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11. Et un, deux, trois... couples (2/2)

Kristina mit un certain temps à assimiler l'information. Le reste de la famille de Deux-Ponts Cleebourg débarquait. Deux de ses trois cousins fantômes, surgissant tels des revenants, eux qui pourtant n'avaient pas même daigné répondre à son dernier, et pas des moindres, courrier. Elle lâcha un rire nerveux puis, bouillonnante, indiqua la porte à sa cousine.

— Disposez, Marie.

— Allez-vous descendre ?

— Marie, déguerpissez avant que... Oh, eh puis... Diable ! Gardes !

Elle bouscula deux laquais en ouvrant elle-même l'accès, pour se planter face à Ansgar qui attendait déjà ses injonctions.

— Mère n'y est pour rien ! s'exclama Marie-Euphrosyne dans son dos. Ce sont eux qui ont souhaité vous présenter leur respect !

Faisant volte-face, la brune récrimina :

— Ils m'en ont prouvé l'absence en laissant leurs places vides à mon couronnement.

— Vous avez bien raté leurs mariages !

— Cela est absolument incomparable. Votre sœur Éléonore a des raisons à bien des égards, mais eux, aucunes.

Marie-Euphrosyne se tendit à l'évocation d'un des sujets interdits dans sa famille : sa cadette et ses choix peu judicieux, qui auraient pu anéantir la réputation des Cleebourg.

Éléonore, du même âge que Kristina, avait été la moins horrible de ses trois cousines. L'héritière l'avait peu côtoyée par rapport à Marie-Euphrosyne, mais elle se souvenait avec précision de ses cheveux d'un blond si pâle qu'il virait au blanc. Il leur était arrivé de converser par papier. Lorsque Kristina avait été poussée à quitter la capitale, Éléonore était prise à la gorge par des négociations maritales dont elle lui avait communiqué l'aboutissement trois ans plus tard... Rapidement suivi d'aveux concernant sa liaison avec un joueur de luth français. Un scandale qui avait éclaté peu de temps après et placé la malingre jeune femme dans le déshonneur. Depuis, son mari et elle évitaient les rassemblements, où ils n'étaient d'ailleurs pas particulièrement bienvenus.

En revanche, Madeleine et Jean lui avaient paru, du peu d'échos qu'elle avait eu, vivre une existence des plus coquettes, et n'avoir donc à ce titre nulle excuse pour ce manquement.

Partie deux ans avant la majorité de Kristina, Madeleine avait bâti sa vie loin de la Cour. Première née de Catherine, elle n'en était pas sa préférée et avait beaucoup souffert des critiques incessantes sur son surpoids, à cause duquel elle avait eu tout le mal du monde à convaincre un soupirant. Elle avait coupé les liens avec sa mère aussitôt mariée à Frédéric VI de Bade-Durlach, un militaire, sans au revoir.

Quoi que si Kristina avait eu cette opportunité, peut-être aurait-elle agi pareil et disparu. Elle s'adoucit la concernant en prônant la prescription.

A contrario, elle se promit de n'avoir aucune compassion pour Jean, ce jeunot vadrouillard, qui n'avait jamais eu d'égard pour elle. Marmot, il lui tirait les cheveux et multipliait les bêtises. En ce sens, il avait rapidement eu une éducation plus stricte, par son père, à des milliers de lieues de Tre Kronor.

Elle ignorait totalement ce que l'un comme l'autre étaient devenus. Seule Éléonore lui avait parlé de ses enfants et transmis quelques portraits.

— Que voulez-vous que je fasse, Votre Altesse ? osa Ansgar, profitant du silence de sa réflexion.

Maire-Euphrosyne abandonna son air hautain pour un regard suppliant.

— Pour une fois que nous sommes tous réunis !

Bien que peu attendrie, Kristina céda à la justification de cette dernière.

— Il manque votre père et votre sœur, qui, malgré les apparences, sont bien les seuls à redresser l'estime que j'ai pour le Palatinat-Deux-Ponts..., ne put-elle s'empêcher de souligner. Ansgar, nous descendons.

Presque aussitôt, une silhouette aux tresses volantes apparût dans le corridor. C'était Alva, qui trottinait. Elle s'agrippa au bras de sa souveraine en lui soufflant à l'oreille le détail de la situation aux étages inférieurs.

— Leurs maris et leurs enfants ? s'écria Kristina. Bonté divine. Sais-tu combien sont-ils au total ?

— Plus que vous ne pouvez le supporter, je le crains...

— Il y a quatre enfants, précisa Marie-Euphrosyne, sur leurs talons.

Et dur de les louper : à peine une minute plus tard, des pleurs envahirent les couloirs. D'autres se joignirent au concert. Kristina fit les gros yeux avant de vociférer :

— Ce n'est pas possible, il y en a tout un régiment !

Elle se hâta jusqu'au rez-de-chaussée et retint un hurlement. Des montagnes d'affaires encombraient presque tout l'espace au pied de l'escalier, tandis que les domestiques rentraient le ventre pour acheminer les bagages jusqu'à l'étage des visiteurs, dans l'aile Est.

Des monceaux de malles bloquaient la vue. Le choc d'un tel débarquement se transforma rapidement en colère. Ces deux indésirables s'installaient pour combien de temps, au juste ?!

Elle se hissa sur la pointe de ses pieds à la recherche d'un responsable à incendier. Entre deux valises, une fente lui permit de repérer Catherine, qui avait l'air aussi décontenancée qu'elle.

Et, à ses pieds, au milieu de tout ce bazar, rampaient trois bambins en jeune âge. Tout le bruit leur était dû.

D'un rugissement, Kristina amorça la question qui s'imposait :

— À qui sont ces...

— Les quatre sont à nous, répondit une femme aux formes généreuses, apparaissant derrière une pile d'effets personnels.

Madeleine, facilement reconnaissable de par les emblématiques yeux globuleux de la fratrie de Deux-Ponts, tenait par la main une petite fille aux airs timides.

Le compte était bon. Madeleine désigna un autre garçon, à côté de la rambarde, et précisa :

— Et lui...

— Lui, je sais, déclara Kristina en avisant le fils de Marie-Euphrosyne, qu'elle se coltinait depuis des mois. Gustav, retirez votre doigt de votre narine. Marie, où diable est passée votre nourrice ? Personne ne lui a donc appris à...

Elle s'interrompit pour un relent à la vue d'un autre de ses neveux qui vomissait sur le tapis vermeille de l'entrée. Madeleine ne parut pas surprise mais Catherine, main sur sa clavicule, couina. Des servantes se précipitèrent pour prendre en charge le petit. L'incident eu le mérite d'intriguer les autres et donc de les faire taire. Le calme auditif revenu, Kristina tonna tout de même :

— Qu'on m'enlève ces vermisseaux du sol !

La voluptueuse Madeleine s'activa pour porter le plus menu des trois, dévoilant en se baissant une poitrine volumineuse, comprimée par sa robe bustier noire et blanche arborant en son centre une pierre en losange bordée d'or.

— Navrée pour cette agitation, chère cousine, s'excusa-t-elle.

Alors que la reine s'apaisait et allait accorder sa grâce, deux hommes et une autre femme se joignirent à la foule.

— Évidemment..., marmonna Kristina.

— Cousine Kristina ! salua un élongé homme qu'elle devina être Jean.

Il s'approcha vivement, dégainant sa main pour un « bonjour » des plus inconvenants. Catherine se tint le front, en sueur. Il fallait constater que Madeleine et Jean étaient loin du respect assidu de l'étiquette de ses deux plus proches enfants...

— Vous vous adressez à Son Altesse royale, le reprit Ansgar, qui avait noté la crispation de sa supérieure.

Le cousin suspendit son pas. Kristina opta pour saluer plutôt l'autre homme, en retrait.

— Frédéric, si je ne m'abuse ?

— Friedrich, corrigea son épouse.

Madeleine n'avait pas pris la passion de sa mère pour la francisation des prénoms. Le couple récupéra dans ses bras les deux garçons encore au sol. Son compagnon poursuivit et les présenta dans l'ordre chronologique :

— Notre fille Christine de cinq ans, Friedrich fils de trois, Karl de deux et la petite Barbara qui a à peine six mois.

La reine abaissa son menton en guise de salutation, bien que toujours la dernière à se réjouir du sang neuf. Elle redirigea son attention sur le deuxième couple. Ils étaient tels le jour et la nuit. Lui sombre, avec des cheveux bruns mal coiffés, très ressemblants aux siens, et un visage étiré et écrasé vers l'intérieur, tandis que sa conjointe était lumineuse, avec un teint rosé et de belles boucles anglaises.

— Et..., fit-elle en dévisageant la très belle blonde plutôt costaude aussi.

— Je vous présente ma femme, Elsa Brahe de Wisingsborg, dit fièrement Jean.

— Je sais. Elsa a été une de mes dames d'honneur, un temps, reconnut Kristina. C'est moi qui l'ai envoyée à Stegeborg, pour servir votre sœur à l'époque.

Stegeborg... Longtemps, cela avait été la résidence familiale des Deux Ponts, où elle avait d'ailleurs tenté mille fois de renvoyer Catherine... Mais, désertée par Jean-Casimir, son mari, durant la Guerre de Trente Ans, et emplie de souvenirs, elle avait de quoi faire fuir sa tante.

Sans doute gêné, Jean lissa sa fine moustache, rasée étrangement à un grand écart de sa lèvre supérieure, puis gratta son menton à fossette.

— Votre Altesse, s'inclina Elsa avec un sourire ravageur.

— Nous sommes affamés ! informa Jean en se caressant le ventre.

Non, ils n'allaient définitivement pas ensemble.

Avait-elle conçu cette union, sans le savoir ? À croire que l'amour fleurissait partout, sauf pour elle...

Kristina appela son intendant, qui confirma que le repas était prêt. Les invités étaient arrivés à point... Aussi passèrent-ils à table, dans une salle intimiste qui n'arrangea en rien l'ambiance étouffante qui régnait. Autour de fameux mets, bien que servis de moitié afin de répartir les quantités dans les assiettes des non-annoncés, Kristina s'intéressa à ses cousins :

— Je n'espérais plus vous revoir. Si vous venez pour le couronnement, vous êtes bien en retard...

Elle désigna sa couronne scintillante, d'ores-et-déjà remarquée par ses convives, et livra un rictus forcé. Jean et Madeleine bafouillèrent des explications de concert, ce qui rendit incompréhensible leur flot de défenses.

Elle vint à leur rescousse en cadrant son interrogatoire :

— Madeleine. Vous êtes bien pâle, vivez-vous dans le grand Nord ?

Sa cousine, de dix ans son aînée, avait une peau blanche craquelée, tachée de rouge par endroits et les couleurs de sa toilette ne faisaient que l'accentuer.

— Nous ne vivons plus sur le sol suédois...

Kristina arqua un sourcil. Madeleine expliqua, sans qu'il ne soit nécessaire de mettre un mot sur l'étonnement général :

— L'armée suédoise n'accepte pas les princes étrangers... Nous nous sommes donc installés en Allemagne, en profonde campagne. Les nouvelles mettent du temps à nous parvenir... Nous aurions été ravis d'être à vos côtés, Kristina, même si Barbara nous a demandé beaucoup de concessions ces derniers mois.

— Je l'ignorai, nota Kristina en avalant une gorgée de vin.

— Nous l'ignorions tous, siffla Catherine.

Les œillades accusatrices fusèrent avec des reniflements agacés en réponse.

— Et vous, Jean ? relança Kristina pour soulager Madeleine, dont elle comprenait enfin l'absence.

Il se goinfrait comme s'il n'avait pas mangé depuis des lustres.

— Vous n'avez certes pas épousé une femme avec une luxuriante dote..., poursuivit-elle avec dédain. Laissez-moi deviner. Vous êtes là pour demander de l'argent.

Il engloutit un bout de poulet et vira au cramoisi.

— Nous... hum...

— Très bien, nul besoin d'en dire plus.

Elle se leva, lasse, et s'adressa à la tablée :

— Ma Cour n'est pas votre nouveau Stegeborg. Nous partagerons ce repas, celui de ce soir, et cela consistera en ma seule contribution à cette mascarade. Jean, une dépensière dans mon genre ne peut que mal vous faire la morale, mais vous n'obtiendrez rien de moi. Pour toute négociation avec votre mère, je vous prie de le faire vite afin de quitter les lieux. Ce n'est pas contre vous, Elsa, c'était un plaisir de vous revoir. Quant à vous Madeleine, je vous laisserai le temps de vous remettre de votre voyage et nous pourrons nous entretenir si cela est votre souhait, mais vous n'aurez aucun autre privilège.

Elle sortit et entendit Alva la suivre. Les grondements de son ventre l'accompagnaient.

— Non, le lui interdit-elle. Mange tranquillement, je vais m'entretenir avec Salvius.

Elle rejoignit les bureaux dans l'aile Nord, en quête de son conseiller. Ce dernier s'entretenait avec le chancelier, debout dans la pièce. Leur discussion se stoppa net à l'entrée de la reine. Elle jaugea Oxenstierna avec mépris. Il comprit l'ordre sous-entendu et s'éclipsa.

Aussitôt les portes fermées, Kristina s'enquit auprès de Salvius :

⸻ Que voulait ce cher Axel ?

⸻ Les préoccupations s'axent sur votre mariage, ma reine...

⸻ Je ne suis pas sans l'ignorer... Avez-vous vu nos nouveaux arrivants ?

⸻ Oui, fit-il en grimaçant.

⸻ Catherine a beau aussi peu apprécier leur surprise impromptue que moi, elle ne tardera pas à se rappeler que Charles est le dernier enfant qu'il lui reste à marier. Nous allons devoir nous pencher sur la question, que cela me soit aise ou non...

⸻ Et si nous laissions l'hiver passer ?

Sa poitrine se gonfla de reconnaissance pour son bras droit.

⸻ Cela me convient, oui.

Elle enchaîna :

⸻ Salvius, j'ai encore un service à vous demander.

⸻ Vous n'avez qu'à le formuler.

⸻ Le maréchal, le jeune.

⸻ Hum oui ?

⸻ Faites préparer une suite pour lui ici. Je souhaite qu'il s'installe à la Cour. Et annulez le bal de ce soir, une nuit tranquille ne sera point de refus. Pourvu que les domestiques parviennent déjà à ranger les salles pour y installer les buffets demain.

Il prit note mentalement des requêtes de sa souveraine et attendit.

⸻ Ce sera tout, précisa Kristina. Je vous remercie.

Salvius ne posait nulle question indiscrète et obéissait, avec diligence et discrétion. Il pouvait deviner, au fil des missions confiées, les secrets que Kristina se gardait de révéler, mais ne les creusait pas. Là, en l'occurrence, l'héritière se voyait mal expliquer qu'elle désirait obtenir de Sven, ami du Ryttare, des informations pouvant servir à sa chute.

Et titiller les sentiments du hors-la-loi, quitte à le rendre jaloux, était un luxe.

Ainsi envahie d'hostilités, elle devait impérativement être efficace, trouver des solutions aux impasses qui se multipliaient dans la cartographie de ses projets... En outre : faire tomber des pions.

Et quelle meilleure première cible que celui qui l'empêchait de se concentrer, celui qui était un barrage immuable dans ses projections conjugales ?

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