Les roses ont fané. Je les ai jetées à la poubelle. On ne sait toujours pas qui en est l'expéditeur. Mais peu importe!

Je suis devenue fataliste: advienne que pourra. Car je n'ai toujours pas revu Hugo.
Il roucoule avec Julia... 
Il ne pense pas à moi. 

Qui pense à moi d'ailleurs?

Mes deux soeurs, ma tante et mon oncle qui m'ont élevée et Sophie. 

La liste est bouclée.

Bien sûr, je pourrais ajouter Bob, notre metteur en scène qui est actuellement en vacances à l'autre bout du monde. J'ai reçu ce matin une carte postale du lac Titicaca. Et quelques comédiens de ma troupe, et peut être Magali, une fille de ma classe. Et Salomé, la copine d'Alice. Et Jonas qui me fait toujours rire.

Heureusement qu'il s'incruste car sans lui, l'appartement prendrai des allures d'enterrement!
En effet,  depuis trois jours, Marylou promène partout une tête d'Apocalypse. Pourtant elle devrait se réjouir: Alex l'a félicitée, lui qui est avare en compliment, pour une initiative qu'elle a prise et qui fonctionne très bien, paraît-il.

Quand j'ai demandé plus de précisions, la grande m'a ouvertement apostrophée en disant qu'elle n'avait pas envie de parler de boulot une fois rentrée chez elle.

Je n'ai pas insisté, de toute façon, je n'aime pas la radio.
Je n'aime que le théâtre.

Au théâtre, on ne ment pas. On ne peut pas tricher. On ne peut pas se cacher derrière un personnage.

Alice: Tu viens avec nous? Me demande Alice qui, elle, n'a pas perdu sa bonne humeur.

Au contraire, depuis l'arrivée de Jonas, elle rayonne comme une pivoine évanouie.

Alice: On va à la piscine et après manger une glace chez Oscar, précise-t-elle.

Encore Oscar!

Moi: On pourrai peut-être changer de crèmerie de temps en temps, non?

Elle acquiesce:

Alice: S'il n'y a que ça pour te faire plaisir!  Oscar, ou autre, et de toute façon ses glaces sont moins bonne au celles du pâtissier d'en face.

En tête-à-tête à la terrasse où je risque de rencontrer Hugo flanqué de la bien-aimée et délicieuse Julia.

Alice: Décide toi! Tu ne vas pas rester enfermée tout l'été, quand même? Qu'est-ce que tu attends? Que le prince charmant vienne sonner à la porte? Tu crois qu'il a le code d'accès?

Elle pouffe. Que sait-elle exactement de mes mésaventures?  Que lui a révélé Marylou de mes amours... Je n'ose le lui demander.

Moi: Bon, puisque tu insistes, je viens!  J'enfile mon maillot et j'arrive!

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