue une dame d'honneur respectable, à la tenue en société impeccable. Elle faisait preuve en cette occasion d'une discrétion admirable, bien qu'au fond elle était surexcitée. Elle profita de l'ouverture pour discuter avec sa maîtresse, à voix basse :

⸻ Vous devriez ralentir sur l'alcool...

⸻ Tu as raison...

⸻ Est-ce à cause de votre mère ?

⸻ Tous les tonneaux du monde ne me suffiraient à l'occulter.

Effectivement, Marie-Éléonore caquetait si fort qu'elle lui volait presque la vedette.

⸻ Un dernier, au moins, fit-elle en tendant son verre.

Le repas, aussi abondant que délicieux, ne parvint pas à lui faire oublier la présence oppressante de sa mère. Elle lui en voulait énormément de gâcher sa journée. Quant à Oxenstierna, qui suçait bruyamment ses doigts à trois places d'elle, le fils de Magnus qui hurlait au moindre caprice et son cousin qui gonflait le torse et jouait le viril futur époux, elle pouvait plus les supporter non plus.

Mais l'orchestre jouait de joyeuses notes et ses sujets avaient l'air de s'amuser. Le tableau des roturiers mélangés aux bourgeois la ravissait. Elle avait réussi à unir son peuple. Même les catholiques avaient plus ou moins cessé de vouloir sa mort, après la disparition du Ryttare et les multiples actes de clémence de la royauté, une fois les limites de l'acceptable redéfinies avec poigne... Elle entrevoyait la paix, la paix pour laquelle elle s'était battue, et cela lui suffisait.

Des heures plus tard, après de multiples échanges infertiles, le festin prit fin. En se relevant, Kristina tangua et comprit être pompette. Elle s'appuya sur sa chaise sans que personne ne remarque son enivrement et se demanda comment elle allait bien pouvoir honorer la tradition et danser jusqu'au soir.

⸻ Il va encore me falloir de l'eau, Alva, chuchota-t-elle dents serrées.

Puis, elle s'adressa tout haut à ses convives :

⸻ Passons à côté et dansons !

Les musiciens remballèrent avec empressement instruments et partitions, bousculés par ceux qui n'avaient pas eu la chance de trouver une place assise. Tous se dirigèrent vers la salle de bal.

Kristina se désaltéra et descendit de l'estrade après Charles et Oxenstierna en prenant au bras Alva plutôt qu'eux. Les langues se délièrent immédiatement et firent frémir la reine ; la Cour voyait en Alva une amante tandis qu'elle la voyait comme une branche l'empêchant de tomber sous les effets des spiritueux.

Johan, qu'elle avait pris soin de placer aussi loin que Magnus et sa cousine, rejoignit son père et le taquina :

⸻ Vous l'avez éduquée comme un homme, ne vous étonnez pas qu'elle aime les femmes.

Kristina se tendit, prête à riposter. Alva et elle se regardèrent dans le blanc des yeux tandis qu'Alva serrait sa main plus fort.

⸻ Ne le laissez pas vous atteindre, lui glissa-t-elle.

⸻ Mais toi ?

⸻ Je n'ai que faire de ce que les gens racontent, je vous l'ai déjà dit.

L'héritière acquiesça avec reconnaissance et ravala un relent de vin. Elles quittèrent la salle de banquet, noire de monde, en frôlant les invités. Au pas de la double porte, un bel homme à la chevelure d'or les intercepta. Plein d'assurance au premier abord, il se décomposa aussitôt. Et pour cause : l'épée d'Ansgar, jamais loin, venait de crisser contre son fourreau. Kristina l'arrêta en levant la main.

⸻ Que... Quel... Votre Honneur..., déglutit l'inconnu.

Charles, en avant, se retourna par curiosité mais fut poussé, avec le reste de sa famille, par d'autres convives, et disparût dans la file.

Curieuse, Kristina se déporta sur la droite pour laisser ses sujets passer et étudia le blond. La couleur chatoyante de ses iris lui semblait étrangement familière.

⸻ Nous connaissons-nous ? demanda-t-elle en refoulant un hoquet.

Malgré une élégance naturelle, une barbe soignée et une posture impeccable, il appartenait assurément au peuple. Il alpagua un serveur pour une chope de cervoise, dont une gorgée suffit à le libérer de sa nervosité.

⸻ Pardonnez-moi, quel impoli je fais ! Filip, pour vous servir, se présenta-t-il en s'inclinant. Je travaille dans la taverne à trois rues, je voulais vous remercier pour votre commande...

Le visage de Kristina s'illumina. Voilà où elle l'avait certainement aperçu : dans une des auberges de la capitale, où elle avait eu la surprise de revoir le tavernier de Mariefred. C'était à lui qu'elle avait commandé tous les breuvages pour le couronnement avant que son échoppe ne soit mise à feu et à sac par les catholiques et elle avait sauté sur l'occasion de lui racheter, en moindres quantités certes, quelques tonneaux.

⸻ Mais bien sûr ! Vous travaillez avec Sir Aslog, n'est-ce pas ? Où est-il, que je le félicite de vive voix pour son excellent vin ?

Elle pivota un peu vite et fit deux petits pas pour retrouver son équilibre.

⸻ Je suis navré, déplora l'individu. Il est souffrant, sans quoi il aurait mis un point d'honneur à être présent.

⸻ Je comprends... Que puis-je pour lui ? Et pour vous ? s'enquit-elle gentiment.

⸻ Vous avez déjà tant fait ! Vous savez, je suis certainement votre plus grand admirateur.

Elle pouffa, tenu aussi fermement que discrètement par les bras d'Alva, dont elle se libéra pour croiser les siens, amusée.

⸻ Je ne savais pas que ma tante avait engagé un fou pour me divertir !

Le bel homme rit à son tour puis reprit son sérieux :

— Laissez-moi vous présenter mon frère, le forgeron de la capitale, voici...

Il tourna la tête et sembla se décomposer. Aussitôt, il bafouilla :

— Il était là à l'instant !

Compatissante, Kristina apposa une main sur son poignet et lui sourit.

— Ne vous inquiétez pas, ce n'est guère grave.

Il acquiesça, bien que visiblement contrarié.

— Veuillez m'excuser, fit Kristina. Mes autres invités m'attendent.

Sa poitrine se souleva et un bruit étouffé s'échappa de sa bouche.

— Bien entendu !

— Et dites à Sir Aslog que je viendrai le remercier en personne.

Filip lia maladroitement une révérence et un levé de verre, qui manqua de se finir en flaque au sol.

Nombreux tentèrent de suivre son exemple mais les gardes durcirent leur protection dès que cela devint oppressant. 

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