☆ Quatre-vingt-dix-septième regard ☆
Aujourd'hui, avec mon père, ma sœur et ma demi-soeur, nous sommes allés au vieux lavoir d'un village voisin. Je l'aime beaucoup car il n'y a jamais personne là-bas excepté nous et le lavoir en question se prolonge sur un long ruisseau que j'adore franchir pieds nus, même si son eau est glaciale et que son fond est recouvert de pierres.
Je me suis assise sur un petit rocher accessible sans se mouiller pour écarter, à mains nues, des branches d'arbre qui s'y étaient prises et ralentissaient le flux du ruisseau. Elles ont été se figer un peu plus loin, donc j'ai retiré mes chaussures et je suis allée les débloquer. Une fois fait, je suis restée de longues secondes à contempler l'eau qui s'écoulait de nouveau à un rythme normal, passant par dessus les pierres couvertes de mousse.
Et cette fois-ci, je n'ai tiré aucune conclusion, mon esprit ne m'a lancé aucune réflexion ou métaphore. J'étais simplement là, au milieu de ce ruisseau, à admirer l'eau cristalline passant élégamment par-dessus les rochers, le regard vague.
Ce genre de moment, où l'on ne pense plus à rien, est à la fois courant et rare. Si je devais mettre des mots concrets dessus, je n'en mettrais aucun.
C'est un paradoxe, mais c'est la vérité, non ? Comment décrire autrement un état d'esprit qui n'en est pas un, comment expliquer un instant qui est tout bonnement une pause, un arrêt du flot incessant d'actions contenues dans une journée ?
21/04/2021
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