Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

1. Maladie d'amour (2/2)

Son allié prit congé et pas une seconde ne passa avant que Kristina n'enchaîne avec d'autres démarches :

⸻ Fais monter aussi tôt que tu le pourras Sir Salvius dans mes appartements. J'aimerais des nouvelles de Charles et Johan...

Après avoir planté son coupe-papier dans la gorge de son écuyer, alors qu'elle œuvrait à l'évasion du Ryttare, celui qui pourtant l'avait trahie à maintes reprises, Kristina avait eu un élan de folie vengeresse... Dirigé contre les mauvaises personnes... Car elle n'en voulait au fond qu'à cet homme qui l'avait humiliée.

Se battant contre d'autres ennemis avec la volonté de les écraser pour oublier qu'elle-même était en miettes, elle avait avancé des pions stratégiques avec une lucidité foudroyante, avant de s'effondrer. D'abord : éliminer la menace à son trône. Ensuite ? S'attaquer aux autres vermines qui la freinaient dans son ascension. Ainsi, elle avait mandaté son cousin et le fils d'Oxenstierna pour s'occuper des catholiques qui avaient incendié Gripsholm : ils avaient eu pour mission de rester dans la région jusqu'à identifier tous les participants de cette mutinerie et les lui ramener.

⸻ Que ferez-vous lorsqu'ils arriveront avec ces hommes ici ? s'enquit Alva, adossée à la monture du lit à baldaquin.

⸻ Je les ferai exécuter en même temps que d'autres criminels, dogmes confondus, afin que cela ne passe pas pour une répression religieuse. Ils seront jugés coupables de haute trahison et le royaume de Suède comprendra alors que le temps de mes hésitations est révolu. Puis, je réduirai Charles et Johan en poussière.

Car elle avait appris durant le trajet jusqu'à Stockholm que Charles avait été de connivence avec Oxenstierna et son fils pour la capture du Ryttare ; si son cou avait été à sa portée, il n'était pas exclu qu'elle y aurait planté une arme, désormais qu'elle en détenait l'art. Bien sûr, elle s'était doutée de leur alliance dans ce fourbe plan... Mais Sir Salvius, en malin enquêteur, avait confirmé ses soupçons.

⸻ Vous n'êtes pas obligée de faire cela...

⸻ Si, Alva. J'ai trop de fois fait preuve de clémence, cela m'a toujours desservi.

⸻ Pas toujours ! démentit sa confidente en revenant sur sa couche. Le peuple vous a aimé pour cela.

⸻ Mais il a davantage aimé un rebelle et n'a pas hésité à s'opposer à moi. J'aurai pu mourir Alva, tout comme toi. Tout comme chacun des habitants de Gripsholm, et pour quoi ? Pour libérer un hors-la-loi, le faire échapper au destin qu'il méritait ? Ils ont mis le feu à un château entier pour une tête, une ! Ils ne sont pas que motivés par leur foi et leur rancœur à l'égard de nous autres protestants... ils sautent sur n'importe quelle occasion de m'éprouver. Tous n'attendent qu'une chose : mon départ, de quelque manière qu'il soit. Je l'ai compris, désormais, je cesse de me voiler la face. Je serai ce qu'ils attendent : un roi ferme qu'ils respecteront de force, à défaut de choix. S'il faut que je les terrorise pour qu'ils ploient le genou, je le ferai. Je ne voulais guère en arriver là, mais ils me doivent allégeance et je ne la demanderai plus... Je la prendrai, car elle me revient de droit.

Alva ne sut retenir son émoi :

⸻ Cette virulence... Ce n'est pas vous.

⸻ Que je sois indulgente ou cruelle, cela n'a jamais été moi. Je n'ai jamais été moi. Ce n'est pas ce que l'on me demande. Ce n'est pas ce que le devoir m'impose.

Alors, elle répéta les mots dont on la martelait depuis l'enfance :

⸻ Je suis Kristina av Sverige, princesse des Goths et des Veudes, Grande Duchesse de Finlande et Duchesse d'Estonie et de Caritie, Demoiselle d'Ingrie. Fille unique du roi Gustav II Adolf, mort au combat en l'an maudit 1632. Dernière héritière de l'illustre dynastie Vasa.

⸻ Pourquoi ? Pourquoi courber l'échine en ce jour, après tant d'années à vous battre contre les limites de ce à quoi votre lignée vous destinait ? À cause de lui ?

⸻ Non, Alva, non, je...

Mais Kristina n'eut pas le luxe d'éviter encore ce sujet ; Alva ne lui laissa plus le choix :

⸻ Nous devons parler de lui ! Il est la raison à tout, n'est-ce pas ? Vous ne le mentionnez qu'à demi-mot, éludez la question quand je tente de comprendre ! Je ne vous ai jamais vue pleurer comme vous avez pleuré, cette nuit-là...

Elle apposa ses mains tièdes sur la peau encore glacée de la convalescente, dont la poitrine se souleva en un lourd soupir :

⸻ Je prie que tu ne comprennes jamais cela...

Alva reprit avec douceur :

⸻ Pourtant, voilà ma demande. Vous m'avez retranscrit la conversation qui s'est tenue dans les cachots, celle qui vous a tant ébranlée... Vous êtes restée inconsolable jusqu'à une heure avancée de la nuit, où vous avez succombé au sommeil sur la promesse de le tuer de vos mains... Et au petit matin, vous m'avez sommée de vous aider dans sa libération. Je vous ai soutenue sans retenue, sans poser de questions.

⸻ Ne t'ai-je point toujours remerciée pour cela ? Pour ta loyauté sans faille, ta confiance malgré mes inconstances ?

⸻ Si. Mais force est de constater que ma dévotion à votre égard n'est ni celle qui vous réconforte, ni celle qui vous fait aller mieux. Expliquez-moi.

⸻ Des explications... Voici exactement ce à quoi j'aspirais, en lui donnant une chance de survivre à l'incendie. Parce que même si je l'ai haï dès lors du plus profond de mon âme, une partie de moi ne souhaitait pas le condamner. J'avais écourté ses aveux, repoussé ses excuses que je ne voyais que comme une énième tentative pour me duper... Je m'en suis voulu, car j'avais ce besoin viscéral d'entendre ce qu'il avait à dire. Tout ce qu'il avait à dire... Alors, il ne devait surtout pas mourir.

⸻ Qu'espériez-vous ?

Les pupilles de l'héritière se figèrent dans le vide.

⸻ Peut-être... Qu'il me dise que je comptais pour lui, que j'étais plus qu'une marionnette... Que non, je n'imaginais rien, qu'il me dévorait bien du regard parfois... Que les mots qu'il avait prononcés la veille ne l'avaient été que sous le coup de la colère, qu'il n'en pensait rien... Qu'il obéissait à quelqu'un d'autre, je ne sais pas... Tout, tout ce qui aurait pu panser ma peine. D'autres mensonges, en somme.

⸻ Et... ? Ensuite ? Que s'est-il passé ?

⸻ Une fois face à lui, cela était trop dur, le ressentiment a pris le dessus. J'ai feint l'indifférence... Alors que mon cœur se brisait un peu plus à chacun de ses souffles dans ma nuque. Mais que l'ignorer, du mieux que je le pouvais, était mille fois plus simple que d'admettre que j'en étais amoureuse.

Son dernier mot lui vola un battement de cœur. Elle venait enfin de l'avouer à voix haute. De mettre un mot sur la raison pour laquelle elle avait tant été dévastée par cet homme, alors que pléthores avant lui avaient planté leur lot de couteaux dans son dos.

Et l'évidence découla de ses lèvres, tel le flot torrentiel libéré de son barrage :

— Il a toujours incarné plus qu'un simple vagabond, que l' « homme au masque ». Nous avions beau venir de deux horizons diamétralement opposés... Il était l'être humain qui me ressemblait le plus, souvent le seul que j'avais envie de voir, d'ailleurs... Ensemble, nous n'étions plus ni princesse ni criminel, nous étions les enfants bafoués par les drames de nos vies. Authentiques, faibles, souvent orgueilleux... mais entiers. À moins que cela également, je l'aie rêvé.

Elle planta des yeux larmoyants dans ceux, noisette, si tendres, d'Alva.

— Il détruisait dans l'ombre tout ce que je m'efforçais à construire et j'y ai été aveugle. Car il n'y avait qu'à cheval au milieu de la forêt, en sa compagnie, que j'étais ce qui se rapprochait le plus de... moi-même.

La princesse poussa un râle et se laissa choir dans ses coussins.

— Je le déteste.

Alva contourna le lit, passa ses jambes sur le matelas et s'allongea près de sa maîtresse. Elles se tinrent la main. Kristina poursuivit son introspection, la voix nouée par l'émotion :

— Lorsque j'ai été en âge de partager mon lit avec des hommes, j'ai cru que l'amour se résumait désir... Puis, en me lassant d'amants stupides, j'ai cru que l'amour naissait de la connexion intellectuelle, avant de croire qu'en fait, j'étais incapable de le ressentir, ou de le donner, faute d'en avoir connu dans mon enfance. Le Ryttare... a balayé mes certitudes. Car si je croyais être amputée de mon cœur, il a redonné un sens à ses battements. J'ai connu la fièvre en sa proximité, l'excitation à l'idée de le retrouver, le manque lorsque nous étions éloignés. Je n'étais pas incapable d'aimer, non... Mais il m'a fait comprendre qu'indigne de l'être, oui.

Il avait ravivé ce sentiment d'être soumise à une malédiction, entretenu un schéma bien cruel, où toute personne, censée la chérir ou non, s'avérait ne pas tenir sincèrement à elle. Tout avait commencé avec sa mère, aliénée, dénuée d'instinct maternel, insensible à son sort... Puis avec la mort de l'unique être qui la choyait : son père... Ensuite, la princesse avait été ballottée d'âge en âge par le chancelier qui ne la considérait que comme un devoir et une tante qui la voyait comme une poterie à façonner. Jusqu'à devenir un objet d'études pour ses précepteurs, un tremplin pour la richesse selon ses amants, une poche à enfants ou à remplir selon d'autres, et une bête de foire pour les gens de la Cour. En outre, l'attachement qu'elle avait pu ressentir pour quiconque, avait implosé dans les désillusions, et provoqué toujours plus de douleur.

Elle conclut donc, dents serrées :

— L'amour n'est pas un cadeau, ni une passion, ni même inné... Il est un fardeau. Un fardeau que jamais je n'aurai eu à porter s'il ne s'était pas immiscé dans ma vie, dans mon quotidien. Je le hais pour cela. Et je me hais encore plus pour ma faiblesse, ma candeur. Parce que j'ai beau vouloir repousser le moindre souvenir de son odeur, de son torse contre le mien, de sa bouche près de mon oreille, je ne fais que me demander où il se trouve, et s'il va bien... Et je mourrais certainement si j'apprenais par Salvius que mon empoté de cousin a mis la main sur lui, ou qu'il lui est arrivé malheur... Qu'importe ce qui se passera, il a gagné : je souffrirai, encore. Quel coup de maître...

— Il ne l'emportera pas si vous l'effacez de votre mémoire, une bonne fois pour toutes !

— Si cela était possible...

— Pourquoi ne le serait-ce pas ?

— Tu as raison. Ne parlons plus de lui, jamais. Je ne me torturerai plus l'esprit pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine... Et je jure devant Dieu de ne plus impliquer mon cœur dans quelconque rapport avec un homme !

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro