☆ Cinquante-et-unième regard ☆
Aujourd'hui, je suis allée en ville avec mon père et ma sœur.
Nous avons été nous asseoir au bord de la Charente, qui passe en plein centre-ville. J'ai pu constater qu'un peu partout, le printemps commençait déjà à s'imposer ; les arbres se recouvrent de pétales roses et des petites fleurs recommencent à pousser çà et là.
J'ai également regardé avec attention la Charente. Comme il n'y avait que peu de vent, les bâtiments se trouvant sur la rive opposée se reflétaient nettement sur l'eau, leur image étant à peine troublée par quelques remous.
Et ma sœur a lâché une fleur à la surface pour la voir glisser au gré du courant, ce qui a troublé la précision des reflets. Elle a fini par revenir à la normale, mais de nouveau, ma sœur a lancé un pissenlit, minuscule tâche jaune sur une étendue verdâtre, et tout était de nouveau brouillé.
Un peu comme la vie de chacun, en réalité. Tout est calme ; tout est bouleversé par un événement et tout revient à la normale avant d'être de nouveau troublé par une nouvelle imprévue. Peu importe le temps laissé entre les deux impacts, tout se déroule comme ça, toujours.
Les personnes heureuses sont celles qui ont la chance d'avoir une eau particulièrement calme et régulière, les autres sont ceux qui subissent un courant trop soutenu sans pouvoir se plaindre, car ouvrir la bouche à se sujet leur ferait prendre le risque de se noyer.
Je me demande à quelle catégorie pensent appartenir les autres, puisque c'est un point de vue totalement subjectif et que si jamais je posais directement cette question à mes proches, ils se contenteraient sûrement de me fixer, sourcils froncés, surpris qu'une "simple enfant de treize ans" se questionne sur des choses aussi atypiques au lieu de traîner sur les réseaux.
06/03/2021
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